Après une nuit dans l’avion, on atterrit à 8h40 à Johannesburg. Direction notre correspondance pour Hoedspruit via un court vol intérieur de 55 minutes. A peine arrivés dans l’avion à hélices, Noah et Virginie s’endorment. Si Virginie ne fait que somnoler par intermittence, Noah, lui, ne se réveillera qu’à la faveur d’un atterrissage un brin violent à Hoedspruit. Il parait que moi aussi j’ai piqué du nez d’ailleurs…

Alors que l’avion roule sur le tarmac, j’annonce à Noah qu’il y a 3 minutes lors de la descente j’ai vu se dessiner le contour d’une girafe sur un lac.

Noah n’a pas le temps de regretter de l’avoir raté qu’il repère tout seul trois impalas le long de la piste. J’adore l’Afrique et ses aéroports. Tu atterri en pleine savane et les bâtiments sommaires de l’aéroport participent déjà au dépaysement.

Le temps de récupérer notre voiture de location chez Avis et de se rappeler qu’ici, bien sûr, on roule à gauche, on met ensuite un certain temps avant de quitter définitivement la zone de l’aéroport car le peu d‘internet m’empêche de savoir quelle direction prendre pour aller à notre lodge « Imagine Africa » dans la réserve de Balule.

A force de faire reculer Virginie sur la route vers l’aéroport, je récupère enfin une infime trace de réseau et on file enfin dans la savane tant que le téléphone nous indique une direction.

Noah sombre à nouveau dans les bras de Morphée tandis qu’on cherche cette fois le bon point d’entrée dans la réserve. Il faut dire que notre ami Google a certes calculé le chemin le plus court, mais ne fait visiblement pas la différence entre un chemin empruntable et un chemin de piste fermé par une clôture électrique infranchissable.

Bref, après une petite demi-heure de route on finit par trouver l’entrée de la réserve de Balule et après s’être acquittés du droit d’entrée, on s’enfonce dans des chemins de brousse. C’est l’Islande sans les franchissements de rivière, mais no worry, on a un bon 4×4. Noah s’est entre temps réveillé et découvre ses premiers animaux : quelques impalas, puis 3 grands éléphants en bord de piste. Il s’exclame alors « Waouh, alors là, on est déjà bien rentrés dans l’Afrique ! ».

J’adore les expressions des enfants. Ils ont le mot tellement juste. A 14h30, 20h après avoir quitté Paris, on fait face aux éléphants. Les vacances commencent vraiment.

A peine arrivés à Imagine Africa, on rencontre Tom Cruise et sa femme. Et oui Marion,  toi tu as peut-être interviewé Tom Cruise il y a 15 jours pour son nouvel opus de Mission impossible, mais nous on va rester 2 jours avec lui ! Enfin, presque car notre Tom Cruise a une femme qui s’appelle Marta et s’est en fait un homonyme. Mais bon, c’est bien quand même.

Très sympas. Ils sont d’Atlanta et leur fille vétérinaire fait 3 semaine de stage au Rescue center à côté. Ils ont d’ailleurs passé 6 jours avec elle à s’occuper d’animaux.

On a juste le temps de déjeuner tous ensemble, de poser nos affaires dans notre petit lodge, de rappeler à Noah qu’étant en milieu sauvage, la clôture qui jouxte notre lodge est électrifiée pour repousser les lions et éléphants et que s’il lui prend l’idée de la toucher pour voir, il va s’en souvenir toute sa vie, et en route pour notre premier safari. En tout cas, Noah adore notre lodge, et moi je profite des oiseaux devant notre terrasse !

Et moi je me transforme en chasseur photographique d’oiseaux devant notre terrasse ou ne cesse notamment de virevolter des Calaos !

Départ prévu à 16h jusqu’à la tombée de la nuit. Ce sera en mode intimiste, nous ne sommes que nous 5 dans le lodge. Hendricks sera notre guide pour les 3 jours, accompagné de Victor le pisteur qui s’assoit lui sur un petit siège à l’avant gauche du capot de la voiture pour lire les traces plus facilement.

Tom nous laisse la rangée de devant. Un petit piloupilou (comprendre une couverture) est déposée sous notre siège pour se garder au chaud lorsque la fraîcheur de la nuit arrivera. Pour l’instant il fait encore un bon 25 degrés très agréable après la canicule du sud-est qu’on a eu pendant une semaine avant de venir.

Noah s’assoit entre Virginie et moi. On lui relaye la consigne d’interdiction de se lever. Dans les réserves du Kruger park, on peut sortir des pistes et s’approcher à quelques mètres des animaux sauvages. Tant qu’on leur apparait comme une masse compacte avec le véhicule, zéro sujet. Quand on se lève, il y a toujours un petit risque que l’animal distingue de la masse globale la personne isolée et se demande quel goût on a. Noah rigole en pensant à une mauvaise blague, mais comme il voit Hendricks rester sérieux, il se rassoit et nous le répète en parlant fort avec ses mots à lui. C’est ce qu’il faut depuis qu’il est tout petit quand il veut exorciser une inquiétude naissante.

