Prenez une ile au hasard, dans notre cas La réunion, empreint d’un certain art de vivre à la cool propres aux îles. Prenez une administration bien centralisée et un tantinet obtuse, je parle ici de l’administration française bien sûr. Secouez quelques minutes au shaker des randonnées. Qu’est-ce que cela donne ?

Et bien une floppée de cascades, bassins et randonnées interdits d’accès par arrêté préfectoral un peu partout dans l’ile, mais dont tout le monde a décidé de s’en tamponner allègrement le coquillard.

A Saint-Gilles, ce sont ainsi les trois bassins, interdits au public, mais dont l’accès est notoirement connu au point que malgré l’absence de parking et une zone grillagée en bord de route pour en barrer l’accès, tout le monde y vient non-stop s’y baigner.

La grille a été forcée depuis belle lurette et il ne reste plus qu’un un gros panneau d’interdiction d‘aller plus loin. Une floppée de voitures sont garées n’importe comment le long de la route et ne sont visiblement jamais verbalisées, 2 snacks qui n’ont d’autres raisons de s’être installés là que parce que c’est le moyen d’aller aux 3 bassins tournent à plein régime, alors que l’interdiction date d’au moins 10 ans. Bienvenu dans les îles !!

Du coup, que fait-on ce matin ? Ben les 3 bassins bien sûr ! Enfin on n’en fera qu’un, le bassin des aigrettes, réputé le plus joli. Pourquoi ? Sentiment difficile à expliquer. Pourtant je blinde nos journées de trucs à faire (la force de l’habitude) puis tout se désagrège dès les premières minutes de la journée devant la volonté manifeste du reste de la famille de souffler un peu.

On arrive donc à plus de 10h près du spot pour les 3 bassins. Notre char d’assaut met totalement Virginie en panique depuis le début du séjour. Pourtant la caution est déjà foutue vu qu’elle a déjà bien tapé dans la barrière en essayant de rentrer dans le parking de la maison 3h à peine après avoir pris le véhicule. Bon, à sa décharge, la voiture n’a aucune visibilité, elle déteste utiliser la caméra qui bipe beaucoup trop tôt, et il semblerait que le sort s’acharne sur nous pour nous amener dans des endroits tous plus étroits les uns que l’autre. Alors, certes, je pourrais prendre le volant (non pas que je m’en sortirai mieux mais au moins le stress de Virginie disparaîtrait), mais voilà. Si je conduis, c’est que Virginie devient le copilote. Et là, c’est l’enguelade assurée. Alors autant privilégier le stress de conduire au stress du copilotage, je pense.

Tout cela pour dire qu’on galère bien à se garer aux 3 bassins. La tension monte un peu tant est si bien que Virginie quitte la voiture à moitié garée, me laissant le soin de finir la manœuvre, et va bouder dans son coin. On commence donc la rando Noah et moi devant, Virginie à bonne distance derrière le temps qu’elle se calme. Là aussi c’est rodé. Cela arrive rarement, mais dans ces cas-là, autant laisser le temps faire son œuvre.

Le chemin pour bassin des aigrettes n’est pas bien long. Après une courte descente on se retrouve à suivre les anciens canaux. Parapet de 30 cm de large, canal avec de l’eau d’un côté, petit dénivelé de quelques mètres dans la forêt de l’autre. On est quand même loin du danger de mort qui a valu la fermeture administrative je trouve…

Un peu plus loin, on se retrouve dans un embouteillage piétons. Non pas vraiment qu’il y ait du monde – on est à peine 10 – mais administration française oblige, elle a aussi grillagé le canal rendant 10 fois plus compliqué le passage puisqu’au lieu de continuer tout droit, il faut crapahuter 10 mètres en hauteur sur de la terre friable avec le canal en contre-bas, puis rebelote, descente de l’autre côté pour contourner la grille. Bilan des courses, les gens galèrent, mais tous passent. Comment rendre bêtement dangereux un endroit qui ne l’était pas sans pour autant atteindre l’objectif d’interdiction.. Les fonctionnaires auront raison de notre beau pays, c’est moi qui vous le dit.

On finit tant bien que mal par contourner l’obstacle et on débouche enfin sur le bassin des aigrettes. Très beau, belle cascade.

Noah n’a qu’une envie, se baigner dedans. Evidemment l’eau est gelée (apparemment 14 degrés, mais je n’ai pas vérifié). Il y a quelques courageux, mais je dirai moins de 1 sur 20. Noah m’envoie tester pour lui. Franchement, ça va, et puis ça permet d’aller jusqu’au pied de la cascade ce qui est bien agréable.

Voyant que je ne suis pas transit de froid, Noah finit par me rejoindre. A voir sa tête, elle est vraiment froide. Il faut dire qu’il n’a que la peau sur les os, alors que moi, malheureusement, je dois être plus enveloppé comme dirait Obélix. En tout cas, il l’aura fait, c’est le principal. Bravo !

J’ai pas vu d’autres enfants de son âge s’y risquer. Virginie est restée à bonne distance. A mon avis elle ruminait encore la voiture, mais donnons le bénéficie du doute, elle avait peut-être tout simplement pas envie de se geler les miches dans l’eau.

Après une bonne demi-heure passée là-bas, il est de temps de rentrer et de se refarcir ce que j’appellerai l’obstacle administratif. On est mouillé de la baignade. Je n’ai franchement pas envie de retenter le diable au risque de glisser et de chuter de 4 mètres en contre-bas parce que nos chaussures sont rendues désormais glissantes.

J’avais remarqué qu’on pouvait en passant dans le canal se glisser sous la grille administrative – enfin au moins pour Noah -. Donc je suggère à tous de garder les chaussures d’eau et nous voilà qui continuons tout droit dans le canal pour passer l’obstacle par en-dessous.

Pour Noah, zéro sujet, il passe accroupi. Moi, bien sûr, impossible. Je me remets en maillot, et à la manière des concours de t-shirt mouillés où on passe sous la barre, je me contorsionne élégamment dessous et me qualifie pour les phases finales.

Virginie me passe par les grilles tous les sacs et se met à ronchonner parce qu’elle va devoir se tremper dans le canal sans avoir au moins eu le plaisir de se baigner dans le bassin des aigrettes. Bon j’avoue, zéro compassion, je lui avais dit 10 fois de venir se baigner. Pire, je profite qu’elle m’a laissé son téléphone pour immortaliser la scène. Avec Noah franchement, on a rigolé. Ca manquait un peu de style.

Du coup, en quittant 3 bassins, sachant que Virginie avait depuis le Brésil très envie de se faire des grillades de bord de route, j’avais repéré un endroit où en prendre. Elle de son côté avait repéré l’endroit où ils vendaient des fruits. On scelle la réconciliation par la bouffe en allant prendre grillades et fruits qu’on se mange sur la plage comme des coqs en pâte.

L’après-midi se passe comme la veille à faire du snorkeling tous les 3, puis départ pour manger une glace à Saint Gilles. Ce soir on dîne au DCP, un restaurant de poisson tenu par des pécheurs au milieu du marché.

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