Ils annonçaient de la flotte ce matin. Tant mieux, on allait tranquillement cocooner dans notre petite maison en face de la cascade. Mais ça, c’était sans compter sur le remake des poux brésiliens à la mode Islandaise officiellement identifiés hier soir. Foutu cheveux bouclés ! (Pardon pour le blasphème des sacro-saint cheveux mère-fils).
Et comme tous les mauvais remakes, on reprend les grosses ficelles qui ont bien marché la première fois pour ramasser les dollars sans trop se fouler. Comme la dernière fois, Noah se gratte la tête depuis 15 jours. Comme la dernière fois, Virginie avait gentiment traité cela par-dessus la jambe en disant que c’était dû à une utilisation de la piscine trop intensive (au Brésil c’était l’irritation du cuir chevelu à cause de l’humidité) et comme la dernière fois, c’était bien sûr une infestation de poux. Avec un aussi mauvais scénario, j’espère vraiment qu’on ne fera pas un numéro 3 de cette série.
Pour être parfaitement objectif sur le sujet, il faudrait tout de même mentionner que :
- En arrivant à Biarritz il y a 15 jours la piscine avait totalement tourné au vert, qu’on avait joué aux apprentis piscinistes en rajoutant un peu de chlore avant de finir de vider le seau au hasard, puis découvrant qu’il y avait trop de fixateurs qui inhibaient l’action du chlore, on avait du vider plus d’un tiers de la piscine )à 30 degrés (un crève cœur), puis remettre du sel dans de l’eau à 10 degrés. La piscine était redevenue d’un bleu étincelant mais Noah s’était à plusieurs reprises plaint d’avoir mal aux yeux après la piscine témoin d’un petit problème de dosage, donc le sujet piscine pouvait être une cause surtout que Virginie et moi on se grattait un peu parfois, mais sans comparaison avec Noah.
- Virginie n’avait pas été totalement dans le déni, puisqu’elle avait fini par acheter des produits, mais pour un remake il faut que le scénario soit à peine crédible, et alors qu’elle avait acheté les produits, elle avait décidé de ne pas les utiliser.
- Patricia, puis la coiffeuse qui s’était pourtant occupée de la coupe de Noah et de la mienne n’avait rien vu alors que je lui en avais parlé expressément, bref j’étais comme Cassandre, doué de prémonitions mais écouté de personne ;
1ère conclusion. Exit l’intuition féminine. En matière de poux, désormais, merci de suivre MON intuition.
2ème conclusion. Au vu de la montagne de poux découverts sur la tête de notre chérubin, clairement ca date de longtemps. On pense donc que le patient zéro était à l’école de Noah vu que quelques jours avant la fin des cours il y avait eu sur le Whatsapp de l’école une nouvelle « alerte poux » dans son ambiance (et oui chez Montessori la classe c’est has been, on parle d’ambiance).
Du coup devant l’ampleur du problème découvert samedi soir, Virginie s’était mise en tête malgré la fermeture confirmée le dimanche des 2 seules pharmacies à moins de 80 km d’ici, d’aller quand même au supermarché Kronan situé à 15km pour voir s’ils en avaient. J’étais persuadé que non, mais allez convaincre une femme du contraire. Après 15 jours de déni cela devenait tout d’un coup urgent de s’attaquer au problème immédiatement.
Me voilà donc à la maison avec Noah. Après avoir fait un atelier écriture en profitant du fait que Noah voulait apprendre à écrire à son mouton, puis quelques parties d’un jeu dont le nom m’échappe mais qui consiste à lancer deux dés (un avec des couleurs et l’autre avec des formes) et de rafler les jetons en premier correspondant à la combinaison forme / couleur, Virginie après 2h n’était toujours pas revenu alors que cela aurait dû lui prendre 45 minutes. J’en était à me dire qu’elle s’était barrée à Selfoss à 70km d’ici pour trouver une pharmacie, mais non, c’est juste que le rapport aux courses entre l’homme et la femme est différent… Nous c’est plutôt droit au but, vous… c’est plutôt… bon je m’égare.
Noah décide donc de vouloir jouer aux cartes et va savoir pourquoi, le seul jeu qui me vient en tête c’est le poker. On prend les jetons du jeu précédent pour faire office de monnaie. Et voilà mon petit bonhomme qui en 2 temps 3 mouvements maîtrise la paire, les deux paires, le brelan, la quinte et me fiche à plusieurs reprises une raclée des familles avec notamment une quinte flush que je n’ai jamais eu de mon existence (bon en même temps j’ai du jouer 20 fois au poker à tout cassé, mais quand même ca bas toutes les stats quand même non ? )
Vers midi Virginie revient, évidemment sans produits pour les poux mais avec des « remèdes de grand-mère » du genre vinaigre, film plastique pour étouffer les poux et autres trucs trop chelou dont tu sais déjà que ca ne servira à rien.
Juste le temps de préparer une salade et des pâtes et c’est l’heure de partir pour notre excursion du jour dont je ne suis pas peu fier, séance d’escalade sur le glacier Sólheimajökul avec un enfant de 5 ans.
