Ce matin, la météo reste incertaine à nouveau. Il devrait flotter jusqu’à un bon 11h, puis avoir une petite accalmie avant l’arrivée d’une grosse perturbation vers 16-17h et ce pour une grosse partie de la nuit. En revanche pour demain, ils annoncent grand beau.
Du coup on opte pour le plan suivant. Langisjor et Eldgja on les fera demain en partant même si c’est à l’exact opposé de là ou on doit dormir. Ca nous fera une journée bien remplie mais on sera dans de super conditions pour ces 2 merveilles.
Et aujourd’hui, dans les 4-5 heures de fenêtre de tir que la météo devrait nous octroyer, je vois que sur le site du camping ils indiquent plusieurs belles balades à faire d’ici, dont une de 7km. Je vais donc voir avec Noah le ranger pour qu’il m’explique la route à prendre.
Le gars est hyper sympa.
Lui : « Oui cette rando est magnifique en revanche elle fait plutôt 14km pas 7 km. Ah, et au milieu coule une rivière. Le courant est souvent fort et tu auras de l’eau jusqu’à mi-cuisse, donc comme elle est à 5 degrés. Il faut enlever chaussures, pantalon etc, mais normalement tu passeras »
Moi : « Euh oui d’accord mais j’ai en enfant de 5 ans. Ca ira aussi ? ».
Lui : « Ah ben non dans ce cas tu oublies me dit-il, lui il ne passera pas. Mais tu peux aller jusqu’à la rivière et revenir par le même chemin. De toute façon c’est la première partie la plus belle ».
Moi : « Mais c’est bien indiqué au moins ? »
Lui : « Euh non pas vraiment mais la première partie c’est facile tu gardes la rivière sur ta gauche tu ne peux pas te tromper. Et comme de toute façon tu ne traverseras pas la rivière avec le petit au lieu de faire la boucle, tu reviens du même côté et c’est top. »
J’en profite pour lui poser la question des 2 chemins de Edgja et il me confirme que ce qu’on a fait hier c’est le bon chemin pour préserver sa voiture. Bonne nouvelle on ne sera pas obligé de se fader le gué de la muerte demain.
Il est 10h, sur le papier tout le monde est prêt. Il ne pleut presque plus mais ma météo me dit de partir plutôt vers midi pour avoir moins de chance de choper la pluie et avoir un peu de visibilité. On glandouille donc un peu avec Noah sur le campement, puis c’est l’effervescence.
Un 4×4 arrive avec à son bord un motard qui vient de tomber et s’est cassé la jambe (la moto lui est tombée dessus apparemment).
Arrive 10 minutes après le 4×4 de police qui ramène nos bagnoles de flic à de simples majorettes. Noah se met à côté du pneu, il lui arrive aux épaules !
10 minutes après, c’est au tour du 4×4 des secours des Highlands de faire son entrée. Il se gare juste devant le 4×4 de police. Il est tellement énorme que la bagnole de police disparait derrière. Noah est aux anges.
Bon ce n‘est pas tout mais avec tout ça, il est l’heure de partir, ce qui n’est pas du tout au goût de Noah qui veut absolument voir le gars sortir sur une civière. Les 100 premiers mètres de la rando sont interminables tellement il traîne les pieds en ne cessant de se retourner. Alors quand l’ambulance qui est elle aussi monumentale fait son entrée, on lâche l’affaire et on le laisse observer la scène.
Bien sûr, comme à chaque fois qu’il y a trop de monde, il ne se passe rien (principe universellement constaté). On a un peu de peine pour le gars à la jambe cassée qui aimerait sûrement être enfin évacué, mais au bout de 15 minutes, on siffle la fin de la récré et on force Noah à partir en rando sinon on va se prendre la flotte sur la tête. Avec sa mine de boudeur de “je regarde mes pieds en fronçant les sourcils”, Noah fini par nous emboiter le pas.
