On a tout entendu sur Orlando – et évidemment pas que du bien – sur le temple des parcs d’attraction de Sir Walt Disney.  

Mais pourquoi il l’a appelé « Sir » ? Il n’est pas anglais que je sache ? Exact, j’ai décidé ce matin de l’anoblir. Privilège du narrateur. Un gars capable de transformer une plaine marécageuse en rachetant des bouts de terrain via des sociétés écrans loufoques pour éviter toute spéculation immobilière contre lui, puis d’ériger le château de la Belle au bois dormant dessus et te faire avoir des frissons quand ton petit garçon, émerveillé, se sert contre toi, des étoiles dans les yeux, pendant le feu d’artifice, ce gars là, il mérite bien, d’être anobli.

J’en arrive donc à mon point. On va se fixer un objectif réputé impossible pour les détracteurs d’Orlando. En faire un moment magique certes, pour Noah, mais aussi pour nous. Au programme donc :

  • Du culturel et du mythique avec le Kennedy space center
  • Sea world pour les spectacles d’animaux
  • Magic Kingdom pour le feu d’artifice ou comme dit Noah, le feu d’appipice.

Revenons à la narration du jour. Ce matin, on quitte donc notre hôtel “Miami style” et nos canadiens pour, chacun à notre manière, une journée qui s’annonce longue.

Pour Jenn et Oliver d’abord, car ils viennent d‘apprendre qu’à cause d’une tempête de neige sur Toronto, on leur annonce déjà un retard significatif sur leur vol. Au final ce sera 3h de retard, 2 gros cacas de Zoé et 1h de pleure. Voyager avec un tout petit, ce n’est pas toujours un long fleuve tranquille.

De notre côté, on s’était concocté un programme au cordeau pour pouvoir inclure le Kennedy Space center (KSC) dans notre journée. Il fallait pour cela partir à l’heure (ce qu’on n’a pas vraiment fait), rallier le KSC en 3h15 ( qui deviendront 4h30, après des embouteillages et quelques accidents), puis après la visite, faire une dernière heure de route pour rallier notre hôtel à Orlando.

Les journées de transition ce n’est déjà pas simple, alors quand tu rajoutes un parc au milieu… Julien m’avait dit qu’il fallait absolument aller là-bas. Et puis, Noah, les fusées, je sais qu’il adore depuis qu’on en a construite une ensemble en Légo pendant que je me remettais de mon opération du genou. Alors hors de question de faire l’impasse là-dessus.

Après donc 4h30 de route sans arrêt (merci Noah d’être aussi cool en voiture) à se demander si on n’arrivera pas trop tard, nous voila à 14h30, devant le KSC… qui ferme à 18h. C’est juste, mais ayant pas mal étudié le programme, on a une petite chance de voir des choses chouettes.

Le Kennedy Space Center, Je ne sais pas pour vous, mais moi, ca me donne dès le début des frissons. A l’entrée, une merveilleuse fresque de Kennedy regardant vers les étoiles. Le rêve d’un Homme, qui est devenu le rêve d’un peuple, puis le rêve du monde entier. C’est quand même plus grisant comme ambition politique que d’avoir à expliquer aux gilets jaunes pourquoi il n’est pas si inconcevable de penser que un cheminot dont la pénibilité du travail se résume depuis 30 ans à appuyer sur un bouton, ne justifie pas qu’il ne bosse que 28h par semaine, soit en grève 15 jours par an, et parte à la retraite à 15 ans avant tout le monde.

Allez, du balais la médiocrité. Kennedy a 38 ans. On vit à une époque où on commence à peine à avoir la télé en couleur dans les chaumières, et lui, en un discours doublé d’une volonté de fer, il met en branle 400 000 hommes et 7 ans plus tard, on marche sur la lune. SHOWTIME.

On rentre directement dans le dur. L’entrée du parc se fait par le « jardin des fusées ». Ù ne aire aménagée avec une dizaine de vraies fusées qu’on peut toucher. On se sent minuscule. En même temps, quand on voit l’habitacle réservé aux astronautes, on se dit que finalement le terme « minuscule » devrait être réservé pour parler de la taille de leur habitacle plutôt.

Il faut dire qu’on a tendance à oublier que pour envoyer un homme sur la lune, il a d’abord fallu s’extraire de la gravité terrestre, tourner en orbite autour de la terre, puis autour de la lune, avant d’oser alunir et poser un pied sur la lune.

Je vous épargne l’équation mathématique qui indique quel niveau de carburant il faut embarquer en fonction de la charge utile, mais je peux vous dire que chaque gramme compte. Dans les bronzés font du ski (on a les références qu’on peut), Lhermitte n’arrive pas à remonter Clavier et Jugnot et oblige Jugnot à jeter sa gourmette en or sans quoi il ne pourra jamais les remonter de la crevasse. Là, il se fiche gentiment de la gueule de Jugnot. Mais je peux vous dire que la gourmette dans une fusée c’est déjà quelques litres de carburant en plus à devoir embarquer.

