Kauai est aussi connu sous le nom d’ile des Jardins. C’est étonnant car les jardins font plutôt penser à des endroits paysagés alors que Kauai c’est au contraire la nature à l’état brut. Une forêt primaire de type tropicale sur les ¾ de l’ile, et une zone de canyons proportionnellement assez aride de l’autre.

Voici le programme des prochains jours à la découverte de Kauai.

On a choisi de dormir à Waimea dans le sud-ouest de l’ile à l’écart de la zone de Popiu au sud qui est beaucoup plus peuplée. On est ainsi à quelques kilomètres de la route 550 et de la Koke’s road qui se rejoignent ensuite pour plonger dans le cœur de l’ile vers le Waimea Canyon.

C’est la seule route de l’ile qui s’enfonce ainsi sur près de 30 km et qui finit en dead end à seulement quelques kilomètres de la côte nord de Napali, mais sans jamais réussir à faire la jonction avec celle-ci du fait de ridges de plus de 1 000 m de haut qui sépare les hautes terres de la zone côtière.

On profite du fait que notre Jetlag soit encore bien prégnant dans notre quotidien pour partir tôt. Il est à peine plus de 6h qu’on est déjà au supermarché du village voisin pour pouvoir se ravitailler en eau et en provisions pique-nique, puis on file pour Waimea canyon.

Avec 30 degrés dès 10h du matin et un taux d’humidité qui avoisine les 90%, on ne se rend pas bien compte de la difficulté de randonner dans ces conditions, mais on se doute bien que plus on part tôt, mieux c’est. Il semblerait également que l’intérieur de l’ile devienne de plus en plus nuageux et pluvieux au fur et à mesure qu’on avance dans la journée.

Pour atteindre Waimea Canyon, on opte pour la route 550 qui n’est pas la route « traditionnelle » pour y aller, mais qui permet apparemment de voir un endroit bien sympathique qui n’est pas répertorier dans les guides : les Red dirt falls. On l’a repéré sur un blog qui nous en donnait les coordonnées GPS. Apparemment on peut s’arrêter sur le bas-côté, enjamber un parapet et se retrouver dans les chutes.

Virginie venant d’acheter un petit quad à Noah au supermarché, on pense sans grand risque qu’on va faire mouche avec ce premier stop.

Et en effet, on fait carton plein. D’abord on est virtuellement tous seuls ce qui est appréciable (un seul autre couple nous rejoindra, attiré probablement par le fait que notre voiture était arrêtée sur le bas-côté). Ensuite, nous faisons rapidement face à un paysage de terre rouge vallonné et strié par l’érosion de l’eau. Et au milieu coule un petit cours d’eau qui se transforme en petite cascade de temps en temps. Noah coure partout, montant et descendant dans ce paysage vallonné.

On passe un super moment sur place mais alors pour le descotcher de là ensuite, bonjour la galère. Il faudra lui promettre qu’on y reviendra ce soir et bien argumenter sur le fait qu’on ne le baratine pas car la route 550 est en cul de sac et qu’on sera donc bien obligé de repasser par là.

On décide ensuite de filer direct vers le fonds du canyon selon le double concept suivant. La plus belle randonnée du parc se situant apparemment au bout des 30 km de piste, si on l’a fait en premier on aura moins de monde, il fera moins chaud et il y aura moins de risque de pluie. Puis en revenant tranquillement sur nos pas, si d’aventure on veut revenir demain parce qu’on n’a pas fait tout ce qu’on voulait, et bien on aura moins de route à faire.

Et c’est ainsi qu’on commence le Pihea trail dans le Koke’s parc à 9h30 tapante. Noah a pris son carnet de notes et a bien l’attention de noter à la manière d’un cartographe le moindre détour du chemin. On le laisse faire sur les 200 premiers mètres puis on suggère de poser le stylo sinon à ce rythme demain on y sera encore.

D’ailleurs on surplombe presque d’emblée la Napali Coast, qui est le joyau de Kauai. Des ridges abruptes couverts d’une végétation luxuriante qui tombent dans la mer et parsemée de quelques criques de sable blanc. Noah est conforté dans l’idée que lever le nez de son cahier c’est pas mal aussi vu la vue qui s’offre à nous.

