Aujourd’hui c’est le grand jour. Nous allons enfin pouvoir répondre à la question que tout le monde se pose. Quelle est la différence entre un crocodile et un alligator. Direction donc les Everglades. Bon, ok, on aurait été sur google, c’était plus rapide pour le savoir mais c’était moins fun. Inutile de vous dire que depuis qu’on a raconté à Noah le programme de la journée, il est au taquet. Il vient de faire un bisou à un dauphin, a touché une tortue de mer et effleuré un requin au Brésil, alors il se demande naturellement s’il pourra faire un câlin à un alligator. Bon, pour ça on verra, ok ? 

Branle bas de combat pour ranger la maison et être prêt pour 9h30, car le timing est serré. Pendant que les canadiens vont présenter leur progéniture à l’oncle d’Oliver qui a une maison non loin d’ici, nous on va donc aux Everglades taquiner de l’alligator. On se retrouvera tous en fin de journée à Miami pour prendre possession de notre nouvelle maison.

Des lower keys à l’entrée du parc des Everglades, il y a 3h15 de route (quand même) qui ne sera ponctuée que par un seul arrêt dans un petit restau à Key Largo. Double objectif : se sustanter un peu et surtout fatiguer Noah pour qu’en sortant de table il dorme dans la voiture sur la dernière heure de route et qu’il arrive en pleine forme aux Everglades. Et oui, on pense à tout. Pourquoi est-ce que vous pensez que notre petit bonhomme suit un rythme effréné depuis si longtemps sans jamais baisser la garde ? C’est qu’il a 2 parents qui veillent sur lui en permanence. Une fois de retour dans la voiture, il s’effondre. Objectif : atteint.

On arrive donc à 14h aux Everglades pour 2h de ballade en hydroglisseur. Le temps laisse présager une bonne pluie floridienne des familles. Comme on est un peu en retard, on se prépare à la va-vite. Du coup, tout ce qui pourrait servir sur l’hydroglisseur (K-ways, bouffe, appareil photo) reste bien au chaud dans la voiture. Oups.

Mais revenons un peu sur l’hydroglisseur, 42ème nouveau moyen de locomotion que découvre Noah et qu’il risque bien de faire rentrer dans son top 3 tant il coche toutes les cases de ce qu’aime notre petit intrépide. Quand je le lui ai décrit ce matin dans la voiture, il a fait “waouh” trois fois, puis dit « mais c’est pas possible ! ». Pour ceux qui ne connaissent pas l’hydroglisseur je vous le décrit, et je vous laisse faire vous aussi “waouh” à chaque fois. 

L’hydroglisseur est un bateau à fond plat qui va sur l’eau, mais aussi sur l’herbe, la mangrove et tout sol à peu près meuble. WAOUH.

Sur un hydroglisseur, pas de moteur de bateau, mais une hélice gigantesque du genre de celle que l’on trouve sur les avions et qui va nous propulser jusqu’à 50 miles à l’heure. WAOUH.

Et l’hydroglisseur, ca fait tellement de bruit, que comme sur les hélicoptères, on met des casques antibruit. WAAAAOOOOUUUUHHH (comment ? Tu dis quoi ? J’entends rien).

Nous voici donc partis sur notre hydroglisseur, privatisé pour l’occasion, pour 2h de découverte des différents écosystèmes des Everglades. 

Mais qu’est-ce donc que les Everglades allez-vous me dire (c’est mon côté Maitre Capello qui ressort) ? Le seul parc national des Everglades s’étend sur 1,7 millions d’hectares. Il y a aussi une zone plus au nord qui est sous administration de la tribu d’indiens d’origine, les Miccosukee (on y reviendra). Initialement, la zone s’étendait tout au nord jusqu’à Orlando, mais Walt Disney acheta un jour toute une partie de cette zone marécageuse pour en faire les parcs à thème que l’on connait aujourd’hui. 

Les everglades sont un système mouvant de rivières qui va du nord au sud et dont le débit est extrêmement lent (moins de 550 mètres par jour) alimentés par le lac Okeechobee et la rivière Kissimmee. Cela en fait une zone marécageuse extraordinaire où se côtoient pléthore d’oiseaux, alligators et aussi crocodiles. Les rares zones émergées, les hammocks, sont de minuscules îles qui affleurent l’eau. Ailleurs, ce ne sont que hautes herbes, champs de nénuphars et mangroves.

