Aujourd’hui, on plie les gaules de Waimea, direction la baie d’Halanei dans l’extrème nord-ouest de l’ile. 1h30 de route qu’on va entre-couper d’une super rando en Kayak aux Uluwhei falls, celle-là même qu’on aurait dû faire hier et qu’on avait dû reporter pour cause de décalage de l’horaire du tour en hélico.

Au final, ce n’est pas plus mal, car c’est pile poil sur notre chemin et comme ils annoncent des pluies entre 13 et 15h dans le nord, aucune urgence à se rendre si vite là-bas.

Votre serviteur s’est parfaitement documenté et sait donc qu’il faut arriver à 9h au plus tard là-bas pour avoir une chance d’avoir un kayak de dispo. Il faut également louer de préférence le Kayak au Kamikola Hawaiian village car il est situé plus en amont de la rivière et on s’évite ainsi 30 minutes aller-retour de kayak sur la partie la moins intéressante de la rivière.

Et ça, c’est important car avec Virginie on a un petit contentieux sur le kayak depuis toujours, la faute à un petit problème de synchronisation collective pour le dire poliment qui fait qu’on a une forte propension à s’épuiser en tournant en rond. Donc 1h de kayak en moins, ce n’est pas négligeable pour la paix du ménage.

En revanche, je mets la pression sur Virginie pour qu’on boucle les sacs dans les temps car on est à 40 bonnes minutes de routes du Kamikola Hwaïan village et on ne se débrouille pas si mal puisqu’on arrive devant à 9h15. Seulement 15 min de retard, j’achète !

Sauf que voilà, à partir de là, ça part en sucette. Une première entrée – fermée – nous indique que la bonne entrée se situe un peu plus loin, sauf qu’on ne la trouve jamais. La route est étroite, on est talonné de près par d’autres véhicules, et après 1 km force est de constater qu’il y a un souci. On fini par réussir à faire demi-tour, on ouvre grand nos mirettes, mais toujours rien et on redépasse à nouveau la première porte sur 500m. Nada.

Pendant ce temps, je pousse mes recherches sur internet et découvre que le Covid est passé par là et que contrairement à ce que le site du village indique, le Kamikola Village est fermé sans annonce future de réouverture. Mierda ! (J’utilise une langue du sud car cela me rappelle le Cerro 7 colores en Argentine près de Barréal qu’on n’arrivait pas à trouver non plus jusqu’à ce qu’on découvre que la route avait disparu sous un effondrement de terrain après une innondation).

Qu’à cela ne tienne, on ne va pas abdiquer si facilement. Un rapide coup d’œil sur Google Maps m’indique trois autres loueurs de Kayak à l’embouchure de la rivière.

Sauf qu’on trouve porte close sur chacun avec des messages écrits un peu partout franchement désagréables « non, on n’est pas la compagnie machin truc, demandez en face », « Sold out », « ca sert à rien d’insister ». Bref, 15 minutes plus tard et après avoir fait les 2 rives, je tombe sur une nana d’une de ses sociétés de location qui me dit que de toute façon tout le monde est complet jusqu’au 11 août et qu’il n’y a aucune alternative possible.

Ca me fout en rogne d’autant que je vois des kayaks inutilisés partout le long de la rivière. C’est un peu masochiste quand j’y repense, parce qu’en réalité avec Virginie, on déteste le Kayak. Je lme mets en quête d’une solution alternative sur internet et tombe sur le site bringmeakayak.com Le principe ? tu leur dis ou tu es, et ils t’amènent un kayak. Un peu trop beau pour être vrai.. En plus ils en auraient 2 de dispos pour 10h du matin soit dans 10 minutes. En espérant que ce site ne soit pas un « Bring me a pigeon », avant de réserver, je les appelle au téléphone. Au début ça ne répond pas mais à force d’insister je tombe sur une nana qui m’explique leur principe.

Ils ne peuvent pas amener les kayaks près de la rivière (à mon avis ils se font pourrir sinon par le cartel local des loueurs de Kayaks, mais ils te filent un rdv à 1 km de là. Tu charges ton kayak sur le toit de ton véhicule, tu y vas tout seul et tu leur ramènes le kayak avant 16h au même point de rdv.

Coût 125 dollars. Je suis un peu dubitatif mais ne voulant pas rester sur un échec, je paye et me dit qu’on verra bien. On est supposé recevoir 2 sms avec le lieu de récupération du Kayak, mais rien n’arrive sur notre tel. La nana me donne donc le lieu par téléphone et on y va.

J’avoue que la perspective de défoncer maintenant le toit de la voiture en y posant un kayak après avoir défoncé le pare-chocs et la portière en moins de 48h me plait assez.