En tout cas, on est à la fois admiratif sur le volume des moyens déployés et un peu perplexe sur l’utilité de déplacer 3 voitures pour cela car on doute que dans les Highlands ils aient des centaines de véhicules d’intervention.
La rando tient plus que largement ses promesses. Tout est grandiose. Il faut faire attention en revanche car on évolue dans un paysage de roches volcaniques et de mousse et on se rend compte que – y compris sur le chemin qu’on emprunte – il y a des effondrements réguliers et que des trous de parfois 1 mètre se forment instantanément. D’ailleurs à un moment sur le chemin je marche et m’enfonce d’un coup de 40 cm dans un trou qui vient de se former sous mon poids.
Noah observe attentivement les « trous de trolls » au cas où un troll sortirait le bout de son nez. On évolue dans un monde onirique propice aux histoires et donc au fait que Noah, captivé, avance super bien.
On pique-nique après 5 km de marche quasi ininterrompue près de la rivière, puis on commence à s’interroger sur cette fameuse rivière infranchissable qui nous attend.
En fait, on ne voit pas bien où elle pourrait se trouver. On n’a pas de carte GPS, juste un vague tracé de la rando sans distances, mais à la position de la rivière et aux méandres qu’on a fait il n’y a aucune raison d’avoir une rivière à traverser d’ici la fin de la ballade.
Après avoir longtemps longé la rivière et l’avoir finalement abandonné sur notre gauche, il est 14h. On a deux solutions à partir de maintenant. On peut s’engouffrer dans une gorge sur plusieurs kilomètres en mode aller-retour, ou faire l’impasse et couper dès maintenant à travers champs pour réduire notre risque de prendre la flotte.
On fera un mix. On s’engouffre un peu et ayant l’impression au bout d’un moment qu’on n’aura pas de vue plus sympa en continuant, on rebrousse chemin. Sauf que très rapidement il y a une bifurcation et qu’on on ne sait pas quelle route prendre. C’est une rando non balisée ce qui n’aide pas. Au début c’était simple on devait garder la rivière sur notre gauche. Mais là il n’y a plus de repères. En théorie on est à 1h de marche du campement, mais on a bien le souvenir du champ de lave dans le Landmanalaugar où on s’était perdus.
Du coup, on décide de revenir sur nos pas quitte à marcher deux fois plus longtemps. Ca va me coûter sur le retour de devoir raconter l’histoire intégrale du dessin animé Zootopie pour que Noah arrête de râler et se remette en mode randonnée – on a rien sans rien -, mais au moins on bouclera en 1h25 ce qu’on avait mis 1h40 à faire à l’aller.
Après cette très jolie balade nous voici peinards dans notre petite maison pour une fin d‘après-midi cocooning. Finalement la pluie ne tombera qu’à 21h et entre temps, le camping s’anime.
En véhicules tout d’abord. Puisqu’on va voir arriver un gang de motards, des superJeep, un camion d’exploration, des 4×4 avec tentes sur le toit et parfois avec des vérandas sur le côté, puis clou du spectacle une ribambelle de quads et buggys.
S’ensuit un défilé d’enfants dans des lieux où on en n’en avait vraiment pas vu beaucoup depuis le début du séjour. Noah jouera successivement avec un petit allemand, puis deux français à construire des usines et des chemins avant de se lancer dans une partie de cerf-volant.
On sympathisera d’ailleurs dans un premier temps avec les Allemands qui sont venus avec leur superJeep en Ferry depuis le Danemark, puis avec les français qui sont venus eux dans la superJeep de leur frère qui s’est installé en Islande depuis 9 ans et qui est désormais guide. Cela nous vaudra notamment quelques bouchées d’agneau au barbecue qui viendront agrémenter les fameuses « pâtes de Virginie ».
A peine a-t-on fini de manger que le déluge s’abat enfin comme c’était prévu depuis 16h sur le campement.
On en aura super bien profité. Pendant que Noah s’endort, Virginie et moi dans le lit superposé nous nous faisons comme au bon vieux temps à nouveau quelques épisodes de Friends.
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