On quitte ce matin Vegas pour un road trip de 16 jours. Au programme, les grands parcs américains du Nevada, de l’Utah et de l’Arizona, à savoir : Zion, Bryce, Arches, Monument Valley et Grand Canyon bien sûr, mais aussi quelques autres comme on a le temps. On se fera même une petite incursion de 2-3 jours dans le Colorado du côté de Mesa Verde.

Cette grande boucle, on peut la faire soit par le nord en commençant par Zion, soit en allant vers le sud à Grand Canyon. Nous, on a opté pour le tour par le nord. Pourquoi ? Et pourquoi pas ?

Notre première étape du jour consiste à rallier Zion, prononcer “Zayonne” qui se trouve « seulement » à 3h de route. Mais pour pimenter tout cela, on a repéré sur le chemin un petit parc national, the Valley of Fire; dont on a lu le plus grand bien. Et puis, après avoir été en Terre de Feu, difficile de résister à la Vallée de Feu.

D’ailleurs le nom plait tout de suite à Noah et il se met à nous parler du train du bout du monde. On profite de l’occasion de lui rappeler que comme pour la terre de feu, la vallée n’est probablement pas vraiment en feu, mais qu’elle doit sûrement être dans les tons ocres et rouges, d’où son nom. « Ben pourquoi ? ». Bon, là comme ça, il a l’air un peu déçu. S’il pouvait, il craquerait bien une petite allumette. En même temps ca doit pas foisonner d’arbres là-bas..

On quitte le Bellagio avec la même efficacité que le check-in, soit en 10 minutes et sans même avoir besoin de croiser le moindre être humain, et on prend la direction du nord-est. Le GPS indique 1H20 pour la Valley de feu. Arrivée estimée vers 11h.

A l’entrée du parc, on s’arrête à la guitoune, on s’acquitte du droit d’entrée, et on reçoit un plan du parc. Je sens que ce petit rituel va se répéter pendant les 16 prochains jours. on se fait un premier stop pour prendre la température du lieu et de notre Noah national. 

On escalade des rochers, Noah court immédiatement se cacher dans des petites grottes, n’écoute rien, grimpe là où c’est dangereux. Ok. Aujourd’hui il va être “challenging” (c’est la version politiquement correct de chiant en anglais). Si vous pensez qu’on exagère et qu’il ne doit pas être aussi tonique qu’on le laisse entendre, voici 20 minutes de Noah dans les rochers.

Il vous donne le tournis ? Nous aussi.

Pendant ce temps, on a un chipendale qui essaye d’immortaliser l’instant. Il n’y a presque personne dans le parc. Il faut dire qu’à cette période de l’année, la saison touristique n’a pas vraiment commencée. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que le peu qui sont là, ils sont marrants.

Un petit coup de voiture de 10 minutes et nous voici maintenant à Atlatal Rock et Arch rock. Noah baisse un peu en régime ce qui nous permet de choisir où on veut aller au lieu de lui courir après.

Enfin, jusqu’à l’incident du cactus. Je vous le raconte en mode script, avec un soupçon de mauvaise foi, je vous l’accorde bien volontiers. Mais aucune histoire n’est véritablement amusante sans un parti pris subjectif.

Virginie : “Oh Noah, regarde, un joli cactus !”
Noah “Tu dis quoi ? “
Virginie : “Viens voir le joli cactus. En plus celui là il ne pique pas”
Moi dans ma tête : “Un cactus qui ne pique pas ici, c’est quoi cette connerie.”
Noah qui touche le cactus” ah oui il pique pas”.
Moi dans ma tête : ???

3 secondes après

Noah : “aaaaaahhhhhhhhhhhh j’ai des épines dans tous les doigts, ca pique”.
Moi dans ma tête : “Ben oui, un cactus ca pique. Déjà qu’il était chiant, euh pardon « challenging » ce matin..”

15 minutes plus tard, et après s’être bien énervés à lui retirer toutes les épines une à une au milieu de larmes de crocodile totalement exagérées, on repart. 

Virginie : “Il est sournois ce cactus, on aurait dit qu’il ne piquait pas”.
Moi dans ma tête : “Regarde les paysages et ne répond pas, c’est mieux pour tout le monde”.

Arrêt ravitaillement au visitor center et la, petite surprise. Au temple de la bouffe, où 1/4 de la population, est obèse et où ils grignotent H24, il n’y a en gros rien à manger et comme c’est le seul endroit de civilisationà 1h30 à la ronde vous conviendrez que ça étonne un peu.

