On est vendredi 13. Je n’ai jamais compris si c’était un jour de chance ou de malchance, alors je profite du peu d’Internet qu’il m’est enfin possible d’avoir dans ces régions reculées pour poster ce billet écrit il y a quelques jours, et faire au préalable une petit recherche sur le vendredi 13.

Donc, pour lever le suspense, le 13 est un signe positif pour peu qu’on ne soit pas Chrétien. Il faut dire qu’entre Jésus qui aurait été crucifié un vendredi 13, Adam et Ève qui ont succombé à la tentation de la pomme un vendredi 13, Judas qui était le 13ème des apôtres, et les templiers qui se sont fait massacrer un vendredi 13, vu comme ça, on comprend que ce ne soit pas un jour à sortir un croyant dehors. Pour les autres, le 13 était par exemple le symbole de la prospérité chez les égyptiens, pour la française des jeux, ils se remplissent les poches à chaque vendredi 13, et chez les chinois, sans surprise, ils se foutent de tout, donc à part éventuellement le 4 qui n’est pas leur chiffre préféré, le 13 n’est pas vraiment un sujet.

Reste donc à se raccrocher aux derniers évènements des 20 dernières années pour finir de se faire une conviction personnelle. Le vendredi 13 janvier 2012 le Costa Concordia coule et le vendredi 13 novembre 2015, les attentats à Paris font 130 morts. A Las Végas, puisqu’on n’est pas très loin de là, le rappeur Tupac Amara Shakur est assassiné le vendredi 13 septembre 1996. Bon, sur ce dernier point, je suis ignare en musique, mais un rappeur qui cesse de brailler, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle, je ne sais pas.

En même temps tout cela est biaisé car qui se rappelle de la dernière bonne nouvelle aux infos. A part éventuellement la victoire de la France 3-0 contre le brésil en 1998 et Armstrong qui marche sur la lune, qui font tous les deux à peu près l’unanimité – mais c’était à chaque fois un dimanche et pas un vendredi – il y a statistiquement plus de chances qu’on se rappelle d’un fait négatif que d’un positif, et de temps en temps il faut bien que ça tombe un vendredi 13.

Depuis 3 jours en effet on campait sour la tente à Moab sans internet et le reste de la journée dans le parc des Arches, il n’y avait même pas de réseau téléphonique. On était donc passé – et oui c’est possible – à côté des récents développements du Coronavirus sur la planète. Mais à la faveur d’un arrêt dîner sur le pouce dans un thaï avant d’aller dans le Mesa Verde, on voit sur un écran de télé que les européens sont désormais persona non grata aux US, qu’en France tout est fermé, puis en lisant nos mails, que Valérie et Bibi sont consignés chez eux suite à un proche qui a attrapé le coronavirus etc..

Pendant ce temps, nous, on a été assez épargnés par le sujet – mis à part l’annulation préventif de notre voyage en Chine -. Pourvu que ca dure.

Où la la, je me suis totalement égaré alors que j’ai plein de retard sur le blog. Revenons-en à ce 8 mars Notre arrivée hier dans la soirée aux abords de Capitol Reef. Nouveau parc, nouveaux paysages. On est à 5 minutes du parc national de Capitol reef, l’occasion de faire une journée sans beaucoup de déplacements en voiture. 

Premier stop à Panorama point et après avoir profité du point de vue, Noah jète son dévolu sur un joli pin. Interdiction de toucher à son arbre. Comme cela lui arrive souvent, il semble « habité » par la forêt, les arbres. Alors on le laisse jouer et se raconter des histoires autour du Pin.

Une première tentative pour l’en déloger tourne au semi-echec. Je repars avec de jolies photos, mais Noah “a beaucoup de travail » et ne veut pas bouger. Deuxième tentative quelques minutes plus tard. Réponse de l’intéressé “Et si on passait toute la journée à jouer autour de l’arbre ? “ Bon, ok il va falloir employer les grands moyens sinon Capitol reef se résumera à ces 3m2. On lui propose donc de découvrir un autre endroit magique et après quelques couinements boudeurs, il nous suit.

2ème stop à Gooseneck Overlook. Une petite ballade en sautant de rochers en rochers sur 200m pour arriver au point de vue.

