Ce matin, avant de quitter Kauai – déjà – pour Big Island, on a prévu de se prélasser sur la plus belle plage de la côte nord, Tunnels Beach.
En plus d’être apparemment un bon spot de snorkeling, elle est surtout préservée car seuls une quinzaine de véhicules peuvent se garer à proximité (c’est-à-dire à 1 miles à la ronde).
Le revers de la médaille c’est que du coup, passé 7h du matin, plus moyen de t’en approcher car les rares places ont été prises d’assaut.
Heureusement notre hôtel qui n’est qu’à 3 miles de la plage a en plus un service de van qui peut soi-disant t’emmener et venir te rechercher quand tu veux où tu veux. Sauf que hier soir, à tergiverser sur l’heure à laquelle on voulait y aller, quand on a fini par appeler, on est tombé sur un répondeur très compréhensif et ce matin la réception était fermée ce qui fait qu’à 8h30 on ne sait toujours pas si quelqu’un a écouté notre message et donc comment on va y aller, à Tunnels.
Avec un sens pratico pratique, on a donc opté pour vider la chambre et mettre toutes nos affaires dans la voiture, puis de traîner du côté de la réception en quête d’une personne du staff de l’hôtel. Bonne pioche, on en croise une qui nous confirme que le chauffeur n’a rien ce matin. Mauvaise nouvelle, quand elle appelle, il est toujours sur répondeur. En gros, il fait la grasse mat’.
Comme on est prêt, je propose à Virginie de tenter le coup à Tunnels avec notre voiture pour voir. Il est 9h on arrive sur place après 4 minutes de route et bien sûr, non seulement tout est archi complet, mais alors qu’on est au milieu de rien, une voiture de flics rôde prête à dégainer l’amende à 300 dollars.
On repart à l’hôtel, je retombe sur la réceptionniste, qui cette fois a pitié de moi et finit par demander à un de ses gars de faire chauffeur d’un jour vu que c’est à seulement 4 minutes. Et voilà comment à 9h15 nous nous trouvons à Tunnels Beach avec un retour programmé à 11h.
On s’installe sous des pins, la plage est en effet très sympa. Vue magistrale sur les ridges de la Napali coast qui débute à quelques kilomètres de là. L’eau est crystalline. Un petit passage permet de se faufiler entre des bancs de sable pour aller faire du snorkeling. C’est l’occasion de permettre Noah de se refamiliariser avec cet exercice qu’il avait fait à Fernando de Noronha pour le jour de ses 4 ans et où il avait nagé avec des tortues et un requin.
Sauf que là, il ne témoigne pas du tout du même enthousiasme. Il pleurniche dès qu’il met les pieds dans l’eau en disant qu’elle est froide et qu’il préfère rester sur le sable à faire un château. On prend cela comme une excuse bidon et au début on le laisse sur la plage pendant qu’on va faire du snorkeling en repérage.
Comme c’est chouette, je me dis que c’est vraiment couillon de le laisser se défiler. Je reviens une première fois avec l’argument que c’est un truc de bébé de faire des châteaux de sable quand on peut voir des poissons multicolores. Il feint l’ignorance et regarde ailleurs. Je repas 5 minutes, et puis ça me gonfle et je viens le rechercher un peu de force je dois dire, tandis qu’il chouine en disant que l’eau est froide et qu’il grelotte.
Il s’accroche à moi, continue à dire qu’il a froid et puis tout d’un coup je lui mets son masque et en 30 secondes il voit un poisson et se barre en nous mettant 3 mètres dans la vue à tel point que pendant 20 minutes il va aller de poissons en poissons en ne sortant la tête de l’eau que pour partager son enthousiasme.
Tout se passe si bien, qu’il finit même par nous mettre dans l’embarras car il va tellement vite qu’on n’arrive pas à le suivre alors qu’on essaye tous les deux de l’encadrer vu qu’on est quand même en pleine mer. On oscille entre fous rires au vu de la métamorphose et petite inquiétude dans les fonds plus profonds car on ne connait pas la plage et avec les courants on ne sait jamais.