A 10h nous voilà donc au point de rdv et c’est super bien organisé. Briefing en 40 secondes en mode commando.

  • 1/ Flashez ce QR Code pour télécharger la carte vers les Secret Falls.
  • 2/ Restez sur la rive droite le long du fleuve car les bateaux des autres compagnies n’hésiteront pas à vous foncer dessus et vous faire chavirer.
    3/ Quand vous lâchez votre kayak à l’approche des Secret falls, vous aurez 1 miles à marcher. Prenez vos affaires avec vous. Si quand vous revenez vos rames ont disparues, cherchez dans les fourrés. Les autres compagnies les balancent parfois pour nous emmerder, mais l’escarmouche ne va jamais beaucoup plus loin normalement.

La guerre des Kayaks fait rage on dirait. Dommage qu’on ne soit pas en treillis avec de quoi se faire es peintures de guerre.

On avait finalement pris 2 kayaks, mais sympas les gars nous disent qu’il vaut mieux en prendre un seul et de mettre Noah au milieu car sur le retour on a le vent contre. Ils nous remboursent immédiatement le deuxième kayak, puis ils balancent dans notre coffre les rames, 2 sièges de kayak, 3 gilets de sauvetage, 1 sac imperméable et même un étui imperméable pour téléphone.

Briefing en 30 secondes de comment mettre un Kayak qui pèse une tonne sur le toit. 2 gros morceaux en mousse à poser de part et d’autre du toit. On hisse le kayak dessus (plus facile quand tu fais la corpulence des 2 gars que quand on je le ferai au retour avec virginie et mon épaule en bois.).

On passe 2 sangles au-dessus du kayak qu’on passe ensuite dans le véhicule par les portières de la voiture en mode ruban pour les cheveux. On sert fort – mais pas trop fort pour ne pas plier le toit de la bagnole – on vérifie qu’au premier coup de frein le kayak ne va pas voler dans les airs en mode planche de surf dans l’Arme fatale (on a la culture cinématographique qu’on peut) et hop, transformés en armées des bringmeakayak contre le reste du monde, nous voilà partis au point de largage après avoir pris 3 bonnes minutes pour réussir à s’engager avec notre cargaison dans le highway en travaux blindée de monde.

On ne s’en sort pas si mal au final. A 10h30, nous sommes dans notre Kayak ( on a réussi à descendre le kayak et accrocher les sièges, Noah a assemblé les rames et aidé à tirer le kayak à l’eau et on n’est pas tombé dans la flotte en essayant de monter dedans).

On commence notre thérapie de couple. Ah oui, on avait oublié de vous dire avec Virginie. Il y a 2 situations dans la vie où on se prend la tête avec Virginie. 2 en 21 ans de carrière, vous avouerez que ce n’est pas beaucoup. Et l’une des deux situations est d’être dans un Kayak. Et ça c’est plutôt rassurant pour le couple, parce qu’honnêtement, on n’est quand même pas souvent dans un kayak dans la vie quotidienne.

Alors pourquoi la prise de tête en kayak ? Un petit problème de synchronisation et de mauvaise foi respective qui nous a un peu fait tourner en rond aux 4 coins du globe (sur la barrière de corail en Australie, Polynésie, sur la baie d’Halong, au Canada…)

Et je passe directement à la conclusion pour ne faire languir personne. Cette fois, il semblerait qu’on ait réussit haut la main notre thérapie de couple. Malgré quelques coups de rames que m’a donné Virginie, on ne s’est pas engueulés une seule fois alors qu’on a ramé 2 bonnes heures. Petit bémol à suivre qui pourrait changer un peu la donne, depuis 2 jours je ne peux presque plus me servir de ma main droite (impossible de savoir si c’est d’avoir compensé avec mon épaule en bois, de m’être fait piquer par une bête dans la forêt au poignet, ou le fait que Virginie ait lâché le kayak quand on voulait le remettre sur le toit).

Revenons-en à notre rando en mode triathlon.

Un peu plus d’une heure pour remonter la rivière en zigzags pour satisfaire l’envie de l’enfant d’attraper les fleurs d’hibiscus qui flottaient un peu partout, le tout sans chavirer quand on se penchait pour les rattraper avec les rames.

Puis dépose le Kayak dans une aire ou il y avait des dizaines de Kayak (ce qui est très photogénique mais pas rassurant pour l’intimité des « Secret falls » qui du coup ne semblent plus très secrètes.

