Il est 5h, Rio s’éveille… Jacques Dutronc n’aurait jamais pu écrire cette chanson à Rio parce que cette ville ne se couche jamais. Elle bouillonne d’énergie 24h sur 24. Notre hôtel, le Arpoador, borde la plage d’Ipanema. Le vitrage ne s’est pas amélioré spontanément depuis la veille. Par acquis de conscience, on a tourné autour des fenêtres un certain temps, persuadés qu’une était restée ouverte, mais il a fallu se rendre à l’évidence que non. On a donc vécu l’animation de la ville toute la nuit, à peine un léger mieux entre 5h et 8h lorsque les fétards croisent les matinaux, puis l’animation du jour a pris le relais.
Noah lui, a dormi du sommeil du juste. Il se réveille en hâte et ouvre les rideaux. Ses premières mots sont pour constater que les chaises sont de retour sur la plage. Le doute est levé. Il a du les compter toute la nuit.
Allez, en route pour le petit déjeuner. “Dis papa c’est quoi cette bouteille de lait ?”. Non rien à voir, mais Je trouvais les 3 photos jolies alors je cherchais une transition, surtout quand il fait sa bouche en cul de poule quand il se concentre.
On a rdv à l’hôtel avec notre guide des 2 prochains jours, Daniel. Il y a quelques mois Sandrine avait fait appel à ses services et s’était dit qu’on découvrirait la ville autrement en sa compagnie.
Présentations faîtes, on part pour le Corcovado (“le bossu” du fait de la forme de la montagne sur lequel il est perché) qui domine Rio. Daniel supporte pas parce qu’il l’a fait 1 000 fois, mais depuis qu’on en parle à Noah, on ne pouvait pas faire l’impasse dessus. Le christ rédempteur a été réalisé par le français Paul Landowsky (décidément avec la statue de la liberté, les français ont fait quelques monuments de par le monde). Il devait être livré initialement en 1922 pour commémorer les 100 ans de l’indépendance du Brésil, mais ceci est une commande faîte à l’artiste et pas un cadeau de la France au Brésil contrairement à la statue de la liberté – comme disait Daniel comme quoi on ne prête qu’aux riches, pas faux -. Le financement tardant à arriver de la part du gouvernement, le Christ ne sera livré au final qu’en 1931 après que l’église en bas du Corcovado ait fini par lever les fonds nécessaires – 150 000 dollars de l’époque, une petite fortune-.
Le Christ rédempteur, depuis notre arrivée, Noah l’appelle le “Petit bonhomme”. Comme le souligne Virginie, j’ai du mal à dire Christ (mon côté résolument athée je suppose), donc va pour “petit bonhomme” d’autant que vu de la ville de Rio, il fait vraiment tout petit, contrairement à l’image qu’on veut bien donner de lui.
Noah l’avait vu dans le dessin animé Rio qu’on lui a passé juste avant notre arrivée (seule incartade au zéro Ipad qu’on tient depuis le début du séjour malgré les heures de vol invraisemblables que l’on fait), et donc Noah cherche le petit bonhomme depuis qu’on est arrivé à Rio. “ Papa… Papa… Il est où le petit bonhomme ? “.
On prend le petit train qui va nous faire gravir les 764m pour atteindre le haut du Corcovado (quitte à faire les touristes sur ce monument parmi les 7 les plus visités au monde, autant le faire à fond). Noah lance un regard noir à un couple qui lui a piqué sa place dans le train près de la fenêtre et ne décolère pas de toute la montée.
Arrivés en haut, “le petit bonhomme” a grandi (forcément de près on retrouve les photos carte postale où il semble dominer la ville).
C’est noir de monde, mais c’est plus du à la petitesse de l’endroit finalement qu’au monde en tant que tel. En revanche la vue sur le pain de sucre est top.
Alors comment faire la photo que personne n’a faite en haut du Corcovado ? Ben on sait pas, désolé. Alors on a fait comme tout le monde. Parfois on a le droit de ne pas être original. Ah, si tient, le petit plus, en regardant la photo après coup, un halo semble illuminer le christ. On va dire plutôt que c’est mon papa qui nous regarde, dieu doit avoir franchement autre chose à faire.
Tout ceci a quand même pris du temps. Il est 12h30, Noah est fatigué et veut son Doudou… qu’on a oublié. Enfer et crotte de poule ! Du coup on ne sait plus trop sur quel pied danser. On rentre à l’hôtel ou on continue. La fatigue de Noah est réelle, mais on subodore que le sujet c’est quand même surtout de récupérer son doudou. Allez, soyons de vilains parents égoïstes. On continue, mais au lieu de marcher, on prend un Uber. Petit arrêt rapide devant la cathédrale en forme de pyramide astèque, puis on se dirige à pied sous un soleil de plomb vers les escaliers colorés ou “Escaliers Selarón” du nom de son concepteur, l’artiste chilien Jorge Selarón. Celui-ci les a réalisé pour la coupe du monde 1994 avec près de 2 000 mosaïques provenant de 120 pays différents qu’il a demandé à des touristes de lui ramener de leurs pays respectifs.
