Autour du ranch, on a pléthores de ballades possibles. Enfin, il n’y a pas de sentiers à proprement parlé mais tu peux te balader ou tu veux. Tu fixes un point sur l’horizon, à l’ancienne, et tu y vas. Le terrain de jeu fait 2 000 hectares !
Garry nous a montré il y a quelques jours une colline escarpée qu’on aperçoit au loin. C’est la limite du ranch de ce côté-ci et une chouette marche à faire. (C’est la colline entre les 2 monts enneigés)
Garry et Ming sont partis en début d’après-midi à Durango refaire des provisions. Nous, on a déjà été hier à Cortez en mission commando, juste avant que le confinement du Colorado ne soit décrété dans la soirée. Ca été épique d’ailleurs car avec Noah difficile de faire les courses sereinement, donc Virginie y a été seule pendant que je gardais Noah dans la voiture. 1H10 à contenir le petit tigre dans cette espace confiné pendant que Virginie, legging couleur camouflage, gants de protection et foulards autour du cou allait au ravitaillement. J’avoue avoir un peu souri en la voyant au moment de partir s’asperger le visage du produit désinfectant que Garry nous a donné. Ca file un coup de vieux à Rambo qui se met de la cire sur le visage avant d’aller affronter l’ennemi dans la jungle. Autre époque, autres mœurs.
Remarque, il n’y a sûrement rien de trop quand tu apprends après que le gars sur le parking qui regroupe les caddies sans gants n’est pas un phénomène isolé et qu’en gros, à part les caissières, la majorité des employés manipulent tout sans protection. Bref…
Tout cela pour dire qu’au moment de partir en rando après la sieste de Noah, Garry et Ming sont en ballades et que nous sommes donc livrés à nous-même.
Il n’y a pas de chemin, c’est à nous de tracer la route, mais comme la colline surplombe les alentours, au moins on sait dans quelle direction aller. Bizarrement, on part assez léger (juste de l’eau pour Noah et pas de porte bébé) alors que la marche va bien nous prendre 2h à vue de nez. Enfin comme souvent quand tu marches en montagne, tu as toujours l’impression que le lieu que tu vises est beaucoup plus près qu’il ne l’est vraiment. Tu as aussi souvent l’impression que tu vas monter tranquille en ligne droite avant de te rendre compte que tout est vallonné et que tu vas donc passer ton temps à monter et descendre avant de toucher au but.
Toujours est-il qu’on se met en route en attirant Noah avec la perspective de voir d’abord une petite mare ou il est supposé y avoir des poissons. C’est sur le chemin de la colline et cela lui donne une motivation au moins sur le premier quart d’heure. Mais après, une fois qu’on y est, il faut expliquer pourquoi on n’a pas pris de canne à pêche, promettre qu’au retour on reviendra et qu’on en demandera une à Garry, etc…
D’ailleurs en parlant de lui, on passe devant la maison et les 3 chiens Dolores, Bessie et Teddie. Ces derniers se dirigent vers nous, puis leurs maîtres étant en goguette, ils se mettent en tête de nous suivre. 2 bons points. D’abord, ca va occuper Noah et augmenter la probabilité qu’il marche longtemps tout seul. Ensuite, il y a des pumas et des ours dans le coin. Autant avancer groupés. Munis désormais de sentinelles de choc, on reprend notre route.
D’ailleurs c’est marrant car dès qu’on sort de la partie “habitée du ranch”, les 3 chiens se mettent automatiquement en formation de gardiens de troupeaux. Ils partent chacun dans une direction en amont de là où on va (ils ont très clairement compris le but de notre marche) et reviennent chacun à intervalles réguliers vers nous avant de repartir faire leur ronde. C’est très intéressant à suivre car quand tu commences à y prêter attention, tu remarques que rien n’est laissé au hasard. Ils partent en avant dès qu’on est sur des montées et que la visibilité est faible pour se poster en hauteur, alors que lorsque la vue est dégagée, ils reviennent près de nous pour des papouilles.
Il y en a presque toujours 2 en aval du vent là ou ils auront plus de mal à sentir une arrivée, alors qu’en amont du vent qui est assez fort aujourd’hui d’ailleurs, il y a au plus un chien, mais souvent aucun, l’odorat étant probablement largement suffisant pour couvrir la zone.
Il faut dire qu’ils sont là pour garder les troupeaux et d’ailleurs devant chaque maison du ranch et à certains points stratégiques du ranch, Garry a fait installé des dispositifs qui émettent la nuit des flash rouges semblables à des “paires d’yeux” rouges pour éloigner pumas et ours du ranch.
On se fraye donc petit à petit notre chemin en restant le plus possible sur les crètes jusqu’à notre colline escarpée. Lorsque ca se corse, les chiens nous indiquent le chemin à prendre entre les rochers pour poursuivre notre ascension. Noah marche tout seul et lorsqu’il s’arrête c’est davantage pour se retirer une épine sur les jambes (toute la végétation pique ici) ou pour chercher du regard les chiens.
Une bonne heure plus tard, les chiens nous ont fait contourner la colline par la droite (trop escarpée ailleurs) et on a gravi quasiment toute la colline.
A une seule reprise Bessie s’est arrêtée et s’est mise à aboyer, tendue comme les chiens de chasse. Teddie est venu la rejoindre, puis au bout d’un moment ils ont repris leur ronde. Ils ont du apercevoir un truc qui nous avait échappé et l’ont fait reculer à bonne distance.
On est désormais juste en dessous de la barre rocheuse assez caractéristique de la région où les collines sont ensablées et deviennent comme des forteresses imprenables sur les derniers mètres. Noah vient de trouver une petite grotte dans un rocher creusé par l’érosion et s‘emploie – avec un certain succès malheureusement – à se dégeulasser de la tête aux pieds à vitesse grand V avec le sable qui s’est accumulé dedans. Bizarrement, Virginie ne dit rien. Lassitude de rappeler toujours les mêmes choses ou récompense pour avoir bien marché tout seul. Un peu des deux peut-être.
De toute façon les derniers mètres sont trop casse gueules pour Noah. Beaucoup d’éboulis et de gros rochers à escalader. Elle m’invite donc à continuer tout seul pendant qu’elle garde Noah. Je reprends donc l’ascension et les 3 chiens viennent immédiatement avec moi. Clairement ce qui est une petite galère pour moi est une véritable promenade de santé pour eux.
Arrivé en haut, pas vraiment de vue à couper le souffle. Juste une vue plus dégagée sur les Ute Mountains enneigées qu’on apercevait du ranch, mais c’est un truc typiquement humain ça. Vouloir toujours grimper en haut du sommet.
Redescente un peu plus casse-gueule que la montée – comme souvent – et je retrouve Noah un peu plus crade qu’au début qui joue à la marchande à travers un trou dans le rocher. Il déterre des rochers plats, les prépare et les mets à cuire dans le sable, et les tend ensuite à Virginie une fois qu’ils sont prêts. On le laisse profiter encore un petit quart d’heure puis on entame notre retour vers le ranch.
Nos 3 compères nous raccompagnent tandis que Noah ne cesse de papoter. Un vrai moulin à paroles, mais au moins il continue de marcher tout seul, malgré un fort vent de travers. Arrivés à la maison, on pourrait croire qu’il est fatigué mais que nenni. Il repart comme une balle près de 30 minutes à courir partout avec Virginie.
Petit barbecue pour finir notre soirée. On va finir par s’y faire à ce petit barbecue chaque soir..
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