Notre avion pour Rio est à 12h20. Cela nous laisse amplement le temps de faire une petite descente aux chutes avant l’ouverture du parc, histoire de profiter -seuls – de la lumière matinale du soleil dans le dos. Idéal pour de jolies photos. 

Pour recueillir l’enthousiasme de Noah pour ce réveil avant 8h, on lance l’idée d’une chasse aux coatis. Bonne pioche. Noah se laisse convaincre mais à la condition d’aller prendre ensuite le petit déjeuner et de jouer aux échecs. Planning serré, mais pourquoi pas…

En usant de trésors d’ingéniosité on arrive même cette fois à amener Noah jusqu’à la passerelle de la gorge du diable, mais toujours pas de coatis à l’horizon et il commence à se lasser.

Qu’à cela ne tienne, je lui dit que si on veut en voir il suffit d’invoquer les coatis en faisant une jolie photo tous les 3 devant les chutes, mais qu’au lieu de dire « ouistiti » on dira « COATIS !!! ». Bon ok, ce sera probablement le millionième selfie à cet endroit faite par un touriste, sauf que nous, au moins, on est beaux – enfin surtout doudou -.

Et vous le croirez où pas, mais la malédiction se lève immédiatement, puisque 3 minutes plus tard, Noah repère une famille de coatis qui passe par là. 

S’ensuit une longue montée des marches, comme à Cannes, vers le promontoire qui surplombe les chutes. Et oui, l’avantage de pouvoir aller à Iguaçu avant l’heure d’ouverture c’est qu’il n’y a personne. L’inconvénient, c’est que l’ascenseur est lui aussi fermé. 

En observant pour la première fois les chutes “d’en haut”, on observe bien la formation de la faille.

Ca me fait penser qu’on a volontairement fait l’impasse pour voir les chutes du côté argentin. Il aurait fallu prendre une journée de plus ou faire l’impasse sur le parc aux oiseaux et notre après-midi de farniente. Outre le fait qu’on nous avait indiqué que c’était beaucoup moins intéressant de l’autre côté – pour une fois que l’herbe n’est pas plus verte en face – on mesure en effet le sujet d’ici car les chutes tombant du côté Argentin, on ne les a jamais en face.

On a pris tout notre temps pour se balader et du coup on a pris du retard sur notre planning, mais malgré cela en se dédoublant avec Virginie il nous reste 20 minutes pour faire une ultime partie d’échecs. Mais la, patatra, un couple fait une partie à notre place. Noah ronge son frein et observe comme un lion tournant autour de sa proie, mais rien y fait, le couple ne descotche pas de sa partie et vient l’heure de partir. Leçon de frustration pour notre petit monsieur “je veux tout, tout de suite”.

14h, on arrive à Rio par un temps radieux. Ce n’était pourtant pas gagné car tout le trajet avait été nuageux et ils annonçaient de la pluie pendant 1 semaine sur toute la région. L’aéroport domestique est en plein cœur de la ville. Aussi l’avion rase le pain de sucre, puis tourne sec sur la gauche juste après pour s’aligner sur la piste. Il n’y a pas à dire, la position de cette baie est totalement magique. La ville est parfaitement enchâssée entre le pain de sucre, le Corcovado, les plages immenses d’Ipanema et de Copacabana. Jacques Attali pourrait dire à un pilote de ligne que si à 50 ans il n’a pas atterri à Rio, il a raté sa vie, et pour une fois on serait obligé d’être d’accord avec lui.

Pour ceux qui ne connaissent pas Rio, je vous renvoie à une carte, mais en gros, on se repère assez facilement dans la ville avec comme points cardinaux le Christ Redempteur sur le corcovado qui regarde le pain de sucre. Puis la plage mythique de Copacabana qui a eu son heure de gloire mais qui aujourd’hui est davantage délaissée pour les 2 plages en enfilade suivante Ipanema et Leblond.

1h après avoir atterri , on est sur la plage d’Ipanema à siroter un verre devant notre hôtel tandis que Noah arpente de long en large les 10m qui le sépare de la plage elle-même, attendant le top départ pour se ruer vers la plage.

Il fait plus de 30 degrés et encore toute la journée devant nous. On le ramène de force dans la chambre pour une sieste – qu’il ne fera jamais, le bougre. Il faut dire qu’un samedi, à 10 jours du carnaval, l’ambiance est aussi festive dehors que l’isolation phonique de l’hôtel est faible. Du coup, super chouette d’être dans le seul hôtel qui est littéralement sur la plage pour ressentir l’atmosphère, mais Noah qui a toujours peur de rater un truc, passe son temps à se mettre debout sur son lit pour écarter les rideaux et regarder l’animation dehors. 

On oublie vite l’idée de le faire dormir un jour et on se met en route. Sitôt dehors, Noah part comme une balle, heureux comme tout qu’on lui lâche la bride, et se met à courir le long de la plage.

L’eau est plutôt gelée en regard avec la température extérieure et beaucoup plus agitée qu’à l’accoutumée à cause d’un épisode pluvieux et venteux sur tout le Brésil depuis 1 bonne semaine. Noah va courir, toujours à l’extrême limite des vagues quasiment jusqu’au coucher du soleil. On finit par le traîner hors de l’eau pour aller s’installer – comme de nombreux brésiliens – sur le rocher qui sépare Ipanéma de Copacabana et admirer le coucher du soleil. 

Le soleil disparaît sous l’horizon sous les applaudissements de la foule qui reprend aussitôt l’ambiance de fête. Nous on déambule dans les rochers, ou plutôt devrait-on dire que l’on suit Noah et qu’on s’emploie tant bien que mal à modérer son appétit pour les endroits les plus glissants et les plus abruptes. 

Comme nous le dira Daniel – notre futur guide demain – les brésiliens tiennent plus de l’Afrique que du Portugal côté comportement. Ici, ils sont pour la plupart assez pauvre, mais avec de la musique et des caipi à moins de 2 euros la bouteille, ils ont le sens de la fête, alors Noah, comme nous d’ailleurs, ne savons plus où donner de la tête.

Il fait nuit depuis longtemps. Malgré une journée que certains jugeraient riche mais que l’on qualifiera d’ordinaire, on part dîner à la frontière du quartier d’Ipanema et Leblon. 25 minutes à pied le long de la plage, passés au milieu du carnaval de rue improvisé, des colonnes de police militaire tous les 20 mètres (impossible de savoir si c’est sensé nous rassurer, ou nous alerter sur le côté suffisamment dangereux de la ville pour mériter un tel dispositif), et surtout, des rangeurs de chaises. 

Mais qu’est ce donc que cette histoire de rangeurs de chaises ? Et bien Noah a totalement buggé sur le balais des gars qui louent à la journée des chaises sur la plage et qui les remballent à la nuit tombée. Est-ce l’empilement géométrique des chaises multicolores, la faculté des gars d’en porter une dizaine en équilibre sur eux ou dans des charrettes, ou leur faculté d’arriver à en entasser un nombre invraissemblable dans une voiture microscopique en les empilant dans le coffre, le toit, par les portières ? Toujours est-il que Noah est captivé par ce balais incessant et donc tout absorbé qu’il est fini par marcher tout seul les 25 minutes à pied jusqu’au restau malgré la journée de 12h qu’il vient d’enquiller. Nul doute que cette nuit il a du rêver de chaises qui s’empilaient et se déplaçaient toutes seules.

%d blogueurs aiment cette page :