Noah entre temps a entendu les bruits du carnaval de rue, et décidé qu’il voulait se déguiser. Le plaisir de faire la fête vient d‘éclipserLa fatigue et le voila désormais obnubilé par l’idée de trouver son costume. Il a une idée très précise en tête : Ce sera ”un lion avec une crinière”. Sur la route vers le restau on ne trouve rien mais cela a permis de le remettre en selle.
On déjeune sur le pouce en bas des escaliers, puis Noah se lance en avant comme à son habitude et commence à gravir les escaliers ou faire du toboggan sur les mosaïques sur le côté. Parfois, monsieur fait une pause en prenant la pose.
Chaque espace des escaliers est dédié à un pays et la France est presque tout en haut. Raison de plus pour les monter jusqu’en haut, ces escaliers. Au diable la chaleur et l’humidité étouffante.
On repart ensuite, toujours à pied, prendre l’ancien tramway. Pour éviter la chaleur, on passe par des ruelles plus ombragées et là, miracle, un petit stand de rue vend de quoi se déguiser. Finalement Noah opte pour le serre-tête chat-licorne et des paillettes sur le nez, le front et les joues. Virginie, elle, prend sans surprise, celui d’un soleil ce qui lui fait un total look avec son t-shirt Brasil. (J’ai eu envie d’utiliser cette expression parce que je l’ai entendue plein de fois, mais en fait je n’ai pas la moindre idée de ce que cela veut dire…).
Bon je sais, c’est mon fils, je suis un papa poule, mais il est pas au top de la choupitude mon petite bonhomme ?
Ca y est, maintenant qu’on est couleur locale (ok je ne me suis pas déguisé, mais je suis en bleu brésilien, donc ca va), on peut prendre le vieux tramway qui nous monte sur les hauteurs de Santa Teresa en passant sur l’ancien réseau d’aqueduc et qui permet d’avoir une vue sur les favélas du nord. C’est quand même autre chose que nos banlieues non ?
Sur la redescente, Noah s’endort dans mes bras et poursuivra sa sieste au café dans un bruit assourdissant pendant qu’on sirote un verre. Il a puisé dans toutes ses ressources pour tenir jusque là avant de s’abandonner dans les bras de Morphée.
Pour repartir, on réveille Noah avec la perspective d’une bonne glace. Pas de multicouleurs, donc on en prend 2 différentes et on alterne Noah et moi, tout en poursuivant notre ballade dans le quartier de Santa Teresa. L’occasion d’y découvrir des sculptures originales de robots.
On laisse ensuite Daniel près de chez lui. Il est près de 17h, on peut encore filer vers le pain de sucre pour tenter d’apercevoir le coucher de soleil. Si on y arrive ca ne va pas se jouer à grand chose car le temps se couvre. Noah est aux anges. Après le train et le tramway, il va pouvoir prendre le téléphérique. Le rêve.
Pour ceux qui n’y sont jamais allés, le pain de sucre, on y accède en 2 étapes. Un premier téléphérique t’emmène sur une première colline d’où tu domines déjà bien la ville, puis tu prends un second téléphérique qui lui te dépose cette fois sur le pain de sucre.
Au premier arrêt, Noah reste assez longtemps sur la relique du tout premier téléphérique, fabriqué en 1912 je crois (c’est le 3ème plus ancien au monde après un téléphérique en suisse en 1907 et un autre en 1908). Noah est habité (comme cela lui arrive à certains moments) et entreprend de réparer le téléphérique avec des outils (“Laissez moi, j’ai beaucoup de travail”). Du coup pour réussir à le descotcher de là, il faudra batailler ferme. 2 singes capucins réussiront à l’éloigner de 5 mètres, puis il faudra qu’un hélico atterrisse presque devant ses yeux pour lui faire faire 20 mètres de plus (il y a une piste de décollage ici pour ceux qui veulent survoler le Corcovado), et encore trente mètres supplémentaires avec la promesse de dévorer des churros.
Une paire de Havaianas achetée plus tard, on prend enfin le second téléphérique pour le pain de sucre. Côté horaire pour le coucher de soleil on est pas mal, mais le temps c’est assombri et donc il n’y aura pas de vrai coucher de soleil au final.
En revanche on domine la baie avec sa profusion de moyens de transports : avions de ligne qui rasent le pain de sucre, bateaux de croisière et tankers sillonnant la baie, véhicules sur une autoroute suspendue reliant les îles et faisant penser à celle des keys en Floride. J’avais eu un sentiment proche lors de notre premier voyage à Vancouver.
De retour à l’hôtel, on a à peine le temps de se changer qu’on repart dîner au Zaza Tropical bar (lui aussi dans Ipanema) et pour une énième de parties de mille borne ou Noah prend un malin plaisir à mettre des roues crevées et des panne d’essence à Virginie. Je suspecte d’ailleurs que cela l’amuse plus que le jeu en lui-même d’autant que Virginie démarre au quart de tour, furieuse que les garçons se liguent contre elle, ce qui ne fait que renforcer l’envie de Noah de réitérer. Les enfants sont formidables.
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