Conseil de famille au petit déjeuner pour décider du planning du jour. Chacun contribue. Je propose la randonnée de Nonstinden sur les hauteurs de Ballstad à une quinzaine de minutes en voiture de notre Roburer. Voté, approuvé ! Noah veut retourner sur la plage de Mannen cet après-midi. Voté, approuvé ! Virginie, qui a été inspirée par les photos d’Anouk et Philippe en zodiac au Mexique, voudrait une sortie en bateau dans les Lofoten. En 5 minutes, l’agence Fred & Co trouve un tour en speed boat à 14h au départ de Ballstad. Voté, approuvé !
Et voila à comment notre journée est calée en 30 secondes et qu’on se retrouve à 10h nous garés à Ballstad, fins prêts pour faire la rando de Nonstinden. Un simple regard vers le sommet fait se demander légitimement si elle bien réellement notée de difficulté “modérée”. 446 mètres de dénivelé et peut-être quelques difficultés à prévoir vu qu’ils parlent de l’utilisation de chaînes pour franchir certains passages, mais apparemment rien d’impossible.
Noah part avec le même état d’esprit qu’hier, autant dire à 200 à l’heure. Et je dois réfréner ses envies pour qu’il ne distance pas trop vite Virginie qui a elle, envie de profiter de la rando et pas d’en faire une compétition sportive.
Il faudra qu’il repère une norvégienne en train de cueillir des Blueberry dans la pente pour qu’il daigne s’arrêter quelques minutes pour en cueillir et les commencer à les manger par poignées entières et permettre à Virginie de revenir à notre hauteur. Les randos, c’est tout un programme avec les 2 loustics.
Après 10 minutes de montée, on a déjà une belle vue sur la ville. Pendant qu’on regarde les alentours, Noah est déjà reparti, et 3 norvégienne qui randonnent aussi, m’alertent sur le fait qu’il ne faut pas le laisser partir seul devant car il y a 3 jours une française est morte sur cette rando en tombant. Voilà voilà… Modérée, donc…
Je reprends notre loustic par la main et on repart à l’assaut de notre sommet. Très vite on arrive aux premiers passage avec des chaînes. C’est marrant et surtout utile quand il pleut, car les rochers sont à 60 degrés et il faut progresser en travers sans trop penser à ce qu’il y a en bas.
Bon après, comment dire… Il n’y a plus de photos pour vous montrer parce que nos 2 mains sont prises tout le temps pour assurer la montée et qu’il n’y a aucun endroit où on peut rester quelques minutes en sécurité.
C’est hyper raide. Dans les rochers, on serpente sans cesse sur l’arête et on alterne les passages avec des chaînes et des passages où on doit se débrouiller tout seul.
Il faut avancer le plus souvent en s’aidant des mains et le précipice ne nous quitte jamais à plus de 2 mètres. Idéal quand on a le vertige, surtout que je dois marquer Noah à la culotte qui, lui, grimpe comme un petit singe avec l’intention de doubler un couple un peu plus haut qui est en perdition avec 2 enfants un peu plus grands que Noah.
On finit tant bien que mal par arriver en haut après 20 bonnes minutes de grimpette dans ces conditions. Je ne peux pas m’empêcher de me demander comment on va redescendre par le même chemin avec Noah tout à l’heure car en théorie cette rando est une boucle, mais sur la montée on a vu qu’ils avaient commencé à mettre en place des marches en pierre sur le tronçon du retour (probablement pour éviter justement la descente qu’on va devoir faire), sauf que c’est en travaux et donc toute cette partie du retour est condamnée ce qui nous obligera à revenir par le chemin qu’on vient d’emprunter.
Mais chaque jour suffit sa peine. Profitons juste du fait qu’on a atteint une première crète et qu’on se retrouve maintenant sur un énorme plateau en faux plat qui s’étend presque à perte de vue, même si on distingue au loin que la grimpette reprend une dernière fois pour atteindre le haut du plateau. Plus besoin de chemin, on peut gambader comme on veut. La plaine est parsemée de rochers qui sont autant de prétexte pour Noah de jouer et crapahuter.
Ca rappelle les paysages d’Islande et de l’ile de pâques, avec ces grandes plaines verdoyantes ou aucun arbre ne pousse jamais. C’est ce qu’on appelle avec Virginie les paysages de bout du monde. Il n’y a plus d’arbres, plus d’animaux ou d’insectes. Comme si on approchait de la fin.
On continue notre traversée de cette plaine qui monte quand même en direction du versant le plus élevé. Là, alors que Noah parlait de ne faire aucune pause avant d’aller tout en haut, il se met à se plaindre du talon. La plaie de tout randonneur, le début d’ampoule.
On enlève la chaussure et la chaussette. On regarde. C’est très légèrement rouge, mais il n’y a franchement pas grand-chose de visible. Virginie remarque qu’on a mis les mauvaises chaussettes, à savoir des chaussettes normales et pas de rando. Noah ne veut plus trop monter d’autant que bien évidemment en se rapprochant de l’objectif on se rend compte que bien sûr ce n’est pas une montée peinarde mais qu’on est reparti pour 20 minutes de monter probablement sans difficulté mais avec un fort coefficient.
Virginie qui adore le lieu a très envie d’aller en haut voir ce qu’il y a de l’autre côté. Moi j’ai très envie que Noah ne se retrouve pas avec les pieds en compote avant de redescendre le morceau qu’on a déjà fait et qui va être un peu dangereux.
