Ce matin, réveil 6h45. On a un ferry à prendre pour les iles Vestmann. Depuis le temps qu’on vient en Islande, on rêve d’aller voir cette ile et à chaque fois cela avait foiré. Pas de logement dispo, trop tard dans l’année pour voir les Puffin, bref, cela ne se goupillait jamais bien.

Donc dès qu’il a été question de programmer les vacances en Islande, j’avais bien fait le nécessaire pour y inclure les iles Vestmann. Enfin, par bon moment, il fallut relativiser assez rapidement. J’avais réussi à choper un des derniers hébergements dispos sur l’ile, mais le ferry ne pouvait pas encore se réserver. Je m’étais mis une alerte régulière pour voir si les réservations ouvraient et je ne sais pas comment je m’étais débrouillé mais quand enfin la réservation fut ouverte, il n’y avait plus la moindre place dans le ferry disponible le jour dit, ni les 2 jours avant ou les 2 jours après. Renseignement pris car cela était quand même bizarre, j’apprenais que le premier we d’août il y avait un festival de musique électro rassemblant 15 000 personnes aux îles Vestmann qui n’en compte que quelques milliers en temps normal. Et quel jour avais-je choisi pour aller aux iles Vestmann ? Le samedi 31 juillet, en plein festival. Voilà pourquoi je ne trouvais aucune place sur le ferry qui avait était pris d’assaut. Nous avions donc l’hébergement sur place, mais l’incapacité de nous y rendre.

J’avais entre temps calé tout le programme des 3 semaines en Islande car la pénurie d’hébergement sur l’ile interdit toute improvisation sur le sujet au risque de ne pas trouver un toit à 100km à la ronde dès que tu quittes la zone de Reykjavik, et donc nous nous retrouvions une nouvelle fois marron ce qui explique que nous passions finalement 4 nuits à Seljandafoss Horizon pour ne pas bousculer tout le programme.

La mort dans l’âme je m’étais donc résolu à annuler mon hébergement et à faire une nouvelle fois une croix sur les iles Vestmann.

Mais la persévérance n’étant jamais très éloignée de l’obstination, une semaine avant de partir j’avais reconsulté à tout hasard les horaires de ferry. Et la miracle, il y avait de la place le samedi 31 pour partir tôt le matin et rentrer tard en fin de journée. Alors certes, j’avais entre temps rendu l’hébergement sur les Iles Vestmann, mais l’idée d’aller y faire un aller-retour dans la journée nous avait tellement chatouillé qu’on avait pris les billets.

Et voila comment après déjà 3 jours de programme sur les chapeaux de roues nous voila donc la tête enfarinée à rouler à 7h du matin vers l’embarcadère du ferry pour ne pas être en retard, surtout qu’on s’attendant à ce qu’il y ait la fiesta et la foule. Noah lui, s’était réveillé au taquet, très excité à l’idée de faire son premier festival de musique.

Cela aurait dû nous mettre la puce à l’oreille mais arrivés à l’embarcadère, pour paraphraser Thierry Lhermitte dans le père noël est une ordure, « c’est tout de même très calme ». Bon je lève le suspense tout de suite pour ceux qui n’auraient pas encore compris, le covid est passé par là, donc ils ont annulé le festival de musique. Ceci explique qu’il y avait à nouveau une montagne de places sur le ferry, et que l’ile sera non seulement déserte par rapport aux 15 000 personnes attendues qui avaient annulées, mais aussi déserte de touristes puisque ces derniers n’avaient comme moi pas pu réserver.

Le temps est super pluvieux avec un brouillard des familles. Ca fait certes partie du charme de l’Islande, mais quand il fait beau c’est quand même mieux, non, surtout quand on va voir des iles réputées pour leurs falaises ? On se pèle donc gentiment le cul sur le ferry à 8h15 par un temps proche de celui de Calais en hiver et on débarque dans un port vide.

La traversée fut calme mais vu les photos qu’on a vu par la suite d’un ferry penché à prendre l’eau par le flanc et aux anecdotes sur l’entrée dans le port qui se fait via un fjord étroit bordé de hautes falaises, mais pour lequel l’homme a quand même du créer pas moins de 3 digues pour faire des zig zag dans le fjord pour que les bateaux du port mouillent à peu près à l’abris des tempêtes, disons que Virginie l’a échappé belle cette fois.

