Journée de transition vers Bukit Lawang, l’entrée vers le parc Leuser où l’on essayera d’apercevoir des orangs outans. Départ vers 9h pour un peu plus de 2h de route en jeep locale (comprendre couleur vive et sans climatisation), mais au final limite plus agréable car avec les vitres ouvertes on n’a pas chaud du tout.
Premier arrêt dans une école maternelle où des dizaines d’enfants nous accueillent avec beaucoup d’enthousiasme et de gentillesse dans leur uniforme bordeaux. Très vite, Noah est entraîné par les enfants de l’autre côté de la route pour aller faire une petite partie de foot, Noah contre le reste de l’Indonésie. C’est toujours amusant de voir la différence de relation au danger et à la route. Ici personne pour surveiller les enfants même très jeunes qui vont joyeusement gambader d’un côté à l’autre d’une route que les véhicules traversent à fond les ballons. En France on aurait 3 encadrants, mis un passage piéton, un dos d’âne, voir un radar 100 mètres avant si un accident y avait déjà eu lieu.
Toujours est-il que Noah est parti avec tout ce petit monde et que visiblement, les célébrations de buts de Ronaldo à Mbappé ont largement atteints les coins reculés de Sumatra. A ceux qui ne savent pas pourquoi ces stars sont payées si chers, en voici la meilleure démonstration. Tu dis que tu es français, on te répond Dembelé ou Mbappe, pas LVMH Macron, ni même la tour Eiffel. Le foot, meilleur vecteur de rayonnement de notre pays à l’international.
On reprend la route et nous nous enfonçons à nouveau rapidement dans les dizaines de milliers d’hectares de plantation de palmiers qui ont remplacé la jungle et les anciennes plantations de caoutchouc. Contrairement à l’idée que je m’en faisais, toute cette zone est très vallonée. On est plus près du pays basque en terme de topographie, que de la Sologne.
Aussi, à la faveur d’un point haut dominant les vallées, une usine de raffinage d’huile de palme jailli en plein milieu des plantations. Persuadé qu’on allait en visiter une – alors qu‘en fait pas du tout, la faute probablement à une incompréhension Panjiesque – (oui à la 10ème occurrence d’un évènement, je trouve que cela mérite de rentrer dans le dictionnaire), j’avais demandé à Chat GPT en anticipation de notre visite de me faire la visite avant l’heure pour moins galérer avec Panji dans le cas où il essayerait de nous raconter un truc.
Pour la faire courte, car même si on ne l’a visitera pas cela reste intéressant, les grappes de fruits qui atteignent en moyenne 25 kilos, sont coupées et doivent en moins de 24h être traitées pour stopper leur début de fermentation, d’où le besoin d’avoir l’usine directement au cœur des plantations. On déverse ainsi les fruits dans de grands bacs et sont stérilisés dans des autoclaves à vapeur. Elles passent ensuite dans un grand tambour, appelés égrappeur pour détacher les fruits de la grappe, puis dans des digesteurs pour être pressés et en extraire un mélange d’huile, d’eau et de fibres. On clarifie ensuite par décantation pour que l’huile rouge-orange surnage et quitte ainsi l’usine vers des raffineries. On s’y croirait hein ?
Il y a bien un débat sur l’impact des plantations à cause de la déforestation qu’elle engendre, mais comme toujours le débat est plus complexe car le rendement est tel que si on arrêtait l’huile de palme il faudrait 5 fois la surface pour compenser avec d’autres cultures.. A méditer…
En tout cas, à défaut de visite d’usine, on s’est en revanche arrêté un peu plus loin, toujours sur une hauteur dominant les plantations de palmiers dans un endroit super chouette pour se prendre un peu d’eau de coco et récolter du caoutchouc. Ce qui m’a permis de parfaire nos connaissances acquises notamment au brésil l’été dernier. Cet arbre endémique a ainsi bien été importé du Brésil pour son climat, a été la culture principale de Sumatra jusque dans les années 80s avant de se faire supplanter progressivement par l’huile de palmes autrement plus simple à récolter et plus rentable.
En tout cas durant notre halte, on a récupéré des graines de l’arbre à caoutchouc et Noah en a profité pour faire avec une partie de billes avec Virginie. Un petit coin de paradis où le temps s’est arrêté et où l’on a plaisir à rappeler que l’on s’amuse autant voir plus avec des graines qu’avec un ipad…
Après cette parenthèse enchantée, l’arrivée à Bukit Lawang à l’hôtel Heritage est hard. Visiblement l’Héritage a été dilapidé ou l’oncle était particulièrement radin. Bon, on l’a compris, s’y prendre un peu tard pour els vacances et sortir des plages indonésiennes pour des zones moins touristiques nous a laissé avec un choix limité sur l’hôtellerie.
