Nos nuits en Afrique sont assez bizarres, enfin surtout les miennes en ce moment. On vit au rythme du soleil, on dîne tôt et on s’écroule donc vers 21h – 21h30 le plus souvent en même temps que Noah. Alors, certes, les meilleures heures de sommeil se font avant minuit, bla bla bla, mais pour un faible dormeur comme moi, si je m’endors volontiers tôt en ce moment, pour ne pas dire carrément que je tombe comme une souche en couchant Noah depuis 3 jours, il n’en demeure pas moins qu’à 4h du matin, j’ai l’impression que mon quota de sommeil est largement atteint et là, pour reprendre une expression chère à Noah (et dont il devrait avoir honte vu le programme que Virginie lui concocte à l’année et moi en vacances) : « Je m’ennuie, mais alors qu’est-ce que je m’ennuie ».
Bref, ce matin pour couronner le tout je me lève nauséeux et avec mal au ventre. Les huitres d’hier ? Je n’espère pas…
4h plus tard quand tout le monde est enfin réveillé, je décide de faire l’impasse sur le petit dej et de ne pas me lancer bille en tête dans le programme de notre journée ce qui convient à tout le monde vu que Virginie doit récupérer sa laundry et que le temps est au nuage bas ce matin, avec de fortes chance qu’il se dissipe vite dans la matinée.
Et en effet, comme hier, c’est ce qui va se passer dès qu’on bascule du côté océan indien pour notre destination du jour, Hermanus, la capitale sud-africaine des baleines à environ 2h de Cape town.
Après avoir longé quelques township le long de l’autoroute 2, on bifurque sur la route 44, dénommée la Whale route. Heureusement cette route côtière à flanc de montagne qui domine l’océan est bordée de nombreux stops pour des arrêts panoramiques ce qui me permet de reposer mon estomac qui n’aurait peut-être pas supporté pendant 2h tous les virages sinon.
Noah, lui, se délecte à chaque fois de contempler les énormes vagues de l’océan se briser contre les rochers, tandis que Virginie scrute l’océan pour apercevoir les baleines. C’est la Whale route ou bien ?
Tout ceci va nous permettre d’atteindre gentiment Betty’s Bay, un endroit paisible pour observer à nouveau une colonie de manchots. Rien à voir avec le paysage seychellois de Boulders beach, on est plutôt ici, niveau paysage sur les côtes dramatiques de l’Islande ou de la nouvelle Zélande.
A peine descendu de voiture qu’on manque marcher sur un manchot qui passe devant notre voiture pour rejoindre imperturbable son nid. Betty’s Bay est beaucoup plus confidentiel et donc beaucoup plus peacefull. Pas de guérite à l’entrée pour te faire payer quoi que ce soit, tu déambules direct le long de la plage pour observer les manchots. Côté terre, les nids cachés dans la végétation basse, côté mer, nos manchots qui se prélassent au soleil où qui font des allers et retours de l’océan vers leurs nids.
Sur les 100 premiers mètres ils ont juste déployé un cordon pour délimiter la zone où ne pas aller pour ne pas déranger les manchots, puis on déboule dans un espace ouverte entre les rochers où Noah s’en donne à cœur joie pour escalader, parce que je cite, « c’est dans ma nature d’escalader ».
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Rien à voir, mais ca me fait écho avec une expression de mon papa qui en parlant des filles un peu faciles les comparait à des « escaladeuses de braguettes ». J’adorais ses expressions poétiques dont il avait le secret.
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Pour revenir à Noah, « c’est dans ma nature » est devenu sa nouvelle expression pour se justifier de quelque chose qu’on lui demande de ne plus faire mais qu’il n’a pas l’intention d’interrompre. Il nous regarde alors généralement avec son air enjôleur et s’en excuse en disant qu’il ne peut pas s’en empêcher, « c’est dans sa nature ».
