Il l’attendait avec impatience, nous l’attendions aussi. Mesdames et messieurs, pour le plus grand plaisir de vos yeux ébahis, je vous offre… la seconde sortie nocturne en pirogue, toujours à la recherche de caïmans et de serpents bien sûr !
Dire que Noah est au taquet est un euphémisme. D’autant qu’il est tellement devenu pote avec Ralf qui le considère désormais comme « un petit homme de la jungle », que celui-ci lui a dit qu’il pourrait s’asseoir tout devant avec lui pour traquer les caïmans
Pour le départ, Noah nous place au 1er rang du bateau, Noah au milieu. Dès qu’on quitte le ponton dans la nuit noire, Ralf fais signe à Noah de le rejoindre tout devant à côté de lui.
Noah a bien gagné ce droit. Depuis 4 jours, il écoute les consignes, se débrouille de mieux en mieux en anglais. Même s’il semble encore timide pour parler, il comprend très bien et s’est montré très intéressé. Il a supporté la chaleur et la moiteur de la forêt, Il a mangé des larves, laissé des fourmis lui monter dessus avant de les écraser, a ravalé sa déception quand il n’a pas réussi à pêcher de piranha, puis a réussi à en pêcher 10 le lendemain. il a suivi un rythme de sortie qu’on n’a vu aucun autre adulte. Et surtout, il s’était très bien comporté lors de la première sortie nocturne. A la fois enthousiaste, calme et très respectueux des consignes, à l’inverse des adultes pour la plupart terrifiés par l’expérience. L’anglaise d’ailleurs a refusé de venir ce soir.
C’est donc tout naturellement que notre Noah, promu second en chef, est assis dans le noir à côté de Ralf. Ralf balaie les berges du fleuve à la vitesse de l’éclair et on sent une connivence forte s’installer entre eux au fur et à mesure que Noah repère à une vitesse grandissante caïmans et autres animaux. En fait, on à l’impression qu’il n’y a plus qu’eux deux sur le bateau.
Objectivement on était à peine moins bien placé que Noah, et on n’a pas vu la moitié de ce qu’il voyait. Première fausse alerte quand Ralf repère une paire d’yeux sur la berge, sort pieds nus à toute vitesse, pour se rendre compte que c’était juste un grand échassier.
Il reprend ses recherches. C’est plus compliqué que la précédente fois où on avait trouvé un caïman assez rapidement. Aussi, on quitte la berge de la grande rivière pour s’enfoncer dans la partie immergée de la forêt et les hautes herbes. On cherche, mais toujours rien à se mettre sous la dent si je puis dire à part une très jolie tree frog et un iguane quand même !
L’atmosphère est plus pesante je trouve que quand on est en eau libre car ici la végétation nous touche sans cesse de toute part, on entend plein de bruits, on est dans la nuit noire et juste ce faisceau de lumière qui balaie le paysage par intermittence.
Puis il braque avec insistance la torche à faisceau étroit sur l’avant-gauche. Il s’arrête et se met à balayer l’eau tout autour, plus particulièrement sur la droite du bateau maintenant où l’eau semble peu profonde. En fait, il vérifie s’il n’y a pas d’autres caïmans autour qu’il n’aurait pas vu. Puis d’un coup il saute pied nus dans l’eau, laissant Noah là tout seul, fait le tour du bateau en continuant de braquer sa torche vers la gauche sur le même spot, puis se baisse, et se relève avec un caïman qui fait allégrement le double de celui d’il y a 2 jours.
D’ailleurs cette fois, il se dépêche de le plaquer sur l’avant du bateau à une main, à 50 centimètres de Noah, essayant de se retirer en même temps une énorme épine du pied de l’autre main qu’il a du s’enfoncer probablement en revenant avec le caïman.
Il fait signe ensuite à son pilote de venir lui filer un coup de main et à deux ils sécurisent le caïman dont les pattes se baladent à quelques centimètres de Noah. Balèse le bestiau. Rien à voir avec celui d‘il y a 2 jours. Pas étonnant qu’il faille être deux pour le tenir.
La suite on la connait. Virginie offre son élastique à la manière d’une princesse qui donne son mouchoir au preux chevalier qui vient de terrasser le dragon. Elastique noir au demeurant (un rose aurait fait perdre de la dignité au reptile qui se retrouve rapidement avec la gueule immobilisée.
Une grosse partie du bateau décline bien sûr la simple idée de le toucher et encore plus de le tenir. Il faut dire que le bateau est très étroit et là le caïman, il dépasse bien du bateau..
