Notre cher Jean-Louis qui nous gère la Sologne sur place d’une main de maître a peut-être en partie contribué à ce qu’on remette la Norvège sur notre radar des vacances. En motard invétéré, il s’était programmé une virée en moto de la Sologne jusqu’à Ålesund en Norvège sur près de 3 semaines début juillet, et dont il me parlait régulièrement depuis un an.
Toujours est-il qu’il a eu apparemment un temps apocalyptique tout le séjour (parti 20 jours quand même, ça défie les statistiques) et a fini avec sa moto en panne au Danemark.
Résultat, je ne sais pas trop si je dois lui dire qu’on vient de se réveiller pour notre première journée en Norvège sous un soleil radieux. Certes, ils annoncent un peu de pluie le matin dans 48h, mais d’ici là, on ne va pas bouder notre plaisir de se faire de belles randos. On attendra juste lundi pour lui envoyer des photos de la Norvège sous la pluie 😉.
Ce matin, on n’a pas mis de réveil. Cela peut paraître naturel pour vous, mais en vacances à l’étranger ce n’est pas si fréquent pour nous. D’une nature toujours plus matinale, j’en profite pour sortir de notre Roburer pour voir les environs tandis que mes 2 loustics écrasent de la patate. Après dans la pratique, à 9h20 tout le monde était déjà levé, la faute à l’absence de rideaux ou volets caractéristique des pays nordiques qui expérimentent pourtant plusieurs mois par an le soleil de minuit.
Notre rorburer – la petite maison rouge de pêcheur typique qui a été entièrement retapée – est située sur une jetée qui domine le fjord.
Au petit dej, on me demande quel est le programme du jour. Pour l’instant, je pensais à petit déj pique-nique à Haukland, l’une, si ce n’est la plus belle plage de sable blanc des Lofoten a seulement 15 minutes de notre Roburer ; puis en enchaînera sur la randonnée de Mannen qui part de la plage et nous permettra de surplomber celle-ci avec un panorama à 360 degrés sur les iles Lofoten et on verra pour l’après-midi.
Je dois dire qu’après ces derniers jours en safari africain dans une voiture, il nous tarde à tous de nous dégourdir un peu les jambes.
Sur la route, on se fait un stop au supermarché du coin pour le pique-nique. En Norvège c’est simple, quelques blueberry (pourtant de la région), des rondelles de saucisson (malgré la promo de 3 barquettes pour le prix de 2), des bouteilles d’eau, un peu de pain, un peu de fromage : 130 €. Je comprends mieux pourquoi les nombreux blogs que j’avais lu rivalisaient d’astuces sur le supermarché le moins cher et l’importance de se faire à manger vs le restaurant.
Bref, 10 minutes après s’être ruinés au supermarché, on déboule d’entre deux montagnes pour découvrir en contre bas la première des 2 plages d’Haukland qui n’a en effet pas grand-chose à envier à une belle plage des caraïbes. il y a quelques campings cars avec une vue imprenable dessus d’ailleurs qui te donnerait presqu’envie de faire du camping ici.
A peine a-t-on eu le temps d’ouvrir le coffre pour sortir nos précieuses victuailles que Noah a déjà sauté de la voiture et qu’il nous appelle en faisant des grands signes à 50 mètres de là sur les rochers en granite. A la réflexion, c’est peut-être plutôt une plage des Seychelles, la plage d’Haukland….
Pour rester dans mes réflexions, ça ne fait pas 2 heures qu’on est levé, que le coffre de notre voiture ressemble déjà à un capharnaüm de sacs dans des sacs dans des sacs. Après, c’est vrai tout y est, mais je renonce à aider au rangement de celui-ci.
On finit par rejoindre Noah sur un rocher pour faire notre pique-nique. Grand soleil, 18 degrés. On embrasse tout le fjord, l’eau est crystalline. Virginie commence à préparer le pique-nique de Noah dans cette ambiance bucolique.
J’étale de mon côté consciencieusement sur le pain le petit cube de beurre « trop mimi – dixit Virginie» qu’elle avait choisi, et croque dedans en contemplant le paysage…. avant d’en recracher la moitié de dégoût. Verdict de Google traduction après que les premiers mots du paquet aient vantés le côté ultra frais et fait maison du produit, il s’avère que je viens de manger de la levure pour faire son propre pain. Ignoble.
Autre surprise, cette fois-ci pour Noah. Le yaourt s’avère être une sorte de riz au lait pas du tout à son goût, et l’eau plate destinée à la rando sera en fait une eau gazeuse.