On finit par revenir sur la plage et on félicite chaleureusement Noah en lui disant qu’on est fier de lui – ce qui est archi vrai – et que c’est presque plus valorisant de vaincre une inquiétude comme cela que d’y aller naturellement sans se forcer.
Lui est aux anges. Pas peu fier dans son peignoir de surfeur, il bombe le torse avec ses petits tressaillements caractéristiques qu’il fait quand il est très concentré ou très content.
Tout semble s’annoncer pour le mieux, sauf qu’à peine de retour dans notre voiture, Noah se plaint de mal de ventre et s’effondre.
On avait prévu de s’arrêter pour déjeuner, mais au mal de ventre vient s’ajouter un gros mal de tête. Tout d’un coup les grelottements avant le snorkeling prennent un sens différent. En fait, ce n’était pas une excuse, il est juste malade notre loustic, et le mal de tête en mode barre sur le front en 2022 on sait ce que ca veut dire..
Il refuse de sortir pour manger et demande à dormir dans la voiture. Il se calme tout seul en fermant les yeux. On change donc nos plans et comme on est à 1h et quelques de route de l’aéroport et que l’avion part à 17h, on décide de lui filer un Spasfon, un Doliprane, et de laisser se reposer tandis qu’on se rapproche de l’aéroport en visant une plage sympa histoire de mettre un truc dans le GPS.
Arrivés aux environs de la plage, il dort encore. On décide de se reposer nous aussi. Et on s’endort tous dans la voiture. Vers 14h45 tout le monde se réveille enfin.
Noah va un peu mieux mais il a faim. Il veut un restau italien. Celui qu’on trouve est fermé. On manque de temps alors on retourne sur Kalapaki beach à Lihue qui est à 5 minutes de l’aéroport et on prend un truc vite fait au Duke’s.
Reste à rendre la voiture de location qu’on a massacré pour rappel à au moins 2 reprises en début de séjour.
J’arrive devant la nana de Budget qui réceptionne les véhicules. Petite, trapue, Hawaiienne. Je me lance dans mon speech comme quoi on a attendu 1h45 pour récupérer la bagnole dans un parking dans le noir et qu’on n’a pas vu l’état de la voiture….
Elle me coupe la parole et me dit texto : « Je t’explique, laisse-moi faire mon job. C’est Kauai, les routes sont petites, elles sont mal entretenues. On bousille les voitures. C’est normal, c’est Kauai. Compris ? Ta voiture, là, elle ressemble à celle derrière moi qui a le pare-brise arrière totalement éclaté ? Non, bon ben si ta voiture n’est pas dans cet état, tes bosses je m’en fous. C’est compris ?
Euh, oui m’dame, désolé m’dame, au revoir m’dame.
Derrière, Noah a un peu repris des couleurs mais nouveau moment d’inquiétude lorsqu’on arrive dans l’avion et qu’après 30 secondes il me redonne l’ipad en me disant qu’il préfère dormir. Jamais vu ça. Là, on est vraiment inquiets.
Il va se réveiller à la sortie de l’avion après avoir écrasé de la patate pour la deuxième fois de la journée. On repart louer notre voiture chez Budget. Temps au guichet, 40 secondes. C’est mieux que les 1h45 de la dernière fois. Mais la voiture n’est pas propre et ça, on va l’attendre 25 minutes avec un Noah en perdition qui a de plus en plus mal au ventre et mal à la tête et qui s’endort cette fois dans mes bras.
Dès qu’on est dans la voiture, il cherche à s‘endormir à nouveau, mais a du mal à trouver le sommeil car il a trop mal au ventre. On essaye de s’arrêter à un supermarché sur la route en se disant que quand il se réveillera il faudra qu’il mange. Il pleure à chaude larmes parce qu’il veut aller direct à l’hôtel qui est encore à 45 minutes de là.