Peu de remparts pour ne pas tomber dans le vide. Noah décide donc tout naturellement de crapahuter, si possible là ou c’est dangereux, en inventant le jeu du supermarché des rochers. 2 rochers ressemblent un peu à un comptoir alors il court partout (et nous derrière pour qu’il ne finisse pas 200m plus bas) chercher des petits cailloux et nous les échanger au comptoir. Nouvelle négociation pour ne pas rester à nouveau toute la journée ici.

3ème stop à sunset point. On reprend la voiture et notre rituel habituel d’enlever les manteaux parce qu’il frais froid ce matin, de mettre les coucougnous dans les vide poche avant et d’attacher Noah dans le siège auto, tout cela pour faire… 2 mètres. En fait le départ de la petite ballade est juste devant nous.

On se remet en tenue et on repart pour un gros kilomètre cette fois où l’on va expliquer à Noah en chemin ou se trouveNt les points cardinaux pour qu’il ne s’ennuie pas. Au bout d’un moment il a compris donc il nous arrête, prend appui sur un rocher plat et se met à prendre son air sérieux pour nous expliquer où sont les points cardinaux. “Écoute papa. En fait…. Et le soleil se lève à l’est comme ça…. Et se couche par la… donc l’Amérique du Sud est au sud… Et Jennifer est au Nord”. Bon l’essentiel y est.

Sauf qu’il repart en boucle et en boucle pour nous le réexpliquer, à moins que ce soit pour se l’expliquer à lui-même. Grosse barre de rire, sauf que pour le déloger du rocher maintenant, il faut une nouvelle idée. 

“Noah, tu sais comment ils s’appellent entre eux les indiens ? Parce que eux, ils n’ont pas de noms comme Noah ou Virginie tu sais ?  Par exemple si l’indien quand il était petit aimait regarder les petits oiseaux dans l’arbre, on l’appelait “petit oiseau qui fait cuicui”. Et Noah qui rebondit “et s’il aime les chips, on l’appellerait celui qui aime les chips”. Oui c’est ça. Le voila qui se remet à marcher en énumérant tous les trucs qu’il aime en disant “et s’il aime le biffe de chorizo, on l’appellerait “celui qui aime le biffe de chorizo”. 

Pour changer de sujet et élargir les horizons, je lui dit et maman, ce serait quoi son nom indien. Réponse “La mangeuse de saucisses”. Ok, mais comme nom public, ca va faire rire dans les chaumières ça, donc Virginie l’oriente en lui disant qu’on n’est pas obligé de trouver des noms en rapport avec la nourriture. Par exemple, le nom indien de Noah pourrait être “Celui qui parle aux arbres”, et Papa, ce serait “le gardien du temps”. Et donc maman ca serait ? 
Réponse du tac o tac de Noah : “Celle qui se trompe de chemin”. Les enfants sont formidables. 

Et voila comment on a fait marcher notre petit bonhomme 3 fois dans la matinée. 

On arrive au Visitor center du parc et la, catastrophe, rien à grignoter. D’habitude c’est pas bon, mais il y a au moins 2-3 trucs chimiques. Mais là à part si tu veux manger un livre, il n’y a rien. On décide donc de faire un aller et retour à Torrey (15 minutes dans chaque sens) pour trouver un truc pour le pique nique. 

Torrey à cette époque de l’année c’est mort. On s’arrête dans une vague supérette. Virginie part en quête de victuailles et je reste dans la voiture avec Noah. Elle revient avec un grand sac. Chouette ! On repart à l’air de pique nique, on choisit une jolie table (on est les seuls de toute façon et il fait plutôt froid). Virginie sort des carottes… qui s’avèrent aromatisées aux gros cornichons américains. Noah recrache (moi non, mais juste par éducation). Dommage, comme Noah aimait les carottes elle en avait pris 3 paquets.

Elle sort un espèce de bun au fromage et au jambon. Je l’ouvre, c’est à moitié congelé. Je regarde l’emballage. « A réchauffer 40s au micro ondes avant de manger ». Oups. 

Noah est entre temps reparti parler aux arbres. Le dèj se résumera au paquet de chips. Heureusement qu’il n’est pas chiant sur la bouffe Noah. On reprend la route un peu « brocouilles » vers le fond du canyon à Capitol Gorge. Noah s’endort  5 minutes avant d’arriver, juste au moment où on s‘engouffrait en voiture sur une piste de 3km dans le fonds du canyon aux parois hautes d’une centaine de mètres et parfois étroit de moins de 15m.

