Depuis le 19 mars 2021, le Falgrasdfall est entré en éruption. Et si celui-ci a défrayé la chronique ce n’est pas pour une fois parce qu’un énième volcan islandais perturbe l’espace aérien européen ou qu’il menace une communauté urbaine, mais parce qu’il est relativement peu dangereux et étonnamment accessible – 20km de l’aéroport international – au point qu’il pourrait presque se faire en combo avec le Blue Lagoon en aller et retour dans la journée en partant de Paris.
Oui mais voilà, la frontière était fermée depuis des semaines et donc cette potentielle attraction touristique est restée l’apanage des islandais depuis des mois. Aussi, lorsque j’ai pris les billets pour l’Islande en mai, je ne me berçais pas d’illusions mais trépignais quand même à l’idée qu’il serait peut-être encore actif quand on y serait. Et vous savez quoi ? C’est encore le cas !
Du coup depuis 10 jours je me renseignais pour savoir comment aller le voir. On pourrait imaginer qu’un simple coup d’œil sur internet te donnerait la réponse ? Que nenni. Un vrai parcours du combattant, faute de touristes européens pour en parler, et à cause des agences de voyages et guides qui tiennent le haut du pavé à coup d’annonces Google dans tous les sens, vantant les dangers à y aller seul, mais te promettant moyennant des sommes faramineuses et un programme spécial attrape touristes de pouvoir quand même te faire voir l’éruption.
Ainsi les rares commentaires glanés sur ces expéditions, une fois qu’on a viré les « fakes comments » des guides du coin, vont de « exceptionnel » à « on n’a rien vu et payé pour rien ».
Alors certes, on a un enfant de 5 ans ce qui devrait inciter à une certaine prudence. Mais en même temps si la moitié des islandais y a déjà été comme j’ai pu le lire, j’ai du mal à imaginer qu’ils se soient tous encombrés d’un guide.
Maintenant qu’il est donc acquis qu’on va le faire seul, je dois avouer que le niveau d’information pour y parvenir étaient vraiment minces au point qu’atterrissant à 16h à Keflavik je savais à peine où me rendre et j’avais donc décidé de faire un léger détour pour passer aux abords du volcan pour sentir l’atmosphère et voir si sur place les choses devenaient plus limpides.
Mais le propre de toutes nos aventures organisées seuls ont avec leur lot d’excitation, leur petits accrocs, et si l’arrivée avec les multiples tests covid et vaccination s’est passé avec une étonnante fluidité et en totale décalage avec le bazar du départ de Charles de Gaulle, on a comme d’habitude perdu 1h avec un loueur en dessous de tout – Blue Rental Car pour leur faire une pub gratuite bien méritée – qui nous a filé en plus d’une Dacia millésimée rouillée comme il faut aux entournures, un siège auto pourri qu’il a fallu changer 2 fois et un auto-radio a moitié cassé avec un morceau de plastique manquant et qui surtout refusait obstinément de se synchroniser avec notre téléphone. Et quand tu sais que tu vas passer plus de 3h en voiture par jour dans des lieux ou la radio ne passera pas et avec un gremlins à l’arrière qui à un moment en aura marre de regarder les paysages même si on a un modèle hautement contemplatif on doit bien l’avouer, on refusait de partir tant que le sujet synchro tel/auto-radio n’était pas réglé.
Du coup avec tout ce temps perdu, on ne va arriver au volcan que vers 18h (soit 20h heure de Paris), ce qui est déjà tard vu que notre hébergement du soir est encore à 1h de route ensuite et qu’avec la journée qu’on a passé, Noah est – et a de bonnes raisons d’être – claqué.
En revanche dès qu’on quitte l’aéroport, pas besoin de GPS, le volcan fume à des kilomètres à l’image d’un phare dans la nuit. Lorsqu’on arrive aux abords du volcan près de Grindavik, un parking a été aménagé à coups de bulldozer et une vingtaine de voitures se trouvent là.
Bonne nouvelle cela peut donc se faire seul visiblement, en revanche, zéro information sur place à part t’inviter à payer avant 1 000 ISK de parcmètre pour aider à la création/sécurisation des lieux.
Les rares personnes que l’on croise semblent tout autant désorientés que nous, mais il y a un vague chemin sans indication de distance / durée etc… qui part vers le volcan qui est quand même très loin à vol d’oiseau et les gens semblent partir pour l’arpenter.
En mode Cluedo du web et en tapant un mot imprononçable islandais que je viens de voir sur un panneau, je tombe enfin sur une carte de la zone du volcan qui montre qu’il y a 3 traces qui ont été balisées pour s’approcher du volcan. De fil en aiguille, il semblerait que la route A ait disparu il y a peu de temps lorsqu’une coulée de lave l’a coupée en deux, qu’il reste donc la route B qui se rapproche du volcan en 4h aller-retour mais qui ne permet pas de voir l’intérieur du cratère, et la route C qui permet en 2-3h aller-retour de voir l’intérieur du cratère. On peut se rapprocher des coulées de lave mais impossible de savoir si on verra de la lave en fusion ou juste la coulée déjà solidifiée car les infos datent du mois de mai. Et bien sûr aucune idée à partir de ce parking improvisé si on est sur la route A, B ou C
En parallèle je trouve sur le site de la météo islandaise que j’aime bien une nouvelle carte des vents qui détaille heure par heure des zones ou les gaz toxiques du volcan se diffusent et où il ne faut donc pas se trouver. Bienvenue en Islande. Les vents changent en permanence de direction, et les routes A, B et C contournent chacune le volcan par une face différente. Il s’agira donc quand on aura compris ou on est de matcher ça avec la carte des vents « tourbillonnants au vu de la météo) pour prendre le chemin qui ne nous enverra pas dans les nuages toxiques qui sont bien précisés comme incolore et inodore mais hautement dangereux.