Du coup, on se concocte avec les moyens du bord un micro pique nique. En revanche, on n’a pas tout perdu, car sur le parking Il y’a Batman qui vient d’arriver. Enfin disons plutôt la Batmobile. Ca nourrit pas un puma, mais c’est marrant quand même.

Direction ensuite les White domes par la route scénique du parc.

Arrivés aux Whites domes, on part grignoter notre maigre pitence sur l’air de pique-nique déserte. A la troisième bouchée, des Tamias pointent le bout de leur nez (genre de petits rongeurs) et finissent de détourner Noah du tout petit intérêt qu’il avait développé pour son repas.

10 minutes après, on plonge dans le canyon pour faire notre première rando. C’est vraiment la bonne saison pour venir visiter je trouve. Alors qu’on est est encore en hiver, tu sens déjà bien le soleil sur la peau et vu la multitude de panneaux t’alertant sur le fait qu’il n’y a pas d’ombre, qu’il faut boire tout le temps et que les cardiaques sont priés de s’abstenir, j’imagine le sketch de la rando en juillet par 40 degrés.

On s’enfonce dans le canyon, au milieu d’une palette de couleurs, et de mini grottes. On retrouve immédiatement notre petit Marcheur comme on l’aime qui part bille en tête, prêt à avaler les kilomètres. Mais comme aujourd’hui il est espiègle, il y a une petite différence. Il se met à me ressortir les Commandements du Bon Marcheur pour ne pas faire les trucs qu’on lui demande. Par exemple, quand on voit un point de vue qui nous plait et qu’on lui demande de venir faire une photo avec nous et que ça le gonfle, il nous répond “un bon marcheur ne s’arrête jamais” et il reprend sa route d’un pas décidé.  C’est l’arroseur, arrosé.

Point positif à tout cela, il va marcher tout seul 1h30 en montée comme en descente dans une atmosphère pas franchement brûlante, mais assez chaude tout de même.

Cette petite remise en forme de 5km faite – on n’a plus eu l’occasion depuis la Patagonie de faire des marches de 15km – on décide d’enchaîner sur une ballade au nom prometteur : “la fire wave”. Noah a compris, plus de chance de voir un rocher rouge en forme de vague que de faire du surf sur une vague de feu. Le métier rentre. Bientôt je sens qu’il va nous inventer les noms tout seul.

Nouvelle marche d’1h mais malheureusement pour moi en aller et retour. Or Noah n’aime pas les retours. Comme il nous dit, il préfère les “bloucles”. ll nous fait tellement rire à estropier le mot, et il s’en rend compte qu’on ne sait même plus s’il sait le dire bien ou pas au final. Du coup, sans tuer le suspense. Il marchera l’aller, mais le retour, ce sera pour ma pomme sur le dos. 

Comme toujours, il faut lui inventer des jeux ou des objectifs pour le faire avancer, sinon il nous fait le sketch qui l’amuse beaucoup de se mettre à traîner des pieds en marchant comme un chewing gum et en disant qu’il est fatigué, mais avec le petit rictus de père en fils depuis au moins 3 générations au coin de la bouche.

Juste avant d’arriver à la fire wave, je discerne au loin une nana en robe longue bleu azur qui a l’air de prendre des poses. Je rebondis sur “les princesses” de la maison Vizacaya à Miami quelques jours plus tôt, et dit à Noah “viens on va voir les princesses”. “C’est quoi ? “ (Noah confond toujours les qui et les quoi). Bref ca lui donne un but et il continue d’avancer tout seul, ce qui lui donne le droit de mettre sa petite pierre sur la pile des randonneurs.

Arrivés à la fire wave, il faut gérer la déception de la princesse. La robe bleu azur est un mirage. En fait c’est une tunique bleue toute pourrie sur une fille moche. En plus 3 minutes après, en me retournant, je me dis que la fille est vraiment moche, mais moche différente. En fait elles sont deux et se passent la robe pour rivaliser de mocheté sur la photo avec la même robe. Il y a des moments, je me dis que je ne comprends rien aux filles. 

Pendant ce temps, il faut surveiller d’un œil, voir de 2 bras, un œil et une grosse voix “monsieur j’écoute rien” au pays des falaises abruptes. Du coup la fire wave, c’est beau, mais on n’est pas totalement dans l’atmosphère paisible que ce lieu devrait inspirer.