On part donc dans notre hydroglisseur à travers des petits canaux. Ces derniers ont été faits par l’homme à une époque ou il était envisagé d’assécher les everglades pour créer une mégalopole qui engloberait à terme Miami à l’est et Naples à l’ouest. Finalement, il a été décidé d’en faire un parc national et on retrouve donc un quadrillage de canaux qui permettent aux hydroglisseurs de sillonner la zone, avant de couper à travers marais, champs herbacés ou mangrove. On se retrouve ainsi le plus souvent à survoler la végétation sans même voir l’eau sous le bateau. 

Les deux énormes oiseaux qu’on ne va cesser de croiser sont les Hérons bleus (ceux qu’on n’arrivait pas à voir au brésil et qu’on trouve par légions ici), et les Great Aigrettes. Mais aussi des Offsprey (des types d’aigles) et des petits vautours. Les deux qui tirent le mieux leur épingle du jeu des hydroglisseurs sont les alligators et les Offsprey. 

Les Offspreys suivent les hydroglisseurs et profitent que ces derniers en tournant retournent le sous-sol pour dévorer les petits escargots qui remontent à la surface. Les Aligators, eux, s’approchent du bateau, puis plongent dessous et attendent que l’hydroglisseur redémarre. Le bruit fait peur aux poissons qui s’enfuient et se font alors repérer par les aligators qui se jètent dessus.

Après 30 min de navigation, on arrive dans les zones où se trouvent les aligators. Ils ont besoin d’un peu de profondeur (2 à 3 mètres) pour chasser. Jusque là il n’y avait pas assez de fond. Une fois qu’on en a vu un, on repère assez bien les autres, même s’ils sont le plus souvent à ¾ immergés dans l’eau. Et puis, Noah bénéficie des imitations de maman sur les alligators.

Mais je trouve que notre guide les repère quand même étonnamment facilement et alors qu’on fonce entre les canaux, a tendance à s’arrêter comme par magie dans une zone ou peu après on trouve un alligator. Je lui pose donc la question. En fait, il repère les femelles. Elles ont un territoire très faible autour de leur nid. A peine quelques dizaines de mètres, là ou les mâles ont un territoire de près de 15 Km2. En plus, les nids sont positionnés de manière à recevoir le maximum de soleil. Du coup, ils sont surtout sur les canaux dans un axe Nord – sud, et presque toujours du côté qui reçoit le plus de soleil. Ca simplifie les recherches.

Et c’est ainsi qu’on repère quelques femelles , dont une avec des bébés alligators de 6 mois environ. Puis quelques mâles. Les femelles dépassent rarement les 3m et s’arrêtent de grandir vers 35 ans (pour une espérance de vie 75 à 90 ans). Les mâles, eux, grandissent toute leur vie. Dans les Everglades, ils ne dépassent rarement 4m car la nourriture n’est pas assez abondante. En Louisiane où l’on trouve les plus gros spécimens, ils atteignent jusqu’à 6m.

Les petits sont étonnants. À 6 mois, ils sont à peine plus gros que des lézards mais se nourrissent entièrement seuls dès le premier jour de leur naissance. La femelle reste dans le nid pour les protéger, mais pas pour les nourrir. A la dure comme à la dure. 

Mais au fait, c’est quoi la différence entre les Aligators et les crocodiles ? C’était quand même le point de départ du billet du jour après tout.

La plus importante, même si ce n’est pas la plus visible, c’est que seuls les crocodiles possèdent une glande capable de traiter le sel. Du coup les crocodiles peuvent évoluer en milieu d’eau douce ou salé et se retrouvent souvent aux embouchures là où l’eau est mixte. Les Aligators eux ne disposent pas de cette glande. On les trouve donc exclusivement en eau douce. Les Everglades, c’est que de l’eau douce, donc on peut y trouver des aligators.

