5 octobre – Les premiers instants

La rupture aura déjà commencé dans les airs, à la vue du  sommet de l’Everest dépassant des nuages et presqu’à hauteur de l’appareil alors que nous n’avions pas encore commencé notre descente ! Les 5 dernières minutes avant l’atterrissage seront empreints d’émerveillement et d’interrogation. L’appareil slalome entre les pics montagneux à se demander où il peut bien y avoir une piste jusqu’à déboucher sur une plaine à 2300 mètres d’altitude.

Quand on a posé le pied sur la terre du Bhoutan, la magie continua d’opérer. Une atmosphère indescriptible, une impression immédiate de silence et de quiétude absolue. Mais quel est le secret de ce pays enclavé dans les montagnes ? Pourquoi les mots nous ont manqué pour décrire ce que nous ressentons dans notre cœur d’occidental. De nombreux bouquins décrivent le Bhoutan comme une forteresse tant il est difficile d’y rentrer. Une fois dedans, je me suis dit « le paradis terrestre pourrait avoir ce visage ». Frédéric lâchera même « qu’on pourrait y finir nos vieux jours ici. ». Il n’est sans doute pas nécessaire de chercher d’autres mots.

Nima, notre guide, nous accueille à Paro. Il est vêtu de l’habit national, comme la plupart des hommes d’ailleurs. Une sorte de robe qui descend au-dessus du genou, travaillée dans un tissu de laine fine ou de soie et bordée de longues manches blanches. On se tend une poignée de main franche et pleine, on se salue (comme nous le faisons dans presque tous les pays d’Asie). Nous allons passer 12 jours ensemble.

Les habitations sont toutes d’un style inimitable. Du hangar de l’aéroport à la moindre maisonnée, une architecture homogène, presque de maison de poupée avec des dessins hauts en couleur de ci de là. On passe devant le Dzong qu’on visitera plus tard. Le bâtiment est de dimension disproportionné par rapport au reste, mais est harmonieux. On traverse Paro, 20 000 habitants et 2ème plus grande ville d’un Bhoutan de 600 000 âmes, sans presque le remarquer, direction notre hôtel, le Tiger Nest… en face du Tiger Nest (temple du 8ème siècle  perché à flanc de falaise 900m plus haut qu’on visitera le lendemain).

Tout le long du trajet, Nima se concentre beaucoup sur le discours qui doit nous permettre de comprendre les fondamentaux (multiples) de la culture Bhoutanaise. Au bout de quelques heures, il nous dit « i like your character », comprendre : « vous n’êtes pas comme les bourrins d’allemands de la dernière fois qui voulaient pas enlever leurs chaussures dans les temples et photographiaient à tout va y compris le panneau « interdit de photographier ».

Outre l’extrême gentillesse et l’attention de tous ceux qu’on rencontre, on peut dire que l’hôtel est à nous. On est en pleine « saison touristique », et on est 5 dans l’hôtel et tous les 2 le dernier soir.  Découverte de notre chambre par la patronne. Elle tient à nous montrer le fonctionnement de la douche. Un crachouillis d’eau et la poignée qui lui reste dans la main. Qu’à cela ne tienne, on passe à autre chose, de toute façon le charme est ailleurs et on nous attend pour aller visiter le Dzong et la tour du guet qui a permis de repousser les assauts Tibétains à 3 reprises au 17ème siècle.

Premier déjeuner dans Paro. On nous avait prévenu, la nourriture a de quoi déconcerter un peu. Ce sont les mêmes aliments que nous, ils sont justes dans un sens différent. Virginie adore ! Du riz, des pomme de terre, des oeufs, des nouilles. Et non, je ne liste pas tout ce qui existe, car TOUT nous a été servi au cours du même déjeuner. Il y avait bien des haricots verts, mais ils étaient noyés dans du fromage fondu. Cela surprend, mais c’est pas mauvais.

Pour montrer qu’on connait le pays, on évoque à Nima leur sport national, le tir à l’arc. « Vous voulez en voir ? » dit-il. Et nous voilà parti sur le « champ de tir » pour voir un match local. Le principe est simple : 2 équipes de 5 ou de 12 personnes s’affrontent. Une cible de chaque côté du champ. Chaque flèche qui touche le centre de la cible marque 3 point, 2 points si c’est le bord extérieur de la cible et 1 point si la flèche arrive à moins d’1 mètre de la cible.  LE premier qui a marqué 25 points a gagné. Fastoche…. Sauf que le tireur est à 140m de la cible,  que la cible fait 50cm de large et que l’équipe adverse reste pendant la durée du tir à moins de 3m de la cible visée. Franchement moi, j’y voyais rien et pourtant j’ai 12/10eme à chaque œil. Pour info, je crois qu’aux jeux olympiques, la cible est à 50m (papa, tu confirmes ?)

Retour à 16h à l’hôtel pour se reposer. Demain randonnée de 4h pour monter au TIger Nest à 3 200m pour préparer notre trek. Quand on pense à ce qu’on a fait en une journée et ce qu’on fait souvent le  dimanche à Paris quand on bosse (c’est-à-dire rien),  ça laisse rêveur.

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