J’ai abandonné la garde à Virginie compte tenu de mon état nauséeux qui m’a retiré toute envie de me battre sur le sujet. Aussi tandis que Noah s’est remis à crapahuter, j’en profite pour observer autant les manchots que les touristes humains, dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ne brillent pas tous par leur intelligence et leur respect des lieux.
Voilà donc une famille de hollandais qui passe ostensiblement le cordon pour s’approcher d’une colonie de manchots, que bien sûr ils font fuirent au fur et à mesure qu’ils avancent, au grand damne des quelques autres touristes qui avaient eu la décence, eux, de rester derrière le cordon et qui voient donc désormais non seulement l’objet de leur observation s’éloigner maladroitement entre les rochers vers la mer, mais se voient à la place gratifiés du postérieur imposant de la vieille hollandaise se penchant en avant pour les photographier et de son rouquin d’adolescent moche comme un poux même de dos.
Quand je reviens prêter main forte à Virginie pour tenter de ramener Noah qui joue à nouveau à « ou est Charlie » avec des vêtements une nouvelle fois parfaitement en harmonie avec son environnement (merci virginie), Noah accepte mais souhaite me montrer une dernière fois qu’escalader c’est « dans sa nature ». Il finit bien sûr sur sa dernière tentative par s’enfoncer dans l’eau jusqu’à mi-mollet après avoir raté un caillou. D’un air mi-contrit mi rieur, il revient vers nous. Ca c’est fait. C’est un peu comme la première rayure sur une voiture neuve. Ca te met en rogne et après tu t’en fiches de ce qui arrive par la suite.
Ce n‘est pas tout, mais on est au milieu de nulle part et il est 14h. On va jeter un œil au restau à côté pour voir s’il peut faire l’affaire. Enfin, quand je dis « on », s’est en fait Virginie vu que la seule perspective de m’approcher du restau me donne envie de vomir, et que Noah en a profité pour repartir voir les manchots.
Virginie revient peu après pas convaincu que Noah mangera quoi que ce soit. Aussi, elle repart le rejoindre pour faire des photos tandis que moi, au bout de ma vie, je m’assoie comme un petit vieux sur le premier banc en gardant leurs affaires.
Quelques minutes plus tard je me retrouve une nouvelle fois à pester intérieurement sur un couple de vieux qui vient à nouveau d’enjamber le cordon et de faire fuir 4 nouveaux manchots qui se prélassaient devant moi. Cela dure 15 bonnes minutes jusqu’à ce que les vieux se lassent de ne pas réussir à rattraper les manchots qui sont partis vers la mer et repassent enfin du bon côté du cordon de sécurité.
Alors que je m’étonne que personne ne soit intervenu, je vois enfin arriver d’un pas alerte à l’africaine (c’est-à-dire, j’avance mais sans me presser) une ranger qui se fait interpeller par 2 touristes signalant les comportements inappropriés qui dérangent les manchots. Ravi, je me dis « Ah, enfin, ils vont sévir ». puis je tourne la tête et vois que le couple de vieux a disparu, mais qu’après au niveau des rochers, il y a 5 à 6 personnes qui sont encore présents et encore plus devant, presqu’au niveau de l’eau, il y a Virginie assise sur un rocher en mode garde chiots d’un Noah qui a repris « sa nature d’escaladeur ».
Et là je rigole, car je vois déjà le truc venir. Alors que Virginie a toujours à cœur d’être respectueuse de l’environnement et a pesté du comportement des touristes, c’est la seule qui va se faire engueuler.
Plus le Ranger avance en faisant des grands signes, plus les personnes se reculent pour rentrer dans le rang, sauf Virginie qui, elle, fait dos à la scène et n’entend probablement rien de là où elle est.
5 minutes plus tard, Virginie est ramenée par la ranger « Guilty as charged » d’avoir embêté les manchots. Seul point positif, la Ranger a aussi permis de ramener Noah ce qui nous permet enfin de repartir non sans avoir au préalable vérifié qu’il n’y avait pas un manchot caché sous notre voiture avant de démarrer.
