Ce matin on quitte Attins pour un long périple vers Sao Luis qui signe par là même la fin de notre séjour dans le Nordeste. Et oui, le temps passe vite quand on s’amuse.
Le programme. On nous dépose à 9h en 4×4 au port pour partir en Lancha rapide sur le Rio Preguiças pendant un peu plus de 2 heures jusqu’à Barreirinhas. De là, on reprend un 4×4 pour aller dans l’extrême sud des Lençois à la laguna Bonita à envirob 1h de route de mauvaise piste. Puis on reviendra prendre nos affaires à Barreirinhas, direction cette fois Sao luis, à nouveau en 4×4, situé à 4h de route. Si avec cela on ne dort pas bien ce soir…
La Lancha rapide, Noah aime bien, ça dépote. Le rio Preguiças, signifie le fleuve Paresseux. En hommage d’une part aux nombreux paresseux (les animaux, hein) qui étaient présents dans la région avant que l’Homme n’en diminue drastiquement le nombre au point de ne presque plus jamais les voir, et d’autre part au fait que le fleuve ici est très calme, presque un lac, et se comporte donc comme un paresseux.
Le premier stop qu’on fait avec la Lancha, c’est à Mandacaru pour y voir le phare. Il est à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de Attins, mais sur un autre bras du rio Preguiças ce qui fait qu’en en suivant les méandres on prendra près de 20 minutes pour l’atteindre.
Ce phare est le seul que je connaisse aussi loin de la mer. Il culmine à 35 mètres de haut mais est plusieurs centaines de mètres à l’intérieur des terres. Comment on sait ? Parce qu’on a monté les 160 marches en tongs pardi, histoire de voir ce qu’il y avait en haut.
Notre second stop sur le fleuve se fera près d’une dune de sable qui parait-il donne sur le panorama du petit Lençois. On aurait pu monter la dune pour voir sûrement un beau paysage mais voilà, au pied de la dune, il y a des singes. Des macaques pour être précis. Du coup, notre petit macaque à nous n’a qu’une idée en tête, rejoindre ses congénères. Exit la dune.
Ici il est expressément demandé aux gens de ne pas les nourrir. Donc que font les gens ? ils les nourrissent bien sûr. Ils vont même au snack d’à côté acheter de quoi les nourrir.
Quand Noah voit que certains singes n’hésitent pas à grimper sur les bras, les têtes, les épaules, des gens, dans l’optique de grapiller quelque chose à manger, inutile de vous dire que son seul objectif est qu’un singe lui monte dessus. Sauf que Noah n’a rien à leur donner à manger alors que les autres les gavent. Respectueux des règles, Noah ne me demande pas d’avoir de nourriture pour la leur donner, mais du coup pour le câlin simiesque, c’est plus compliqué.
On reste donc tous les deux à observer le spectacle. Les singes qui sautent sur les gens et qui ponctuellement se mettent la tête à l’envers et fouillent les poches des maillots de bain, les singes qui arrivent à chiper un paquet de chips ou popcorn aux plus jeunes enfants pour aller les manger dans les arbres, et notre petit Noah qui approche sa main autant qu’il peut des singes en espérant que ces derniers daignent monter sur lui.
Heureusement, l’entêtement finit par payer et après une première fausse alerte de singe qui avait toucher la main tendue de Noah et étaient même monté furtivement sur son bras pour atteindre un popcorn sur un autre être humain, en voici un qui grimpe sur Noah et élit domicile assez longuement sur son épaule sans autre soucis que d’observer les alentours. Noah est aux anges. Il n’est pas réduit à un mangeoire, mais à un observatoire. Singes, check !
Pendant ce temps, Virginie a été faire la seule boutique à côté et en est revenue avec une boucle d’oreilles avec une grande plume. Check aussi !
Quand on reprend le bateau, cette fois c’est pour s’engouffrer dans un minuscule affluent du rio Preguiças. Au milieu de la mangrove, on ne sait pas ce qu’on cherche, mais on cherche… Et on finit par trouver un caïman. Sympa.
On retrouve enfin la rivière principale et nous mettons les gaz, car Barreirinhas est encore à 40km d’ici. Une heure plus tard et après avoir piqué un léger somme avec Noah à l’arrière, bercés que nous étions par le bruit du moteur, on fait un dernier stop fleurs. L’occasion de voir la fleur d’un arbre dont le nom m’échappe qui se présente au début comme un long haricot de 40 cm de long. Une fois le haricot coupé et l’extrémité de celui-ci retiré, on l’épluche comme une banane et en sort une fleur magnifique que le guide offre à Noah.
Noah est aux anges et quand on met enfin pied à terre, il n’a de cesse de faire des allers – retours vers la rive du fleuve pour lui remettre de l’eau. C’est touchant jusqu’à ce qu’il se mette à bouder grave quand on lui explique qu’il ne pourra pas la ramener à Paris. 40 minutes la bouderie quand même.. On ne l’avait pas vu venir celle-là ! C’est simple, on aura eu le temps de traverser Barreirinhas en 4×4, prendre un bac, et faire 20 km de piste totalement défoncée vers la lagoa Bonita avant qu’il nous réadresse la parole. La teigne, je vous jure…
En traversant la rivière en bac, la guide nous disait que le Lençois état en voie d’être classé au patrimoine mondial de l’Unesco, que ce bac originellement fonctionnait avec une corde qu’on tirait d’une extrémité à l’autre de la rivière, qu’aujourd’hui c’était un petit bateau à moteur qui le poussait, et que la construction d’un pont venait d’être décidé ce qui sonnerait le glas du bac et de ses travailleurs. Relatant cela, au patron de Voyageurs du monde qui était venu il y a pas longtemps, celui-ci avait ajouté qu’ils attendaient avec impatience la construction de la route en lieu et place de la piste en sable pour atteindre la lagune Bonita.