Au détour d’un article, je vois maintenant que venir avec un chien est déconseillé car le gaz s’accumule au ras du sol et est donc plus toxique pour eux. Ok, mais Noah, notre petit rase bitume, il est plus haut ou moins haut qu’un chien selon le standard islandais ?
En revanche tout le monde est d’accord le masque Covid ne sert à rien. Virginie confirme aussi d’ailleurs. Noah a fait un prout dans l’avion et le masque ne l’a pas sauvée, alors si c’est un volcan qui fait le prout …
Incapable de prendre une décision sur ce parking, on reprend la voiture et on part en quête d’un autre départ car qui dit plusieurs routes, dit forcément plusieurs départs. On finit par tomber 800m plus loin sur un autre chemin avec 4-5 voitures de garées, puis un chemin en gravier qui récent qui semble passer derrière une colline. On s’engouffre, on roule un peu et on débouche sur une aire de mousse verte qui ressemble aussi à un parking mais avec juste 2 voitures. On est donc loin du parking précédent de la vingtaine de voitures qui s’y trouvait, mais on finit tout de même par trouver un minuscule panneau indiquant la fameuse route C à droite et le nom que j’avais repéré avec mes maigres infos comme étant situé sur la route C qui indique lui … la gauche. Ben voyons…
Là, le dilemme s’installe. Il est 18h15 (20h15 à Paris), et on a toujours une heure de route pour rejoindre notre hébergement. Il semblerait qu’il y ait une heure à une heure trente de montée pour atteindre via la route C un point de vue sur le volcan une fois qu’on aura compris si celle-ci est à gauche ou à droite. On est en tenue de ville et pas de rando. Noah n’a pas mangé de la journée, pas vraiment dormi depuis ce matin, est franchement atomique à l’arrière et ben sur on n’a rien à boire et rien à manger. On ne sait pas vraiment comment va se passer l’ascension, mais on sait qu’on en a pour 3h minimum aller-retour.
Virginie voit le côté raisonnable et un peu logique de la situation, à savoir, on va à notre hébergement et on ira demain quand Noah sera reposé.
Moi, je vois le côté aujourd’hui je sais qu’on verra un truc, demain au vu de la météo annoncée, rien n’est moins sur. Comme pour moi Noah, c’est Iron Man, je sais qu’il va chouiner 10 minutes et puis il va s’enfiler comme qui rigole ses 3h de montée.
Mais au final, sur une intonation de voie de Virginie franchement exaspérée qui ne partage pas ma logique découverte vs celle pratiquo pratique qu’elle défend, et après avoir entendu Noah chouiner une nouvelle fois, je ne sais pas pourquoi, pour une fois, je rends les armes non sans ronchonner dans ma barbe. Ok on ira demain.
Je ne vais cesser de regarder dans le rétroviseur le volcan qui fume et Virginie va hasarder un petit « on se lèvera aux aurores demain pour y aller » pour atténuer ma déception assez peu masquée.
1h plus tard, nous voilà au viking Café près de Selfoss. D’abord, on joue sur les meules de foin.
Puis Noah fini par découvrir par hasard l’entrée du restau car on rentre dans ce qui ressemble de prime abord à une grange avant de trouver au fond une porte dérobée qui débouche dans une grande salle en bois sans fenêtre avec une musique entêtante. Noah dévore le « Lamb », qui, on espère, va devenir le nouveau « Biffe de Chorizo » Argentin dont il avait raffolé et qui nous avait grandement facilité les repas là-bas. Noah est aussi chou à table qu’il a été pénible dans la voiture 1h avant.
Direction ensuite notre charmante petite maison dans une ferme. Superbe vue sur l’horizon. Il est 20h30, et on est comme en plein jour. Et oui, en Islande en été fin juillet, le soleil se couche vaguement vers 23h30, il ne fait en fait jamais nuit noire, et à 3h30 du matin on est à nouveau en plein jour.
Noah adore sa petite maison et le Jacuzzi extérieur. Il se met vite à dessiner dehors sur la table avec Virginie. Bref on est à des années lumières de le coucher. Comme quoi, la fatigue, c’est tout ce qu’il y a de plus relatif avec lui.
Comme les volets, ils ne connaissent pas, l’enfant finit par sombrer seulement vers 23h.
Virginie, qui sent que j’avais très envie d’aller au volcan ce soir, me réitère la proposition de partir demain vers 7h30 car la météo nous indique une fenêtre d’observation sans « gaz » entre 10h et 12h.
La nuit sera courte, surtout que Noah dort dans notre lit pour son plus grand bonheur et pour notre plus grande insomnie vu le ver de terre que c’est dans son sommeil.
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