Au max on peut se tenir assis à 3 sur une rangée et encore, serrés comme des sardines. Quand Ralf doit passer avec le caïman qu’ils tiennent à deux, il faut que la personne du milieu se lève pour se mettre sur le côté, qu’on ouvre le dossier du siège et qu’on enjambe le banc pour passer avec le reptile. Quand tu es dans le noir, sur un bateau pas stable avec un bestiau comme cela, personne n’a vraiment envie de tomber à l’eau. J’imagine s’il vient à l’idée du caïman d’arrêter de faire le mort et d’essayer de s’échapper, ça mettrait une sacré panique à bord.
Bref, Noah est le seul super enthousiaste à l’idée d’avoir attrapé un caïman énorme et de pouvoir le prendre dans ses bras. Il pourra pas le tenir seul cette fois vu la taille, clairement. Le cou est trop épais pour le tenir avec ses mains et Noah n’a pas l’envergue pour le tenir à la fois par le cou et par la queue.
Donc Noah vient s’asseoir au milieu avec nous. J’attrape le cou du caïman à 2 mains tandis que Virginie fais de même avec la base de sa queue. Une fois fermement tenu, Ralf le lâche. Noah est aux anges et se met à le caresser. Il lui fait un massage de ventre, lui tient la patte. Amis pour la vie ?
Ralf le reprend après une petite minute et comme la dernière fois, ils finissent par le remettre à l’eau. Le caïman prend quelques secondes pour se repérer et prendre conscience qu’il est à nouveau libre, puis repart sous le bateau. Canon !
Noah est rappelé aux avants postes. « Now, lets try to catch a snake ». Il ne se fait pas prier.
Là aussi la traque est beaucoup plus longue que la veille. D’ailleurs une première fois c’est une très jolie tree frog qu’ils attrapent dans les branchages. Je me demande bien comment ils les ont vu (je mets au pluriel car Noah l’avait repéré presqu’en même temps que Ralf.
Puis tout d’un coup, Ralf indique qu’il a repéré 1, puis 2, puis 3 serpents, tous dans le même bosquet. C’est la famille boa constrictor on dirait.
Il nous les montre à la lampe torche. 2 à droite à 2m du niveau de l’eau, l’autre un peu plus à gauche plus bas. Puis il éteint la lampe et demande au pilote d’avancer. Le bateau s’enfonce dans la végétation. On se retrouve au milieu des branches dans le noir total avec 3 serpents autour de nous. Noah et Ralf qui sont plus d’un mètres devant nous, sont eux clairement tout à côté.
Ralf rallume la lumière après un temps qui semble toujours trop long quand tu es un peu inquiet, puis avec le même genre de bâton en forme de fourche, repointe la lampe sur les 2 serpents de droite qui se sont rejoints entre temps et se met à chercher à les entortiller autour du bâton comme on le fait avec une fourchette au milieu de spaghettis.
Les serpents luttent. Tu sens qu’ils ont de la force car il tire à plusieurs reprise avec le bâton maintenant qu’ils sont emberlificotés autour, mais sans réussir à les déloger de l’arbre, fermement accrochés désormais qu’ils sont au bâton et à l’arbre simultanément.
Lorsqu’il finit par les déloger en tirant un grand coup et qu’il s’apprête à les ramener au-dessus du bateau, l’un d’eux, qui doit bien faire 1m50, réussit à se dégager et tombe dans l’eau juste devant Noah. Sur le bateau ça aurait été un sacré bordel. Le boa constrictor se met à nager vers le rivage.
Ralf enjambe à moitié Noah et plonge le bâton au milieu du serpent. Il réussit à le réentortiller dans le bâton. Ca y est le serpent est à nouveau hors de l’eau et Ralf l’exhibe sur le bâton à bâbord de manière à ce que s’il retombe il retombe dans l’eau et pas dans le bateau.
Puis il le fait passer au-dessus de nos têtes, et à nouveau à tribord afin qu’on puisse l’observer avant d’aller le reposer sur une branche en hauteur ce qui nous laisse le temps de voir le serpent quitter le bâton et se réapproprier l’arbre. La moitié « féminine » du bateau – mis à part Virginie bien sûr – pousse des petits cris dont je n’ai toujours pas compris l’intérêt depuis bien 40 ans que je me pose la question.
‘Lets catch the bigger snake » dit Ralf à un Noah enjoué. Il indique au pilote d’avancer encore plus au milieu des branchages et selon la même technique, les 2 autres serpents étant désormais au-dessus de nos têtes. il finit par attraper le 3ème serpent qui en effet fait allégrement le double des 2 autres tant en diamètre qu’en longueur. Sacré bestiau. Pas commode une fois le bâton immobilisé il se dresse menaçant.
Après, les boa constrictor ne piquent pas. Ils s’enroulent juste autour de leur proie pour les étouffer, donc il n’y a pas de risque particulier pour nous, mais ça reste quand même assez impressionnant.
Retour au lodge avec encore des images plein les mirettes. Noah repasse à l’arrière juste avant l’arrivée histoire que Ralf ne se fasse pas gronder.
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