Du coup Virginie va monter et moi je vais rester là avec Noah à jouer dans les rochers. Très vite nous voici des pirates et chaque rocher devient un vaisseau qu’il faut prendre d’assaut.
30 minutes plus tard, Virginie est revenue ravie de son escapade, et nous avec Noah on a passé un super moment entre mecs.
Reste à ramener tout le monde sain et sauf au véhicule…
Alors comme toujours dans ces cas-là, pas trop de photos parce que tout le monde se concentre. Noah devant, moi juste derrière lui tenant la main et m’assurant le plus souvent à de l’herbe ou un rocher de l’autre main au cas où l’un de nous glisse sur les pierriers. Virginie nous talonne juste derrière. On n’a pas glissé, Noah a été super, on n’a donc pas rajouté un +1 à l’accident d’il y a 3 jours, mais on comprend que ça peut vite arriver surtout si les conditions se détériorent en chemin.
Une fois en bas, direction le Solsiden Lofoten, un restau qui devrait se trouver à une cinquantaine de mètres de notre départ en speed boat. Minutage parfait.
Sauf que là, ça va merdouiller en quelques minutes. Le restau s’avère fermé le midi, le deuxième restau que j’avais trouvé en bord d’une autre jetée, aussi et pas grand-chose d’autre à l’horizon.
Heureusement en face la supérette « Joker » était ouverte. On se prend de quoi pique-niquer et on s’installe face au fjord sur une petite table, à la fraiche, tous seuls. Et là, à peine a-t-on le temps d’en profiter, qu’un nouveau double coup de malchance nous tombe dessus. Un car de touristes arrive et déverse son lot de gens moches autour de notre petit coin de paradis, puis je reçois un mail dans la foulée qui annule le speed boat faute de participants.
J’ai beau argumenter avec le gars du speedboat, à moins qu’on paye pour l’équivalent de 6 personnes soit près de 800€ les 2 heures, il ne partira pas. On décide donc de revenir à notre plan initial pour le plus grand bonheur de Noah. Au lieu d’aller un peu à la plage après le speed boat on ira passer l’après-midi entière à la plage.
Il est donc 14h30, nous voici en maillot de bain, mais contrairement à hier, sans soleil qui a disparu depuis notre escapade matinale.
Sachant pertinemment que jamais on ne fera marcher Noah une fois qu’il aura mis un pied sur la plage, et que Virginie aimerait bien marcher et ne pas rester toute l’après-midi à faire le garde chiot sur la plage, je tente le coup alors qu’on est encore près de la voiture. « Allez, on marche un peu ! Noah remet ton pantalon on y va ». Il me lance un regard qui passe en 30 secondes du regard suppliant du chat botté à celui de « je vais t’exterminer dans d’atroces souffrances et tu l’auras bien cherché ». Puis, contre toute-attente, et sans que j’ai à brandir une carotte ou un bâton, il remet son pantalon de rando, se laisse remettre ses chaussures, et se dirige vers le chemin de la petite marche non sans pleurnicher sur le fait qu’il voulait aller à la plage.
Je tiens bon et lui développe mon idée. On va longer sur 500 mètres la falaise et retour, c’est tout. Pas de grimpette, la plage toujours à côté, et il y a même un chemin qui permettra de couper pour revenir plus vite à la plage juste-là. Jusqu’à ce qu’il voit des moutons sur le bas-côté il va chouiner moitié avec de vrais larmes de frustration, moitié en rigolant, mais on va réussir à les faire ces 500 mètres aller-retour.
Après, sur le retour, il va obliquer vite fait vers le raccourci plage et on ne le reverra que lorsqu’il aura retrouvé son spot ou l’eau s’écoule de la montagne et rencontre les vagues de la mer.
On ne va pas s’apitoyer longtemps sur notre chouchou. Il est à 15h, on a juste réussi à décaler la plage de 45 minutes. Ca va ! D’autant qu’on va rester jusqu’à un 17h30 bien tapé en parents sympas que nous sommes.
Pendant l’après-midi, il va nous faire barrages sur barrages à se demander s’il n’est pas en train de se transformer en castor. Puis, on le retrouvera même dans la mer avec de l’eau jusqu’au nombril alors qu’elle est péniblement à 11 degrés.
Je me lève et vais le rejoindre. A peine ai-je eu le temps de le rejoindre et d’avoir de l’eau au-dessus des genoux que j’ai l’impression de recevoir des coups de poignards sur les pieds de froid. Incapable de rester dans l’eau alors que lui ne semble absolument pas incommodé, je retourne le plus vite possible sur la plage. Je ne sens plus mes pieds et j’ai un vaisseau sanguin qui a éclaté me laissant un bleu au pied de 3 cm de large.
Noah revient quelques minutes après, tranquille comme si de rien. J’envoie Virginie tester. Elle revient quelques instants plus tard. Visiblement les coups de poignards de froid touchent bien les adultes, mais pas les enfants. 1h après, en conduisant dans la voiture elle avait encore mal aux pieds de froid.
Tout cela pour dire que pour une fois, on rentre à une heure raisonnable.
On profite de notre petite maison, on mange à une heure raisonnable tous ensemble devant Ralph 2 pour récompenser Noah de ses efforts de ce matin.
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