Il est 8 heures. C’est l’heure de se lever. Pas d’ami Ricorée, mais une visite de Medan avec notre guide francophone, Panji.

Ah Panji, comment dire… Panji est gentil, il est même touchant, mais son français est tellement approximatif que c’est un peu un sketch…

Parler avec Panji c’est un peu revivre en live le sketch de Palmade et Laroque. Pour ceux qui ne voient pas à quel sketch je fais référence, je m’explique. Dans ce sketch, Pierre Palmade et Michelle Laroque sont en couple et préparent un dîner pour un couple gai. Ils ne font qu’entrer et sortir de la cuisine en se parlant, mais personne ne s’écoute ou se comprend. Elle lui demande si elle a bien fait d’acheter du poulet pour le dîner et il lui répond « pas avant 19h ». Il lui dit que ce dîner le saoule, et elle lui propose de prendre plutôt le vert.

Bon ben nous, avec Panji, c’est pareil. « Le temple chinois, il est loin ? ». « 3 ans ».  Il y a eu des inondations ici ? « Oui 2 ethnies principalement » On aura essayé … un peu. Puis, à la 5ème réponse de travers, Chat GPT nous a guidé à travers Le temple chinois, le palais du sultan et la mosquée. Plus grand pays musulman du monde oblige, on commence par la visite de la mosquée pour se mettre dans l’ambiance.

Virginie s’était couverte les bras et les jambes mais n’a pas été récompensée pour sa peine. Tandis que moi j’ai droit à un Sarong assez chic qui me va à ravir pour cacher mes jambes, Virginie chope la demie burqua violette. Un foulard aurait été de meilleur goût et plus acceptable, mais là… on dirait un sac mal emballé ou un œuf de pâques au choix.

Je choisis de ne pas mettre d’huile sur le feu et intime à Noah de se dispenser de remarques car à la faàon dont il la regarde il risque de sortir une image fleurie à tout moment. Virginie, elle, bout littéralement dans tous les sens du terme. On a bien senti qu’il ne fallait pas la chatouiller, la cocotte-minute étant à deux doigts d’exploser. Elle sort bien fort pour que Panji entende « j’espère qu’on va pas nous voler les chaussures en plus » au moment de se déchausser à l’entrée (référence à une expérience réelle vécue avec mes parents en Malaisie il y a 35 ans que je lui avais raconté et où on est effectivement repartis pieds nus) mais qui s’avère une tentative veine de manifestation de sa mauvaise humeur vu que Panji a du comprendre qu’elle le complimentait sur ses chaussures à son sourire. 

Panji qui est décidément aussi bon en français que fin observateur et psychologue n’arrêtait pas de lui demander avec insistance de venir poser pour qu’il la prenne  en photo ! Sinon, la mosquée en tant que telle était d’une très belle architecture entachée d’un mauvais goût certain pour les panneaux électroniques certes pratiques pour indiquer les heures de prière mais d’une laideur sans nom, ou les urnes pour récupérer du cash. Et oui catholiques, musulmans même combat. Si on peut grapiller quelques euros sur le dos des croyants… 

Une fois l’épisode mosquée terminé, en route pour le palais du sultan.

C’est celui d’un sultanat qui n’a jamais vraiment pu prendre son envol. Ecrasé par les hollandais jusqu’en 1945, puis tout de suite écarté par un régime présidentiel. Du coup on retrouve quelques marques de « j’aurai voulu être grand » avec le trône des mille et une nuits, mais dans l’annexe du palais il y avait du linge à sécher sur le balcon de la famille du sultan. Etrange…

On fini notre visite par le temple chinois, qui était … très chinois. C’est beau, reposant, ça sent l’encens.

Vous l’aurez compris,  Medan, ça ne casse pas 3 pattes à un canard. Donc une demi-journée c’était amplement suffisant d’autant que la chaleur y est suffocante.

Direction Tangkahan. A 3 ans de route, hein Panji ? (pleurs)

On s’est posé la question de savoir si on aurait pu louer une voiture et faire le trajet seul. Entre les routes défoncées, le flot de mobylettes et de camions, le fait qu’on roule à gauche mais qu’on passe notre temps à doubler des gens qui eux même ne sont plus du bon côté de la route pour éviter les nids de poule,  le choix du chauffeur n’est pas conseillé mais indispensable. D’ailleurs on n’aura trouvé virtuellement aucun européen conduisant de tout le séjour. Tout au plus de temps en temps un scooter sur des distances manifestement courtes.

Autre point qui nous a fait nous questionner, alors qu’on est sorti en moins de 30 minutes de Medan, c’est que depuis 3 heures que nous roulons désormais au  milieu des zones agricoles de palmeraies, le flot de véhicules ne désempli jamais, la vie grouille autour de la rue et les bas-côtés restent jonchés de déchets. 

Je me suis pris à me dire qu’élu président d’Indonésie, je lancerai l’opération journée propre. Chacun ramasse 10 déchets par jour, c’est rapide et ça rend le pays propre. Après tout, ca fait 2,8 milliards de déchets dans la journée récupérés quand même ! Mais au fil de la journée, je me suis dit, non pour que ça marche, il faut plutôt 30 déchets par personne, non plutôt 100, comme ça on arrive à 30 milliards de déchets dans la journée. Et si on tentait 1 jour par mois ? Voila c’est ça. Il suffit de 100 déchets une fois par mois pour chaque indonésien et on est bon.

