Les nuits se suivent et se ressemblent en partie. Couché à 21h, réveillé à… 1h59.  Mince, pire qu’hier. Je somnole tout le reste de la nuit et au réveil Virginie se fiche franchement de moi avec Noah. A 4h du matin quand elle m’a demandé si j’allais bien, je lui ai répondu que bof. Et quand elle m’a demandé où j’avais mal en s’attendant à ce que je lui dise l’estomac, je lui ai répondu « aux pieds ».

Mais je n’y peux rien, c’est vrai. En fait j’ai mal depuis le snorkeling du fait des chaussons trop petits qui m’ont cisaillé les 2 orteils. La nuit ça me réveille et me fait un mal de chien mais je ne veux pas mettre de pansement sinon cela ne cicatrisera jamais. Bref, aucun intérêt sauf que Virginie et Noah vont se répéter à l’envie toute la matinée la scène.

Sinon, je suis encore pas mal en vrac de l’estomac et ce matin c’est sortie en bateau à 9h pour voir les baleines donc faut mettre les voiles à 8h de la Guest House ce qu’on fait assez facilement après 20 ans de pratique de voyage minuté.

Je sens Virginie inquiète à la fois à la perspective d’affronter une nouvelle fois la mer et de le faire potentiellement seule vu mon état avant même de mettre un pied sur le bateau.

En même temps, hier j’avais surpris – et relaté à Virginie – la conversation d’un guide qui draguait une touriste (avant de comprendre que celle-ci était en fait en famille) et qui lui disait que les sorties baleines avaient toutes été annulées hier pour cause de mauvaise météo et que ça risquait de durer. Je pense que même si elle aime bien les baleines, après l’expérience Snorkeling, elle ne serait pas si déçu que cela.

A peine avons-nous roulé 100 mètres que quelque chose me chiffonne. Je me rends compte que je ne vois rien à travers le pare-brise. Bon ce n’est pas la cata ce n’est pas moi qui conduit, mais quand je vois Virginie qui a ouvert sa fenêtre et qui conduit la tête dehors parce que elle aussi ne voit rien… On stoppe le véhicule et je sors pour essayer de nettoyer le parebrise qui a du geler.

Je prends la serviette sous la tartine de pain beurre que Virginie avait pris pour Noah et dont tout le monde sait pourtant par habitude qu’il ne la mangera jamais.

Je commence à essuyer dans un état un peu comateux mon côté du pare-brise pour voir si ça améliore. Et là éclats de rire des 2 loustics dans la voiture. Le beurre a dû passer à travers le pain et je suis en train de beurrer allègrement le pare-brise. Entre ça et mes orteils, je vais en entendre parler toute la journée.

Après avoir « débeurré » le tout tant bien que mal et trouvé que le problème de buée était intérieur et non pas extérieur, on reprend notre chemin, en évitant tant bien que mal de passer par les township (enfin pas les 300 derniers mètres suite à un embranchement raté), et force est de constater en arrivant devant notre opérateur du jour « Southern Whale » au New Harbour de Hermanus, que sous le panneau 9h est indiqué « Weather permitting ». Noah est ravi on va pouvoir partir voir les baleines. Virginie, comme Félicie… aussi.

Ici, contrairement à d’autres endroits du globe, pas de zodiac pour aller voir les baleines. Its the old way avec du bateau monocoque au bicoque type catamaran. Alors qu’on patiente pour le briefing, il semblerait qu’on soit dans le deuxième cas ce qui est quand même toujours plus stable. En revanche on est nombreux (au moins une trentaine je dirais) ce qui n’est pas notre kif, mais bon.

