Ce matin, ça crachouille à la norvégienne, mais sitôt sorti de notre rorburer, comme annoncé à la minute près par notre site météo, le crachin s’arrête et la journée s’annonce d’un gris plutôt lumineux.

On fait fissa nos affaires pour quitter notre logement d’une nuit, et on laisse tout dans la voiture, le temps de parcourir le village de A qui est particulièrement mignonnet. Noah a pris son quad, et le fait rouler sur les rambardes des rorburer, la tôle ondulée des bâtiments, le sol de préférence quand une flaque d’eau est à portée ou le rebord de la jetée.

Mais bon, tout le monde y trouve son compte. On peut se balader bras dessus bras dessous tranquille et Noah est content.

Tout cela nous amène gentiment sous le coup des 11h et le speed boat, s’il n’est pas annulé, est pour rappel à 14h. On profite de ces 3 heures pour jeter un œil rapide à la baie de Sorvagen où on ira d’ailleurs prendre le bateau plus tard, puis on fait route à 15 minutes d’ici vers le village de Reine dans un double objectif d’exploration / casse-croûte.

Sur tout le trajet, Noah n’a que la sortie du bateau en tête et nous fait mourir de rire en prononçant toujours « Spin boat » au lieu de speed boat. « tu as vu Papa, il ne pleut pas, ça veut dire qu’on va pouvoir faire un tour en spin boat » ; « Maman ? Tu sais ce qui est bien avec le Spin boat ? c’est que c’est plus rapide que le zodiac »…. Autant dire que si c’est encore annulé, il va être déçu.

A Reine, la ville en elle-même n’a rien d’extraordinaire et au début on tique parce que tous les parkings sont payants. C’est bizarre le rapport à l’argent. Ca nous gonfle de payer 4€ pour se garer une heure, mais on est prêt à payer 200 euros de plus pour faire le tour en bateau en payant les passagers qui manque fait remarque Virginie. Oui, mais pour ne plus entendre Noah parler de « Spin boat », ca les vaut, les 200 €.

Bref, malgré un premier contact mitigé avec Reine, celui-ci se dissipe rapidement à la faveur d’une zone gigantesque de séchoirs à poissons enchâssés dans de la végétation de hautes herbes super chouette, et qui dégénère en une super partie de cache-cache.

Le temps de s’enquiller ensuite une pizza à Tapperiet Bistro sur la place qui s’avère charmant, nous repartons vers Sorvagen pour le « Speed Boooaat ».

Je coupe court au suspense. Après 2 tentatives avortées, la 3ème sera la bonne. Ils ont trouvé une 4ème personne donc on ne sera même pas obligé de payer un supplément, et du coup un membre du staff de l’hôtel et la femme du capitaine se joignent à nous.

Une petite entorse à la moralité en rentrant la date de naissance de Noah au 18/02/2015 au lieu de 2016 (l’erreur est humaine) lorsqu’on me tend le formulaire pour s’enregistrer – voila là il a 8 ans comme cela –  et on enfile les tenues de survie. Noah n’a même pas besoin de prendre la plus petite. Il grandit le bonhomme ! Côté taille on est bons, alors c’est parti !

Le tour en speed boat est aussi ici l’occasion de se frotter au « dangereux » Maelström que Edgard Alan Pô et Jules Vernes décrivent dans leurs romans respectifs comme l’un des endroits les plus effroyables sur terre pour la navigation.

Jules vernes en fait ainsi l’endroit de la disparition du fameux Nautilus englouti par les flots et Poe le décrit comme « le vaste lit des eaux, sillonné et couturé par mille courants contraires, éclatait soudainement en convulsions frénétiques, – haletant, bouillonnant, sifflant, pirouettant en gigantesques et innombrables tourbillons […] et projetant dans les airs une voix effrayante, moitié cri, moitié rugissement, telle que la puissante cataracte du Niagara elle-même, dans ses convulsions, n’en a jamais envoyé de pareille vers le ciel. ».

Mais de quoi parlent-ils exactement ? A la pointe sud des Lofoten, dans un bras de mer de 150 mètres de large et 3 kilomètres de long qui relie le Saltenfjord et le Skjerstadfjord, le fond océanique remonte subitement. Au moment des marées, soit toutes les 6 heures, 400 millions de mètres cube d’eau s’engouffrent alors à des vitesses pouvant atteindre 20 nœuds(40 kilomètres/heure).

