L’avantage quand on fait le réveillon à 19h30, c’est qu’on est frais comme des gardons le lendemain matin.  Heureusement d’ailleurs, car la beuverie débuta en fait plus tard dans la journée. José-Luis nous avait prévenu la veille, Quito ça se visite, mais il faut aussi le vivre. On était donc invités le lendemain midi pour l’anniversaire de son pote Alex (surnommé « el niño Jesus » puisque né un 25 dec).

Quito se situe entre 2600 et 3000 mètres d’altitude. Dès que tu y arrives, tu comprends pourquoi les civilisations successives ont toutes construit leur capitale ici. La ville est littéralement imprenable. Elle est entourée de volcans à plus de 4 000 m d’altitude ce qui fait qu’il n’y a que 2 petites routes qui permettent de l’atteindre sans trop d’encombres. Et grâce au micro climat qui y règne, contrairement à la Bolivie, tu retrouves une végétation particulièrement dense même au-delà de 4 000m.

De toute façon, comme aime à le dire José, tout pousse en équateur. Ils n’ont besoin de ne rien importer pour leur alimentation. Comme on est à l’équateur, il n’y a pas de saison donc soleil à plus de 18 degrés toute l’année + pluie régulière = tout pousse partout. Reste juste à faire pousser à la bonne altitude les bons fruits ou légumes et on couvre presque tout ce que la terre a à nous offrir.

Ce matin donc, visite de la ville.

Les équatoriens étant beaucoup plus pratiquants que les Boliviens, Quito se visite donc en partie par ses églises et sa « vierge » située en haut d’une colline et qui domine la ville ce qui permet de mieux se rendre compte de la topographie de la ville et de l’alignement quasi parfaite de toutes les églises sur la ligne d’équinoxe.

De retour dans la ville, on se gare on est frappé par l’absence de présence du passage Inca dans la ville. Les espagnols ont en effet fait table rase du passé et simplement utilisé les fondations des maisons pour construire les leurs par-dessus. On voit ainsi de temps en temps le premier mètre de mur de certaines maisons fait de pierres Inca.

Une fresque sur les murs du parlement rappelle que l’histoire de l’équateur n’a pas débuté en 1810 au moment de son indépendance contre les espagnols, mais il y 14 000 ans, par la succession de peuples indigènes dont on retrace les origines aux mongols qui ont pu traverser lors de la dernière période glaciaire le détroit de Bering, puis sont descendus d’Alaska jusqu’en équateur pour s’y installer.

On vous fera grâce de toute l’histoire, mais à l’arrivée du peuple de l’Inca vers 1400 et quelques, cette zone fut très importante pour eux, car en tant que peuple du soleil, ils étaient en quête de l’équateur, lieu sur terre le plus près du soleil et où, 6 secondes par an, notre ombre disparait totalement lorsque le soleil se trouve à l’exact verticale de nous. Quito est ainsi la contraction de Quisato, qui signifie « au milieu de la terre », et le symbole du soleil à 8 branches y est ainsi omniprésent.

Comme José aime bien mélanger lieux culturels et ambiance équatorienne, on fait une halte dans un bar à fruits où il nous en fera goûter une dizaine de différents. L’équateur, c’est le pays des fruits : tomate del arbol, guanana, naranjilla, taxo… pas besoin d’importer, ils ont tout sous la main. Un monde fou passe dans ce bar pour des boire des jus à toutes heures.

On passera également devant le palais présidentiel. Aucun soucis pour passer dans l’enceinte, on t’accueille presque avec le sourire. On aura même vu le changement de garde.

Bon, c’est pas tout, mais le plus important maintenant est d’aller voir Alex l’enfant Jésus, dans le quartier où habite José-Luis. Dans ce quartier, tout le monde se connaît, chacun est le frère, le cousin ou le copain de quelqu’un. On est quasiment les premiers à arriver. Il est 14h. Les derniers arriveront aux alentours de 16h et c’est à peu près l’heure à laquelle on déjeunera.

L’important ce n’est pas la bouffe, mais la fête. On nous accueille comme les « amis français ». Vers 14h30, un orchestre colombien prend place dans le jardin et c’est parti ! On danse. On est de toute façon pressés à danser par les mamies qui ont bon pied, bon œil.

Pendant ce temps-là, l’alcool commence à tourner. Ernan aux manettes. Ernan aura passé son après-midi un verre et une bouteille à la main : whisky coca, rhum coca, eau de vie… Suivi de près pas le frère de José et à peu près tous les hommes d’ailleurs. En Equateur, les hommes boivent. Alors Fred, t’es un homme ou pas ? Ben oui, et il tient vachement bien l’eau de vie. Combat Herrnan-Fred : égalité.

José est un peu le malheureux dans l’histoire car il sait qu’il doit nous conduire à notre hôtel à 2h de route de Quito, ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas bu, mais il a arrêté plus tôt (surtout qu’il avait déjà fait la bringue la veille et qu’il était crevé).

Vers 18h, il finira par partir chez lui pour, dit-il, « voir ses valises ». Comprendre qu’il n’avait rien préparé pour notre voyage. Pendant ce temps-là on jouera des coudes avec les copains équatoriens. La musique folklorique a laissé place à la musique techno-underground du fils de la maison qui a fini ses études de DJ à Buenos Aires et qui se produit notamment dans quelques boites branchées de Quito.

 

Il faudra qu’on fasse appeler notre guide José 1h30 plus tard, à la nuit tombante, en se disant qu’il serait peut-être bien de partir. Qu’a-t-il fait pendant tout ce temps ? dormir ? lire le programme ? appeler ses copines ? Trifouiller sa moto ? une femme ? On le saura jamais.

En tous cas, on s’évertuera avec Fred à lui parler pendant tout le trajet pour pas qu’il s’endorme. Mais conduire en mode rallye, ça garde éveillé. Surtout que les routes ne sont pas éclairées, que tout le monde se double à la moindre occasion et que la plupart des voitures arborent des loupiottes multicolores en tous genres, dont une qui avait carrément un phare de voiture allumé dans notre direction sur la plage arrière qu’on a dû se farcir pendant 10 bonnes minutes le temps de pouvoir la doubler.

Pour notre première nuit en Hacienda, ancienne ferme espagnole réhabilitée en hôtel, petite nuit au coin d’un feu bien difficile à allumer en altitude par manque d’oxygène. Ce sera d’ailleurs une constante dans les haciendas. Des murs épais, du froid, pas ou peu de chauffage. Bref ça caille, mais c’est très joli !

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