On s’en fout un peu d’habitude, mais là c’est vraiment crado. On attend 40 minutes car la chambre n’était pas prête, et Panji me glisse un truc sur un lit cassé, mais comme je ne comprends rien à ce qu’il dit…. En plus pas de chance, on est en bord de rivière et une pelleteuse est entrain de refaire les berges. On quitte la sologne de Jean louis et notre pelle de 8t pour retrouver la même ici !
Je pars en éclaireur sur un pont suspendu au-dessus de la rivière qui donne sur un ecolodge que j’avais repéré à l’époque mais qui était complet, d’où le « 2ème meilleur choix » de l’Héritage. Rien à voir en effet, celui-ci a l’air bien et en plus il a un espace lounge vivant. On est là que pour une nuit donc au pire on ira squatter là-bas et on traversera juste le pont pour dormir.
De retour, on me fait signe que notre chambre est enfin prête. Après avoir gravis les marches les moins conventionnelles qu’il nous ait été de voir en hôtellerie ou même dans des constructions en général (je dirai au moins 50 cm de haut pour la plupart, qui plus est de hauteur inégales (bonne chance pour les porteurs de nos 2 enclumes), on pénètre dans notre palais (salle de bain pas faite avec les produits dégueu de l’occupant précédent, tapis de bain trempé, porte en miroir cassé, etc…).
Bon, Virginie est cool, mais même pour une nuit c’est pas génial côté hygiène. On emménage pas, on part se chercher un restaurant et demandons à l’accueil de faire (refaire) la chambre.
Pendant ce temps pour ne pas donner de faux espoirs à Virginie je regarde sur booking si par hasard il n’y a pas une chambre de dispo à l’Ecolodge. Il semble en rester une mais que pour 2 personnes, puis elle disparait de Booking. Je décide de tenter en passant en direct via whatsapp, tandis qu’on part manger dans un restaurant typique. Le portrait au mur qu’on avait pris pour la photo du sultan et sa femme était en fait la tenante du restau et son fils. En tout cas on était là ou on voulait. Un peu épicé peut-être, mais très bon.
Pendant tout ce temps, j’échange avec l’écolodge par Whatsapp et ils finissent par me proposer leur dernière chambre mais pour 2 nuits minimum. On ne reste qu’un nuit, je négocie encore et finalement ils me disent ok pour une nuit. En même temps le prix de la chambre petit dej compris était de 600 000 roupies, soit 30 €, donc j’aurai même pu payer 2 nuits et n’en consommer qu’une pour sauver ma femme du désastre sanitaire. En tout cas l’art du deal” n’est pas l’apanage de Trump visiblement, I kniw my way too !
En sortant du restau, pendant que je vais à l’ecolodge finaliser mon deal, je l’apprendrai plus tard, Virginie et Noah se faisaient courser par des macaques un tantinet agressifs. J’appelle Virginie de là-bas une fois la chambre inspectée pour lui annocner la bonne nouvelle et qu’elle vienne me rejoindre. Voilà, il est 16h tout le monde est content, et je suspecte Panji de l’être également car il se retrouve aussi hébergé dans notre hôtel. Je me demande du coup si le lit cassé dont il avait parlé n’était pas en fait son lit cassé à l’Heritage…
On s’installe en bord de rivière au lounge, cette fois du bon côté de la rive (décidément c’est toujours une histoire de pont en Indonésie. Dès que tu le traverses tu arrives au paradis), et on passe l’après-midi à jouer au Yams, au Uno, et moi à écrire pour rattraper mon retard sur le blog.
Il est presque 19h, j’avais demandé à Panji dans la journée s’il pleuvait ici tous les soirs comme à Tangkahan (histoire de prévoir un peu notre matériel pour le trek demain). Il m’a répondu « jamais, ici micro climat ». Bilan des courses, il est 19h10, le tonnerre tonne et tout de suite après il se met à pleuvoir. Comment dire…
Le dîner est en effet de l’indonésien en mode international, mais c’est PROPRE, alors ça fait le job. On rencontre notre guide local anglophone très sympa ce qui nous permet de nous équiper correctement pour notre bivouac dans la jungle pour voir les orang outans.
Il nous demande si on accepte 2 hollandais avec nous car il y a pénurie de guide. Ok why not. Et chacun se dit bonne nuit car une longue journée nous attend.
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