Cette rencontre entre des courants contraires et de fortes marées provoquent des tourbillons, et surtout des eaux qui perdent toute logique. A l’époque où les bateaux à moteurs n’existaient pas, le risque pour les embarcations, surtout à un endroit ou les rochers affleurent souvent l’eau, devenaient très forts et ont été l’occasion de nombreux naufrages. En période de tempête, les vagues peuvent parfois atteindre 20 mètres de haut à cet endroit.

Pour se diriger vers le Maelstrom,  on suit les côtes à grande vitesse. Noah kiffe surtout quand on fait de grands virages et que le speed boat penche à 45 degrés. On s’arrête d’abord dans 2 anses qui abritaient encore jusque dans les années 20s des villages de pécheur. Avec l’avènement du bateau à moteur, le bénéfice proximité de la zone de pêche / danger pour les bateaux amarrés pendant les tempêtes n’étant plus suffisant, ils furent démontés et les maisons reconstruites dans les ports de pêche de A, Sorvagen etc… mieux protégés.

Toujours est-il qu’en intitulant ce billet « Maelström », j’ai l’impression de participer un peu à la propagation d’un mythe exagéré. Je m’explique. Tout d’abord aujourd’hui la mer est particulièrement calme. Ensuite nous allons franchir le Maelström au milieu de la marée alors que les atermoiements de courant se font surtout sentir en début et fin de marée lorsque les volumes d’eau sont au maximum de leur déséquilibre.

Pour l’instant, Noah appelle la zone du Maelström, « le détroit de Miromesnil » visiblement en rapport avec la station de métro, mais alors quel est le rapport entre les deux, va savoir…

A l’approche du Maelstrôm, si on voit très clairement le passage dans la zone de celui-ci (on passe d’un coup d’une eau limpide à des courants en tous sens qui font penser à une rivière en pleine mer, il est difficile d’appréhender avec un tel bateau l’impact sur une embarcation.

Nulle doute en revanche que l’histoire est différente si tu rames contre un courant à ne serait-ce que 20 km/heure comme c’est apparemment le cas en ce moment à la surface.

Du coup, les superlatifs font un peu plouf. J’ai été plus impressionné par un phénomène similaire qu’on avait vu avec Virginie dans la zone de l’ile de Vancouver ou une baie se transformait par endroit en véritables rapides sous l’effet de la marée.

Qu’importe, l’endroit est en soi magnifique. On aperçoit un phoque sur un rocher, un aigle qui prend son envol, une petite cabane d’urgence (Emergency Cabin) construite sur un minuscule rocher qui sert encore d’abris aux pécheurs s’ils sont pris dans le Maelström.

Quand on remet les gaz, encore dans le Maelstrôm, Noah se met à kiffer grave. Le bateau fait littéralement des bonds de vagues en vagues avant de retomber en fracas sur l’eau qui, à cette vitesse, est dure comme du béton. « Oh my god, Oh my god, oh my god » dit Noah entre 2 éclats de rires, et il rebaptise le détroit de Miromesnil  « l’endroit de la galère »

Du coup, lorsqu’on en ressort pour revenir près des côtés pour voir un autre endroit ou un village était encore présent dans les années 50s, et qu’on se met à repartir non pas vers « l’endroit de la galère », mais vers le port, notre Noah qui a un vrai compas dans la tête commence à faire la tête parce qu’il a bien compris qu’on ne repasserait pas par le Maelström.

La déception sera quand même atténuée par une nouvelle méga accélération et le fait de voir en chemin une énorme méduse flotter le long du bateau qui doit faire au bas mot 60 cm de diamètre. Dégueu, mais fascinant. En tout cas pour lui c’est décidé, le speed boat, il en refera demain.

