Pourquoi faire simple alors qu’on peut faire compliqué. Ce matin changement de destination. On quitte notre maison de Saint Gilles pour aller à Saint-Pierre, à 35 minutes de route au sud. On a donc tout naturellement décidé de partir vers le nord faire tout le tour de l’ile, ce qu’on devrait pouvoir faire – hors arrêts – environ 3h30 de route. Vous voyez, genre en mode explorateurs pour voir si la terre est plate ou si en étant ronde on pourrait pas rallier les indes plus vite en partant par le côté opposé.

Départ 9h, direction une vanilleraie dans le Nord à Sainte-Suzanne. Visite guidée prévue à 10h30… L’occasion d’en apprendre plus sur la fabrication de la vanille et pourquoi ça coûte en sortie près de 1 800 € le kilo. Et encore avec le changement climatique ça risque de monter car en 3 ans ils sont passés d’une production de 1 tonne à seulement 200 kg par an. La fleur de Vanille n’apprécie visiblement pas les hausses de température.

Je vous résume ce que j’en ai compris. D’abord la vanille est originaire… du Mexique. Les premières tribus conquises par les aztèques le leur versait déjà comme tribu, puis les espagnols en ont été friands et forcés les aztèques à en faire de même (l’arroseur arrosé en somme), avant de penser pouvoir en faire pousser – sans succès – en Europe. Tout le monde s’y est mis, et c’est finalement notamment à Thaïti, la Réunion et la Guyane que cal marcha le mieux.

Le problème c’est qu’il ne fallait pas juste réussir à faire pousser la vanille. Encore fallait-il réussir à la polliniser. Or au Mexique, c’est une abeille microscopique de 2mm, l’abeille  Milipone qui le faisait. Mais rien de tel dans les îles, et ils n’ont jamais réussi à faire survivre l’abeille Milipone ailleurs qu’au Mexique.

La pollinisation était donc très aléatoire et la production très faible. Il faudra attendre qu’un esclave trouve le bon geste. Composée de 3 organes (mâle, femelle, et une enveloppe qui sépare les deux, il réussit avec une petite aiguille et beaucoup de dextérité à soulever l’enveloppe, puis à joindre l’organe mâle à celui de la femelle pour le polliniser. Mais voilà. Une pression trop faible et la gousse est microscopique ; une pression trop forte, et il ne se passe rien. Et pour ne rien arranger, la floraison de la vanille dure 1 seule demi-journée entre 7h et 11h. Après, la fleur se referme définitivement et là c’est impossible. Il ne faut donc pas rater le coche.

Comble de l’ironie, un esclave ayant trouvé la solution là où aucun blanc n’avait réussi, l’escalve fut rebaptisé Albius, ce qui veut dire blanc en latin. En effet, seul un esclave avec quelque chose en lui de l’esprit blanc aurait pu trouver la solution. Et voilà comment on s’arrange avec les thèses racistes ou les fake news. N’est-ce pas messieurs Trump, Poutine etconsors. Prenez en de la graine… de Vanille.

Mais une fois la pollinisation réalisée, on est encore loin du compte. Il va falloir recueillir les gousses juste au bon moment, les passer 3 minutes à 65 degrés pour stopper leur développement. Puis les laisser 48h dans un coffre sous des couvertures pour qu’elle conservent une température de 50 degrés qui leur confèrera leur aspect noirâtre.

Ensuite, c’est une longue histoire de séchage progressif.

Au soleil tout d’abord sur un bois particulier (dont le nom m’échappe) pendant une semaine pour continuer de les faire sécher et les « cuire». Mais il faut les retourner ponctuellement car contrairement à ce que l’on peut imaginer, les gousses cuisent au contact de ce bois et non au contact du soleil.

Ensuite, pendant 3 mois, mais à l’ombre cette fois, selon un process assez proche de celui utilisé pour les pruneaux d’Agen. Durant tout ce process, il faudra les vérifier régulièrement pour éradiquer toutes les gousses avec moisissures.