Bon, nous, toute cette banalisation du voyage ans effort, c’’est pas notre truc. C’est vrai qu’après avoir été martyrisé pendant 1 heure en 4×4 à être balloté dans tous les sens par cette piste qui nous a rappelé à bien des égards celle qu’on faisait quotidiennement de notre campement au Botswana vers la réserve de Chobé, notre dos aurait pu apprécier une route moins difficile, mais c’est aussi ce qui permet de garantir aux sites une forme d’exclusivité. Dès qu’un car peut acheminer les gens par dizaines, ça perd un peu de son charme car toute l’infrastructure va avec et le lieu le plus paisible devient vite un attrape touristes. Espérons que cela n’arrive pas trop vite.
En tout cas pour l’heure, notre lagoa Bonita, on l’aura mérité. Après un énième repas gargantuesque dans un petit restau typique à quelques encablures de la lagoa, perdu dans la végétation (je dis gargantuesque car tout est toujours pour 2 personnes avec les mêmes accompagnements donc très vite tu as 4 salades, 4 bols de riz, une montagne de poulet, du manioc etc…), on reprend la route 10 petites minutes pour atteindre la lagoa Bonita.
Pour être honnête, je n’y suis pas allé confiant. Les endroits qui incluent dans leur nom « beauté, magnifique, etc… » c’est toujours survendu.
Je pensais franchement avoir déjà bien vu les lagunes dans la partie nord est du par cet je n’avais pas compris si celle-ci serait dans la végétation ou dans le sable, car on a eu ces derniers jours des lagunes aussi dans la végétation, et je trouve cela moins chouette. Et comme là on était en pleine végétation…
Bref, quand on est arrivé il y avait une vingtaines de 4×4 garés, un escalier qui permettait de monter une grande dune de sable d’au moins 40 mètres de haut. Je m’attendais à un truc moyen.
Pour conjurer le sort, avec Noah, on a tout de suite préféré gravir la dune par la partie ensablée plutôt que de prendre l’escalier à touristes. Bon, Noah l’a montée en 3 fois rien de temps. Moi je dois dire que j’ai dû m’arrêter pour souffler à pusieurs reprises, prétextant d’attendre maman, mais surtout pour ne pas faire une crise cardiaque ou voir mes jambes se dérober sous moi par l’effort.
Mais quand je suis arrivé au sommet, j’avoue en avoir eu le souffle coupé, et pas seulement par la montée folle et le besoin de reprendre mon souffle. Les images des Lençois sur les guides, en fait, c’est ici. Bien sûr dans le nord c’est magique. Mais là, au sortir d’une végétation dense, dominer une mer de sable d’un blanc total avec des dizaines de lagons à perte de vue ; ça c’est vraiment époustouflant.
Et c’est tellement gigantesque, que les autres touristes, finalement, on ne les distingue qu’à peine. Tout au plus, permettent-ils de donner une échelle à cette immensité de dunes et d’eau. Des Playmobil en somme.
Virginie est arrivée peu après et a dû éprouver les mêmes sensations. Revenant même un peu en arrière pour filmer en vidéo l’arrivée, tellement on ne s’attend tout bonnement pas à cela. Et finalement parfois, se laisser guider sans trop savoir ce qu’on va voir, c’est sympa aussi, car n’ayant vu aucune photo de cet endroit, la découverte a ainsi été totale.
Le temps de redescendre un peu de nos émotions, Noah qui ne tenait plus en place est déjà parti en courant et se trouve à 2 dunes de là sur une autre hauteur.
La guide qui avait bien compris que le monde et nous ça faisait deux, nous indique qu’au lieu de s’arrêter comme tout le monde aux 2 premiers lagons que l’on voit, si on continue un peu-au-delà sur notre droite on sera tous seuls.
Et en effet, il ne nous aura pas fallu plus de 5 minutes à pieds pour passer une nouvelle dune et découvrir 3 autres nouveaux lagons tout aussi beau que les 2 premiers, mais cette fois vierge de monde.
On passera de l’un à l’autre pendant 2 heures, nous éloignant à chaque fois sur le lagon suivant au fur et à mesure que quelques voyageurs poussaient la visite un peu plus loin. Mui bonita.
C’est pas tout, mais Il est presque 17h et on a encore 1h de piste défoncée pour rejoindre Barreirinhas, puis 4h pour Sao luis. On se remet en route plus facilement que prévu car Noah a eu un petit mal de vente subit. Pour la petite histoire, je l’ai emmené sur le lagon suivant et Noah a pu perdurer sa tradition de plus beaux pipis de la planète pour se soulager cette fois au bord d’une lagune en creusant des petits trous dans le sable qu’on recouvrait ensuite très proprement.
Son petit mal de ventre passé, on est reparti vers notre 4×4, tombant alors au pic de l’affluence sur la lagoa Bonita. L’espoir demeure. Tant que les gens seront incapables de faire plus de 100 mètres à pied, on trouvera toujours un lieu vierge de monde.
Arrivés à Sao Luis sur les coups de 23h après s’être arrêtés au débotté manger des grillades sur le bord de la route, c’est l’heure des au revoir avec Carolina.
Demain, Amazonia, Baby !
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