La rando équestre, nom de code Sabine, signe notre retour aux affaires. Alors qu’on ne s’était pas levés trop tard (selon nos critères du moins, car  pour la deuxième fois nous sommes de loin les derniers au petit déjeuner), oh surprise, Marianne (de la pension) nous apprend que Sabine arrive pour 9h. Il est 8h45.

9h tapantes, un 4×4 défoncé monte la côté, j’aperçois un visage de femme sur une chemise à carreaux style bûcheron, l’œil sombre, la visière sur la tête. Sabine, ce sera d’abord une voix. Une voix raillée. Elle dit 2 mots à Marianne en plaisantant ; je dis à Fred « je te parie qu’elle fume comme un pompier ». La voilà à notre table de petit déjeuner, le paquet de Royal menthe d’un côté, le café qu’elle vient de prendre sur notre table de l’autre. Elle s’installe comme chez elle et commence à nous parler comme si on ne s’était jamais quitté : d’elle, de ses gamins, de l’île, de la pension qui ne sait pas travailler avec les autres. Si Jocelyne ou d’autres guides n’osent pas monter à la pension, elle, elle s’en fout. « Ils ont toujours rien compris à comment faire fonctionner les prix et travailler avec les gens ici ! ». Le ton est donné.

Comme pour confirmer ses dires, Marianne nous interrompt pour nous rappeler avec plus ou moins de délicatesse qu’on est priés d’aller faire le plein maintenant de la voiture qu’on a loué hier. Cette formalité faite après s’être trompé 2 fois de chemin alors qu’il n’y a qu’une seule route, on part dans le 4×4 de Sabine, direction : son ranch.

Dans la voiture, les dialogues sont francs et virils. On apprendra que lors de sa dernière rando avec des touristes, son chien a blessé une chèvre et qu’il a donc fallu qu’elle l’égorge, un peu pour écourter ses souffrances, beaucoup parce qu’on allait pas gâcher de la bonne viande. En revanche, elle tue pas ses biquettes. C’est trop mignon. Alors elle préfère les vendre.

Sabine, elle habite au cœur de l’île, seule dans la plaine. Enfin, 4 enfants mais tous à l’école la semaine et en pension au village, son mari à l’hôpital dans la métropole (depuis plusieurs mois et qui n’est pas près d’en sortir apparemment), son frère pas très loin mais il lui aurait piqué un chiot sans lui dire en ne lui laissant que les femelles. « C’est du boulot les femelles, c’est en chaleur tout le temps ! ». La semaine, elle vit seule.

Elle a investi les lieux d’une ancienne pension (dont il reste les bungalows intacts) et vit dans une maisonnette au milieu de 30 chevaux, avec des coqs et poules, Paco, un “petit” veau de 2 ans (une énorme bête qui arrivait sur nous avec ses cornes),

et bien sûr, des chatons et des chiots. Pour le plus grand bonheur de Fred qui a eu le droit à des câlins avec un chiot aux yeux aussi bleu que son tee-shirt.

Des besoins ? elle n’en a presque pas. « On a tout sur l’île ». Premier niveau de la pyramide de Maslow. On ne sait plus trop ce que c’est, nous, les métropolitains.

Sabine, elle est la 7ème d’une famille de 13 enfants. « L’équilibre, la balance » comme elle dit. C’est toujours elle qui arrange les trucs et fait les liens. Elle a tout appris avec papa. Comment monter à cheval, comment chasser, comment s’occuper des bêtes… Petite apparemment, elle était toujours malade, elle a pris sa revanche.

« Sabine, tu te sens seule parfois ? ». « Non, je n’ai pas le temps d’être seule. Et avec toutes les bêtes à s’occuper, la maison… Parfois oui le soir, depuis que mon mari est à l’hôpital (en mimant le fait de poser sa tête sur une épaule). Mais le devoir est là. »

Pendant, 4 heures, les échanges auront été de cette nature. Naturels comme elle !

Et alors ? le cheval ? Ah oui, c’était le sujet de départ. Première fois que je fais du cheval. Elle m’en donne un cool et qui porte bien son nom, Vai (de l’eau en polynésien).

Il va où va le courant, c’est-à-dire Sabine. Si bien que je n’avais plus rien à faire, il marchait tout seul. Fred a eu l’immense plaisir de monter Pascal (et oui, ça ne s’invente pas Pascal ! Lève la tête qu’on te voit sur la photo stp ! Ce sera pour la fois ou tu avais appelé ton poisson rouge Fred).

Pascal est fainéant, il faut le dire, et marchait toujours un peu sur ma droite. En fait, à la fin, Fred m’a avoué que comme mon cheval Vai n’avait pas arrêter de chier, Pascal s’était tenu à l’écart derrière pour éviter les nuisances fécales de son copain. OK !

En tous cas, superbe plaine. Le cheval permet d’avoir la vue surélevée. Ca valait bien une randonnée pédestre ! Et en route, comme hier, le plaisir de s’arrêter ponctuellement pour cueillir litchees dans les arbres, pamplemousses et bananes. Rien à voir avec les fruits du marché parisien.

 

0 Commentaire

  • Chocolate Shavings
    Posted 8 décembre 2010

    J’adore toutes ces photos de toi Fred – tu as l’air detendu et zen. C’est bien merite!

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