Et oui, déjà avec la météo j’ai tapé pile poil en choisissant le créneau de 14h30 et non celui de 10h qui aurait été sous la flotte, mais surtout après moultes recherches qui montrait qu’en enfant de moins de 14 ans ne pouvait jamais faire une escalade de glacier, j’avais fini par trouver une agence, Nort Ice Expeditions qui acceptait les enfants à partir de 8 ans.
Ok j’avoue, j’avais appelé en disant que Noah avait presque 7 ans ce qui dans une quinzaine de mois sera parfaitement exact. Mais Noah est grand pour son âge et à fond sur l’idée du glacier.
J’avais donc briefé hier Noah qui était tout excité à l’idée de faire de l’escalade de glacier que si on lui demandait son âge il fallait dire « six », mais quand je lui redemande, là, il me répond « eight ». Je lui dit qu’il ne faut pas exagérer quand même mais l’intention y est.
Comme d’habitude, alors qu’il n’y a que 30 min de voiture pour y aller, Noah s’endort quasi instantanément. Tu m’étonnes que certains parents fassent le tour du périph pour endormir leur môme. Succès garanti.
Arrivés sur le parking, on le réveille et on se met à la recherche de notre guide. Comme je ne vois personne, je me dirige vers la cahute d’où je voyais des gens sortir avec les casques et crampons.
Le gars qui distribue l’équipement me répond que c’est impossible car il n’y a aucun tour qui part à 14h30. Le prochain est à 15h. il me demande le nom de l’agence, je le lui donne et il me répond qu’il ne connaît pas, ce doit être un tour opérateur.
Cela promet. Me serais-je fait rouler dans la farine ? Je ressors, rappelle l’agence. Tombe sur le même gars qui me dit qu’il est sur place, on se cherche comme 2 date Tinder qui se cachent à moitié au cas où l’autre serait résolument beaucoup plus moche que sur la photo, puis on se trouve enfin. On va à sa voiture et là où on s’attend à voir une de ces SuperJeep Islandaise, on a une citadine qu’on oserait même pas prendre pour aller au pas de Roland dans le pays basque, et du matériel déposé devant avec notamment 3 piolets. J’avoue avoir eu un petit coup de stress.
Ca sentait le gars qui faisait ça sous le manteau et qui filait un piolet sans se poser de questions à un enfant de 5 ans (qui aurait certes du approcher les 7 selon ma description, mais bon).
Mais passé ce moment, le « fit » passe tout de suite. Il finit par trouver des crampons qu’il arrive à mettre à la taille du pied de Noah en forçant bien avec un tournevis (c’était la plus grande inquiétude du guide), et on part avec le matos sous le bras vers le glacier. Il y a 20 ans, du parking on aurait chaussé les crampons direct mais vu que le glacier a reculé de près d’un kilomètres on a un peu de marche à faire.
15 minutes plus tard on est au pied du glacier Sólheimajökul et on commence à mettre le harnais, chausser les crampons, sangler le casque et prendre le piolet. Heureusement celui de Noah reste sur le dos du guide. Puis celui-ci attache une corde au harnais de Noah. « Mais je ne suis pas un chien ! » Dis Noah. Ou pour être plus précis un « Sien » parce qu’il nous mange encore un peu les « che ».
Le guide m’explique que c’est pour retenir Noah et éviter qu’il tombe sur le glacier la tête la première ou dans un trou. Je traduis à Noah que comme tous les montagnards, il faut s’encorder pour s’apporter une aide mutuelle en cas de chute. Ca passe mieux, d’autant que le côté « chien » ne semble pas vraiment lui déplaire en fin de compte vu qu’il se met à parler de son chien croustie.
Noah est vite à l’aise avec la marche en crampons. Garder les pieds un peu écartés pour éviter de se planter un crampon en acier de 10cm dans l’auter chaussure qui n’est pas protégé (pas con), marcher à plat, ne pas courir (le plus difficile pour lui probablement) et descendre les pieds face à la pente – jamais en travers – tout en mettant le poids du corps en arrière. Les basique acquis on est « good to go ».
Le glacier Solheimajokull est très atypique de ceux qu’on a déjà fait avec Virgine en Patagonie, Nouvelle-Zélande ou Groenland. C’est un glacier que je qualifierai d’en noir et blanc.
Il se produit en effet une éruption majeure tous les 20 ans en Islande. Le krafla n’est pas loin, le Eyafayajokull non plus. Du coup à chaque éruption, le glacier se retrouve recouvert d’une couche de cendre. En 900 ans, âge de la glace là où l’on se situe, le nombre de couches est telle que la glace est indissociable du noir de la cendre.
On retrouve même à de nombreux endroits une fois qu’on arrivera sur la partie haute du glacier de grands cônes noirs de cendre qui résultent du fait que l’eau creuse des trous dans le glacier. En tombant, l’eau fait fondre la glace au-dessous et ne laisse dessus que la cendre qui fait des cônes parfaits. Le glacier bouge ensuite et les cônes qui étaient au fond des trous se retrouvent plus tard au-dessus du glacier.
