La tente c’est bien, mais le matin au réveil, ça pique. 6h et quelques, il fait moins de zéro degrés dehors et probablement à peine plus à l’intérieur. Heureusement, Noah est moins à son habitude de vouloir dormir à poil au-dessus de la couverture, mais ca ne l’empêche pas ponctuellement de sortir une patte dehors et de te virer la couette apr la même occasion. Pour ne rien arranger, il a un fichu ongle de pied en mode griffe de puma qui nous a labouré les jambes une bonne partie de la nuit. Du coup on passe notre temps à le remettre régulièrement sous la couette. Lui, il reste au chaud, tandis que nous, on se gèle.
7h30, Noah se réveille, aux anges. Il adore dormir sous la tente et se déclare « chaud comme une petite caille ». Reste qu’il va bien falloir sortir du lit à un moment ou à un autre. Pour savoir qui va se lever pour chercher les habits de Noah et l’habiller dans le lit, à la manière des milles bornes, nous nous liguons tout naturellement avec Noah contre Maman. « Noah, et si on votait à la majorité qui va se lever du lit en premier? ». « Moi je dis maman. Et toi, Noah ? ». Énorme sourire de Noah d’une oreille à l’autre « C’est maman ». Et voila. En même temps, vous vous doutez bien que le super look de Noah sur les photos depuis qu’on est parti ne vient pas du choix vestimentaire que je fais pour lui chaque matin, donc de toute façon c’était à Virginie d’y aller. Mais c’est quand même plus marrant comme cela.
Une fois la question de l’habillage de Noah réglée, direction la douche. Là, je tiens à souligner que je suis le seul à y aller. Au contact avec le sol de la douche, mes pieds se mettent à coller au sol à la manière d’un glaçon qui se colle à un morceau de tissu. Une fois cloué au sol, il faut tirer sur une chaînette qui met l’eau en route uniquement tant que tu tires sur la chaîne. Mais si tu arrives à patienter ainsi En équilibre pendant une petite minute le temps que l’eau glacée se réchauffe enfin, après, franchement c’est de loin l’endroit le plus chaud de la tente. La chance souri aux audacieux.
En tout cas, au moins, ca passe l’envie de rester 1h à glander dans la tente. En 20 minutes tout le monde est prêt et on part vers Moab se prendre un petit déjeuner dans un restau typique américain : le Moab Diner. L’occasion pour Noah de se prendre un chocolat chaud.
On ne lésine pas trop sur les petits déj car vous avez compris que les déjeuners frôlent dangereusement le néant alors qu’on fait facilement nos 10km de marche quotidienne.
Pendant que Virginie essaye de faire manger une assiette œuf, bacon et tout le toutim à Noah, le général Frédéric prépare le planning des 2 prochains jours. Savant mélange pour allier météo chaotique du moment, potentielles baisses passagères de régime de Noah en rando, spots à visiter plutôt au coucher du soleil ou au contraire à privilégier le matin, et bien sûr optimisation des distances à parcourir en voiture et à pied.
A Moab, on est à 15 minutes du parc des Arches et à 35 minutes de Canyonlands, mais dans des directions opposées. On opte pour le Devils garden à Arches. On peut y voir une dizaine d’Arches pour peu que marcher une douzaine de kilomètres ne vous effraie pas.
Le grand tour consiste à aller jusqu’à Landscape Arch, puis de faire une boucle en optant à l’aller pour Double O Arch et au retour pour le Primitive trail. Si la portion vers Double O Arch est notée « difficult », le primitive trail est noté « streneaous » et rallonge de 3 km par rapport à un retour par là o^ù on est venu.
Comme la notion de difficulté n’est pas toujours égale entre les parcs on se dit qu’après avoir fait l’aller, on saura si le Primitive trail est vraiment challenging et quel est le niveau de forme du jour de notre petit Marcheur.
Arrivés à Landscape Arche, première information, Noah est dans un jour « sans ». Soit il s’ennuie un peu (ce qui arrive quand les étendues sont un peu trop vastes), soit il est juste fatigué. Même si le temps n’est pas d’un bleu azur, cette première arche est plus intrigante que belle en tant que tel.