Même en partant à 16h, comme le soleil est couché à 18h, on est déjà quasiment sur du soleil rasant. Au début, à part quelques impalas, on croise peu d’animaux. C’est bien car cela permet à Noah d’intégrer qu’on n’est pas au zoo et qu’ici, c’est un peu comme quand en part chercher les cerfs en Sologne. On peut partir et voir plein d’animaux ou rentrer bredouille. Avec notre arrivée au lodge ou on avait croisé des éléphants tout de suite il devait s’imaginer qu’on allait en croiser un à chaque embranchement de piste.

Du coup ça lui laisse le temps de découvrir la savane, de scruter les environs comme Victor, et il est d’autant plus content lorsqu’il découvre enfin ses premiers groupes d’impalas.

Vient ensuite des Kudu. 2 femelles dans un premier temps et plus tard dans la soirée on aura l’occasion de croiser 2 males. Il est assez impressionné car il est vrai que le kudu est haut sur pattes et assez massif. On croisera ensuite d’autres éléphants, puis Hendricks arrête net le véhicule.

Victor descend et s’enfonce  sans un mot dans la savane. Hendricks le suit, puis revient sur ses pas pour nous dire qu’ils ont trouvé des traces de léopard et d‘un sourire malicieux nous dit qu’il nous laisse les clés de la voiture si jamais ils ne reviennent pas. Noah est excité comme une puce à l’idée de voir un léopard. Après 5 minutes d’attente, Hendricks revient, seul. Ils ont perdu la trace. On repart et on récupère quelques centaines de mètres plus loin, Victor.

30 minutes plus tard, alors que la nuit est sur le point de tomber, ils trouvent enfin le léopard qui passe littéralement devant notre voiture. Noah est aux anges. On va suivre le léopard une dizaine de minutes dans la brousse jusqu’à ce qu’on le perde au détour d’un enchevêtrement rocheux infranchissable en voiture. C’est plutôt rare d’en voir. Pour 10 lions, il y a un léopard. Quand tu sais qu’une troupe de lions a besoin de 18 000 hectares et chasse le léopard dès qu’il en voit un…

Avec la tombée du soleil, une fraîcheur s’abat soudainement. Noah se pelotonne avec grand plaisir sous le pilou pilou. Ca me renvoie 35 ans en arrière quand j’étais à la place de Noah, entouré de mes parents dans une jeep en Afrique du sud à me tenir chaud entres eux. C’est tellement apaisant.

Alors que la nuit est presque totalement tombée et que Noah découvre les premiers couchers de soleil africain, on aperçoit alors les silhouettes noires de 3 girafes en haut d’une colline qui se détachent dans l’horizon rougeoyant.  C’est magnifique et on a plaisir à voir l’émotion de Noah qui les contemple. C’est un enfant étonnant, En bon parisien il connait le plan de métro par Cœur, il sait nous agacer à vouloir toujours nous chiper l’ipad pour faire un jeu, mais il sait aussi prendre le temps de contempler et d’en ressentir une joie profonde.

Ca y est la nuit est tombée, on s’arrête en bord de chemin pour se prendre un petit apéro. Noah prend un coca, puis son 3ème  chocolat chaud de sa vie (les 2 premiers étaient respectivement à Illulissat au Groenland et à Ushuaïa, c’est chic). A croire que si on n’est pas au bout du monde, il n’a pas le droit au chocolat chaud.  Virginie est au Ginger Ale et moi au Sauvignon blanc. Safari chic.

On reprend la route à la nuit noire. Victor balaye les côtés de la route avec un projecteur et nous dégote un éléphant. Bon jusque là rien d’anormal vu la taille de l’animal. Mais quelques minutes plus tard il fait signe à Hendrick’s de s’arrêter brusquement à un embranchement. On recule de 10 mètres et là il nous désigne avec le projecteur la cime d’un arbuste. A environ 2 mètres de haut, il y a un caméléon. Franchement, soit le gars a les meilleurs yeux du monde, soit ils ont dressé le caméléon pour qu’il soit là à heure fixe. On verra demain soir s’il s’arrête au même endroit 😉.

19h30 retour au lodge. On passe à la tente pendant que Noah scrute l’étendue d’eau devant notre lodge depuis qu’il a appris que les éléphants viennent y boire certains soirs. Et en effet, il va en apercevoir un fugacement avec le dîner.

On dîne tous les 6 autour du feu (nous, Tom, Marta et Hendricks). Les tables ont été disposées de telle manière qu’on mange 2 par 2. Noah choisi de dîner avec Marta qui accepte gentiment et se transforme en babysitter d’un soir tandis que je dîne avec Tom et Virginie avec Hendricks.

Le générateur du lodge a des ratés depuis 2 jours. Ils arrivent à avoir péniblement de l’électricité quelques heures par jour. C’est aussi cela l’Afrique.

A 21h30 tout le monde est au lit. En même temps le réveil est prévu à 5h30 demain matin pour un safari à 6h aux premières lueurs du jour. Et de notre côté on ne peut pas dire qu’on a brillé par nos nombreuses heures de sommeil depuis 72h. Se coucher tôt et vivre au rythme du soleil, il n’y a rien de mieux.

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