Tout ça pour dire que pour le confort, nos amis astronautes devront attendre un peu, et on voit ainsi dans le jardin des fusées de plus en plus grande pour embarquer le carburant, mais un habitacle toujours aussi restreint pour les petits Playmobil.

Après s’être confrontés au gigantisme de ces premières fusées, on prend un petit bus qui nous fait traverser le complexe de la NASA. 

On y voit l’usine d’assemblage des fusées – un bâtiment de plus de 120m de haut sur lequel on pourrait poser le Colysée dessus – ; la plate-forme pour transporter la fusée jusqu’au pas de tir qui met près de 7h pour parcourir moins de 2km ; le pas de tir et son réservoir de refroidissement qui va déverser l’équivalent d’une piscine olympique toutes les secondes pendant la phase de décollage pour refroidir la fusée et les installations alentours. On ne peut pas dire qu’on voyage dans l’infiniment petit.

Mais ce qui étonne aussi, c’est Space X. Le programme privé du milliardaire Elon Musk. Le nouveau Kennedy de l’espace. Une fortune personnelle, aidée de 3 milliards de dollars de subvention de la NASA, pour relancer la conquête spatiale.

Là ou la NASA s’embourbait dans de la bureaucratie depuis 20 ans, Space X a dépoussiéré tout cela et apporté des solutions révolutionnaires. Rendre la fusée réutilisable, abaisser les coûts, et surtout se remettre à nous faire rêver en projetant d’envoyer bientôt un homme sur Mars.

Et ca se ressent dans leurs installations qui sont également au KSC. Un hangar à l’horizontal, la fusée étant désormais transportée couchée et relevée au dernier moment sur le pas de tir. Le plus gros de la fusée est désormais réutilisable en ayant réussi l’exploit de récupérer les lanceurs qui se posent désormais à la verticale sur une plateforme en pleine mer au lieu d’exploser en plein vol. NASA et Space X : concurrents et partenaires vers un objectif commun : Mars.

Le tout avec un soucis constant de La NASA comme de SPACE X de ramener sain et sauf nos astronautes. Finalement, à part Apollo 1 qui a explosé avec 3 astronautes à son bord (ce qui a beaucoup marqué Noah), le bilan humain est particulièrement faible pour une telle épopée.

Cette visite de 45 minutes en bus, n’aurait pas été aussi palpitante sans une intervention de notre petit Noah. Le bus vient juste de partir et le guide de nous expliquer que pendant 45 minutes on va traverser un lieu hautement sécurisé, que Noah me dit “Papa, j’ai envie de faire pipi”. Bien sur pas de toilettes dans le bus, 45 min devant nous. “Tu peux te retenir ?”. “Ok j’essaye”. 10 minutes plus tard, le petit bonhomme se tortille. “J’ai très envieeeee !!!”. Je tente une incursion vers le chauffeur du bus pour une “Pipi Emergency”. La réponse ne souffre pas de protestation. Zone sécurisée, on ne descend pas. Il fera pipi sur lui. 

Bonjour Mr Phelps, est-ce que vous acceptez cette Mission Impossible ? Of Course. Virginie passe moi vite une bouteille d’eau. Je la bois d’une traite. Et me voilà discrètement à mettre Noah debout sur son siège, et lui faire faire pipi dans la bouteille en espérant que le petit format de la bouteille sera suffisant et qu’on visera bien. 
“Ici Houston, parez pour le décollage. 5-4-3-2-1 “. 
Silence….. 
“Eagle vous me recevez ? “ 
Silence… 
“Eagle vous me recevez ?”
 Silence… 
“Houston, ici Eagle. Pipi Ok, je répète, Pipi ok. Noah a atterri sur la mer de la tranquilité. On vous passe la bouteille pleine pour extraction Houston. Terminé”.

(Pour les moins férus en histoire spatiale, Eagle, c’est le nom du module lunaire de Apollo 11 et la mer de la tranquilité, le lieu choisi pour alunir. Un peu de culture ne peut pas faire de mal).

Et voila comment Noah est probablement le premier astronaute depuis bien longtemps à avoir fait pipi dans une bouteille au prestigieux Kennedy Space Center. Il arbore de manière dubitative son trophée. Pourtant à 4 ans, il a rempli une demi-bouteille. c’est pas mal je trouve.

  • Petite parenthèse : je m’adresse aux gens cultivés. J’ai le souvenir d’un astronaute, peut-être Armstrong, qui a eu également un épisode pipi compliqué juste avant le décollage. Le décollage avait été retardé de 2h à cause d’un incident technique et il avait envie de pisser. Mais pisser dans la combinaison après plusieurs échanges avec le centre de commande était jugé trop dangereux, le liquide pouvant poser des problèmes de pressurisation dans la combinaison. Bref, je cherche qui a eu ce problème et comment ils l’ont résolu. Mon billet aurait été plus “pointu” si ma mémoire était plus précise, mais j’écris dans la voiture et pas d’internet…-

L’incident pipi désormais résolu, on arrive au hangar où est présenté la fusée Saturne V, de la mission Apollo 8. Apollo 8 c’est la première mission ou l’homme tourna en orbite autour de la lune.

