Si le chinois est de premier abord austère, voir peu sympathique, Georges a su à lui tout seul renverser la vapeur. Pour être plus mesuré, il est vrai que la barrière de la langue est importante et que le français, déjà peu sympathique avec le touriste, doit lui aussi ne pas faire dans la dentelle avec le chinois en visite à Paris. N’empêche. Entre les 800 crachats quotidiens toujours précédés d’un beau raclement de gorge à vous décoller la glotte et les bousculades permanentes dans la queue alors qu’ils sont minuscules, on a vite envie d’en prendre un pour taper sur l’autre.
George, au contraire, est une montagne de gentillesse à lui tout seul, ou devrait-t-on dire colline de gentillesse, car il faut le reconnaître, George comme ses compatriotes, est assez petit.
George n’est pas totalement comme les autres. Il court après quelque chose. Un idéal de rapports humains. Il y a des choses dans la société chinoise qu’il n’arrive pas à comprendre. « Les jeunes chinois ne parlent que d’argent maintenant – qu’est-ce que tu fais donc combien tu gagnes » (la prochaine fois qu’on le voit, on lui offre Le Petit Prince). Il ne sait pas comment faire avec les filles « Maintenant, ça a changé. Les filles chinoises sont carnivores, les hommes chinois, des herbivores. La première chose qu’elles te demandent c’est si tu as un appartement. » Fred trouve des points d’entente avec cette vision machiste visiblement.
En fait, George se sent surtout bien avec les étrangers dont il se sent finalement culturellement plus proche. Il aime les choses authentiques et rejette la propension chinoise à détruire l’ancien, ou à le copier, voir l’arranger. Alors George a quitté ses études de comptabilité et s’est mis à apprendre les langues Et il est sacrément doué. Il parle le japonais, l’anglais et a appris le français en 6 mois parce qu’il est devenu ami avec un étudiant d’Afrique francophone qui lui a appris le français. George, il aime donc ce qui est authentique, antique. Les grandes villes, c’est pas trop son truc. En tous cas, Il préfère leurs vieux quartiers et leurs marchés. Alors, quand on décidait de rester à l’hôtel, il partait se balader pour la soirée avec son sac à dos trois fois trop grand pour lui, pour le plus grand plaisir des étoiles de ses yeux et du chauffeur qui partage sa chambre.
George, c’est un solitaire incompris en Chine qui partage son temps entre les touristes et les films. Et il en connait un rayon : de Iron man aux Amants du Pont Neuf (oui, certains s’en souviennent) en passant par Dernier tango à Paris, Un homme et une femme sans compter les films chinois et bulgares… En musique internationale aussi il s’y connaît même si la culture musicale française est à parfaire (la première chanson qu’il nous a cité était « Hélène, je m’appelle Hélène »). En même temps pour rappel à Bangkok il parait qu’Adèle Blanc sec est un succès cinématographique alors….
George, c’est le timide qui taquine. « Vous connaissez quel animal bête demande toujours pourquoi ? Euh non. Ben le cochon. A bon, pourquoi ? » Très drôle Georges !
George, il est à la fois fasciné par les animaux, tous les animaux, et peureux des bestioles. Combien de fois l’a-t-on surpris en train de bruler une araignée avec un briquet, prendre un verre de terre avec une feuille pour que personne ne l’écrase, loucher sur une abeille, caresser un chien errant. Alors quand il a vraiment peur d’une bête, il cherche à te faire peur « vous savez, le macaque tibétain est extrêmement dangereux, faites attention en passant. » Dis- donc, c’est pas plutôt toi qui en aurait peur ? C’est comme quand il me demande si j’ai envie d’aller aux toilettes sous l’angle « les filles, elles ont toujours envie » pour se donner une occasion d’y aller lui (il y va au moins 6 fois par jour !!).
Mais George, c’est surtout un jeune homme d’une incroyable gentillesse, comme on en fait peu. Solitaire, on l’a dit, il s’est pris d’une grande affection pour nous, et il faut dire que nous aussi. Il n’a pas de compagne. Sa mère vit à Canton. Il ne parle pas de père mais d’un oncle. E il dit à Virginie « Vous, ce qu’il y a de bien, c’est que vous êtes international ».
George, c’est celui qui demande à vous voir un peu avant l’heure de départ pour passer encore du temps avec vous. C’est celui qui vous offre un petit cadeau avant de se quitter et qui vous offre le repas de midi et du dîner la veille de votre départ. C’est celui qui vous suit jusqu’à la douane parce qu’il ne veut pas vous voir partir. Il va essayer de passer l’examen pour être accompagnateur de groupes de touristes chinois sur Paris « pour pouvoir venir nous voir ». George of the jungle, tu seras le bienvenu ! On verra si toi aussi tu es « international » quand il s’agira de manger la viande saignante !
George, tu seras notre meilleur souvenir chinois et on espère te voir à Paris.
0 Commentaire
Pommereau
Très touchant … Parmi nos 3 guides en Chine (avec qui les échanges sont en efffet passionnants, même sur les sujets “touchy” comme le Tibet ou la revolution culturelle…) … nous avons vécu le meme type d’attachement pour Azalée, une adorable jeune 50aire amoureuse de la France et nos cultures européennes… alors qu’elle n’aura peut être jamais les moyens de s’y rendre.
Mais nos echanges sont déja une façon de partager nos pays…
Emmanuel Rochette
… essaie de le faire venir au PSG…;;)
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