Tandis qu’on tergiverse avec Virginie sur la route à prendre – la faute à un panneau qui prête à confusion – Noah se retrouve coupé dans le peu de rythme qu’on avait réussi à imprimer, et il se met carrément à l’arrêt. En effet, dans le prolongement de l’arche, des randonneurs partent à l’assaut d’une arête rocheuse qu’il faut escalader à 4 pattes par endroit visiblement. Comme un panneau indique le Primitive Trail alors qu’on était persuadé d’avoir vu 100m en amont que c’était le chemin vers le Double O Arch, on ne sait plus bien sur quel chemin on est. On revient donc un peu sur nos pas et on finit par comprendre qu’on était sur le bon chemin depuis le début et que le panneau annonce en fait qu’on peut rejoindre le Primitive Trail par la Double O Arch.
Vous n’avez rien compris ? C’est normal, nous non plus si ce n’est que l’arête rocheuse c’est pour maintenant et que si le Double O arch commence ainsi, effectivement le Primitive trail risque d’être coton. D’autant que maintenant, Noah vient de s’allonger sur le rocher parce qu’il ne veut plus marcher.
Alors que Noah adore généralement crapahuter sur des chemins de ce genre, là, rien y fait. Il se met en mode guimauve en trainant des pieds comme un pantin désarticulé. Bon ok, inutile d’insister, je le prends sur le dos. Effectivement cette portion de chemin est superbe et assez fun à grimper mais ca monte sec. 20 kg de plus sur le dos, ca te casse un peu les jambes.
On poursuit notre rando et c’est très différent de ce qu’on a vu jusque là. Mon moment préféré c’est celui où on se retrouve à devoir marcher sur une cinquantaine de mètres sur une arrête rocheuse de moins de 2 mètres de large. Des ravins de chaque côté.
J’ai mis 25 ans pour apprendre à aimer le poisson cru et près de 40 pour apprendre à vivre avec ce foutu vertige. En vrai, c’est depuis Noah que j’arrive à peu près à m’affranchir de mon vertige. J’ai tellement envie qu’il ne l’ait pas plus tard que je me force à lui montrer que c’est rigolo est a emprunter ce genre de chemin que tout mon être s’évertue à trouver ridiculement dangereux.
Au final, je suis finalement assez fier de passer là-dessus presque sans gène quand je vois qu’une randonneuse juste devant nous prise de vertige et devoir se retrouver un moment dans la nécessité de s’agenouiller pour reprendre ses esprits avant d’enjamber une crevasse.
Mis à part ce « pont de roche » et le raidillon du début, cette rando est En fait tout à fait tranquille. D’ailleurs on ne tarde pas à arriver à Double O Arch. Sentiment toujours un peu mitigé me concernant sur la « beauté » des arches. Le ciel est encore couvert alors certes, elles se découpent moins dans le ciel, mais bon, ce n’est pas encore un coup de coeur. En revanche, tu ne peux t’empêcher de demander comment l’eau a réussi à creuser ces arches (car ici c’est bien l’eau et pas le vent). En tout cas, avec VIrginie, on n’a pas encore « le frisson » de certains lieux.
On reste quand même un peu là-bas et on grignote un truc. On croise un Tamias qui essaye de nous chaparder de la bouffe, et un de ces oiseaux bleus dont le nom m’échappe.
Évidemment là, il y a du sable, donc Noah n’est plus fatigué du tout et plonge ses mains dans le sable quant il ne court pas après le tamia . Mais quand il s’agit de repartir, nouvelle séance « guimauve ». Cela fini d’ailleurs de nous convaincre de lâcher l’idée du retour par le Primitive trail qui en plus de rallonger la rando de 3Km, nous expose à quelques passage merdiques à négocier. Pour la petite histoire, bien nous en a pris car on avait croisé sur le début de la rando une famille avec des ados et on les a retrouvé le soir au feu de camp. Ils ont fait le retour par le Primitive Trail et sur 95% il n’y avait aucun problème, mais à un moment ils ont du descendre sur les fesses sur une cinquantaine de mètres tellement c’était pendu et dangereux. Avec Noah on aurait bien galéré.