C’est très bien fait. Une première salle qui raconte l’épopée sur un écran géant. Une seconde qui reproduit le centre de commandement et nous fait revivre les 3 minutes précédent le décollage. Vous n’imaginez pas le nombre de compte à rebours que j’ai fait depuis le soir à Noah en racontant une énième histoire de kiki l’astronaute.

Puis l’accès au hangar qui abrite Sature V, plus grande fusée jamais construite. Plus de 100m de long. Je vous laisse juger des photos pour voir la taille tellement c’est inimaginable quand on est dessous.

3 étages de carburant emboités les uns dans les autres et qui vont devoir s’allumer et se détacher successivement dans des conditions extrêmes pour pouvoir atteindre la lune. 5 réacteurs de poussée dans le premier étage, 3 dans le second et un seul pour le dernier. Noah arpente de long en large la fusée. 

On est tous fascinés d’imaginer que 3 gars sont montés et se sont assis volontairement tout en haut de ce gigantesque réservoir de carburant et qu’à la fin du compte à rebours, on a allumé la mèche. 

On rentre ensuite dans un amphithéâtre qui retrace l’alunissage de Armstrong. J’avais complètement oublié que le système de guidage déconnait et qu’Armstrong a fini par le désactiver et a réussi à atterrir en manuel à 6km de l’endroit initialement prévu avec moins d’une minute de carburant, puis que pour décoller, ils avaient miraculeusement pu remplacer le bouton d’activation des moteurs qui s’était cassé par un stylo qu’il avait dans sa combinaison. 

Puis Noah touche un morceau de la lune. Il est aux anges. Plus tard c’est décidé, il sera Astronaute. Après le pipi dans la bouteille, tu auras une anecdote à raconter quand tu seras interviewé juste avant d’aller toi aussi dans l’espace.

La visite terminée, Noah parcoure la place qui commémore tous les astronautes de la NASA. Dans la mémoire, on s’arrête souvent à Apollo 11 et Armstrong, mais il y a eu 7 autres missions par la suite et de nombreux autres astronautes qui ont foulé le sol lunaire. Comme quoi, l’Histoire ne réserve pas de place pour les seconds.

Retour au centre spatial en bus. On est un peu minuté par le temps mais on se dirige vers le hangar de la navette spatiale Atlantis. Atlantis, c’est le projet fou de faire un vaisseau qui décolle comme une fusée et qui atterri comme un avion. C’est cette navette qui a permis ainsi d’assembler plus facilement la station spatiale internationale ISS et le téléscope Hubble.

Devant le hanger, le lanceur d’Atlantis (c’est à dire les réacteurs de part et d’autre et en orange le réservoir de carburant). La navette s’accrochait dessus et se détachait une fois la mise en orbite effectuée.

Une fois dans le hanger, la visite se fait la aussi en 2 étapes. Un film qui raconte comment en 10 ans ils ont réussi à vaincre ce défi technologique. A la fin du film, l’image se fige sur une photo de la navette Atlantis, puis l’écran se désopacifie et s’ouvre sur la navette Atlantis en taille réelle. C’est une émotion incroyable de voir cette navette spatiale, directement sortie d’un film de science fiction, qui a été dans l’espace. On a l’impression de voir encore des vapeurs de fumée sortir du fuselage comme après une rentrée atmosphérique.  

Noah joue au pilote dans une réplique des modules de commande de la fusée. Je le trouve plus crédible en pilote que Bernadette et son sac (je rigole). Puis on va voir une réplique du téléscope Hubble qui a été mis en orbite, et une réplique d’un couloir de la station ISS ou Noah passe à 4 pattes facilement, et un adulte difficilement tellement c’est exiguë. J’en sais quelque chose il m’a fait y aller aussi !

Il est 18h, le KSC ferme. On a pas tout vu, mais on a bien profité. En plus, on sort par La grande porte si je puis dire. Un super toboggan qu’on va refaire 3 fois, c’est à dire jusqu’à ce qu’on nous dise que c’est vraiment fermé maintenant.

Avant de partir, sur la place, on est une dizaine à sauter sur des petits hexagones de couleur qui s’allument à chaque saut et qui sont censer remplir la fusée de carburant sur un écran. Dès que c’est atteint et que la jauge est pleine, une fusée miniature décolle.

Noah a été émerveillé de bout en bout par les fusées. Et je dois dire que nous aussi. Merci la NASA, merci Kennedy.

Il est 20h30. Noah n’a pas mangé de la journée (Pas le temps), a fait 5 h de route, visité le KSC pendant 4h et on fait maintenant route vers Orlando sous un magnifique coucher de soleil. Encore une journée bien remplie. Houston, mission accomplie.

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