Réveil au Zion Mountain ranch en ayant l’impression d’avoir dormi dans le lit d’un autre. Genre boucle d’or au pays de petit ours. Lorsque l’on arrive à l’accueil, nos amis Mormons sont mortifiés de ne pas nous avoir répondu la veille. J’ai beau dire que c’est de notre faute, qu’on est arrivé tard et qu’on s’en fiche, on nous offre le petit déjeuner et surtout on nous upgrade dans leur plus jolie maison, la seule qui donne sur le canyon. Bon ca nous oblige à déménager nos affaires, mais c’est pas comme si on ne le faisait pas tous les 2 jours de toute façon.
Le petit déjeuner est canon. L’endroit charmant. Noah choisit la table près du poêle et met ses mains devant en disant que c’est bon de se réchauffer. Il faut dire qu’on est à environ 1 800 mètres d’altitude et que le matin il fait allègrement en dessous de 10 degrés. Noah se prend un chocolat chaud avec de la crème – son troisième de sa vie depuis le Groenland et Ushuaia – c’est chic tout de même -, et s’enfile pour une fois un vrai petit déjeuner sans se lever 10 fois de table.
On part ensuite transvaser nos affaires dans notre nouveau petit palais. On serait bien restés pour une fois un jour de plus pour en profiter, tellement c’est chouette.
Mais il est temps de mettre les voiles car quelques randos dans le parc de Zion (prononcer Zayonne) nous attendent, et le soleil se couche tôt à cette période de l’année.
On retrace une petite portion de la route qu’on a fait la nuit passée pour rentrer dans le parc de Zion. La route est assez époustouflante et vu les lacets, le plus souvent sans glissières de sécurité, si j’avais su, j’aurai probablement roulé moins vite hier soir. En tout cas, on a beau se dire qu’un canyon, c’est un canyon, pour l’instant, chaque lieu n’a rien à voir avec le précédent.
On avait repéré plusieurs très belles randos à faire dans la journée. Dosage savant entre points de vue, difficulté et emplacements pour s’adapter au besoin au niveau de fatigue de la prunelle de nos yeux, même si au final généralement il est partant pour tout.
Le choix s’impose finalement assez facilement à nous. Tout d’abord parce que certaines randos sont fermées pour cause d’éboulement (Je ne suis pas vraiment étonné à la réflexion car tous les blogs de randonneurs mentionnaient des randos qu’ils n’avaient pas pu faire à cause de chutes de rochers), ensuite, parce que certaines randos à flancs de falaises s’avèrent franchement déconseillées avec un enfant.
Zion a la particularité d’être un des rares canyons qui se visite de dessous et où les randos montent pour avoir des points de vue. Les parois étant particulièrement abruptes, ca monte sec, voir très sec, et certaines randos nécessitent de s’encorder ou de monter en s’appuyant sur des chaînes. Du coup, avec doudou, on remise celles-ci à une prochaine visite, en espérant que la prochaine fois le problème pour les faire ne soit pas notre grand âge.
Ce screening fait, On jète donc notre dévolu sur les upper Emerald pool via le Kayenta trail. Mais avant même d’arriver là bas, on s’arrête à de nombreux points de vue sur la Zion-mount Carmel Highway, et surtout sur les premiers kilomètres de la Zion scenic route.
L’occasion de s’arrêter au pied de falaises abruptes, de grimper sur des pans de roches de plusieurs centaines de mètres, de passer sur de petits ruisseaux. Il est passé midi et on n’est même pas arrivés au début de la marche des Emerald pool.
On part vers les upper Emerald car les lower sont inaccessibles suite à un éboulement et effectivement sur la montée, on voit l’éboulement qui a coupé en deux le chemin qui longeait la falaise. Vu l’inaccessibilité du lieu, on comprend aisément que ce n’est pas près d’être réparé.
Noah monte hyper bien en observant les traditionnels Commandements du Bon Marcheur qu’on instauré. Du coup il monte tout seul à l’aller jusqu’à la petite mare créée par de l’eau de pluie et qui est plus marron que émeraude. Soit le gars qui a nommé cette ballade était daltonien, soit il a été un peu « over selling ». Après, la marche longe une des falaises et s’enfonce dans un replis du canyon, donc c’est vraiment une chouette ballade.
En haut, je me fais alpaguer par une ancienne prof, qui a été séduite par Noah. Pendant ce temps, Noah flirte volontiers avec les lignes manquant à chaque fois de finir dans la flotte, histoire de tester jusqu’où il peut aller avant que Virginie s’énerve. Sa patience étant plus limitée que la mienne, il se fait rappeler à l’ordre assez vite, ce qui raccourci un peu le temps de pause en haut.