Sur le retour, même combat, notre petit Noah se laisse porter. L’avantage, c’est qu’on rentre plus vite. J’arriverais seulement à le faire marcher sur la dernière arête avant Landscape Arche. L’amuser, toujours l’amuser…
A peine arrivés à la voiture, Noah s’écroule. Ok. Il était vraiment fatigué. Comme on dit en anglais : « My bad ».
Ca contrarie un peu nos plans, mais un bon Général s’est s’adapter. On nous a dit que Noah allait adorer le « Sand dune Arch » donc en attendant qu’il se réveille, on se fait quelques points de vue le long de la route, notamment Fiery Furnace et Salt Valley, chacun y allant à son tour pendant que l’autre veille sur « le beau au bois dormant ».
Petit aparté sur le sujet, ma maman nous a ramené des livres pour Noah en Floride dont le livre de la « poule au bois dormant ». Histoire géniale qui commence avec un coq « crieur public » qui annonce le grand tournoi des coqs qui seront appelés à pousser leur plus beau cri pour sortir d’un sommeil de 100 ans la poule au bois dormant. L’un finit par y arriver et la princesse qui se réveille s’avère être la princesse la plus autoritaire et chiante de la terre. Le livre se finit sur le coq « crieur public » qui appelle toutes les bonnes volontés à trouver un moyen de la rendormir. Il n’y a pas d’âge pour apprendre à Noah à ne pas choisir plus tard une princesse chiante.
Bref, le timing se goupille au final assez bien, car on a à peine le temps d’arriver au parking de Sand Dune Arch, que notre petit prince se réveille. Il en a écrasé de la patate avec ses petites joues rouges.
Noah est très excité à l’idée de faire cette balade. Plonger dans un petit canyon étroit rempli de sable, que demander de plus ? On passera plus d’une heure à arpenter ce petit canyon avec lui, à jouer dans le sable et à contempler l’arche sur place. D’ailleurs celle-ci commence à me réconcilier un peu avec les arches. C’est que nous devenons exigeants à arpenter en long et en large la planète depuis plus de 20 ans.
Comme la météo le prévoyait, le soleil finit par vaincre son combat avec les nuages et de belles langues de ciel bleu font leurs apparitions. Les parcs en mars c’est chouette parce qu’il n’y a pas trop de monde et surtout qu’il fait bon pour randonner, mais avec le ciel bleu c’est quand même mieux.
On poursuit donc avec un stop à Balanced Rock . Le plus marrant finalement en faisant le tour de ce rocher en équilibre précaire à 20m au-dessus de nos têtes, c’est le rocher en forme de main tout à côté.
Il est passé 17h30 on se dirige donc vers les « Windows » qui sont particulièrement réputées à voir au moment du coucher du soleil. Les 2 arches sont aussi monumentales que magnifiques. On ne prend vraiment la mesure de leur dimension qu’une fois qu’on est dessous. La South window est la plus chouette au coucher du soleil.
Puis on se dirige vers Turret Arch. On passe d’abord dessous, puis de l’autre côté pour avoir le soleil dans le dos. Bien nous en prend car en montant sur un promontoire un peu plus loin, on découvre que cette arche se retrouve ainsi en enfilade avec la south Window. L’endroit est un peu trop escarpé avec notre agitateur numéro 1 pour faire la photo parfaite de l’enfilade des 2 arches mais ca reste un bon moment.
Et on finit à la North window.
Retour à la nuit tombante et sur le chemin, on tombe sur le train de marchandise qu’on avait entendu hier soir sous la tente. Il doit bien faire 2km de long. Noah n’en revient pas.
Direction Moab sans passée par la case Tente car pour changer on n’a rien mangé à midi et il commence à faire faim, Pour ne pas se faire refouler une nouvelle fois au Broken Oar, on profite d’un micro réseau pour réserver et bonne pioche, Le Borken Oar s’avère un très bon steakhouse.
En rentrant, passage au feu de camp pour faire griller des chamallows que Noah adore faire griller mais qu’il n’aime pas vraiment manger. Du coup c’est moi qui m’empiffre.
Nuit sous la tente. « Dis papa, peut-être qu’on va entendre le train ? ». Et oui, vers 21h, pelotonnés sous la couette, on entend le Tchou Tchou du train. Noah est heureux. Tout le monde s’endort.
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