Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il est 6h du matin, l’heure de partir à la conquête de l’univers des manchots. Mais d’ailleurs est-ce des manchots ou des pingouins ?
Petite « minute Capello » ô combien utile pour y répondre. Première différence, les manchots vivent dans l’hémisphère sud, tandis que les pingouins dans l’hémisphère nord. Le doute est levé, on va donc bien à la découverte des manchots aujourd’hui. Mais les différences ne s’arrêtent pas la car en fait ce sont 2 espèces totalement distinctes malgré leur apparence proche. Ainsi s’ils sont tous les deux des oiseaux, les ailes des manchots se sont rigidifiées avec le temps et ne leur servent plus qu’à se diriger dans l’eau tandis que les pingouins, eux, s’en servent toujours pour voler. Ah bon, les pingouins ca vole ? Et oui.
Le manchot est également sensiblement plus grand et se tient debout sur la terre ferme tandis que le pingouins a plutôt la taille d’un canard. Mais pourquoi est-ce qu’on les confond tout le temps dans ce cas ? D’abord, à cause d’une mauvaise traduction avec l’anglais. Manchot en anglais se dit… Pinguins. Et nous, quand on lit Pinguins, on pense naturellement à pingouins.
Ensuite, parce qu’il faut bien l’admettre, ils se ressemblent quand même pas mal avec leur dos noir et le ventre blanc en mode tenue de gala. Et là, c’est toute la beauté de l’évolution qui s’exprime, car ils ont la tenue de camouflage parfaite lorsqu’ils nagent. Vu du dessus, un prédateur aura du mal à les repérer car il verra un dos noir qui se confondra avec l’obscurité du fond de l’eau, alors que vu du dessous le poitrail blanc se confondra avec les tons clairs du ciel.
Mais revenons à nos moutons, que Noah doit probablement toujours être en train de compter car il est toujours 6h du matin. On commence à l’habiller dans son sommeil. Arrivé au t-shirt, il faut bien le descotcher de son doudou et là il se met en mode « on » comme seuls les enfants sont capables de le faire. En 3 secondes, il me regarde avec la tête enfariné, pas rancunier pour un sou, et de son plus beau sourire il me lance « on va voir les pingouins ? ».
Le côté positif de ce réveil très matinal c’est qu’on voit enfin un lever de soleil. Ici le soleil se couche vers 23h30 et se lève vers 5h15 donc depuis qu’on est la, on en avait jamais vu. Il n’y a pas à dire, le lever du soleil sur le canal de beagle, ça a de la gueule.
Rdv à la cahute de Piratour, la société qui a dégoté le monopole de l’île de Partilla, seul endroit sur la zone ou l’on peut observer les colonies de manchots de Magellan. Sinon c’est route vers l’antarctique à 1 000km d’ici, mais c’est un autre trip qu’on se réserve lorsque Noah sera plus grand.
l’île Partilla se trouve à 70Km de Ushuaïa sur le canal de beagle, et c’est donc l’unique endroit pour voir nos amis manchots.
On a donc été obligés de suivre le programme qui nous semblait un peu trop “organisé” à notre goût. Et puis sans être un capitaliste chevronné, l’expérience montre en général que le monopole s’associe souvent à une piètre expérience clients, les opérateurs n’ayant plus d’effort à faire pour garder leur situation. Oserais-je une réflexion machiste en y dressant une analogie avec le mariage ? Mais pour lever le suspense, dans le cas de Pirtaour, on va passer en fait 7h plutôt très agréable. C’est cadré certes, mais c’est bien fait.
Arrivés sur le port d’Ushuaia d’où part le car « vert grenouille » de Piratour, Noah affirme son petit côté rebelle en faisant un pipi magistral en plein air, devant le lever du soleil et en face de la marine militaire argentine qui stationne là depuis la guerre des Malouines.
Le programme est simple. 1h30 de car à l’aller qui va nous servir à finir notre nuit, petit arrêt pour voir une forêt de « Flag trees », ses arbres tellement battus par le vent qu’ils poussent en équerre dans le sens du vent, puis arrivée 10 minutes plus tard à l’Estancia Haberton d’où partira le bateau pour l’île Partilla.
L’Estancia Haberton, est la propriété des descendants de Thomas Bridges qui a évangélisé la tribu des Yamahas qui vivait là et qui est donc considéré comme l’un des premiers européens à avoir civilisé la terre de feu. Cette terre a ainsi été offerte par le gouvernement argentin en remerciement de ses bons et loyaux services.
On était une vingtaine dans le car et avant même d’arriver, on nous divise en 2 groupes qui auront chacun à leur tour 1h pour aller sur l’île des pingouins et des manchots (en fait il y a les 2 espèces sur l’île à cette période de l’année). On va donc se balader 1h à une dizaine de personnes ce qui est exactement ce qu’on recherchait. On est donc loin du risque initial de finir en usine à touristes.