On devine d’ailleurs au loin le bout du fameux Kalalau trail, l’un des treks mythiques de Hawaii qui se finit sur la plage de Kalalau, inaccessible autrement que par ces 32 km de trek et qu’on domine actuellement 1 000 mètres plus haut.

Le Pihea trail qui est à fleur de ridge jusqu’à Pihea Junction, longe sur plus de 3km le plus grand amphithéâtre de la Napali Coast. Au-delà, il permet d’enchaîner sur le Swamp trail sur 8km mais pour un début de rando en terre hostile, on se contentera aujourd’hui du Pihea trail sinon cela ferait aller-retour près de 20 km.

Le Pihea trail est plein de surprises. Il borde la ridge offrant des vues imprenables sur la Napali coast d’une part, et des étendues de forets de l’autre. Il est presque toujours ombragé et on se faufile dans une végétation dense. Quand on peut observer le ciel, on voit défiler quelques mètres au-dessus de nos têtes les nuages à toute allure. On voit bien à quelle vitesse le temps peut changer ici.

D’ailleurs, alors qu’il fait un temps sec et chaud, le Pihéa trail reste la plupart du temps en zone ombragée et on est donc en permanence en zone humide. La principale difficulté du trail au final, c’est la boue qui est omniprésente. J’imagine les jours ou il pleut !

On est vite bien déguelasse ce qui n’est pas pour déplaire à Noah comme tout enfant de 6 ans qui se repsecte d’autant que Virginie l’a habillé en tenue claire ! Le chemin ne fait que monter et descendre, nous obligeant le plus souvent à escalader sur quelques mètres des endroits boueux en s’accrochant comme on peut aux racines et branches. Noah se régale.

On ne peut s’empêcher de sourire en revoyant le panneau à l’entrée de la rando nous demandant de bien vouloir nous essuyer les chaussures avant d’entrer alors qu’on patauge gaiement comme des gorets maintenant dans la boue. Bon ok, l’idée du panneau c’était de nous sensibiliser à l’importance de ne pas amener des germes sur le sol on a compris, mais le parallèle avec les Parisiens qui te demandent de te déchausser avant d’entrer chez eux nous fait rire.

Après 2 bonnes heures de marche, on a fini notre première petite rando à Kauai et on peut tirer un premier bilan pour la suite :

  • Indice UV 13, ça tape !
  • Indice propreté : -13 ça gadouille !
  • Temps chaud et humide, mais très supportable car le plus souvent on est à l’ombre de la végétation.

Après quelques stops à différents lookout, on retourne tranquillement vers le début du parc pour faire une autre rando emblématique du lieu, le Canyon trail. On est à peine 10 km de Koke’s park et la végétation n’a désormais plus rien à voir. Ici on est plus proche des paysages du grand canyon. En cause la régularité de la circulation atmosphérique de l’ile. Les nuages proviennent quasi exclusivement du Nord est se crèvent au niveau des ridges et derrière, il ne pleut presque jamais.

La rando du Canyon trail se fait normalement en 3h à partir du Pu’u Hinahina Lookout et permet d’atteindre un point de vue sur les Waipo’o falls. J’avais vu sur un site qu’il y avait une alternative en prenant un chemin de terre à partir de Halemanu road permettant d’éviter une grosse remontée de 30 minutes en fin de rando en commençant la rando plus loin mais je n’avais pas réussi à la repérer.

On entame donc par la voie normale de 3h, mais en effet dès le début ça descends sec, et à la façon dont les randonneurs qui remontent soufflent comme des bœufs, on ne sent pas Noah se retaper dans 2h30 cette montée au retour quand le décalage horaire aura fait son oeuvre. On décide donc de rebrousser chemin avec l’intention de trouver cette fameuse route de terre qui épargnerai cette montée.

Et en effet, on la trouve ! Joie de courte durée car à peine on s’est engouffré de 15 mètres dedans qu’on se retrouve dans la caillasse avec une pente à 20 degrés au bas mot et plus aucun moyen de faire demi-tour devant l’étroitesse de la piste. Là, on sait qu’on a fait une connerie. Ok un panneau indiquant 4×4 uniquement et attention en cas de pluie était indiqué, mais de toute façon c’est déjà presque trop tard car on était bien engagé sur cette route.