Comme souvent sur les randos en aller et retour, Je me cogne Noah sur le dos au retour. Il a le sentiment de l’avoir déjà fait, donc je n’arrive pas à le motiver pour découvrir un lieu qu’il connaît déjà. Et comme hier, ce petit démon fait sien les Commandements du Bon Marcheur pour servir ses intérêts. “Papa, on est une équipe. Tu portes Noah quand Noah est fatigué et quand tu es fatigué, je marche, Ok ?”. Oui, Noah est un enfant Roi et donc comme tout enfant Roi, il parle de lui à la troisième personne. Il suffit de s’y faire.
Une fois en bas il est passé 15h. On avait prévu ensuite de faire la Riverside Walk (le Weeping Rock trail étant lui aussi dévasté par un éboulement), mais Noah s’est endormi 30s après être entré dans la voiture. Il faut dire qu’autant au réveil ca caillait, autant maintenant il fait bien chaud, donc 2h de ballade en plein canard ca fatigue un peu. En été ça doit être insoutenable.
En plus, on a confirmation de ce qu’on avait pressenti hier à Fire Valley, il n’y a absolument rien à bouffer une fois dans les parcs. Comme on a juste 3 chips dans la voiture, on se dit que si on le réveille pour faire cette marche, ca ne va pas le faire. Je pars donc en repérage du début de la Riverside Walk pour juger de l’intérêt ou pas de réveiller Noah, tandis que Virginie veille l’enfant dans la voiture. La marche fait 1 heure et demie et ne m’a pas l’air incroyable.
Elle risque de nous empêcher de faire la Canyon Overlook trail, qui elle, a l’air top. Du coup on fait l’impasse sur celle là ce qui permet à Doudou de recharger les batteries à défaut de manger, et nous voila sous les coups de 16h en bas du Canyon Overlook trail. La rando est notée “streanous” avec un vilain picto de gars qui tombe de la falaise. Voilà pourquoi on préférait que Noah ait un peu dormi pour cette deuxième grande marche de la journée.
Et on ne regrette pas. Elle est en effet aussi amusante que grandiose. Après une petite montée pour se mettre en jambes, on se met à longer des falaises abruptes (bon ok il vaut mieux lui tenir la main, ca ne souffre pas le faux pas). ici un petit balcon en fer rivé dans la roche pour passer un coude, là une grotte (récemment il s’est pris de passion pour les grottes), puis des rochers à escalader. Le paradis pour notre petit marcheur en herbe.
Arrivés en haut, comme un peu trop souvent malheureusement, très belle vue sur le canyon avec des a pics partout et un Noah ingérable qui n’a qu’une envie c’est d’aller là où il ne faut vraiment pas qu’il aille si on veut le ramener en un seul morceau. Du coup on fait garde chiot (désolé Noah si tu nous relis dans 10, 20 ans) et quand on décide de redescendre, comme en plus il a fait l’andouille en haut et que c’est pas une “bloucle” (il n’arrive toujours pas à dire boucle), monsieur se déclare fatigué, me fait le laïus sur l’importance de l’équipe qui doit aider quand un même re est fatigué. Et ca tombe bien, parce que Noah est fatigué. CQFD. Papa, tu peux me porter.
Seul avantage, avec Noah sur le dos on redescend plus vite, et là on se dit qu’on va enfin rentrer à l’hôtel avant 19h d’une de nos journées. Sauf que voila, sur le retour on s’arrête juste deux minutes pour prendre une photo d’une falaise éclairée par le soleil couchant. Juste à côté, un mouflon sort sa tête. Tout le monde veut aller voir, et nous voila partis à pas de loups (car Noah sait le faire quand il veut) pour petit à petit réduire la distance avec le mouflon et pouvoir s’approcher de lui à quelques mètres. On en voit ensuite un second, un troisième.. ; un gars avec un téléobjectif intrigue Noah qui va le voir et le gars, gentiment lui en montre d’autres, bref on y reste 30 minutes.
On reprend la route et décidons de nous arrêter une dernière fois sur un point de vue lorsqu’en sortant on tombe sur 2 poufs en bikini et un gars genre maquereau. Bien qu’on soit un peu loin de Vegas, ca sent ce que j’appelle le mec « Française des Jeux ». Il a gagné au grattage et maintenant au tirage.
Ca y est, on rentre enfin à notre ranch et on dîne d’un steak de bison, de lasagnes à l’aubergine et d’un dessert à la mousse d’avocat et de chocolat. Je le signale, parce que bien manger dans le coin n’est pas forcément facile et là on se régale.
Nuit dans notre petit coin de paradis.
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