Comme il fait humide, froid avec un plafond bas à moins de 100m qui rend l’ascension du volcan Eldfell pour l’heure sans le moindre intérêt, on cherche un petit café sur le port pour prendre tranquillement notre petit déjeuner et voir comment le temps évolue. Vers 10h, ce n’est pas franchement mieux alors on décide de mettre les voiles et de faire le tour de l’ile en voiture en mode repérage. On passe devant un golf et ce qui ressemble au spot du festival de musique mais qui nous semble tout de même étrangement calme (à ce moment-là on n’a toujours pas compris que c’était annulé), et on se dirige vers les falaises à puffin dans le sud de l’ile. Je compulse le guide en même temps. Bienvenue dans la zone la plus venteuse d’Europe.  Vu le temps, c’est une super nouvelle que j’hésite à partager dans la voiture.

Juste avant, on aperçoit au loin Elephant rock sui s’apprécie mieux de la mer parait-il mais qui comme son nom l’indique donne l’impression d’une gigantesque tête d’éléphant se jetant dans la mer. A partir de là d’ailleurs, Virginie verra des éléphants dans tous les rochers d’Islande…

On s’arrête pour des chevaux-papouilles, puis à la plage Vikin sur la côte ouest de l’ile. Une plage de sable noir. Il ne pleut presque plus, donc on s’arrête là et on se balade sans la moindre âme qui vive sur la plage. Le temps fini par se dégager miraculeusement. Enfin, ne vous emballez pas. On ne parle pas de ciel bleu, mais l’absence de pluie et le fait que les nuages remontent en altitude suffiront largement à notre bonheur.

Nous voilà donc en route pour la falaise aux Puffin près du phare de Storhofdi. Vu la taille de l’ile, quand on dit en route, comprendre, on fait 3 minutes de voiture et nous voilà arrivés. Il y a un mirador à puffin avant le phare donc on commence par là.

Début août c’est un peu tard dans l’année pour la saison des Puffin, mais ce n’est pas forcément foutu. Hier on n’en avait pour ainsi dire pas vu à Dyrholey, mais bon… en général ils partent vraiment au 15 août. Et si en journée ils partent souvent en mer quand il fait beau pour pécher, comme là il fait moche, on a nos chances.

Et la bonne surprise est au rendez-vous quand on arrive au niveau des falaises, non seulement il n’y a pas de vent, la visibilité est devenue bonne et on voit des milliers de puffin partout. On peut les observer à moins de 10 mètres sans la moindre difficulté. Nous on adore, et Noah aussi.

Au bout d’un moment je me mets en tête d’essayer d’en photographier en plein vol. C’est limite mission impossible. Comme ils nichent sur des falaises abruptes, on est toujours en surplomb donc on ne les voit arriver qu’au dernier moment lorsqu’ils jaillissent de sous la falaise et qu’ils se posent au bord en mode hélicoptère. Et quand ils partent, on n’a pas beaucoup plus de réussite car ils ne donnent aucun signe avant-coureur qu’ils vont se barrer et pour décoller ils se laissent tomber dans le vide du bord de la falaise et quand ils ont pris assez de vitesse ils se mettent à voler. Tant et si bien qu’on les voit tomber comme des pierres en une fraction de secondes avant qu’ils disparaissent de notre vue à cause de la falaise et ensuite ils réapparaissent à 50 mètres de toi en volant à une vitesse bien trop grande pour faire la moindre mise au point quand bien même tu arriverais à les viser.

Reste donc comme seule technique, repérer un endroit libre sur la falaise où un volatile est susceptible de se poser, puis rester là à attendre que ça arrive. Déjà seul ce n’est pas simple mais avec Noah autour qui réclame sans cesse de l’attention surtout quand tu es à 3 mètres d’une falaise abrupte 100 mètres au-dessus du niveau de la mer, je ne compte pas le nombre de fois où j’ai arrêté de regarder l’objectif pour l’engueuler et remis mon œil devant pour découvrir qu’un puffin venait de se poser. Au final en 1h d’observation, j’ai chopé 5 photos, dont je ne suis pas peu fier..

Puis on remonte au phare de Storhofdi et on se fait une marche de 2 km en bord de falaise. On aperçoit des ilots rocheux tout autour avec souvent une pente engazonnée 50 à 100 mètres au-dessus du niveau de la mer à flanc de falaise avec une maison dessus. Impossible de comprendre comment on y accède et on comprend que personne n’y vit jamais. On ne saura jamais le fin mot de l’histoire du pourquoi de ces constructions et même de comment ils ont amené les matériaux là-bas. Dans le genre forteresse inexpugnable…

On voit moins les puffins de là, mais la vue des côtes est époustouflante et vaut à elle seule le détour.