Voilà les talents de pilote de Virginie à nouveau mis à contribution (c’est marrant c’est toujours elle au volant dans les situations merdiques). Nous voici sur une route d’Islande en version Hawaiienne. Des trous partout, une route défoncée, et ça dure comme cela pendant une éternité vu qu’en plus on descend à 10 à l’heure.

Cela ne rate pas, à 100 mètres de l’arrivée, alors qu’on s’en était tiré presqu’indemne – j’ai un petit doute sur un bruit étrange entendu quelques minutes auparavant – on se mange un nid de poule monumental qu’on n’avait pas vu et là on défonce clairement tout l’avant de la bagnole. Bon, ben ça c’est fait. Exit la caution sur la voiture.

On finit par arriver au bout de nos souffrances et on se gare à côté de 2 vrais 4×4 et on essaye de ne pas penser à la montée qui nous attendra inévitablement en espérant que la pluie ne se mêle pas à la partie d’ici là car sinon clairement jamais on ne remontera sans aide.

Le cœur presque léger on se met en mode rando et on se perd presqu’aussitôt. Plusieurs chemins non fléchés et un retour de randonneur croisé plus tard on repart dans la direction opposée en se disant qu’on verra bien. Par rapport à ce matin, la végétation est plus sèche que ce matin, moins de boue, même montées et descentes en revanche.

Après une petite heure de marche dans la forêt, on débouche enfin sur une grande butte de terre rouge qui domine le Waimea Canyon. Ca c’est beau, ça c’est beau. Noah trouve un rocher particulièrement ergonomique et on en profite pour casser la croute à l’ombre.

Quand on repart, c’est pour faire les 10 dernières minutes de descente assez raide et glissante vers la Waimea river et une petite chute.

Là on est presque certain qu’on a raté un truc. C’est clairement pas les Waipo’o falls qui ne doivent être pas bien loin mais qu’on ne verra jamais. Je pense qu’il fallait à un moment suivre la petite rivière et on serait peut-être tombé sur le fameux point de vue. Après, pas de regret à mon sens car un gars qu’on avait croisé au début de la rando pour vérifier qu’on était bien sur le canyon trail nous l’avait confirmé et ajouté que les falls, c’était un pipi de chat en ce moment car on est globalement en saison sèche.

Après s’en être mis quand même plein les yeux en dominant le canyon, on fait demi-tour pour retrouver notre voiture. Noah gagne 5 bonbons pour avoir fait la rando et on garde le 6ème pour Virginie si elle arrive maintenant à nous remonter la voiture par le chemin de l’enfer.

J’en profite pour me rendre compte qu’on n’a jamais de photos de ces galères (en Islande c’était pareil). En fait on sert tellement les fesses parce qu’on sait qu’on s’est bêtement mis dans la merde, que l’évènement nous interdit presque mystiquement d’immortaliser les lieux au risque de faire se réaliser la catastrophe imminente qu’on redoute (et qu’on aurait bien mérité).

De retour sur la route des touristes, il est 15h bien tapé. Il fait super chaud et on décide de rentrer. Noah nous rappelle à notre promesse de le ramener aux red dirt falls puis sombre 30 secondes plus tard dans un sommeil profond.

Sympas, quand on arrivera devant les red dirt falls, on le réveillera et on le laissera tracer des routes avec son quad pendant 15 minutes avant qu’on ne le force à rentrer dans la voiture au risque de cuire littéralement comme des saucisses dans cet endroit en plein cagnard.

16h, on est à l’hôtel et c’est laundry time vu l’état dans lequel on est rentré après le Pihea trail.

Une fois un peu requinqués, on ira passer un moment sur la plage en face de l’hôtel pour profiter du coucher du soleil. Vous remarquerez sur la dernière photo la position dite en équerre de Noah. Ca, c’est sa position quand il rentre en transe en regardant un mouvement régulier comme de l’eau. A cet instant précis, plus personne n’existe. C’est lui, et la nature.

Puis comme on est un peu masochistes, on poussera la chansonnette jusqu’à reprendre la voiture pour Popiu à 30 min d’ici pour aller dîner à Table.

Il est bête lui, qu’est-ce qu’il raconte, on dîne toujours à table.

Mais non,  on dîne à TABLE.

Pas compris …

Le nom du restaurant, c’est TABLE.

Ah ok (merci le remake du dîner de cons)

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