Mais on a aussi des moments calmes… Quand il lui prend l’envie de faire de la gymnastique au bord du précipice.

On reprend la voiture pour un petit bijou que j’avais repéré dans un blog. Le pink canyon également appelé le “canyon pastel”. Non indiqué sur la carte officielle du parc, mais avec des coordonnées GPS qui indique le départ de la rando et google maps qui met le nom sur la carte. Pour seule indication dans le blog, chercher le petit endroit pour garer 1 à 2 voitures max. Garez-vous, prenez vers l’Est et plongez dans le canyon. 

Aux coordonnées GPS indiquées, il y a bien 2 voitures garées dans un renfoncement, un début de chemin qui part vers l’est mais qui monte, et un autre chemin, à moins que ce soit un lit de rivière, qui lui part à l’ouest. On part à l’est et je dois avouer qu’après quelques minutes à marcher, on perd toutes traces. On est complètement à l’ouest (ha ha). On revient sur nos pas, on tergiverse. Une autre voiture arrive qui a dû lire le même blog et semble tout aussi décontenancée que nous. L’heure tourne et on voulait faire une dernière marche après, d‘autant qu’il reste 2h de route après pour rejoindre notre ranch du soir. Ce n’est pas dans nos habitudes, mais on décide de jouer placé et on lâche l’affaire du pink canyon. Damned.

Direction, la rainbow vista. La marche débute au milieu des cactus.
Moi : “Noah tu as vu ? Des cactus. Tu veux les toucher ?”
Noah : “Non ca va”.
C’est bon, c’est mon fils. Le métier rentre. Je dis ça parce que Virginie, elle, réessayera quand même d’en retoucher un pour en avoir le coeur net avec les mêmes effets.

Après une courte marche on escalade un petit promontoire et on arrive sur un joli point de vue, au calme. Noah se trouve un endroit pour se reposer… 30s. Ce n’est pas vraiment l’endroit qu’on aurait choisit vu qu’il y a un ravin juste derrière. Plutôt que de lui dire non, ce qui va lui donner encore plus envie d’y rester, on feigne l’indifférence tout en le gardant discrètement à l’œil. Ca paye, il se décide à nous rejoindre et on passe un bon moment au calme allongés tous les trois en mode le monde pourrait s’effondrer qu’on en n’aurait franchement pas grand chose à faire.

Le soleil commence à bien baisser à l’horizon. Il est 17h, et il nous reste… 3h de route pour atteindre notre logis du soir, un ranch tenu par des mormons.

On se met donc en route, Noah s’endort aussitôt et Virginie se met à rouler pour tenter de rattraper notre léger retard.  

Ca ne fait pas 30 minutes qu’on roule, qu’on entend la sirène avec les gyrophares dans le rétroviseur. Pas de doute, c’est pour nous. 

On s’arrête sur le bas côté et on attend. On a un demi fou-rire car on a en tête l’épisode dans Friends où Rachel se fait arrêter par un flic. L’officier s’appelle Petty, et elle l’appelle Officer Pretty et en flirtant s’en sort avec une remontrance et elle repart.

L’officier de police arrive au niveau de Virginie. On regarde son nom sur sa veste. C’est pas Petty, je ne me rappelle plus du nom exact et Virginie non plus, mais la consonance ressemble suffisamment pour qu’on ait du mal à garder notre sérieux. 

Il demande le permis de Virginie et repart. Il revient et demande cette fois son passeport. C’est à l’arrière, donc je sors du véhicule pour aller le chercher. Je commence à discuter avec lui. Il me dit que Virginie roulait à 47 miles à l’heure au lieu de 25. Il me demande. Vous êtes français ? je réponds oui et je commence à m’excuser pour elle. On avait aucune idée de la vitesse à laquelle il fallait rouler ici et en France on roule très vite donc sans faire exprès elle a dû se mettre à la vitesse qui lui semblait la bonne, bla bla bla.

L’officier repart vers la vitre de Virginie. Elle lui souri à mon avis à moitié en pensant à Friends et il lui demande “Do you think you can try to drive more slowly for me mam‘ ?” A la tête de Virginie, je comprends qu’elle n’a rien compris, donc je m’empresse de traduire avant qu’elle réponde à côté et répond en même temps que bien sur on va le faire. Le mec est cool, on est “Good to go”. Un petit signe de remerciement en partant et nous voilà désormais à respecter scrupuleusement la vitesse. Quel ennui mortel de rouler à cette vitesse sur de telles routes, mais cela s’avère ici aussi judicieux que nécessaire, tant on a croisé depuis des gars qui nous doublaient et qu’on redoublait ensuite car on les voyait arrêtés sur le bas côté par les flics.