On obtempère, il se calme et finit par s’endormir pour la 3ème fois de la journée. Sur la route, on n’en mène pas large avec Virginie d’autant qu’on s’enfonce dans la forêt à 40 min du seul mini centre médical des environs.
On réussit quand même à 10 minutes de l’arrivée à le convaincre de s’arrêter au supermarché prendre 2-3 trucs. Il accepte et se rendort immédiatement après.
C’est donc dans une ambiance un peu lourde, qu’on arrive devant la barrière du Dragon Fly Ranch. Et là, franchement le décalage avec la situation dans la voiture en est comique.
Bienvenue chez les babacool. Bon, on s’en doutait un peu au vu des photos quand on avait choisi le lieu, mais là on est en mode XXL. Je sors de la voiture pour ouvrir la barrière et la refermer derrière moi pendant que Virginie se gare.
Je lui dis que je pars en repérage et que je viendrais porter Noah quand j’aurai trouvé la chambre.
Je consulte les instructions que m’a laissé Barbara à qui j’avais indiqué qu’on arriverait vers 21h30.
« Pas de problème si vous arrivez tard. Moi je me couche tôt, donc quand vous vous garez vous passez à gauche de la maison. Au bus multicolore, vous tournerez à droite, puis un peu plus loin à nouveau sur votre droite il y aura votre chambre, c’est la dragon Fly room. »
A l’approche de la maison, je déclenche les bruits qu’on entend dans les monastères, vous savez, les carrillons en barres en métal qui tintent les unes contre les autres. Tout autour de moi, des bruits d’oiseaux assourdissants partout. Je longe par la gauche la maison dans le noir à la lampe de poche et entre-aperçoit dans une chambre une femme âgée aux cheveux blancs filasse dans une espèce de tunique. La même que dans Shining ! J’en ai encore des frissons dans le dos en repensant à cette apparition.
Je poursuis, trouve le bus babacool multicolore, et sur la droite trouve une porte en bois avec marqué Dragon fly room. J’entre sur une petite terrasse, voit une porte fenêtre de chambre mais alors que je vais ouvrir dans le noir, je vois derrière la porte dans la chambre un petit chien qui me regarde de travers.
Bordel, J’ai dû rater un truc et je m’apprêtais à rentrer dans la chambre d’un autre ? Je me dépêche de refaire demi-tour, toujours à la lampe torche pour voir où je me suis gourré, mais non, j’ai bien suivi les indications !
Je pense à Noah et Virginie qui m’attendent dans la voiture. Allez, tant pis un moment de honte est vite passé, j’y retourne et ouvre la baie vitrée en m’attendant à moitié à entendre un cri de quelqu’un qui surprend un intrus dans sa chambre. Mais non, rien, le petit chien sort tranquillement dehors devant moi. A ce stade plus rien ne m’étonne. On n’a qu’à dire que c’est ici.
Je rebrousse chemin pour aller chercher Virginie et là je tombe au niveau du parking, sur une jeune fille au teint très pâle, en string alors qu’on est en pleine nuit dans le noir. A bien y regarder, en fait elle a l’air d’être en maillot de bain, d’où la confusion. Mais que fait-elle là à cette heure-là dans cette tenue alors qu’il fait noir depuis plus d’une heure ? A côté je remarque ensuite une voiture avec 2 autres nanas dedans dans le même genre de tenue.
Ca y est, on est chez les babas cool. C’est le soir de la partouze sauf que je suis avec ma femme et mon fils qui est totalement HS. Les nymphos on verra une autre fois, family first.
Je récupère Noah qui est brulant, le prend dans les bras, et le monte à la chambre tandis que Virginie qui vient de repérer la gonzesse, semble halluciner comme moi.