Ce sera tout pour les mauvaises surprises gustatives, mais c’est vrai que les produits tous écrits en Norvégien ça n’a pas aidé. Ce sera ainsi l’occasion d‘expliquer à Noah ce que c’était qu’un goûteur dans l’antiquité. Visiblement aujourd’hui Virginie était la reine et on était ses 2 goûteurs attitrés.
Pour rester dans notre quotidien, sans grande surprise, Noah a quitté le petit déjeuner en plein milieu, trop absorbé qu’il était à l’idée de jouer sur la plage. Et sans grande surprise non plus, nous primes un certain temps pour le sortir de la plage, reprendre la voiture pour aller au début de la rando de Mannen et négocier avec lui qu’après la rando, promis, on retournerait jouer à la plage.
Il est donc un peu plus de 11h, et nous voilà fin prêts pour notre première rando norvégienne ! Niveau annoncé, modéré. Seulement 4,2 Km, mais 368 m de dénivelé positif pour atteindre les crêtes et avoir un panorama sur la zone des fjords avec la plage de Haukland en contrebas.
Noah part bille en tête, Virginie en retrait prenant des photos. Moi, faisant l’accordéon entre les deux. Autant m’y habituer, presque toutes nos randos suivent invariablement ce modèle depuis que Noah a appris à marcher.
La topographie des iles Lofoten et les commentaires ne laissaient pas beaucoup de doutes planer, mais s’il y en avait, ils sont définitivement levés dès les premiers mètres. Les Lofoten, c’est beau, mais c’est haut. Et à la Norvégienne, on ne va pas s’encombrer de détours inutiles si on peut faire l’ascension en ligne droite. Il faut également rajouter à cela que les chemins ne sont pas balisés. Normal vu que de toute façon tu files en ligne droite vers le sommet. Ben voyons…
On suit donc davantage une direction ou la trace dessinée par les randonneurs à force de passer à peu près aux mêmes endroits qu’un chemin à proprement parlé. On crapahute ainsi dans les rochers avec plusieurs options possibles qui finissent par se rejoindre. Les chemins qui serpentent davantage te font invariablement longer les précipices et ceux qui passent par l’intérieur sont franchement plus abruptes. Au choix.
En tout cas ce qui est bien, c’est que cela fait plusieurs jours qu’il ne pleut pas et le beau temps du jour a bien séché la piste. Au pire c’est un peu glissant sur les gravillons mais rien à voir avec les chemins boueux souvent décrits par des randonneurs qui renoncent parfois à cause de cela.
Au début pas trop de pauses, on file à un bon rythme dans la montée, puis le nombre de pauses augmente plus par l’appel de la contemplation des paysages (forcément en 15 minutes on a déjà du gagner 100 mètres de dénivelé) que par la fatigue.
C’est une bonne rando pour dérouiller nos organismes après les safaris. On croise sur le chemin un couple de français qui nous propose gentiment d’immortaliser l’instant avec une photo de nous trois. (On se fait la réflexion d’ailleurs avec Virginie que les français sont vraiment un peuple de voyageurs. La proportion de français où que l’on aille dans le monde rapporté à notre population me stupéfie toujours).
Peu après, on enchaîne la première petite difficulté avec un raidillon à grimper en s’aidant de ses mains. On va perdre notre couple de français qui lâche l’affaire, faisant regretter à Virginie de ne pas avoir retourné plus tôt la pareille en les prenant en photo. Noah, lui, est galvanisé à l’idée de rattraper tout le monde comme d’habitude, donc on avale vite fait la difficulté pour arriver à une première crête.
On enchaînera ainsi 2 crêtes supplémentaires pour atteindre enfin le dernier sommet et fin de la rando marqué apparemment dans le coin par une petite boîte aux lettres dédiée aux amoureux.
Perso je profite jamais complètement des fins de ce type de rando car une fois en haut, d’où que tu regardes, il y a toujours un a pic de plusieurs centaines de mètres devant tes pieds et ma sensation de vertige prend rapidement le dessus. Tu rajoutes à cela un Noah virevoltant, et très vite je n’ai plus qu’une idée en tête, redescendre d’un cran avec la Familia.
Bref, je reste le plus longtemps possible avant de glisser à Virginie un discret, « je redescends un peu » pour éviter de transmettre à Noah mon vertige (en admettant que cela se transmette).
Le retour est comme souvent un peu plus difficile que la montée. A la fois pour les genoux mais aussi parce qu’on n’a moins d’appuis et que le sol en gravillons s’avère particulièrement glissant.
