Cela ne vous aura pas échappé, ceci est probablement l’un des rares titres depuis le début de nos petites histoires qui ne commence pas par une date. Confinement oblige, on perd toute trace du temps.
J’écris ce post le 26 mars. Cela fait 10 jours qu’on est revenu au ranch et même si on a l’impression avec Virginie de ne pas avoir une minute à nous pour se poser (remercions pour cela Noah pour se débordement d’énergie du matin jusqu’au soir), on serait bien en peine de vous raconter comme depuis 2 mois ce qu’on fait heure par heure.
En même temps, ce qui semble routinier revêt un caractère assez agréable pour nous. Si seulement ce foutu iPhone ne nous rappelait pas sans cesse le nombre de cas et de morts à travers la planète. Il faut dire que l’inconvénient d’être aux US en voyage planétaire longue durée, c’est qu’on se sent directement concernés à peu près par les infos émanants de presque tous les pays.
– Les news en France et au Canada (pour savoir si vous êtes toujours en forme),
– Les news au Colorado pour savoir si on peut encore sortir et si notre micro-comté du sud ouest du Colorado est encore vierge de tout cas repéré,
– Les news de Californie (notre porte de sortie pour la France ou l’étranger), du Névada et de l’Utah juste à côté qu’il faudra traverser pour atteindre Los Angeles, et celles de Hawaii où on devrait être à l’heure qu’il est (sniff).
– Les pérégrinations de Trump au-dessus de cette cacophonie générale (lui dit qu’on ne va pas s’emmerder longtemps avec ce virus pour 1% de mortalité et que l’économie doit reprendre – il a enregistré 3 millions de chômeurs de plus cette semaine -) pendant que les gouverneurs confinent toute la population. On n’a toujours pas bien compris qui prime sur quoi aux US entre l’état fédéral et les états,
– Ce qui se passe en Asie dans les pays qu’on devrait visiter prochainement (Philippines, Japon, Indonésie, Chine), et même en Australie car pour l’instant ils interdisent tous les étrangers au moins jusqu’à fin mai, donc ca se rapproche dangereusement de notre date théorique d’arrivée.
Malgré cela, on s’occupe et on trouve notre rythme.
Alors une journée ici ca donne quoi ?
Pour Noah, d’abord toute une série de nouvelles activités qu’on avait délaissées au profit de la découverte du monde, et de passions naissantes qu’il faut assouvir, et qui se déclinent de multiples façon tout au long de la journée avec une concentration et une forme d’obsession qui serait le signe que c’est décidément bien mon fils être que les chiens ne font pas des chats. Citons pêle-mêle ces derniers jours dans les passions indoor :
Une passion pour l’espace : on a commencé à se rappeler ce qu’on avait vu à l’observatoire près de Barréal et au Kennedy space center. De là Noah a voulu voir sur YouTube les représentations du système solaire et des planètes. Il nous a fait littéralement fondre lorsqu’après lui avoir expliqué que Pluton avait récemment perdue son statut de 9ème planète du système solaire, il nous a dit au moment de se coucher qu’il allait prendre la petite planète Pluton dans son cœur pour qu’elle ne soit pas triste.
Puis on s’est fait les cahiers sur le système solaire et les phases lunaires, avant d’enchaîner, YouTube à l’appui, les décollages de fusées et navettes spatiales, le robot curiosity sur mars, Philaé sur la comète, etc…
Puis est arrivée la boîte de Légo spatial, rescapée de notre longue commande Amazon avant qu’Amazon décide – à juste titre – d’arrêter de livrer les produits non essentiels et de risquer la vie de postiers pour des conneries. Toujours est-il que la boite étant là, par respect pour les postiers on l’a quand même ouverte et Noah a réalisé seul, à 2 pétouilles près, intégralement et sans s’arrêter, les 90 pages du mode d’emploi pour monter sa navette spatiale en 2 heures.
On a ensuite du procéder à un petit millier de décollages et comptes à rebours dans le salon, le jardin…
Puis, chaque soir, la navette a rejoint la table de chevet et après avoir lu en boucle avant de s’endormir les histoires de la petite poule qui voulait aller sur les étoiles et les Monsieur-Madame dans l’espace, j’en suis venu à devoir inventer sous la couette les histoires de l’astronaute Kiki qui s’envole pour Jupiter. Son moment préféré ? Lorsque kiki est dans la fusée parée au décollage et fait les vérifications d’usage avant le compte à rebours. Kiki vérifie Les réacteurs, les ordinateurs, puis lorsqu’il se met à vérifier si les essuies-glaces fonctionnent et les rétroviseurs sont bien réglés, il éclate de rire pendant 2 minutes.
L’autre passion du moment, ce sont les mathématiques et le matériel Montessori associé où l’on découpe des perles pour former des centaines, des dizaines et des unités. Puis on joue au jeu de la banque (je lui donne des perles et il me dit en chiffres ce que cela fait, et inversement), qui se traduit ensuite par une lecture de tous les panneaux de vitesse sur la route quand on part en ravitaillement ou en ballade.
Bon j’avoue, cette passion baisse un peu depuis qu’on butte sur le chiffre 30. Il a compris que c’était 3 dizaines, mais pour prononcer 30 c’est la galère. Enfin, je suis à peu près certain que c’est devenu un jeu et que ca le fait marrer de me demander à chaque fois de lui chuchoter à l’oreille “trente”. Pour le reste, à sa décharge, va expliquer la logique à l’enfant du nommage des dizaines jusqu’à 100. Pour 30, 40, 50, 60, ok, mais pour soixante dix, quatre vingt et quatre-vingt dix… Bon on y arrivera.
