Ce matin, réveil 5h30 pour changer. Faut en profiter, c’est déjà notre dernier safari dans l’Okavango. Ca passe trop vite ! On embarque nos bagages direct dans la jeep pour pouvoir embrayer direct vers un avion taxi qui doit nous amener à Kasane, dans le nord du Botswana a à peine 1h des chutes Victoria.
Au moment de partir, Noah fait son offrande à Oscar l’hippopotame en déposant solennellement « sa saucisse » au bord du canal non sans qu’un garde l’ait accompagné au bord pour éviter le dévorage de Noah par le crocodile du coin. Mais en plus d’être frigorifié, il est un peu chafouin de lâcher sa saucisse sans avoir aperçu Oscar.
Mais la tristesse n’est que de courte durée car à peine à 100 m après la sortie du lodge, on tombe sur des traces fraîches de lions. Alors qu’on commence à les suivre et qu’on a tous les yeux rivés sur la piste, Virginie qui elle a visiblement le nez en l’air pour une obscure raison, nous demande brusquement de nous arrêter. Et qui voit-on en mode table basse dans les herbes hautes ? Notre ami Oscar bien sûr ! Noah est trop content et ne cesse de l’appeler jusqu’à ce que l’hippopotame semble agacé par notre présence et se mette à partir dans les hautes herbes. Voilà, les adieux avec Oscar ont été faits, tout va bien. Espérons qu’il trouve la saucisse !
Après ce petit intermède, on se remet en chasse de nos lions. C’est marrant. Les lions, comme la majorité des animaux ne dérogent pas à la règle de prendre les chemins les plus faciles. Ils suivent donc invariablement soit des chemins d’animaux (des petits chemins qui se forment à force que les animaux repassent toujours au même endroit), soit les chemins des 4×4.
On cherche donc sur la piste les traces qui sont au-dessus des traces de jeep. Parfois on les perd, et on poursuit notre route en espérant les retrouver plus loin sur la piste quand ils ont coupé à travers des fourrés, parfois à un embranchement, on en choisi un et si on ne voit rien sur plusieurs centaines de mètres on fait marche arrière et on essaye l’autre. C’est loin d‘être 100% garanti, mais ça aide. Après dans l’Okavango, les chemins sont loin d’être tous praticables.
Mais voilà. Après une bonne vingtaine de minutes, on semble avoir perdu toute trace de nos félins qui sont partis dans le bush. En plus on recommence à croiser des impalas et ça c’est pas forcément bon signe car en général, là où le lion passe, l’herbivore trépasse.
Bref, alors qu’on sentait notre guide désabusé et pas loin de lâcher l’affaire en espérant que les autres voitures retrouvent leurs traces sur la base des indications qu’on leur avait fournies par radio, Virginie de son œil perçant de féline nous dégote le lion. Après Oscar l’hippopotame, je vous donne… LE LION !
Au milieu des hautes herbes, elle a repéré notre félin – une lionne – en train de se déplacer à une petite centaine de mètres de notre position alors qu’on s’apprêtait à partir dans l’autre sens.
« Premiers à la clé !! » s’écrie Noah . Oui alors ça, je comprends si cela vous rend perplexe. Petit flash back pour comprendre. Noah vient de revoir dans le trajet Cape Town – Maun le film de Spielberg Ready Player One, qui se situe dans un monde virtuel où le fondateur décédé a caché 3 clés dans cet univers avec des indices pour les trouver. Celui qui trouve les 3 clés deviendra le propriétaire du jeu. « Premier à la clé » signifie donc qu’on a été les premiers à trouver le trésor, en l’occurrence le lion.
Et il s’avèrera que c’est vraiment un trésor. D’abord parce qu’il y a le plaisir de l’avoir cherché, ensuite d’être les premiers à le voir et donc à en jouir seuls, au calme, pendant un moment, et enfin parce qu’il va se passer quelque chose. Suspense…
Je me permets cette digression pour mieux comprendre ce qui va suivre, parce que tout le monde en safari ne rêve que de voir les félins. Bon c’est sûr, pour 500 impalas, éléphants ou girafes, tu as un lion, alors évidemment ce qui est rare est cher, mais sauf miracle, nos amis les félins ne foutent jamais rien. Ils dorment 15 heures par jour pour s’économiser et aller chasser le plus souvent la nuit quand tu n’es pas là pour le voir. Donc tu finis quand même assez souvent par voir nos amis les lions assis à ne rien faire comme les statues de notre petit château et à t’émerveiller quand il leur prend l’envie de tourner la tête.
Bref, là ce n‘est pas le cas. Alors que la lionne nous a dépassé en passant à 2 mètres de notre véhicule donnant l’envie à Noah de passer la main pour lui faire une papouille (mauvaise idée), les 2 jeunes mâles, visiblement ses fils, la suivent en se dirigent vers nous. Le premier s’arrête alors et s’étire longuement devant nous, ce qui doit donner une idée au second qui accélère le pas et lui saute dessus. Et voici nos 2 jeunes mâles qui s’amusent à se battre à grands coups de pattes, se tenant parfois sur leurs 2 pattes, enlacés, avant de se rouler dans l’herbe et de reprendre leur jeu de plus belle. Le tout pendant quelques minutes à 5 mètres de notre véhicule. Trop bien.
Puis cela s’arrête comme cela a avait commencé. Les 2 jeunes lions se remettent en route, marchent lentement ; rejoignent leur mère qui s’était couchée sur un petit monticule de terre, chacun de part et d’autre, et ils reprennent leur position de statue de château.
3 minutes après, un véhicule que notre guide avait prévenu de la découverte nous rejoint. Ben eux, ils auront droits aux statues.
Bon ben voilà. Comme on dit, c’était court mais bon. On reprend la route, le sentiment du devoir accompli, et on peut observer sereinement nos herbivores pendant l’heure qui reste avec un dernier joli moment pour clôturer notre escapade dans l’Okavango, la traversée d’un éléphant sur la piste quelques minutes avant que notre avion taxis n’atterrisse.
Alors que Noah nous gratifie d’un royal pipi dans la savane, on retrouve les 3 allemandes qui attendent aussi leur avion. La fille, archétype de la nouvelle génération – je sais tout, j’ai tout compris – vient nous demander ce qu’on a vu. Je réponds « des lions ». « Ah oui, nous rien ce matin, mais nous on les a vus hier ». Je lui montre la vidéo des lions sur leurs 2 pattes en train de se battre gentiment. Elle s’en décroche la mâchoire. France 1, Allemagne 0.
C’est pas tout cela, mais entre-temps l’avion est arrivé presque sans un bruit. Moteur toujours en marche, on embarque, et en route pour Kasane. 300 km, 55 minutes de vol avec un stop au milieu pour déposer les 2 autres passagers de l’avion.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.