Bon, pas vraiment, mais si on peut, on essayera d’en faire un dernière fois avant de repartir, mais dans un fjord cette fois et probablement sans les bonds hors de l’eau. Il sera peut-être moins impressionné. On verra…

A 16h on a donc rejoint la terre ferme, direction notre nouvelle demeure pour 3 jours à mi-chemin entre A et Leknes. Mais avant il est l’heure de rectifier un petit impair de ce matin qui aurait coûté la punition de zéro ipad à Noah. Je m’explique. A la ville de A, on trouvait ne nom rigolo donc on voulait trouver une photo qui immortalisait le nom peu commun de cette ville. Sauf que austérité norvégienne oblige il n’y avait aucun panneau réellement sympa à prendre en photo pour immortaliser cela, sauf un qui s’avèrera être exactement de la couleur des fringues de Noah. Virginie avait donc voulu que Noah prenne la pose ce qu’il avait ostensiblement refusé, et qui lui avait vallut la promesse de la dite punition. Maintenant que Noah est dans un “good mood” (ou qu’il souhaite lever la punition) on se reidirge vers A avec un détour de 15 minutes dans chaque sens pour prendre la dîte photo.

On peine un peu à trouver la maison (Airbnb nous avait envoyé à 3km de la localisation exacte), mais cela vaut la peine.

On dirait la maison du film The ghost writer. Totalement isolée au bord du fjord, hyper moderne, vue à 180 degrés sur les montagnes. Baies vitrées partout avec une vue magnifique. Mais presque inquiétant quand on y pense tellement on est isolé sur un paysage qui lorsque le ciel s’assombrit prend des teintes dramatiques. Les photos parlent d’elles-mêmes. Bon on aurait pu être à 10 dedans mais la maison était vraiment top alors j’ai reporté l’économie faite sur la location de voiture en prenant GetAround – le service entre particuliers – vs le loueur traditionnel sur ces 3 jours et hop. Une maison canon.

Comme on est arrivé à une heure raisonnable, on a du temps ce soir donc chacun s’organise. Virginie fait sa gym, j’écris ces quelques lignes et Noah procède à son rituel du caca du soir.(désolé pour les détails mon chouchou mais c’est drôle).

Pour cela, il doit impérativement être tout nu, donc dès qu’il rentre, on trouve invariablement une pile de fringues jetées le plus souvent absolument n’importe où et Noah enfermé 1h aux toilettes. Pourquoi aussi longtemps ? Parce que c’est un moment ou il se recentre sur lui-même. Certes le plus souvent en ayant piquer l’ipad pour faire un jeu (et donc plus il reste aux toilettes plus il joue à l’ipad), mais pas que. Parfois il classe ses cartes Pokemons, il lit un grand ABCédaire qu’il avait quand il était bébé. Et aujourd’hui, monsieur est plus stratégique, il s’est enfermé avec un jeu d’échecs.

Bref en sortant des toilettes il est un bon 19h00 et il veut l’ipad. On négocie de faire une partie d’échecs tous les deux avant et ensuite on opte pour voir un film tous les 3. Pour changer des dessins animés, nous voilà à lui proposer le film Babysitting. Il n’est pas emballé au début mais après avoir vu la bande annonce il adhère grave.

On met en route le film et dès la première scène, la standardiste qui raconte sa soirée de la veille explique au téléphone comment elle a ken son mec et elle répète le mot ken 30 fois dans la première minute. Est-ce bien adapté à son âge ? Tout d’un coup on a un doute, mais comme Noah reste imperturbable on continue.

Bon, au final, à part une scène ou une stripteaseuse file pendant 2 minutes des coups de fesses en pleine figure au héros du film qui s’avère plus rigolo qu’érotique, tout s’est bien passé.

Le top 3 de Noah qu’il ne cesse de me répéter en se couchant : la scène de striptease, le vieux qui ressemble comme deux gouttes d’eau au personnage de La Haut que des fétards ont attaché à un fauteuil et faits ‘envoler en lui atu fauteuil comme dans le film ; et bien sûr la scène ou ils s’échappent de la fête foraine en karting en se débarrassant des poursuivants en leur lançant les peluches de banane et de tortue gagnées au stand de tir. Les amateurs de jeux vidéos apprécieront.  En s’endormant ces dernières paroles seront : « Papa ? Demain on regarde Babysitting 2, c’est trop bien ».

23h le loustic dort enfin. C’est bon les vacances !

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