On n’a pas honte à le dire, même si on s’est réveillé 2-3 fois car il ne fait jamais nuit à cette période de l’année, nous avons plutôt très bien dormi. La configuration mini de la chambre – pardon fonctionnelle – avec le lit boucle d’or de Noah c’est-à-dire ni trop loin ni trop près, fait qu’il a dormi d’une traite et est venu nous voir que vers 7h du matin.
Côté météo en revanche, force est de constater qu’ici elle relève davantage d’un acte de divination que d’une science. Trop de forces en présence. De plus, pour une raison que je ne tarderais pas à comprendre, sur le site de référence météo de l’Islande https://en.verdus.is il y a une carte générale heure par heure mais avec des petits soleils (ou pour être plus exact les nuages gris avec plus ou moins de pluie) qui ne sont jamais placés sur le Landmanalaugar mais plutôt tout autour.
Reste donc à ta disposition l’étude des autres cartes (vent, pluviométrie, nuages bas, nuages d’altitude, etc..) le tout également heure par heure qui montre l’évolution de toute l’Islande si tu veux te prendre pour Alain Gillot-Pétré.
Mais pour celui qui a pris météo en LV3 à l’école, bonjour l’extrapolation. D’abord parce que pour établir le plan des randos du jour du Landmanalaugar il faut la pluviométrie ET les nuages bas vu que tu passes ton temps à gravir des sommets et que le brouillard est plutôt pire que la pluie. Ensuite parce que tu n’as pas de bon point de repère visuel sur la carte pour savoir exactement où tu es. Et enfin parce qu’on parle d’une tranche de 4 à 6h pour la rando. Un vrai casse-tête.
Sachant enfin qu’on est à 1h de route du Landmanalaugar et que clairement le temps qu’on a ici n’a rien à voir avec celui là-bas, on ne peut pas s’appuyer sur la météo grenouille. C’était un truc génial que mon papa m’avait acheté petit. Un petit rocher qui pendouille suspendu à 3 bout de bois. Si le rocher bouge d’avant en arrière c’est qu’il y a du vent ; s’il est mouillé, c’est qu’il pleut, et si tu ne le vois plus, c’est que tu es dans le brouillard.
Après un petit déjeuner buffet pas si mal et la voiture remplie de toutes les tenues possibles de la terre pour parer à toute éventualité, nous voilà partis. Comme pour ceux qui suivent d’ici il n’y a pas de gués de rivière à franchir, on n’a plus qu’à faire ne sorte de ne pas crever en traversant les pistes de lave de la route F208.
Alors qu’on part sous une bruine et un ciel bas digne de Bruxelles en novembre, le temps semble se dégager comme les cartes météo le laissaient vaguement espérer.
Plus on s’approche du camp, et plus les montagnes se parent de toutes les couleurs imaginables. J’avais dit à Noah qu’il verrait des montagnes vertes, ocres, violettes, jaune, rouge, gris, noire et fluorescente. Il pensait que je rigolais. « Papa arrête de dire n’importe quoi » mais il est bien obligé de constater que c’est la réalité. Depuis quand un papa ment à son petit garçon ? Menfin !
On est déjà venu une demi-journée ici en 2015, donc on sait que c’est beau, mais on ne se lasse pas des paysages. On se rappelle aussi des 2 énormes gués de rivière à 100m de l’arrivée pour rentrer dans le camp qui, à part pour se faire de grosses frayeurs, sont bien inutiles. D’ailleurs ca a changé par rapport à notre dernière visite car maintenant ils ont fait une petite aire de stationnement en amont où se garent la majeure partie des véhicules.
Quitte à terrasser, ils auraient pu faire un pont pour traverser les gués, mais ça aurait enlevé une partie du charme de l’arrivée car grands comme petits ne se lassent de se poster devant les gués et d’admirer les différents véhicules tenter la traversée. On est un peu comme à la corrida. Captivés par le spectacle avec autant de gens qui applaudissent pour le torero (le 4×4 qui tente sa chance) que le taureau (le gué de rivière).
Après la lutte est souvent inégale puisqu’on croise invariablement ;
- Des mastdodontes sur-vitaminés aux pneus de la taille de Noah et aux pots d’échappement sortant à la verticale au-dessus du toit pour éviter de noyer le moteur, se lancer à fond les ballons
- Des 4×4 plus modestes (mais tout de même rarement aussi petit que notre Duster) qui eux sortent 10 fois de la voiture avant de se lancer et dont on sent qu’ils y vont parce que sinon il faudra trimballer le matériel de bivouac sur 500m à pied.