Mais en 2h de temps nous voici de retour sur le bord de la seconde plage de Haukland. Il est temps d’honorer notre marché. Noah est monté, il a dominé les sommets, il a le droit de se défouler.
Si on avait su d’ailleurs, on aurait pris maillots de bain et serviettes tellement il fait beau. Sur la plage se côtoient ainsi randonneurs et baigneurs. C’est étonnant.
Noah a déjà repéré sur la plage une petite retenue d’eau qui se déverse vers le fjord. Il s’est donc précipité dessus, nous mettant 100 mètres dans la vue.
On le rejoindra un peu plus tard et nous passerons presque 2h à le regarder jouer dans le sable et se raconter des histoires.
Vers 16h20, je prends mon courage à 2 mains et j’arrive à extirper Noah de ses jeux pour lui vendre… une seconde randonnée ! Si, si je vous jure, et j’ai même pas eu à insister tant que cela. C’est l’avantage du soleil qui se couche à 23h en ce moment. Tu peux partir randonner à plus de 17h sans te préoccuper de savoir si tu ne risques pas de rentrer à la nuit.
Bref, tout cela tombe bien qu’on ait du temps devant nous, car Noah étant trempé de la tête aux pieds après le passage plage, on doit de toute façon repasser par la maison pour le changer.
C’est pas mal aussi parce qu’après s’être rafraichi à l’eau pétillante à cause de l’étiquetage en norvégien, e la seule bouteille d’eau que Virginie a pu acheter à la cabane de plage s’avère être une bouteille en verre de 2 litres. Virginie trouve cela super car cela nous fera une carafe pour la maison. Mais vous conviendrez que pour l’heureux élu qui va la porter dans le sac à dos, ce n’est pas si super. Donc le retour à la maison sera aussi l’occasion de laisser la carafe à sa place, soit dans une cuisine, et de prendre des bouteilles en plastique. Et oui c’est moins esthétique, mais c’est plus pratique.
La plage se trouvant à 15 minutes de la maison, qui elle-même se situe à 11 minutes du départ de la nouvelle randonnée, nous voici prêts à 17h15 pour notre deuxième exercice du jour, j’ai nommé la randonnée de Offersoykammen.
410 mètres de dénivelé cette fois pour une randonnée de seulement 2,3 Km, faîtes les maths c’est raide ! Pour une deuxième randonnée dans la journée, qu’on débute après 17h, c’est un peu osé comme mise en jambes. Ca fera près de 800 mètres de dénivelé dans la journée. –
En tout cas, ça n’a pas l’air de déranger Noah qui est au taquet de chez taquet. Il se met en tête de tout faire d’une traite, s’en s’arrêter, et me mets rapidement une petite dizaine de mètres dans la vue, laissant carrément Virginie à 100m à la première photo qu’elle prend, au point qu’elle pète un plomb en lui expliquant que randonner c’est pas de courir tout du long.
Evidemment cela a l’effet inverse de celui attendu, et Noah se met en tête d’accélérer de plus belle et de ronchonner en nous traitant de papis. Non mais on rêve ! Enfin pas tant que cela car il va les monter les 410 mètres, et sans jamais baisser de rythme. Franchement on arrive en haut un peu sur les rotules et en plus évidemment, avec mon vertige on peut pas dire que je profite tant de la vue que cela, car c’est encore plus vertigineux que ce matin.
Mais en plus d’être objectivement très beau, surtout par un ciel bleu azur, cela donne une belle topographie des Lofoten. Avec Noah on repère ainsi notre maison, la plage ou il a joué en début d‘après-midi et le premier sommet qu’on a gravi ce matin. Il complète même en me montrant les routes qu’on a prises pour aller d’un point à l’autre tout au long de la journée.
Sur la descente, on fait la rencontre d’un français qui monte avec son Berger allemand qui a l’air au bout de sa vie (le berger Allemand). Grosse séance de papouilles pendant qu’on tape la discute, tant est si bien que lorsqu’on se quitte, le chien ne veut plus suivre son maître et ne cesse de regarder en arrière vers Noah avec un air implorant du genre « sauve moi ! ».
Voila, il est plus de 19h30, on fait un stop au supermarché pour acheter les 2- 3 trucs qui nous manquent pour le dîner (du vrai beurre, des vrais yaourts, le diner du soir qui n’aurait pas survécu 10h dans une voiture), on fait un rapide demi-tour pour essayer de prendre en photos les plantes que Virginie adorent, et on finit par dîner à 21h bien tapé. Couchés à 22h30.
Noah est frais comme un gardon. J’ai pour ma part les genoux en compote (les descentes, toujours les descentes…). On devrait bien dormir.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.