On est dans le premier groupe, donc on embarque dans un zodiac rapide « à 2 moteurs » comme me dit Noah qui se dresse comme un i en en tremblant d’excitation. Arrivés sur l’île, on est accueilli par une horde de manchots qui s’éloignent à peine lorsque le zodiac accoste sur la plage. Il faut dire qu’autant les manchots sont les rois sous l’eau, autant sur la terre ferme Ils sont quasi aveugles et n’y voient pas à 3 mètres. En gardant cette distance on peut se mouvoir parmi eux sans trop les déranger.
C’est vraiment sympa, Les manchots sur la plage c’est un remake de la Côte d’Azur en plein mois de juillet (sauf qu’on caille pour le coup). Il y en a qui se dandinent vers l’eau, d’autres qui nagent, d’autres qui s’occupent de leurs petits. Une chose est sûre, à la seconde ou ils sont entourés d’eau ils deviennent des nageurs spectaculaires et font même des bonds hors de l’eau comme des dauphins.
1h à voir Noah attendri par les bébés pingouins, à les voir s’appeler et à voir Noah les imiter en nous expliquant qu’il faut rejeter la tête en arrière et se mettre bien droit pour faire le cri du pingouin.
Il y a donc 2 espèces sur l’île aux mœurs très différents. L‘Espèce dominante sur l’ile, bien que plus petite en taille, sont les manchots de magellan qui font leurs nids directement dans le sol. Les petits sont bien mieux protégés des prédateurs (Principalement les oiseaux) et sont donc ultra majoritaires.
Les manchots royaux, en revanche, sont beaucoup plus grands et plus élégants avec leurs pattes et bec orange, mais faisant leur nid à même le sol en déplaçant des cailloux et des branches, les petits sont plus visibles et moins protégés. Avec seulement 2 œufs par saison, pas étonnants qu’ils soient moins nombreux. En même temps il y a plus de gueux que de rois non ?
Malgré le froid polaire, l’heure passe trop vite et c’est seulement l’image de 2 manchots intrigués par l’arrivée du zodiac venu nous rechercher sur la plage qui va atténuer notre regret de quitter nos petits compagnons d’un jour. Il faut dire que les voir inspecter la coque avec des coups de becs était assez sympa à observer.
De retour à l’estancia, on se prend un petit gâteau à la banane, un chocolat chaud et 2 thés pour se réchauffer. Et oui, Noah, il est comme ça. Les chocolats chauds, il ne les prend qu’en de grandes occasions. Le premier c’était au Groenland cet été, voici venu le second à l’extrême opposé du globe. Excusez du peu.
Pendant que le second groupe va voir les manchots, on nous invite à aller voir le petit musée de l’estancia situé à quelques centaines de mètres de là, dans une autre bâtisse. D’habitude, on rechigne au plan musée de ce type qui frôle généralement dangereusement le piège à touristes où l’on exhibe des objets dignes d’un mauvais vide grenier, mais là c’est super intéressant. Ils ont regroupé dans une salle les squelettes de tous les grands mammifères et poissons qu’on croise dans la région (les différents types de baleines, dauphins, orques, lions de mer). Du coup on apprend pleins de choses et Noah adore voir les squelettes.
On n’a pas vu l’heure passer qu’il est temps d’embarquer ensuite sur un grand catamaran pour rejoindre Ushuaïa. Il faut remonter 70Km du canal de beagle donc on retombe forcément sur un gros bateau ce qui n’est pas notre moyens e navigation préféré.
On va ainsi repasser rapidement devant le phare des éclaireurs, l’île aux lions de mer et aux cormorans. Heureusement, qu’on l’a fait en petit comité il y a 48h, par super beau temps et en prenant notre temps. Du coup zéro frustration lorsque les touristes qu’on a rejoint sur le bateau, notamment chinois (la plaie du tourisme mondial il faut bien le dire) se mettent devant toi et te poussent pour prendre une photo en 3s dont tu vois bien sans avoir à la regarder qu’elle sera aussi moche et mal cadrée qu’ils sont mal éduqués. Ce retour s’avère être plus pour nous un moyen de transport différent du car qu’une visite en tant que tel même si c’est toujours aussi chouette de voir les loons de mer.
Retour vers 15h ce qui permet de rentrer tranquillement faire une sieste et retourner en fin de journée sur Ushuaïa en ramenant en stop 2 françaises qui sillonnent l’Amérique du Sud pour 1 an.
Noah a insisté pour manger une glace, donc on a fini par trouver un endroit qui en vend. Moi je ne l’ai pas vu mais quand Noah est entré les 2 vendeuses en sont restées apparemment bouche-bée (le tombeur de ces dames). Cet enfant me ferait-il de l’ombre ?… Du coup Free toppings, des minauderies. Noah is so international 😉
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