Noah évidemment a kiffé grave et on sent que chaque jour le matin et le soir, au lieu de se poster pour voir les trains, on sera bon pour observer les 4×4 un certain temps. Au final, à part quelques grosses surchauffes de moteur qui fument, pas de gros pépins à déclarer.
Revenons à notre rando du jour. Du camp de base, on peut soit partir faire le fameux trek du Landmanalaugar, soit faire des randonnées dont la majorité partent du campement dans toutes les direction, vont de 6 à 15 km, de niveau de difficultés variables et de dénivelés presque toujours significatif.
Il y a un point info alors je vais me renseigner notamment sur la météo du jour et sur ce que Noah peut faire (difficile de savoir quand c’est challenging si c’est la dangerosité de l’ascension avec des a pics ou si c’est la longueur du chemin ou le risque de se perdre).
Côté climat j’apprends que si on n’a pas de météo précise c’est entre autre qu’il n’y a aucune station de relévé météorologique à moins de 80km. Du coup la météo se base sur un algorithme pour prédire le temps sur cette zone.
Moi : « Et aujourd’hui ils disent quoi?
Elle : « JJe ne peux rien vous dire vu que les 3 derniers jours on a eu des trombes d’eau alors qu’ils annonçaient du sec. »
Moi : « Donc vous nous conseillez aujourd’hui une rando courte ou la rando longue ? »
Elle : « Bof je sais pas ».
Moi : « Et demain ? »
Elle : « C’est tout pareil, ils ont annoncé 5 jours de mauvais temps ».
Moi : « Thanks ».
Vu le niveau d’info, je ne vais quand même pas en plus lui acheter son plan. Allez hop une photo vite fait et c’est parti !
Noah pendant ce temps s’impatiente et s’est mis en mode un peu casse bonbon genre je n’ai pas envie de marcher. Moi je trouvais que le temps n’était pas à la pluie à défaut d’être au beau donc j’avais envie de faire le Skalli (le grand serpent bleu qui revient ensuite en rouge vers le camp). C’est la rando la plus dure du coin, 15 km, qui prend entre 6,5 et 8,5 heures (décidément ils sont précis dans leurs indications). Le raisonnement c’était que visiblement aujourd’hui n’était pas si mal et que Noah n’a pas encore beaucoup de kilomètres au compteur.
Mais Virginie est moyen chaud au vu du comportement de Noah, moi je ne suis pas certain de mon coup donc je ne veux pas les embarquer dans une galère dès le premier jour. Aussi lorsque Virginie me dit qu’elle n’a pas pris les petits prince (les gâteaux) et qu’ils sont dans la voiture, je prends ça pour un signe et je lache l’affaire.
On va donc plutôt combiner plusieurs belles randos avec les plus belles vues du coin qui nous fera faire une boucle. Pas trop dur, et si ça se lève on aura de beaux paysages.
Pour cela, on va associer le Laugavegur, le Vondugil, et le Brennistandsalda, avec un petit extra au milieu. On parle de 7 – 8 km max avec un gros dénivelé bien raide au milieu pour l’ascension du Brennistandsalda, mais le reste est assez soft. Quoi ? dis Noah. Bon, on suit les panneaux rouge, puis les panneaux blancs, puis les panneaux verts, puis à nouveau les rouge. Ah ok Papa. C’est vrai que c’est plus simple que d’essayer d’épeler les noms Islandais.
Le début se fait lentement. On est sur de la mise en jambes et Noah traîne un peu. On prend les mêmes premières 20 minutes de rando qu’on avait fait avec Jenn et Oliver en 2015 lors de notre passage éclair ici. En se retournant on a la vue sur le campement du Landamanalaugar. Ca en jête quand même.
On poursuit notre route en longeant les crètes du Saudunamur, puis jusqu’à une grande plaine avec des fleurs de coton. J’ai mis plus de temps à faire ce début de rando qu’à essayer -sans succès – que Noah me regarde pour faire une jolie photo.
On se fait une petite pause au milieu de la plaine avant d’arriver au pied du Brennistandsalda. La ça monte sec, mais c’est le moment que choisit Noah pour se mettre enfin en mode randonneur et il scotche tout le monde sur la montée en arrivant en haut frais comme un gardon. Le soleil sort depuis quelques temps déjà le bout de son nez ce qui rend les couleurs de plus en plus éclatante.