En tout cas, Noah qui n’est pas à proprement parlé le champion du rangement, semble aussi perturbé que nous, car à la faveur d’une zone sans humain – donc propre – il nous a lancé à la cantonade qu’il espérait que le lodge c’était maintenant, car avant il craignait que son « lodge » soit au milieu des poubelles.

Quand on pense que Monsieur est capable en rentrant dans l’appartement en 40 secondes de jeter son sac, un emballage de goûter, puis ses chaussettes, son pantalon, son slip tout cela éparpillés sur 10 m2 sans le moindre problème, ça laisse rêveur…

Le hic, c’est que ce havre de verdure ne dure pas, on replonge dans la campagne souillée par la civilisation et lorsque quelques minutes plus tard on s’arrête enfin sur le côté et que notre guide nous dit qu’on peut sortir, Noah lance un cri d’effroi : « Mais notre lodge ne va pas être dans cette décharge ? ».

Les enfants sont formidables, et dans le cas du notre, parfois un peu snob, même si techniquement on ne peut pas dire que c’est en effet très propret. En plus je me méfie, car on est plutôt en voyage baroudeur pour une fois. La faute aux chemins de traverses peu touristiques pour lequel j’ai opté (ou du moins peu touristiques pour les européens) qui nous oblige à aller dans les guest house plutôt que des hôtels aux normes à nous.

En tout cas, si on va loger comme des baroudeurs, nos 2 indonésiennes qui viennent prendre nos bagages se rendent compte qu’on ne voyage pas comme des baroudeurs, car si on a bien 2 sacs à dos, on a aussi 2 enclumes (nos valises pour ceux qui n’auraient pas encore compris).

Même Virginie en les voyant se sent gênée, et propose de les porter nous même. Bon moi j’avoue, si tout le monde est pour l’égalité des femmes, c’est valable aussi pour les bagages. On les laisse donc faire et je me prépare juste à augmenter le tips.

Pendant une cinquantaine de mètres – tant qu’on est prêt de la route principale – on marche dans les déchets, puis on bifurque sur la gauche et nous voilà à devoir traverser un immense pont suspendu 20 mètres au-dessus d’une grand rivière. Espoir, espoir ? (enfin pour nous, car nos 2 indonésiennes doivent le faire avec les sacs sur la tête).

Et bien oui. En sortant du pont on débouche enfin sur notre hôtel qui ressemble plus à une guest house et qui s’avère charmant. Pendant quelques secondes je sens le ouf de soulagement de Noah et Virginie. C’est fait avec goût, c’est coloré, c’est typique.

Mais arrivés à la chambre, patatras. Il déteste. « Mais elle est encore plus petite que ma chambre ? ». En plus en s’asseyant sur le lit, il arrache la moustiquaire qui lui tombe dessus. Il ressort immédiatement. Tant mieux, il pourra voir plus tard que la salle de bain est sans évier, que la douche est en fait un tuyau d’arrosage, et que la chasse d’eau des toilettes c’est en fait la bassine et la louche. On n’est donc plus près du refuge de montagne que du 5 étoile de Bali !

Virginie, en revanche, m’a tellement raconté qu’elle allait les we à Couilly sans électricité et sans eau chaude, que je viens de lui offrir sans le savoir un retour en enfance.

En même temps, je crois que la chambre coûte 17€ la nuit et c’était le meilleur hébergement du coin je crois.

Heureusement, si Noah déteste indubitablement sa chambre de lilliputien (il l’a répété 4 fois donc je crois qu’on a compris, petit snob va), il a aussi remarqué du haut du pont suspendu qu’il y a une rivière où des gens se baignaient en contrebas, et il a tôt fait de repérer que de l’hôtel on a juste à descendre les escaliers pour aller piquer une tête. Il se focalise donc sur la récupération de son maillot de bain.

Il est 17h, l’orage gronde à l’horizon, la pluie tropicale va arriver, mais c’est un bon moyen de le détourner de sa fixette sur la chambre. Mouillés pour mouillés, on s‘en fiche donc direction la rivière. On y passe un super moment, en se baignant dans le courant, à construire un barrage sur un des affluents de la rivière tandis que les habitants du coin font leur toilette dans la rivière.

18h30 on remonte, on enquille quelques Yams dehors sur la terrasse.  On en profite pour apprendre à Banji à jouer au rami et on a le droit à une explication de ce qu’on va faire demain suffisamment fumeuse pour balayer les quelques certitudes que j’avais et qu’on n’ait plus la moindre idée de comment s’habiller pour cette journée.

On enchaîne sur le repas de produits frais. L’ambiance est très agréable et étonnamment aucun moustique ou bêbête du genre alors qu’on est en pleine jungle.

22h, on retourne dans la chambre qu’il déteste toujours autant, mais les pluies de fin de journée ont étonnamment rafraichi la chambre au point que dans la nuit on aura même un peu froid, ce qui est une bonne nouvelle car à l’étroitesse de la chambre on était aussi dans une étuve avec un ventilo sur lequel était attaché avec une ficelle un paquet qui ressemblait à une sorte de désodorisant et qui tapait de manière incessante sur les pales.

En attendant, et comme notre lit double a une barre de fer en plein milieu, je propose à Noah de dormir avec maman dans le grand lit et moi j’irai dormir dans le lit de petit ours avec la moustiquaire rose.   Deal ! Cette chambre n’a pas que es inconvénients désormais pour doudou..

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