Après la marche du matin, on a rendez-vous à 15h pour notre excursion en canoé, que Ralf, notre guide, appelle la sortie des divorces. Vu notre passif avec virginie sur les sorties Canoë, on voit très bien pourquoi.

Noah entre temps est devenu copain comme cochon avec Charlotte, et nous on a sympathisé avec Delphine et Christian, les parents. Ils ont 10 ans de plus que nous, ont bourlingués à travers la planète au moins autant que nous si ce n’est plus. Il a été numéro 2 de chez Pernod Ricard et vécu à Sydney et Londres avant de s’installer en Suisse. Elle  était designer de chaussures de mode.  On a déjeuner ensemble, passés 2 heures à la piscine. Bref, tout le monde sait tout de tout le monde.

On part à deux canoés. Je vais y aller mollo sur le ramage avec mon hernie d’autant que la dernière fois que j’ai fait du canoé, c’était à Hawaï et je m’étais déclenché le syndrome des loges, qui avait fini par me conduire à l’hôpital quelques jours plus tard. Du coup on convient que l’aide de camp de Ralf sera dans notre bateau, Ralf dans celui des autres français.

Tout le monde ayant promis de ne pas se prendre la tête, on découvre alors nos canoés… Et bien ce sont ceux à moitié coulés qu’on avait repéré en arrivant. Très beau, avec plein de papillons très buccolique qui virevoltent dessus, mais qui affleurent dangereusement l’eau de quelques centimètres sans personne dedans, et d’une bouteille d’eau coupée en 2 pour écoper la flotte à l’intérieur.  Une fois dedans, chaque coup de rame qui créé une petite vague menace de remplir le bateau.

Il faudra moins de 20 mètres pour entendre Charlotte pousser un cri. Dans cette barque qui branlotte à chaque fois qu’on bouge de 10 cm, elle vient de faire fuir un gros caïmans avec sa rame à 1m du canoé. Elle est tétanisée. Ralf a toutes les difficultés du monde pour la calmer d’autant qu’à partir de là, elle voit des caïmans partout.

Alors c’est pas totalement faux – cela correspond à l’endroit que nous montrait Ralf à midi ou en effet il y en avait une dizaine – mais il y a aussi beaucoup de bouts de bois que charlotte prend aussi pour des caïmans.

Ses parents essayent aussi sans succes de la calmer. Le canoé tangue, se remplit de flotte et Delphine écope. Tout va bien ! Il reste 2 heures de canoé à faire, on est sous notre lodge.

Noah, lui, a décrété que le danger, il adorait, donc plus c’est le bazar et plus il est calme et professoral sur ce qu’il convient de faire.

Le reste de la ballade est plus cool. Les paysages sont superbes. On est sur le Rio Negro et ici l’eau est noire et d’un calme total. C’est presqu’un lac. Le point culminant d’hauteur d’’eau a été atteint en juin. On est fin juillet et l’eau a baissé d’environ 2 mètres. D’ici son point plus bas en novembre, elle aura baissé de 11 mètre supplémentaires ! C’est difficile à croire car quand tu regardes, on a l’impression que la végétation est juste à la bonne hauteur et que l’eau ici ne bouge jamais. Donc près de 13 mètres entre les 2 pics c’est dément. Quand tu penses qu’une marée dans l’atlantique c’est 2-3 mètres. Ca doit bien changer le paysage ! Ah, et en bas, en rang d’oignon sur l’arbre que Noah regarde d’un air dubitatif, ce sont des petites chauve-souris..

C’est la raison pour laquelle, ici, la forêt amazonienne se découpe en 3 strates. La partie de la végétation qui est toujours immergée, celle qui l’est 4 mois par an environ,  et celle qui est toujours au sec. Autour de nous, de nombreux arbres vont être entièrement sous l’eau et survivre quand même. Ils gardent sous l’eau le même aspect qu’en dehors avec leurs feuilles ouvertes, et vont continuer à faire leur photosynthèse grâce au soleil qui  continue de pénétrer dans l’eau. Quand la profondeur devient trop importante et qu’il n’y a plus assez de lumière qui atteint les feuilles, la plante change de fonctionnement et se met à tirer l’oxygène de l’eau directement. Si c’est pas merveilleux !

Ici, et c’est la seule bonne nouvelle dans ce monde hostile, pas de moustiques. L’eau est calme comme sur un lac. Les feuilles tombent, se décomposent dans l’eau et créent un niveau d’acidité tel que l’eau en devient noire et qu’il n’y a pas de moustiques qui survivent.

Revers de la médaille, le sol acide est très pauvre et donc les populations préfèrent vivre sur l’Amazone blindé de moustiques mais dont le sol riche leur permet 4 mois par an de cultiver le sol quand l’eau se retire (après avoir amendé les sols en nutriments), plutôt que de vivre sans moustique mais sans possibilité de faire des cultures.

On voit durant la ballade, des petites chauve-souris que Noah observe d’un air dubitatif , des singes, des oiseaux – dont un très beau macao (vous savez le grand perroquet emblématique bleu / rouge des dessins animés.) Peu de photos car ici tout est furtif, très vite caché par les feuilles. Au début on cherchait à prendre des photos et après on a rangé l’appareil et profité du spectacle. C’était plus agréable, et le résultat de notre chasse photographique aurait été décevant de toute façon.

Sur le retour, alors qu’on avait toujours été le deuxième canoé, l’esprit de compétition de Noah reprend le dessus et on se met à ramer à fond pour les dépasser. Premiers au ponton !! Jeux Olympiques de Paris. Médaille d’or par équipe de canoé :  Bartoli / Larher. L’autre équipe étant française, on ramène donc 2 médailles, une d’or et une d’argent. Pas sûr que cela suffise pour passer devant les américains et les chinois. Mais aux JO d’Amazonie, on est pas mal.

Il est 16h30 quand on rentre et la journée est loin d‘être terminée. Le temps de siroter un Sprite, et on se dirige vers une grande tour à quelques minutes du lodge construite en tek par le lodge. Même pour cela on y va en bateau. Moins galère que par la forêt. Vous imaginez..

La tour qu’ils ont construit atteint 31 mètres quand même (la même hauteur que le phare près d’Attins pour ceux qui suivent). Et malgré cela, on arrive tout juste au niveau de la canopée.

L’occasion d’admirer la vue et un merveilleux coucher de soleil.

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