Enfin, dans un coffre en teck pendant 1 an pour que la graisse sorte uniformément et imbibe la gousse de son odeur vanillée.

C’est pas fini ? Si, presque. Restera juste un tri manuel à faire en fonction de leur taille et de leur maturité. Elles sont ainsi classées par longueur d’un demi centimètre. En dessous de15 cm elles sont déclassées en revanche. Puis on les regroupe par bottes de 50 pour réussir à les conserver 5 ans.

Bon, je vous ai fait la version courte, mais en gros, ce qu’il faut retenir, c’est que c’est du boulot, et comme Time is money….

Et tout cela pour quoi au final ? Pour découvrir qu’en gros aucune glace à la vanille, pour ne pas généraliser à tous les produits vanillés du commerce ne sont en fait pas faits de vanille. Il faut dire qu’à 1 800 € le kilo je vous dis pas le prix du yahourt. Donc en fait notre goût vanille, c’est soit des clous de girofles avec de la vanille de synthèse, soit des extraits de pétrole..

C’est simple, on a fait le test avec Noah. On est tellement habitué avec de la fausse vanille que quand il ferme les yeux et que je lui fait sentir de la vraie vanille et de la fausse vanille, bah bien sûr comme tout le monde, il a pris la fausse pour de la vraie.  Bienvenue dans le temple de la consommation et de l’escroquerie organisée.

Une visite de vanilleraie sans boutique pour acheter de la vanille ne serait pas une vraie vanilleraie n’est-ce pas ?  On est limité à l’achat à quelques grammes seulement par famille, mais j’ai envie de dire tant mieux – baisse de quantité de production oblige –. On optera donc pour un extrait de vanille pour nos futures crêpes, quelques brins et un shot de rhum arrangé.

Mais avant, on se prend surtout 3 petits pots de glace de « vraie » vanille. Miam !!

On reprend notre route pour la cascade Niagara située à une quinzaine de minutes de là. Comme pour chaque cascade, le chemin d’accès s’avère un peu déroutant. Tu ne sais jamais trop si tu es dans la bonne direction ou si tu t’es perdu en route. Mais ce qui est le plus déroutant finalement en arrivant cette fois, c’est l’absence d’eau ! Notre cascade est quasi à sec. Pour la cascade Niagara vous avouerez que c’est un comble. Passé une première mini déception, en fait c’est super quand même.

Personne sur place, on a la non cascade pour nous. Les parois rocheuses de ce quasi amphithéâtre sont très photogéniques, le lac en bas tout aussi beau. Alors certes, cela donne moins envie de se baigner (d’ailleurs on n’a vu personne le faire), mais on s’est fait une bonne partie de ricochets seuls au monde.

Bon c’est pas tout, mais il est 12h30 bien tapé. On avait prévu d’aller pique-niquer à Anse des cascades à 1h et quelques de route d’ici. Sur le chemin en plus on ne peut s’empêcher de faire quelques stops pour admirer un pont, puis une église.

Rajouté au fait qu’on ne s’arrêtera pas moins de 3 fois au bord de la route pour essayer de trouver quelque chose qui est susceptible de plaire au palet de l’enfant roi (avec un résultat mitigé en plus, et une attente interminable à chaque fois), quand on arrive à anse des cascades, il est 14h15 et il pleut. Bon ce pipi de chat dure 5 minutes, ce qui a eu pour effet de vider un endroit usuellement noir de monde. On aura grignoté notre pique-nique dans la voiture ce qui est moins sympa, mais après, on a Anse des cascades rien que pour nous un 16 août. Pas mal !

Mais qu’est-ce qu’Anse des cascades ? Il fut un port autrefois, mais c’est avant tout désormais un spot de pique-nique pour les réunionnais le week-end. Une gigantesque cocoteraie donnant sur une anse assez encaissée où la baignade est interdite à cause des requins. Le long des parois, une myriade de petites cascades au milieu de fleurs violettes qui ressemblent à des orchidées mais qui ne doivent pas en être. Noah se précipite comme à l’accoutumée sur la jetée pour observer les vagues se fracasser sur les rochers, puis sur un promontoire de lave après un énième pipi dans la nature dans un cadre exceptionnel (sa troisième marotte en voyage après observer les vagues et tracer des routes de quad).