Arrivés en haut, c’est une merveille à 360 degrés. Ou que l’on regarde on a des montagnes de couleurs différentes. On profite un peu beaucoup au sommet avant de redescendre vers le Graenagli qui est une grande coulée de lave.
On avait promis à Noah qu’il pourrait jouer avec des cailloux en haut donc comme il a tenu sa promesse, on tient aussi la notre !
Comme on a du temps, et qu’il n’y a pas loin une plaque de neige puis des fumerolles au loin, on décide de prendre un morceau supplémentaire du chemin du Laugavegur qui est le début du trek du Landmanalaugar, et on monte pendant une bonne demi-heure jusqu’aux fumerolles.
On déjeune juste à côté d’ailleurs avant de revenir sur nos pas, de découvrir que la plaque de neige tient en fait en équilibre et qu’elle a été creusée par en dessous par un ruisseau. Et là, Noah veut faire caca. Virginie m’avoue qu’en fait s’il a été chiant sur la première partie de la rando c’est qu’il voulait faire caca mais que comme il avait refusé d’y aller le matin quand je lui avais demandé, il ne l’avait dit qu’à Virginie en lui faisant promettre de ne pas me le dire.
La le besoin est trop urgent, donc on profite du champ de lave qui est la seule zone alentour où on peut trouver semble t-il un peu de discrétion pour notre petite affaire.
Très vite on découvre qu’on n’est pas les seuls à avoir eu cette idée. Dans un paysage sans obstacle naturel, tous les randonneurs se sont donnés rendez-vous au fil du temps à cet endroit-là. Je m’enfonce un peu dans le champ de lave pour trouver un endroit « vierge », portant Noah qui n’en peut plus de se retenir.
Enfin on trouve un spot. J’explique à Noah comment faire mais il galère avec ses chaussures de rando, etc… Mais bon on y est presque.
Virginie finit par nous retrouver (un vrai labyrinthe ce champ de lave) pour me filer du papier. Noah est en situation délicate, Virginie arrive triomphalement avec le papier et … marche sur un caca mou déguelasse qu’un randonneur a du déposer il n’y a pas 3 heures. Entre le cri de Virginie, ma tête, on fait coup double. L’envie de Noah vient de passer et Virginie a étoffé son palmares légendaire d’envasage dans des endroits improbables par un encrottage mémorable au Landmanalaugar.
Pendant qu’elle coure se désencrotter à la plaque de neige 100 mètres plus loin, on revient avec Noah sur le chemin. Elle finit par nous rejoindre et au lieu de redescendre par le Graenagli qu’on pourra faire sur une autre rando, on prend le Laudavegir à l’envers.
Et bien nous en prend car ce sera l’occasion d’une bonne rencontre car Noah repère une petite fille devant nous qui doit avoir 3- 4 ans. Il part en courant pour la rattraper, puis la dépasse, puis revient vers nous. En fait il est timide, il veut qu’on entame la conversation.
Ils sont de Grenoble. La maman randonne avec la petite tandis que le papa a fait une autre rando tout seul. A partir de là Noah est inarrêtable et ne fait plus que papoter, papoter, papoter.
Arrivés au camp de base, le papotage s’interrompt subitement. Noah se rappelle à son caca avorté de tout à l’heure et on part en urgence, cette fois aux toilettes communes les plus proches. Mais quand il revient de sa « grosse affaire », la petite et la maman ont du partir. On les recroisera peut-être. En tout cas Noah aimerait bien vu qu’il va nous en parler toute la soirée en nous expliquant qu’il va l’emmener aux bains chauds. Pour le réconforter, on lui prend un de ses premiers coca cola.
Petite pensée pour mon papa car il était venu ici en 2015. Il n’avait pas pu monter au-delà du camp de base et on était monté à la place avec Jenn et Oliver 30 minutes pour lui rapporter des photos, mais là au moins, on a fait la rando en entier.
On reprend la route non sans avoir observé un certain temps des 4×4 traverser les 2 gués de la « muerte », puis 1h de route sur la F208 à être bringueballés comme de la vulgaire marchandise et on retrouve notre petit chez nous entre 4 murs pour une nuit réparatrice. En plus près du restau il y a un billard, donc on ne verra pas Noah du repas qui préfèrera aller s’amuser dans son coin.
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