Ceci à une autre importance pour nous. Notre corps étant très salé, gustativement parlant on plait aux crocodiles mais pas aux aligators. Ainsi, si on ne panique pas, il est très probable qu’un alligator qui ne se sente pas agressé n’attaque pas un humain. Enfin, on ne va pas essayer pour autant. Évidemment notre guide nous raconte qu’il est tombé d’un pont et a survécu de fait à un alligator énorme qui ne l’a pas bouffé, mais mon petit doigt me dit que chaque guide est tombé au moins une fois du même pont.

Sinon, pour les différences physiques, les alligators sont en général un peu plus sombre et a le museau plus large et arrondi que le crocodile qui a une tête plutôt fine et pointue. La position des dents diffère ce qui fait que la où l’alligator referme entièrement sa gueule, le crocodile, lui, a toujours 2 dents du bas qui restent à l’extérieur. 

Ce point crucial enfin éclairci, reprenons notre ballade en hydroglisseur où Noah se régale de la vitesse de l’engin – surtout dans les virages – du bruit et de la fluidité à laquelle il passe de l’eau à l’herbe. Ca donne l’impression qu’il vole.

Notre pilote a compris que Noah adore, du coup il multiplie les virages courts pour son plus grand bonheur, et l’invitera même à monter à côté de lui pour prendre le manche et piloter. La sensation en haut est d’ailleurs très différente de celle au ras de l’eau. Alors qu’on pourrait s’attendre à avoir le plus de sensation en bas, c’est en fait en haut avec l’effet de balancier et au plus près de l’hélice que l’on perçoit le mieux la puissance de l’hydroglisseur.

Un moment, le guide arrête l’hydroglisseur, commence à se mettre un pantalon de pluie, un k-way, nous demande de mettre les nôtres (qui sont dans la voiture). On voit au loin la flotte qui tombe. On se dit qu’on va être bien trempés. Noah est radieux. La chaleur (il fait plus de 35 degrés) et la pluie c’est super. Les mamies, moins enthousiastes. Mais finalement, on va échapper à la flotte et on reprend notre route au milieu des nénuphars au rythme de Noah qui montre tous les oiseaux qu’il voit, et il y en a tellement que son bras ne cesse de pointer dans toutes les directions.

On profite de la route pour discuter aussi un peu avec le guide. Il explique que l’état a repris les terres des Everglades à la tribu des Miccosukee. En échange, l’état les a indemnisé en leur donnant le droit d‘exploiter sans taxe un casino. Jackpot. Depuis ce temps là, ils tirent sans rien faire, un revenu par habitant de 125 000 $ par an du casino. Seule contrainte, se marier entres eux pour conserver le gain. S’ils épousent quelqu’un en dehors de la tribu, le revenu se divise par 2. Du coup, personne n’est tenté d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs et les hommes et femmes Miccosukee sont les plus beaux du monde. Est-ce que cela amènera à terme à des problèmes de consanguinités, qui sait ? On pourra alors dire que l’argent corrompt tout. 

Voilà, cela fait 2h qu’on est parti et on n’a pas vu le temps passer. On est un peu sourds et on se dit qu’heureusement que Zoé n’a pas été de la partie. On avait pensé à la chaleur, mais pas au facteur bruit.

Alors qu’on s’apprête à quitter le débarcadère, notre guide demande à Noah s’il veut prendre un alligator dans ses bras. Noah rayonne de bonheur. Il va pouvoir faire un câlin à un alligator.

Le guide revient avec un alligator de 3 ans qui doit faire 60 cm et le met dans les bras de Noah qui le papouille, puis dans les bras de Virginie. A ce rythme là dans 4 mois, Noah dormira avec des lionceaux. 

A défaut de calin, Noah lui fera en fait un “high five”.

On repart vers Miami retrouver nos canadiens et prendre possession de notre nouvelle maison, située à North Bay village, pas trop loin de Miami beach. Un déluge s’abat sur nos têtes sur le retour. On a parfaitement géré la météo – comprendre on a eu de la chance. Nos amis de Ubereats, eux, moins. On avait la flemme de faire à dîner après cette longue journée et ils prendront 1h30 de plus à nous livrer notre dîner à cause de la tempête, mais il faut dire que ce n’était pas un temps à mettre un über dehors.

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