S’ensuit 1,5 km de marche super sympa à travers la végétation luxuriante. Au milieu des fougères, sous des arches végétales, traversant à gué une rivière (Noah va revenir en arrière pour aider sa maman), en faisant de l’escalade dans la boue, ou en marchant sur des planches de bois…  C’est très varié et évidemment Noah adore.  Autre bon point, on croise 4 grands groupes de touristes provenant probablement des sociétés de Kayaks ennemies, ce qui dans ma tête veut dire autant de moins de touristes à l’arrivée aux chutes.

Et en effet, quand on arrive, à part une très rapide petite cérémonie de mariage local avec un gars qui souffle dans un coquillage en mode cor de chasse et un couple sous les chutes qui doivent se jurer plein de belles choses sans savoir dans quelle galère ils s’engagent (oui je sais j’ai un romantisme fou..), il n’y a pas tant de monde que cela.

Et cela s’améliore – enfin façon de parler – car à la faveur d’une micro-averse, quasiment tout le monde s’en va et nous revoila plus que quelques âmes égarées devant la cascade, entourés de coqs. Ah oui j’avais oublié de vous dire, mais ici le coq est à Hawaii ce que le pigeon est à Paris. Tout aussi con, il faut bien l’admettre, mais plus joli quand même.

Enfin presque seuls, Noah veut absolument aller se mettre sous la chute d’eau qui tombe d’une bonne vingtaine de mètres de haut. L’eau est bien sûr gelée à cet endroit qui ne voit quasiment pas le soleil, mais il est tellement excité à l’idée d’y aller que j’essaye me^me pas de lui faire entendre raison. Zip zap, on s emet en maillot et go go go.

Y aller s’avèrera hautement casse-gueule car l’eau est suffisamment trouble pour que tu ne vois rien et ponctuellement, alors que tu as de l’eau jusqu’à mi-torse tu te manges sans crier gare un rocher au niveau du genou. A partir de là je me retrouve à avancer comme un aveugle attendant à chaque moment ce choc douloureux du basalte sur ta jambe qui n’a rien demandé à personne.

Quelques bleus plus tard nous voilà sous la chute. Noah ravi de l’avoir fait, mais désormais à juste titre transi de froid avec la peau qu’il a sur les os, veut revenir sur la terre ferme. Et rebelotte. Je le reprends dans les bras, me met en opposition pour les chocs futurs qui m’attendent et continue de me massacrer les jambes en avançant vite car il grelotte de plus en plus.

Pendant que les pailles-en-queue ont fait leur apparition autour des chutes, on essaye tant bien que mal avec notre unique serviette de réchauffer Noah qui est clairement gelé. En même temps je pense que l’eau était bien en-dessous de 20 degrés.

Ca se calmera sur le retour lorsqu’il aura suffisamment marché pour remettre en route la machine. Arrivés au Kayak nos rames sont toujours là. Noah nous surprend par sa force en réussissant seul à remettre le kayak à l’eau. Tout en muscle le bonhomme ! Et nous revoila repartis pour 1 bonne heure de ramage, cette fois-ci à contre-vent pour retourner au bercail.

On met un peu de côté la consigne de rester sur la rive gauche et on commence à couper les virages pour gagner quelques mètres. ON des warriors oui ou non ?

A 200 mètres de l’arrivée, Noah décide de mettre à l’eau tous les Hibiscus les déposant une à une dans l’eau en ligne droite tandis qu’on rame comme des galériens, au motif que les Hibiscus seront plus heureux dans l’eau.

Voilà, notre rando kayak est terminée. On est super content d’avoir réussi à la faire sans s’engueuler avec Virginie 😉. Noah nous prend en photo pour immortaliser l’instant.

On réussit même à remettre le kayak sur le toit de la voiture. Virginie la,ce un petit reproche comme quoi j’aurai trop serré la sangle et que le toit se mettrait à gondoler.. Je lui montre la gueule du coffre pour la ramener à notre sujet sur le poids et le bordel des bagages. Elle baisse la tête penaude, je détends un peu la sangle. 1-1. On se remet en route et miracle on réussit à tout ramener en un seul morceau au point de rdv pour 15h30.

Direction notre hôtel à Hanalei. 1h15 de route que Noah mettra à profit pour s’endormir comme d’habitude 15 secondes après qu’on ait démarré. Arrivés à Hanalei, on abandonne toute idée de découverte et on prend vite possession de notre petit appart avec vue sur la mer. Noah est aux anges. Il a sa chambre à lui, sa salle de bain et même son coin bureau. Il s’enferme et s’organise sa petite vie fièrement, je me remets à l’écriture et Virginie part chercher une laundry…

Ce soir on dînera au restaurant de l’hôtel qui s’avère très bon par ailleurs. Noah s’endort pour la première fois du séjour dans son lit. Yeah !! Tout est possible !

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