A part Noah qui est surexcité pour changer, Virginie et moi on a quand même été plus fringants. Et ce n’est surtout pas notre capitaine en mode géo du club med dont j’ai craint un moment qu’il nous fasse faire la holà au son des baleines, qui va nous apaiser. Il passe en effet un temps certain à expliquer que pour ceux qui ont le mal de mer, l’arrière du bateau est quand même beaucoup plus stable et qu’il vaut mieux y aller avant d’être malade qu’après. Qu’il insiste autant c’est moins habituel avant des sorties en mer et alors que j’hésite à traduire à Virginie qui d’habitude écoute à moitié, là je vois qu’elle a mais alors parfaitement bien compris la situation. C’est pas sûr que ce soit si calme…

On se met donc dans les starting blocks pour pouvoir choisir où on va se positionner dans le bateau et Virginie choisi… devant, parce qu’elle préfère que ça bouge à l’air libre qu’être à l’intérieur à l’arrière.
On chope d’ailleurs les 3 dernières places devant. Heureusement qu’on part tout de suite car même au port la houle fait tanguer le bateau juste comme elle déteste.

Noah se permet un petit commentaire du genre « moi j’adore quand ça monte et ça descend ».  Virginie préfère ne pas répondre.

On débute notre périple – car c’est le mot qui va convenir aux 2 prochaines heures – par une belle houle des familles amplifiée par un déplacement assez lent du bateau, le tout sur fond de brume lointaine qui s’accroche à l’océan.

En même temps, quand on y réfléchit, on est sur un des points le plus au sud de la terre donc ce n’est pas si étonnant que la houle qui a eu 10 000 km pour se former arrive avec une taille généreuse.

On aperçoit au loin quelques baleines qu’on observe toujours à bonne distance et qu’on ne voit que quand on est sur la crête de la houle car sinon on a littéralement un mur d’eau qui nous en sépare. C’est un peu frustrant et on se dit avec Virginie que capitaine club med + houle + baleines à plus de 100m ça ne va pas être mémorable.  Ca fait un peu les blasés je sais, et ce n’est vraiment pas le cas, mais c’est vrai qu’on a vu beaucoup de baleines à travers le monde, et les conditions ici sont difficiles, alors notre niveau exigence monte un peu avec la rudesse du parcours.

Un peu de culture pour patienter. On a ici des baleines à bosses et des baleines australes. Elles restent ici 6 mois pour la reproduction et élever leurs petits avant de partir au large. Il n’y a pas de nourriture ici donc elles vont jeuner pendant 6 mois mais cela leur permet d’élever les petits dans un environnement protégé – la baie de Hermanus – avec peu de fonds. Et c’est d’ailleurs un des sujets car comme elles croisent près du bord on est obligé de s’approcher par la mer et les creux de la houle se forment d’autant qu’on se rapproche du rivage.

Toujours est-il que notre petit Noah qui s’agitait jusqu’ici à droite à gauche pour voir les baleines – et qui les repérait plutôt très bien pour avoir eu l’occasion d’exercer son œil à plusieurs reprises au Groenland et en Islande – va aller s’asseoir tout d’un coup sans rien dire.

Je vous le donne en mille, l’arroseur arrosé, Noah expérimente son premier mal de mer et il n’aime pas, mais alors pas du tout. Il tente bien pendant quelques minutes de faire bonne figure et comme il dit, « de se gérer », mais alors qu’enfin – fruit du hasard ou non, on ne saura jamais – on se trouve à 10 mètres de 3 baleines, Noah n’en peut plus et se met à geindre (le pauvre chaton) à coup de « je veux rentrer à terre et j’espère que j’ai pas attrapé la maladie de maman ».  Il faut dire que comme du coup tout le monde est ravi d’être aussi près des baleines, on est ballotés, moteur coupé, dans la houle avec le capitaine qui nous dit régulièrement « watch out, big wave ».

Comme on s’éternise moteurs coupés, l’état de Noah ne s’améliore pas et il veut que je demande au capitaine de rentrer… Celui-ci doit s’en apercevoir car il vient me voir et sur les conseils de notre géo du club med, quand je vois que Noah vire au vert et que la vue des baleines ne va pas suffire pour détourner son attention, je j’exfiltre à l’arrière où en effet ça tangue beaucoup moins. Virginie, apparemment étonnamment stoïque prend l’appareil photo et regarde les baleines debout. Elle ne cessera pas de m’étonner.