Le temps de faire 2 allers et retours et quand je reviens enfin, Virginie me raconte qu’elle a eu la trouille de sa vie quand une vieille femme aux cheveux blanc filasse a fait irruption dans sa chambre pour lui apporter gentiment un futon pour Noah. Ouai, je sais la nana de Shining ? Je comprends ca surprend..
Noah entre temps s’est réveillé en constatant qu’il était à Disneyland avec cette fois 2 petits chiens qui sont rentrés comme chez eux dans la chambre. Après il est quand même allongé à l’envers dans le lit, recroquevillé sur lui-même en mode coquille de noix. Le thermomètre dans son oreille indique joyeusement 36,2 degrés ce qui est impossible vu qu’il est assez chaud pour faire cuire un œuf sur son dos ou son front. Je teste sur moi. 35 degrés. Vive la technologie. Virginie renonce à tester sur elle au risque d’être à 28.
Noah reste quand même lucide et a l’air de se gérer calmement même s’il veut absolument se mettre sous les draps parce qu’il a froid. On est à Hawaii, dans un lieu sans clim, autant dire qu’avoir froid relève de l’impossible. Mais ça va il serait à 36 degrés. Foutu thermomètre.
Néanmoins, il est rassurant dans sa façon de se gérer et de nous dire qu’il n’a pas besoin de Doliprane et qu’il va réussir à s’endormir alors qu’il est clairement à 40 degrés. On l’écoute et on le laisse se coucher sans médoc.
Et nous voilà à 21h45 allongés dans le noir tous les 3 dans le lit. Noah en mode radiateur qui délire dans son sommeil. Virginie et moi à regarder le plafond dans un vacarme assourdissant de bruits de bestioles ponctuée par le passage de camions et les tirs de carabine la nuit.
Mais bien sûr, on a oublié de fermer la baie vitrée. Virginie ferme la porte et … rien ne se passe. Et pour cause, 2 autres ouvertures ont juste des moustiquaires. Je regarde sur ma table de nuit et remarque des boules Quies.
Et là, alors qu’on se dit qu’on est dans une bonne galère avec Noah dans cet état, il nous prend un fou-rire monumental. On est chez les baba cool dans une déco de dingue, avec des guirlandes de noël dans la chambre qu’on a mis deux plombes à réussir à éteindre, une salle de bain entièrement ouverte sur l’extérieur à la vue de tout le monde, décoré de scènes de Kamasutra. On s’entend à peine avec ces bruits de bestioles et la seule chose qui nous vient à l’esprit simultanément, c’est que la nana a blindé l’endroit de boîtes à sons pour couvrir les bruits de camion et les coups de fusils.
Le bruit devient tellement entêtant, qu’on se met à chercher la boîte à son qui doit forcément être dans notre pièce mais n’arrivant pas à la localiser pour lui faire sa fête, je me résous à mettre les boules quies qui ….ne marchent pas.
Bon, je coupe le suspens maintenant, car j’écris ce billet avec 2 jours de retard et au moment de partir Virginie m’a suppliée de demander à Barbara ce que c’était pour en avoir le cœur net car le lendemain soir elle est sortie à poil dans la nuit sur la terrasse pour repérer les boîtes à son sans succès et ça l‘obsède. Et bien, pas de boîte à sons au pays du sans gluten, sans viande, sans poisson cru. Ce sont en fait des petites grenouilles de Puerto rico de la taille de pièces de monnaie qui en arrivant à Hawaii sont devenues grosses comme des balles de tennis.
Bref, on passera une nuit bien pourrie à comater au son donc des grenouilles et surveiller l’état de Noah qui malgré des paroles inconsidérées dans son sommeil restera étonnamment calme jusqu’à 7h du matin.
Au final il aura quand même dormi siestes et nuits bout à bout pas loin de 18h sur les dernières 24h. pas trop son style.
PS : vous avez remarqué ? Le nombre de photos de la journée est inversement proportionnel au stress de la journée. Onb ferait de mauvais reporters de guerre…
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