Le ventre vide, on reprend donc la route pour notre destination finale du jour, Hermanus, à 70 km de là, plus précisément on dort à la Schoephoek guest house qui se trouve en fait légèrement en retrait de Hermanus.
Le check-in est un peu longuet car au départ ils ne nous trouvaient pas sur le registre, mais ensuite comme on a la chambre 1 avec vue sur les vagues, tout va bien. Le seul truc qui nous a chiffonné c’est l’insistance du gars de l’accueil – quand on lui a dit qu’on n’allait pas dîner à la guest house mais en ville – de vouloir nous emmener dans la shuttle de l’hôtel alors que je ne cesse de lui dire que c’est gentil mais qu’on a notre propre voiture.
Alors qu’on contemple de la chambre la plage, on aperçoit dans la direction de Hermanus qu’il y a un township entre nous et la ville. Serait-ce la raison ? On décide donc de partir avant 18h histoire de faire l’aller au moins de jour. Virginie un temps me demande si on devrait pas utiliser la shuttle comme proposé, mais le gars n’est plus à l’accueil et de toute façon, comme elle le fera remarquer si justement, comme sur la shuttle il y a marqué « Shoephoek – luxuary house 5 étoiles », on se dit qu’on fera une moindre cible avec notre voiture toute pourrie.
On prend donc la route, et on évite bien sûr l’itinéraire proposé par Google qui faisait gagner 7 minutes en nous faisant traverser le township en question pour repartir un peu en arrière et arriver par Hermanus par les grands axes. Grands axes où tous les 3 coins de rue en moyenne une voiture de police d’intervention, gyrophares allumés le plus souvent, stationne.
J’avais trouvé en 30 secondes à Hermanus un restau très bien noté « Pear tree » plus pour le nom car Noah adore en ce moment un livre avec une poire géante, car j’avoue qu’avec mon état digestif je ne pouvais même pas lire la carte sans avoir des remontées acides. Cela s’avère un choix catastrophique à plus d’un titre.
D’abord il est en face d’une aire de jeux pour enfants ce qui fait que Noah s’y précipite, qu’on perd 10 minutes à l’en sortir, et ce qui permet de vérifier qu’escalader est peut-être « dans sa nature », mais cela ne l’a pas empêché de se gaufrer sur les barres horizontales en tombant sur le dos. Heureusement que notre petit bonhomme est en caoutchouc..
Ensuite, le Pear tree au niveau menu s’avère ne proposer essentiellement que des burritos et autres trucs du genre avec en prime à l’intérieur une odeur d’alcool à brûler qui me soulève déjà le cœur.
On s’assoit quand même, mais Virginie me voyant verdir, me demande si je veux vraiment dîner là. Du coup on se relève et on part comme des voleurs, Noah avec le set de table sous le bras qu’il n’a pas voulu rendre pour pouvoir faire un dessin dessus.
On remarche donc quelques minutes le long du front de mer et on finit par trouver sur la place un restau qui a le mérite d’avoir une terrasse extérieure sur la mer et qui propose des pâtes. Moins de chances que je sois malade en extérieur. Banco. Je grignoterai péniblement 3 fourchettes de pâtes pendant 10 nouvelles parties de rami et quelques pauses pour voir les baleines qui croisent à moins de 100 m de nous.
C’est le temps de repartir. Je ne rêve que de mon lit depuis ce matin, mais il faut qu’on rentre en un morceau, et de nuit. On reprend donc la même route qu’à l’aller. Le nombre de voitures de flics a doublé. On règle la vitesse pour enquiller tous les feux verts et go go go. 9 minutes plus tard nous sommes devant la grille de notre Guest house. Elle s’ouvre. Mission accomplie. Family safe, in bed in 10 minutes.
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