Une fois derrière, on constate en effet l’étendue des dégâts de la houle. Soigneusement alignés en rang d’oignons femmes et enfants soufflent dans leur sac à vomi à l’intérieur.

Alors que le géo me tend un sac pour Noah, je décide que Noah ne sera pas de cette brochette et lui propose de rester dehors et surtout d’avaler le Vogalib dont je me rends compte qu’il fond toujours dans sa bouche désormais sous forme de pâte alors que cela fait bien 10 minutes que Virginie le lui a donné.

Et en 3 minutes l’affaire est pliée. Il se sent mieux, et je peux ranger le sac inutilisé dans ma poche. On passe de l’autre côté du bateau et on peut observer “relativement sereinement” les baleines encore 10 bonnes minutes à quelques mètres du bateau, encore que si vous écoutez le son de la vidéo, vous verrez que Noah s’inquiète quand même beaucoup de son mal de mer.

Ensuite les moteurs se remettent en route car c’est l’heure de rentrer. Le cumul de la perspective du retour et la joie de voir les vagues générées par les 2 moteurs redonnent la pêche à Noah. Je ne me sens pas de le bouger ni de le laisser seul aussi prêt des moteurs avec juste une petite chaine de sécurité pour éviter de passer par-dessus bord. J’envoie donc juste un SMS à Virginie pour l’inviter à nous rejoindre derrière où la houle se fait moins sentir, mais elle ne le recevra qu’en arrivant au port. Dommage car elle a morflé tout le trajet en fait, et va mettre un peu plus de la journée à s’en remettre.

Noah sera le premier à sortir du bateau, se considèrent « définitivement sauvé » qu’après avoir franchi la jetée et s’être ’allonger sur une queue de baleine en criant « aaaaahhhhh enfinnnn la terrrrree »

Pour que Noah ne reste pas sur une mauvaise note, on lui offre une baleine en peluche, Pirouette, qui va sonner le glas de nos déplacements avec des bagages « légers et peu encombrants » puisque nous avons désormais une véritable ménagerie avec nous. En plus de Tortank, Bulbizarre et une tortue qu’on avait amené de Paris, nous avons désormais 2 rhinos, 1 baleine et le pire est à venir. La boîte de Pandore est ouverte.

Avec tout cela il est mine de rien même pas 11h. Virginie a besoin de marcher pour se remettre de l’expérience aquatique. On décide donc d’aller au Cliff Path qui est un sentier de 12 km qui serpente le long du littoral de New Harbor jusqu’à Grotto beach.

Noah va plus qu’y trouver son compte car la houle qui l’a tellement rendu malade est aussi responsable des plus fabuleuses vagues contre les rochers qu’il n’a jamais vu.

On passera ainsi tout le reste de la journée à alterner entre marches le long du sentier et contemplation extatique devant de véritables murs d’eau s’abattant sur le littoral.

Et Noah comme à son habitude se racontera des histoires bien à lui qui le font voyager loin, mais alors loin…

https://youtube.com/shorts/g-AuI8OBjP0?si=KDG_rzj22Z4ukVj2

Les endroits le plus exceptionnels pour moi sont : en face du windsor Hôtel (pile à mi-chemin entre Fick’s pool et Gearing point) et aussi Siever’s punt où on est resté 1h en squattant un banc en face des flots.

Ce soir, repos. On décide donc de dîner à l’hôtel vite fait plutôt que repartir en expédition à Hermanus. On ne prend que 2 petites salades et un bol de chips qui mettront … 1h20 à arriver alors qu’on n’était tous seuls au restau. Voilà, voila…

Très bonne salade et très bonnes frites maisons au final, mais 1h20 quand même…

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