On réveille donc Noah 5 min après qu’il se soit endormi. Sympa les parents. Après le déjeuner sans rien à manger, la sieste interrompue. Pas rancunier, il part tout joyeux faire une petite rando de 4 km au fond du canyon. Celui-ci s’avère d’ailleurs être le lit d’une rivière comme l’indique un gros panneau interdisant de faire cette rando s’il y a des risques de forte pluie, car le canyon se remplit rapidement.

On passe devant des pétroglyphes.

Puis Noah visite toute une floppée de petites cavités encastrées dans la roche. C’est son grand jeu du moment, et ça rallonge bien le temps des ballades.

On emprunte le Passage du Pioneer Register, lieu où les mineurs vers la fin du 19ème siècle aimaient graver dans la roche leurs noms lors de leur passage, et ou des panneaux indiquent désormais que des caméras nous regardent pour s’assurer que l’on ne fasse pas des graffitis. Du coup le jeu devient désormais de trouver les caméras, et quand Virginie finit par en trouver une les voila qui font des grimaces.

S’ensuit une partie de « skateboard » le long des parois pour se dégourdir les jambes, et une partie d’équilibriste le long de la paroi pour voir si on peut marcher dessus. 

On arrive à la fin de la ballade (ou devrais-je dire l’aller). Sur la gauche, un chemin nous invite à crapahuter sur 300m dans les rochers pour aller jusqu’aux Tanks, des petites cavités en escaliers creusées par l’érosion de la roche et où l’eau de pluie s’amoncelle désormais formant des petites piscines naturelles. Noah est tout de suite partant et prend le lead. Un petit étirement et hop, il se lance dans l’escalade, nous intimant de le suivre.

Mais au bout d’un moment, il s’ennuie un peu et ca donne ça. heureusement qu’on est bientôt arrivés.

Aux Tanks, Il y a de l’eau et du sable, donc miraculeusement Noah n’est plus fatigué du tout. Pendant que je surveille le petit, la grande part jouer les équilibristes pour passer de l’autre côté d’un de ces fameux Tanks. Sauf que là, j’entends tout d’un coup un appel à l’aide. Elle est figée dans unéquilibre précaire au-dessus du seul Tanks complètement rempli d’eau. Elle n’a plus de prise et est sur le point de tomber à la flotte. Et dire que je surveillais le petit alors que j’aurai du surveiller le grande !

Virginie sauvée, on se prend un petit moment rien qu’à nous, seuls au monde dans les Tanks.

Le temps se gâte un peu et on craint l’arrivée de la pluie, vu que nos k-ways sont soigneusement rangés à l’hôtel. On fait une partie du chemin du retour avec Noah sur le dos (il n’aime vraiment pas les retours), on reprend la voiture et on s’arrête quand même quelques kilomètres plus loin au Grand wash trail qui a une configuration assez proche de ce qu’on vient de faire (une jolie partie en voiture dans un canyon puis une marche de quelques kilomètres). Mais le temps n’est pas parti pour s’améliorer, donc on ne marchera qu’un petit ¼ d’heures, le temps de trouver d’autres trous dans la roche avant de rebrousser chemin. 

Sur le retour vers l’hôtel, et alors qu’on est déjà sortis du parc, Noah repère un parking et un début de ballade. « On peut la faire ? ». Il ne fait toujours pas très beau. Un rapide coup d’œil sur la carte m’indique qu’il s’agit de la chimney Rock. 7Km et 200m de dénivelé. On lui dit ok, mais demain matin.

Arrivés finalement assez tôt, et malgré des températures de l’ordre de quelques degrés avec le soleil qui commence à se coucher, je me retrouve à aller avec Noah prendre un jacuzzi dehors. Par quel miracle me suis-je laissé entraîné dans cette mini galère ? Et bien nous avons toujours des petits sujets « caca » avec Noah (désolé pour les détails, mais il aime pas ça et donc on galère). Du coup, j’en étais venu à lui dire que s’il faisait un «beau caca » en rentrant, je l’emmenais à la « piscine chaude ». Un « très beau » caca plus tard, je suis donc en maillot de bain par 5 degrès. Ca m’apprendra.

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