Il est 15h et c’est l’heure de notre première sortie, celle que Virginie et moi redoutons toujours dans ces endroits : la visite d’une famille locale. En général, les villages locaux attrape touriste on déteste et on a failli refuser quand on nous l’a proposé pour tout vous dire. On l’avait fait en Afrique, on l’avait fait en équateur en Amazonie, et à chaque fois ça fait faux. Et puis, je ne sais pas, cette fois on s’est dit pourquoi pas.
Et on a eu raison, car en fait c’était très intéressant. La vie ici s’organise autour du fleuve. C’est la zone de pêche pour subsister en partie, mais c’est surtout le moyen de transport et de communication car marcher dans la jungle c’est extrêmement compliqué. On aura le temps de le découvrir plus en détail, mais ici le niveau d’eau varie de plus de 10 mètres entre la saison des pluies et la saison sèche. Aussi la saison sèche pour eux n’est pas catastrophique à cause du manque d’eau, mais parce que le débit du fleuve devient tellement sec à certains endroits que cela les isolent. Les écoles sont fermées car plus de possibilité de faire le ramassage scolaire en bateau, et ils vivent en gros en autarcie durant cette période.
Dans les environs, il y a 70 familles qui vivent, mais pas regroupées dans un village. Chacun à sa portion de terre le long du fleuve et il y a une zone commune (notamment l’école a un endroit distinct).
On ne va donc pas visiter un village, mais une famille qui vit là-bas et qui avant vivait comme toutes les familles du coin principalement de la culture du manioc et de la pêche pour subsister. 1H de bateau dans la rivière Juma pour y arriver. Le lodge a passé un accord avec eux. Il les rémunèrent pour la construction / entretien du lodge (notamment les bâtiments en bois, les toits en feuille de palmiers) et pour nous montrer la culture du manioc. Cela leur permet de s’extraire des 12h par jour de culture et nous de voir comment ils font. Pas de chichis, de danse à la con, etc…
Pour Noah, qui va être l’apprenti d’un jour, c’est sympa, car il adore la Farafa qui est cette poudre de manioc qu’il mange depuis 1 semaine sans rien tellement il adore. Vous savez, genre en mode plat de semoule alors que c’est supposé être un condiment. Et là, il va voir toutes les étapes pour que le Farafa arrive dans son assiette.
On plante le manioc, qui va mettre 1 an environ pour devenir un petit arbuste. Ensuite il faut la déterrer (pas simple et bien lourd), couper les racines, les éplucher avec un outil bien pratique d’ailleurs, puis on va les broyer pour en récolter une forme de pate.
A ce stade, tout est bien toxique et il suffit de faire boire de ce jus à une vache pour la tuer en 1heure. Même résultat pour nous si on en boit. Probablement même plus rapide.
Ils vont donc devoir séparer ce jus en 3 éléments pour le rendre comestible. D’abord en le passant dans un pressoir tressé. Cela permet d’avoir une pate plus compacte qui, une fois qu’elle sera passée au tamis et cuite 1h30, deviendra non toxique et donner le fameux Farafa.
Ensuite il faudra laver à l’eau à plusieurs reprises le jus qui est sorti du pressoir. Au 3ème lavage, il reste au fond une pâte blanche, non toxique, qui devient le tapioca. Quant au jus ? Il servira d’insecticide redoutable contre les fourmis, moustiques et autres. Rien ne se perd, tout se transforme.
On est ensuite invité à prendre un café maison. Franchement, le café j’aime pas trop, mais celui-là, délicieux. Pendant ce temps Virginie et Noah se trouvent une boucle d’oreilles plumes, un stylo plumes, et un petit bracelet… pour 12 €. Ca va, et en plus c’est joli.
Pendant ce temps le guide nous apprend des trucs étonnants sur les symbioses qui se sont développées entre les espèces. Je vous en livre les 2 plus intéressantes.
Guêpes et Weaver birds. Ici les nids de guêpes ça ne rigole pas. Il suffit de regarder la photo. Et généralement tous les êtres vivants ont la bonne idée de s’en éloigner le plus possible. Mais voilà, les Weaver birds, eux, ont découvert un moyen bien efficace de protéger leurs nids des agresseurs principaux de leurs bébés, les moustiques, qui pondent dans la peau, ce qui tuent régulièrement les oisillons au moment de l’éclosion des œufs.
Il se trouve que les guêpes, elles, raffolent des œufs de ces moustiques. Bilan des courses, les guêpes tolèrent les oiseaux à proximité de leur nid et en profitent pour se régaler en mangeant sur les oisillons tous les œufs de moustiques qui sont pondus. Elles se régalent, et les oisillons sont protégés.
Plus étonnant encore, la symbiose entre les termites et les perroquets verts. Là aussi, les perroquets ont besoin de protéger leur nid. Ces derniers ont pris l’habitude de faire leur nid au fond des termitières. Pour cela ils creusent dans la termitière, vont tout au fond de celle-ci et y déposent leurs œufs. Chose épatante, les termitières qui n’hésitent pas à déchiqueter le moindre animal qui s’approche de leur termitière vont non seulement tolérer cette intrusion, mais en plus protéger les œufs, puis les bébés perroquets.
Mais la suite est plus macabre. La mère perroquet qui en général donne naissance à 4 – 5 bébés, va volontairement en nourrissant ses petits en laisser un avec un minimum de nourriture, l’empêchant de se développer correctement. Lorsque les bébés perroquets sont fin prêts pour quitter le nid, ils partent sauf celui qui a été mal nourri et qui n’est pas suffisamment fort pour le faire. La mère l’abandonne et, laissé tout seul, les termites le tue alors et le mange. Le perroquet a donc décidé de sacrifier systématiquement un petit pour garantir la survie des autres. Bon Noah a de la chance, il est fils unique, on ne va donc pas le sacrifier tout de suite.
On quitte notre famille, pour reprendre le bateau. A l’aller on avait aperçu un dauphin rose et son petit, ce qui était déjà top. Au retour, on verra un macaque qui après nous avoir longuement observé de son arbre s’enhardira au point de débarquer sur le bateau pour voir s’il n’y a pas quelque chose à manger.
Puis un macao et d’autres espèces d’oiseaux. L’Amazonie, ce n’est pas l’Afrique. On le savait. Il y a bien une vie animale très développée mais la jungle est tellement dense que voir des animaux relève toujours d’une gageure. On s’en sort donc pas si mal pour une première sortie.Vivement demain
En rentrant de dîner, ciel étoilé…
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