Le choix du programme de rando du jour avait été Cornélien (oui je sais, le sens des préoccupations a beaucoup changé pour nous ces derniers temps). Soit on faisait la fin du W vers la base des Torre (24km, 10-12h de rando), soit on faisait l’ascencion du Mirador Ferrier (seulement 4km – mais 4h tout de même car il fait 700m de dénivelé réputé “muy difficile”). D’ailleurs, les guides nous conseillaient plutôt la fin du W que le mirador Ferrier en terme de difficulté.
De mon côté, j’étais plutôt partant pour la base des Torre Pour le kif de faire la fin du W, mais sans être bien sûr que la durée allait être adaptée pour Noah qui a montré de vraies aptitudes à la marche, mais aussi à l’ennui. Et qui dit ennui, dit potentiellement 18Kg de plus sur le dos, à qui il faudrait en plus raconter des histoires sans discontinuer pour l’occuper.
Virginie, elle, était favorable à un effort court mais intense, et puis, il y avait la nostalgie de pouvoir revoir du mirador Ferrier le Glacier Grey, le premier glacier qu’elle avait vu, il y a de cela 12 ans lors de notre précédent voyage.
Alors qu’on était parti déjeuner en leur disant qu’on se déciderait en revenant, c’est le guide qui décide pour nous en venant nous retrouver à notre table une première fois pour nous dire qu’il n’y a subitement plus de place pour les Torre, puis finalement, il y en avait à nouveau (je soupçonne la manager que j’avais bousculé la veille d’avoir entendu notre conversation et d’être intervenue ensuite pour dire au guide que si on veut aller aux Torre, ils doivent se débrouiller pour qu’on puisse y aller). Bref, ils nous avaient tous gavés avec leurs tergiversations et donc en plein milieu de notre carpaccio de guanaco (et oui ça se mange) on décide que ce sera le mirador Ferrier.
Je reviens donc à notre rando du jour, le Mirador Ferrier. 4km et 700m de dénivelé. Pas besoin d’être très fort en math ou de se rappeler quelques notions de trigonométrie pour se rendre compte que niveau pente ca va être raide, mais au cas où ne l’aurait pas compris de nous-même, le panneau Indicateur de la rando lève tout doute sur le sujet. Dificultad : Alta.
Et en effet, Après 1 petit kilomètre tranquille dans les herbes sur un faux plat, ca se met à monter raide. Mais plus que la pente, le problème s’avère perte davantage la hauteur des marches taillées dans la roche qui dépassent allègrement la hauteur de la taille de Noah. Du coup, même s’il est de bonne volonté, il lui devient vite impossible de poursuivre l’escalade tout seul. Pour échapper au risque de l’ennui (synonyme d’arrêt de notre petit “lapin Duracell” Noah), j’invente le jeu du Kangourou.
Le principe ? Chaque fois qu’on arrive à un passage impraticable pour lui, je le porte à bout de bras et le fait rebondir sur chaque marche à la manière d’un Kangourou. Niveau amusement : total (des éclats de rire à tout bout de champs. Personne n’a jamais du rigoler comme cela au Miradar Ferrier à mon avis). Niveau fatigue pour moi : total (mais au moins maintenant je sais que mon épaule et mes genoux vont mieux. L’opération et les 5 mois de rééducation intensifs n’ont pas été vains).
Et après l’épisode du Kangourou, lorsqu’après une brève halte Noah a demandé que je le prenne un peu sur le dos, croyez le ou pas, mais j’ai trouvé cela presque plus reposant de l’avoir dans le dos par rapport à le faire sauter de marche en marche.
Toujours est-il qu’arrivés à seulement 300m d’altitude, franchement on s’est dit qu’on n’y arriverait jamais. A 500m on était presque résignés en essayant de se convaincre que la vue d’ici c’était déjà pas mal et qu’au-dessus ca devait être sans intérêt.
Mais en même temps, s’arrêter là, c’est renoncer avant le sommet et ça c’est pas dans les habitudes de la maison. Pour autant, je ne vais pas pouvoir continuer à le porter sur le dos.
Pour le stimuler, je lui rappelle les règles du bon marcheur – qu’on avait déjà initié au Groenland cet été- et lui vante l’importance du travail d’équipe. Je l’ai porté pour les marches, à lui de finir à pied parce que je suis fatigué, ou pour être plus proche de la réalité, je suis au bord de l’apoplexie. Je le pose sur le sol, et il se met à monter le dernier 1/3, le plus difficile, tout seul. Chapeau le bonhomme.
Du coup, arrivés en haut, et malgré un vent qui s’est levé subitement en soufflant en rafales, on a eu un très joli point de vue sur le glacier Grey, les vallées environnantes et le massif Paine.
Et surtout, Noah a eu le droit de poser un caillou sur la pyramide des cailloux des marcheurs. On a choisi une pierre particulière avec une entaille qui formait en son centre un triangle parfait, rappelant la forme d’une montagne, et on l’a cachée sous le tas de cailloux en lui expliquant que s’il y retournait ici un jour, il pourrait vérifier si elle est toujours là. Noah on compte sur toi !
Le retour est pour nous presque plus dur que la montée. Virginie déteste redescendre depuis toujours sur les pierriers, et moi, pour mes genoux, il n’y a pas pire. Noah en revanche, en bon poids plume, virevolte en courant dans la descente. Arrivés sur le dernier plat menant à la voiture, il finira même par courir pour dépasser le guide et finir premier de la ballade sous l’œil un peu interrogatif du chauffeur qui le voit débouler en courant d’une rando “muy difficile”.
Mais 30s après être monté dans la voiture, Noah s’écroule. Ah quand même…
Après-midi off. C’est l’avantage de l’effort bref, ca vous laisse le reste de la journée pour récupérer. En sortie de sieste, direction… La Piscine bien sûr et ses fauteuils sous l’eau qui le met en joie. 3 Fauteuils immergés, 3 boutons sur le côté qu’il va allumer et qui déclenchent des jets sous les sièges. Son grand jeu ? Appuyer sur le bouton, sauter dans l’eau pour se mettre sur le siège et attendre que l’eau bouillonne, puis quand elle finit par s’arrêter, retourner appuyer sur le second bouton, changer de siège etc… Heureusement qu’il sait nager sans brassard depuis l’été, sinon on serait à le surveiller comme le lait sur le feu.
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