A peine réveillé, un constat s’impose; Le jeu des chaises musicales a repris. Noah blotti en boule dans le lit faisant fuir Virginie qui est aller dans le sien et qui visiblement n’a pas supporté le soleil matinal sans volets dans la chambre.

A part cela, il fait beau, très beau. Exit la prévision météo virant aux nuageux, c’est maintenant plein soleil toute la journée, et ça tombe bien, car pour notre dernière journée en Norvège on a prévu de faire un tour en speed boat ce matin au départ de Svolvaer située à 20 minutes de là, puis finir par une après-midi plage.

Le rdv pour le speed boat est à 10h30. On est large. Objectif annoncé, observer les Sea Eagle (Aigles de mer) et atteindre Trollfjord, un fjord de 2 km de long, pour moins 100 mètres de large à sa partie la plus étroite et entouré de montagnes atteignant 500 mètres d’altitude. En plus des combinaisons de survie on nous avait proposé des masques en plastique – qu’on avait refusé – et j’en suis presque au début à le regretter tellement la vitesse fait s’engouffrer l’air par les côtés de mes lunettes, m’obligeant le plus souvent à fermer les yeux.

La traversée est canon. D’abord parce qu’il fait un temps magnifique qui donne une couleur à l’eau presque surnaturelle, et puis parce qu’on navigue dans les fjords escarpés.

Assez rapidement, on fait notre premier stop au milieu de petits ilots (on en fera plusieurs comme cela) et on ne tarde pas apercevoir de nombreux aigles de mer perchés sur les rochers.

Bon, ce n’est pas 100% naturel, mais ils ont une technique pour qu’on les voit pêcher, ils lancent de temps en temps des poissons dans l’eau. Aucun doute que cela modifie le comportement des aigles, mais ne nous lançons pas dans une vindicte écologique puisque de toute façon on ne savit aps en venant, et profitons de ce que cela nous permet de les observer de près.

Le sujet en gros de l’aigle de mer, c’est qu’à la base, il n’est pas fait pour pêcher. Ses plumes ne sont pas imperméables, donc l’aigle ne peut pas rester en contact longtemps avec l’eau sinon il devient trop lourd, tombe dans l’eau et se noie le plus souvent, faute de pouvoir redécoller ou rejoindre la rive à temps.

On voit ainsi à quelques mètres de nous, l’aigle décoller de son perchoir, voler pour se mettre dans le sens contraire au vent, puis soit raser l’eau, soit partir en piquet, attraper le poisson dans ses serres, et redécoller sans s’être mouillé les plumes.

Parfois deux aigles se disputent la proie en vol et le second se met à harceler le premier dans les airs pour lui faire lâcher le poisson. Parfois ce sont les mouettes qui essayent de piquer les poissons, mais celles-ci battent vite en retraite à l’approche des aigles. Malgré leur taille, les aigles n’hésiteront pas à les tuer, voir les manger s’ils n’ont rien de mieux à se mettre sous la dent.

On poursuit notre route vers Trollfjord à près de 60 km/h. On passe devant une montagne dont la forme fait penser à une tête de chèvre. Selon la légende, ce serait la chèvre d’un troll qui aurait été pétrifiée par les rayons du jour. Puis il raconte qu’il a fait une randonnée là-bas qui lui a filer une frousse de tous les diables. Et là je raccroche les wagons avec une rando que j’ai lue mais qui s’appelait pour moi les cornes du diable car ce qu’il s’apprête à raconter je l’avais lu dans des commentaires qui au dernier moment m’avait fait éliminer cette rando dans le doute. . Apparemment à un moment de la randonnée il faut que tu passes « d’une corne à l’autre », comprendre d’un pic à l’autre, et pour cela tu dois sauter au-dessus d’un vide de près de 300 mètres de profondeur. Le saut ne fait que 1m50 de large en gros, mais bon, avec j’imagine la tête de Virginie si je nous avais embarqué dans cette galère-là.

On passe ensuite notamment devant des fermes à saumon, protégées des aigles par des filets, puis devant une ancienne maison qui servait de banque pour les pêcheurs. Le propriétaire prêtait aux pêcheurs de quoi acheter le bateau et le matériel mais ils avaient une seule saison pour le rembourser et pas une de plus. Cela occasionnait de nombreux accidents car les pêcheurs sortaient par des tempêtes parfois trop fortes pour les embarcations afin d’atteindre leur quota de pêche et pouvoir rembourser. Le métier de banquier sans scrupule est décidément universel.

L’arrivée dans Trollfjord est assez spectaculaire car en effet l’entrée est particulièrement étroite et les falaises qui l’entourent se jettent dans la mer à presque 90 degrés. Le fjord atteint à certains endroits jusqu’à 300 mètres de profondeur ce qui en faisait un endroit idéal pour la pêche. Protégés de toute part et avec des hauts fonds, ils pouvaient pêcher même par grande tempête sans risque.

Le seul problème de ce fjord en hiver, ce sont les nombreuses cascades qui se jettent dedans et qui adoucissent l’eau sur les 2-3 premiers mètres de profondeur au point d’en favoriser le gel en hiver.

C’est ainsi que la bataille de Trollfjord eut lieu en 1890. Au cours d’un hiver particulièrement rugueux les pêcheurs du fjord virent l’eau geler. Ils demandèrent l’aide des gros bateaux de pêche de Svolvaer pour les aider à casser la glace, mais ces derniers, après les avoir aidés, décidèrent de pêcher à leur place dans le fjord. Evidemment au bout d’un moment cela finit mal (ce sont des anciens vikings ou non ? ) et les petits pécheurs abordèrent et prirent à partie les équipages des chalutiers jusqu’à finir par les chasser et récupérer ainsi leur fjord.

Après cette sortie en speed boat aussi instructive que décoiffant, direction Henningsvaer pour déjeuner. On souffre un peu au début car Noah a tellement envie d’aller à la plage qu’il nous la joue en mode hyène qui répète et répète à l’envie que rien ne lui va et qu’il veut juste aller à la plage.

Après une petite mise au point « entre mecs », tout rentre dans l’ordre et on peut enfin aller déjeuner dans un petit café au bord de l’eau, puis on va se chercher une glace qu’on déguste sur la jetée avant que Virginie la gourmande décide de retourner à la bakery pour prendre je cite « au moins 3 gâteaux avec de la crème au milieu ». Mais voilà, à peine arrivés dans la boutique, Virginie déchante. Visiblement ce n’est pas la seule gourmande du coin et ils sont en rupture de stock. Virginie repart toute penaude sans ses pâtisseries.

On repart à la plage de Rorvik pour près de 3h, ou l’on pourrait presqu’oublier qu’on est en Norvège en regardant les eaux turquoises et le sable blanc. Enfin, si l’eau n’était pas à 10 degrés.

Noah y fera piscines et barrages après avoir abandonné l’idée de retrouver ses spaghettis de mer qu’il avait bien enterré mais que la marée a probablement emporté. Puis il se mettra à courir en long et en large dans l’eau le plus vite possible jusqu’à ce que cela le fasse plonger dedans.

Passé 18h on rentre à la maison. Moi, sur le canapé extérieur dehors à raconter nos histoires, Virginie en culotte à faire sa gym dehors, Noah à poil à s’occuper tout seul.

Demain on repart pour Paris. 2 vols coup sur coup. On l’a bien fait à l’aller, aucune raison que ça ne marche pas demain comme sur des roulettes.

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