L’incident clos, je retourne le nez dans mon tri de photos, puis, au bout d’un moment, je regarde le GPS de la voiture machinalement pour voir où on en est et je vois que l’heure d’arrivée est passée de 20h à 21H. Ok, j’avoue, mauvaise pensée, le premier truc naturel qui me vient à l’esprit c’est que Virginie s’est gourrée de route et a rallongé le trajet d’une heure.

Mais il faut se rendre à l’évidence, même pour quelqu’un fâché avec le gps, pas facile de se tromper d’embranchement sur l’unique route en 200 miles. Sans anticiper sur le billet que je vais écrire dans quelques jours, cette mauvaise pensée est un peu partagée par Noah (les enfants ont toujours raison) quand vous verrez le nom indien que Noah lui a trouvé au moment où j’écris ce billet. 

La seconde chose qui me vient en tête, c’est qu’elle a méchamment respecté les limitations de vitesse es qu’on est en rythme escargot. Puis je me rappelle un truc lorsque j’avais réservé la sortie pour Antelope Canyon du côté de Page. Ils disaient de faire gaffe à ceux qui venaient de Vegas car il y avait une heure de décalage horaire. Je checke. Bongo. Ma femme ne s’est pas trompé de route, on a juste changé de fuseau horaire et on vient de se prendre une heure dans la vue. 

Le hic, c’est que nous allons dans un ranch tenu par des mormons, donc je me dis qu’à tous les coups, à 21h, ils vont être couchés avec les poules. J’appelle et on me confirme qu’il faudra bien dîner ailleurs. Je prends le volant, Virginie en charge de trouver le dîner. Elle nous dégote un restau sympa. Enfin j’enjolive un peu beaucoup sur le « dégote« . En fait, on a raté les 3 villes qu’on visait initialement pour trouver un restau et alors qu’on allait rentrer dans le parc de Zion ce qui allait signer la fin des haricots,, elle en voit un sur le bord de le route. Mais l’important c’est le résultat, et il est en effet très sympa.

Le temps de dîner on arrive plutôt sur les coups de 21h45 au Zion Mountain Ranch après avoir eu l’occasion d’expliquer à Noah ce qu’étaient des routes en tête d’épingle car sur les 30 dernières minutes nous avons grimpé dans le noir ce qui ressemble furieusement à une route de montagne. D’ailleurs arrivés au ranch, on est à 1 850 mètres d’altitude et quand on refera la route en plein jour demain, je me dirais que je ne serai pas monté aussi vite si j’avais su.

L’accueil du ranch est fermé. Jusque la pas de grande surprise. Un petit mot nous attend avec un plan et des clés pour trouver notre “cabin” (chalet américain) et un numéro d’urgence à appeler au cas ou.

On a le chalet 179 qui se situe sur la propriété à quelques centaines de mètres de la. Joli plan, mais dans le noir on met bien 10 minutes à trouver le chemin qui nous amène enfin devant la 179. Virginie n’arrive pas à ouvrir la porte. J’essaye également, pas plus de succès. On retourne dans la voiture bien embêtés. Je regarde la clé et vois que le numéro a beau être à ¾ effacé, on nous a clairement filé la clé 172 et pas la 179. Ceci explique cela. On est pas loin de la 172, on va voir à tout hasard. Personne dans ce chalet, mais c’est clairement pas le notre.

On retourne à l’accueil. Pas de réseau pour appeler, mais j’arrive à me connecter au wifi de l’accueil qui heureusement n’avait pas de mot de passe, et j’appelle avec skype… 1 fois, 2 fois, 5 fois. Personne ne répond. Les mormons dorment à poings fermés. L’urgence ne devait pas être urgente. (Faut le dire avec l’accent de l’infirmière de la guadeloupe pour ceux qui sont fans des inconnus) 

Il est passé 22H30. Bien crevés après cette longue journée. ON ne se prend pas la tête et on va squatter la 172. Et comme dirait Jim carrey dans The Truman Show, “And in case I don’t see ya, good afternoon, good evening and good night”.

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