Dernière passion récente, la pâte à modelée. Elle est arrivée en même temps que les Légo Il y a 4 jours, mais n’a été disponible auprès de notre petite tête bouclée que depuis hier soir pour cause de mise en quarantaine par Virginie dans le cadre du traitement anticoronavirus de toute ce qui arrive. On lui prédit déjà une longue vie pour avoir occupé Noah pendant près de 3h ce matin, occupés que nous étions tous les deux à construire des îles, un bateau, des crabes, une tortue, une étoile de mer, un banc de sable, un pirate…. Il faut dire qu’avec 20 pots on a de quoi faire.
Mais tout ceci n’enlève rien aux “incontournables” dessins (ci-dessous sa période pointillisme), aux voitures et, bien sûr, aux Légo free style avec une passion pendant quelques jours – avant que la navette Atlantis arrive – pour les trains qui doivent au bas mot faire La longueur de la table.
Les passions outdoor ont aussi la côte :
La pèche à la ligne par exemple. Enfin, version Noah. C’est-à-dire, on va dans les canaux d’irrigation prévus pour les champs qui sont à peu près à sec en ce moment en dépit de quelques marres d’eau juste ce qu’il faut pour que ce soit gadouilleux sans forcément que tu ne le voies venir tout de suite. Chacun prend un gros bâton et on essaye avec de pécher feuilles, branchages, mousses en les attrapant en tenaille avec son baton et le mien, puis en les sortant du canal pour les mettre sur la rive. Et là, vous vous dîtes, “Oh c’est trop mignon”. Oui, ok, mais avec un enfant obsessionnel qui t’oblige à faire cela avec lui parfois plus d’une heure d’affilée à raison de 2 à 3 fois par jour… Rajoutons que le dit canal entoure le périmètre de la maison sur 210 degrés, L’animation pèche à la ligne se rappelle donc à son bon souvenir dès qu’on fait 30 mètres en dehors de la maison.
Cette passion s’est tamponnée avec une autre présente depuis qu’on est parti de France, les cartes au trésor. Malgré le faible éloignement dudit canal nous avons tout de même dûs par précaution faire un plan détaillé de l’endroit où se situe le “coin aux poissons” par rapport à la maison.
Autre passion, le jardin japonais. Et oui, Monsieur a le sens de l’esthétisme. Il prend un râteau qui fait 3 fois sa taille, va chercher une surface sablonneuse et ratisse en long et en large pendant des heures. C’est quand on lui a demandé ce qu’il faisait qu’il nous a sorti tout de go qu’il faisait un jardin japonais (aucune idée de où il a entendu cela).
Ensuite, il fait un dessin complexe en mode “fresque”, et repart avec son râteau pour toute remettre en ordre.
Et bien sûr, son activité outdoor favorite et indétrônable : aller voir Garry pour faire de la voiturette. Chaque fois qu’il l’entend, il part comme une balle pour le voir – même s’il est à 300 mètres – et s’ensuit invariablement la visite de toute la ferme. On donne à manger aux « Incredibles » (les moutons élevés comme es animaux de compagnie), on escalade les meules de foin, on va rendre visite aux poussins, on ramasse des œufs pour demain (hier on n’avait pas de panier alors j’en ai mis 3 dans ma poche, et bien sûr en ait écrasé un dedans), on fait des câlins à Dolores (le Patou des Pyrénées), puis à Bessie. On va voir les petits agneaux, et parfois les vaches. C’est la partie Coronavirus « à risques » de la journée car il n’écoute rien, et évidemment comme par magie on rencontre systématiquement tous les humains du ranch et toujours un où deux nouveaux qu’on n’avait pas identifié avec les quels Noah s’empresse de sociabiliser.
Vers 18h30, il commence ensuite généralement à faire frisquet. Le temps est changeant à cette période de l’année, donc on peu avoir du vent (comme aujorud’hui) avec un très beau temps, mais parfois c’est plus nuageux. En fonction, ca finit en barbecue ou dîner dans notre petite maison.
Voilà, vous nous excuserez pour ces détails de notre vie quotidienne, mais souvent je ne sais plus trop pour qui j’écris. Enfin, si, je sais à la base pour qui. c’est pour Noah. Il a 4 ans et va avoir au fil du temps de plus en plus de mal à se rappeler ce voyage, alors j’écris d’abord pour lui, pour qu’il se rappelle ce qu’il a vécu avec ses parents. Et par ricochet, j’écris pour la famille, les amis, et aussi pour Virginie qui lit généralement avec 2 jours de retard et me lance des « ah oui tiens j’avais oublié qu’on avait fait ça ».
En tout cas, ici, tous les soirs jusqu’à notre arrivée au ranch, on avait un rituel avant de se coucher avec Noah. Il me disait « Papa ? Et si tu me racontais notre journée ? ». Et alors, sous la couette, on racontait en détail toute la journée, et Noah me corrigeait si j’oubliais un détail qui pour lui avait de l’importance. Parfois, pour rigoler, on demandait à Virginie de nous raconter la journée, et on faisait exprès de ronfler après 10 secondes parce que la première fois que Virginie a raconté la journée avec moultes détails, je m’étais endormi.
Maintenant le soir, on raconte plutôt l’histoire de kiki l’astronaute, témoin que nos journées sont devenues un peu plus « normales ». Mais ce n’est que partie remise, et puis quand Kiki visite Pluton, Jupiter ou Mars, ses histoires à lui aussi sont extraordinaires. Pas vrai Noah ?
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