On finit notre exploration d’Anse des cascades avec un jus de canne à sucre / gingembre et de clémentines pressées devant toi.

Le temps passe décidément trop vite aujourd’hui. Pourtant on n’est pas partis si tard que cela. On rebrousse chemin sur 3 km pour aller voir Notre dame des laves, une église qui a miraculeusement survécu à la coulée de lave de 1977. Bon, levons le voile sur ce pseudo-miracle qui semble se reproduire ponctuellement à travers le monde comme par hasard uniquement pour les églises  ( Chat GPT en a trouvé 4. Quand je lui ai demandé s’il en avait pas oublié un en Islande comme je le pensais, il a corrigé son erreur et l’a trouvé. Mais quand je lui ai demandé s’il y en avait en France, il m’a répondu là aussi par l’affirmative. Du coup soit il raconte n’importe quoi pour me faire plaisir, soit il ne sait pas compter…Bel outil, mais méfiance..).

En tout point de miracle divin – désolé pour nos amis croyants – mais juste de la physique. La coulée de lave pour avancer a besoin d‘une énorme quantité d’oxygène, sinon elle s’étouffe dans l’oeuf si je puis dire et se solidifie très rapidement. Une fois solidifiée, elle devient une véritable barrière naturelle à la lave qui la suit. Vous avez compris ce qui s’est passé ? Quand la lave est rentrée partiellement dans l’église via le porche, elle a aspiré la quantité d’oxygène dans l’église et la lave s’est solidifiée, protégeant l’église de toute autre intrusion lavesque (ou lavique ??).

Il est d’ailleurs arrivé le même phénomène à la gendarmerie d’à côté, voir encore de manière encore plus spectaculaire car l’entrée était plus petite et donc l’arrêt fut encore plus brutal, mais étonnamment on ne l’a pas rebaptisée Gendarmerie des laves ! Le lobby policier devrait peut-être aller prendre des cours auprès de nos ecclésiastiques !

Bon en tout cas, cette église sur son champ de lave, il n’y a pas à dire, ça fait une belle photo.

On est ensuite tiraillé par le temps car il nous reste encore plus d’une heure pour rejoindre Saint Pierre et notre hôte tient à nous remettre les clés en mains propres. En plus, à 18h à la réunion, c’est extinction des feux.

Il faut faire des choix, même si dans les faits on va revenir dans ce coin là dans les prochains jours. On s’arrête vite fait sur la route des laves mais sans partir randonner dans les champs de lave, pour privilégier ce que je pense être un « winner » pour Noah : un stop au souffleur d’Arbonne, un puit d’où jaillit l’eau entre les rochers.

Mais la surprise sera éventée car c’est marée basse et l’eau ne jaillit virtuellement pas. « Elle est nulle ta surprise papa !». Les enfants sont tellement cruels.. Je consulte l’horaire des marées/ ON réessayera demain, je ne m’avoue jamais vaincu.

Arrivés à Saint pierre à 18h03, mon sens légendaire de l’orientation nous sauve d’une impasse Googlesque de sens interdit généralisé qu’il ne connaît pas. C’est ensuite avec un plaisir absolu que Virginie découvre que le garage de la nouvelle villa est encore pire pour garer notre char d’assaut.

Cela atteint un tel point qu’elle ne veut pas ressortir de là ce soir en voiture pour aller faire les courses au supermarché. Pour la petite anecdote, cela fait 4 nuits qu’on est à la réunion en maison et on n’a toujours pas utilisé la cuisine.

Bref, on se cherche un restau, mais rien qui enchante Noah qui n’aime résolument pas le poisson cru. On longe donc le bord de rivage de Saint pierre jusqu’au petit port pour prendre exceptionnellement une pizza à emporter. ON négocie quand même avec lui le petit verre sur la plage dans un boui-boui en attendant notre commande.

Parfois, faut rester simple !

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