On commence l’escalade du glacier et le moins que l’on puisse dire, c’est que par rapport à notre référentiel Islandais, il y a foule. Au moins 10 personnes. Mais très vite notre guide nous sort de là, et alors que tous les groupes se suivent à la queue leu leu dans un ballet bien rodé, mais hautement chiant, lui, nous emmène sur un autre versant du glacier désert et nous explique que pour ne pas s’emmerder les guides font toujours la même boucle à la même heure et que lui part 30 minutes avant (d’où le 14h30) pour être en décalage, et part ailleurs car à quoi ca sert de voir un glacier si on n’est pas seul au monde quand on le fait. On ne peut qu’adhérer à la philosophie et on est donc rassurés. Ce n’est pas un guide « illégal » qui ne veut pas se faire repérer, mais le seul guide qui veut te faire vivre une vraie expérience. Bonne pioche.
A ce propos d’ailleurs, à l’occasion d’un arrêt notre guide use enfin du piolet pour nous montrer que sous le cône noir, c’est en fait de la glace. Noah veut en faire de même immédiatement et il lui confie le piolet. Noah se met au travail. A partir de là, cela deviendra totalement obsessionnel et à chaque pause, pour ne pas dire toutes les 3 minutes Noah demandera à récupérer le piolet pour, je cite, « marteler » la glace. Le guide à qui cela rappelle toute sa jeunesse obtempère de bon coeur tant est si bien qu’au bout d’un moment Noah le regarde droit dans les yeux et avec son plus beau sourire lui dit « I am five ». Puis se retourne vers moi en me disant que le guide est tellement cool qu’il voulait lui dire la vérité sur son âge.
Après une grosse barre de rire, le guide nous explique qu’en fait le sujet de l’âge c’est surtout un problème de pieds (pas de crampons pour les petits pieds, mais grâce à Noah il sait maintenant qu’on peut faire des crampons en taille 31), et que les guides n’ont juste pas envie de s’emmerder parce qu’il faut les encorder et ne pas les laisser courir partout (ben oui vu les trous qu’on croise un peu partout et l’écoulement de l’eau parfois en torrent sous nos pieds, ça se comprend un peu en même temps).
Après 2 belles heures de marche sur glacier où je demande à Noah ce que ça fait d’être Monsieur aventure, il me répond que la vraie aventure c’est de faire ça tout seul sans les parents. Il va à partir de là prendre le lead, Toujours encordé de près par notre guide, et faire les 15 dernières minutes tout seul comme un grand.
Seule ombre au tableau. La tête désolée du guide dans les 50 derniers mètres lorsqu’il a enfin accepté d’enlever la corde de Noah alors qu’on est sur du plat et que Noah s’est gauffré par terre et pleur à chaudes larmes. Mais plus de peur que de mal et Noah fera un gros câlin pas du tout Covid à notre guide pour le remercier de cette expérience et d’avoir surtout pu « marteler »
Il est 17h bien tapé, mais la grande passion de Noah c’est avant tout les bains chauds. Alors après la glace, place au feu et la piscine d’eau chaude naturelle Seljavallalaug pool à 15 minutes d’ici.
Tu marches 2-3 km dans un paysage grandiose pour déboucher sur une piscine en plein nature alimentée par une source chaude. Les commentaires sur Google sont à prendre avec du recul. Tout le monde vante la beauté du site (et ô combien ils ont raison, surtout si comme nous vous le faîte avec des nuages bas qui s’accrochent aux montagnes environnantes qui leur donne un côté fantomatique), mais aussi le manque d’entretien des lieux et des algues au fond de la piscine.
Alors, oui c’est vrai. Vestiaires – si on peut appeler cela des vestiaires – à peine utilisables. Algues partout autour de la piscine et sur tout le fond de celle-ci (tu glisses tout seul sur toute la longueur de la piscine si tu te mets debout dedans). Mais si tu te changes à l’air libre en acceptant de montrer un peu / beaucoup tes fesses (mais en même temps comme disait papa, elles en ont déjà vu d‘autres, ça ne va pas les tuer) et que tu fais abstraction des algues, c’est vraiment chouette.
D’ailleurs on mettra plus d’une heure pour sortir Noah de là tellement il y était bien. Surtout quand tu t’approches des rochers ou coule l’eau chaude dans la piscine.
19h retour à la maison, Noah aura le droit à 1h30 de visionnage de dessin animé le temps qu’on lui retire une bonne soixantaine de poux de la tête à la torche de l’Iphone avant d’appliquer le vinaigre. Et oui comme dans tout bon remake il en faut plus pour compenser la faiblesse du scénario. ON a donc largement battu tous les records avec nos 60 poux. Quand on pense qu’il va dormir dans notre lit tout à l’heure…
Quant à Noah ? Il adore désormais les poux. « Maman, si tu veux je me mets devant un petit dessin animé pour être sage et tu peux me regarder les poux » Comme quoi le bonheur des uns…
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.