On retourne vers Heimaey qui est à la fois le nom de la ville et le nom de la seule ile peuplée des iles Vestmann sur laquelle on se trouve. 4 000 habitants. On comprend que quand il y en a 15 000 de plus pendant le festival ca fait du monde. Mais du coup où sont-ils ? On avait repéré 2 restaus. Le premier s’avère fermé. Bizarre. Le second est une pizzeria sauf que le temps qu’on arrive là-bas – et pourtant on n’a pris que 10 minutes – Noah s’est effondré dans la voiture et dort.

On n’a pas le cœur à le réveiller. L’air marin des puffins et le peu de sommeil ont eu raison de lui. Si on veut gravir le volcan Eldfell il vaut mieux le laisser dormir. Et il dormira 1H30 !! Pour tuer le temps on ira voir à tour de rôle le petit fort et la gigantesque cuve d’eau de mer de l’ile qui servait dans l’industrie de la pêche à nettoyer les poissons, éventrée par une coulée de lave en 1973 lors d’une éruption titanesque qui fit naître le Volcan Eldfell à 200 mètres du Volcan Helgafell qui est lui endormi depuis 6 000 ans. L’éruption englouti pas moins de 300 maisons et obligea l’évacuation de tous les habitants de l’ile pendant 3 mois. Ces habitants furent d’ailleurs sauvés principalement grâce à une tempête la nuit de l’éruption qui fit qu’aucun bateau de pêche n’avait pu partir en mer ce soir-là. Lorsque l’éruption se déclencha à 1h45 du matin, ils purent ainsi évacuer les habitants sur les bateaux de pêche.

Puis, Noah dormant toujours, on partit voir un petit jardin botanique avec 700 espèces de plantes par deux habitants de l’ile sur une autre coulée de lave, avant de partir vers l’est de l’ile au petit bonheur la chance histoire de voir si on pouvait ruiner la voiture dans les pistes de lave. La voiture survécut, mais la voiture bringuebalée dans tous les sens eut enfin raison du sommeil de Noah, ce qui nous permis de nous diriger vers le volcan Eldfell en sautant le déjeuner de Noah. Que c’est pratique d’avoir un enfant qui se fiche de manger à midi… comme le soir d’ailleurs. Etrange…

Surtout que la rando, sans être d’une grande difficulté va monter sec sur bien 300 mètres de dénivelé avant d’arriver au sommet du cratère et longer la crète (qu’est-ce que je déteste ce passage avec mon vertige… enfin bon je fais comme si de rien pour ne pas refiler ce handicap à Noah, mais j’en mène pas large surtout avec l’enfant qui a rechargé les batteries et qui gambade comme un beau diable). Une petite pause goûter en haut et on redescend car Noah veut absolument voir le festival de musique.

On a bizarrement entendu et aperçu en fin de matinée un feu d’artifice du coup on est totalement perdu sur le fait qu’on ne voit pas comment ce festival pourrait avoir lieu avec personne nulle part mais quand même des signes de festivités.

Mais avant, direction la station service pour faire le plein. On en écumera 3 (un miracle qu’il y en ait 3 sur l’ile alors qu’on en trouve parfois aucune sur 60km à la ronde en Islande). La première parce que notre carte bleue ne marchait pas, la seconde parce que le pistolet de diesel était indiqué comme non adapté à notre voiture. La troisième sera la bonne et on en profitera pour aller à la pizzeria pour déjeuner/dîner à 17h30. Très bonnes pizzas au demeurant.

A 18h45 on part voir le site du festival qui est désespérément vide, à part un mouton. Bon c’est clair il a forcément été annulé. Va falloir gérer la déception de Noah qui est super déçu.

Quand finalement on semble bien partis pour rater notre ferry, on lui montre des photos de ce à quoi ressemblait le festival l’année dernière avec des barrières de feu et des milliers de gens là ou aujourd’hui c’est vide. « Quel dommage » nous dit Noah. Il nous le fait souvent et il a un tel ton dans sa voix qui emporte toute la misère du monde qu’il nous fait moitié sourire moitié fondre à chaque fois qu’il dit cela.

On arrive 5 minutes avant le départ du ferry. Plein d’essence check. Dîner, check. A 20h45 on est à la maison prêt à le coucher. Jamais fait aussi bien depuis qu’on est en Islande. En même temps on est debout depuis 6h45…

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