Lençois, signifie dans les langues originelles, voile ou draps, car le paysage des Lençois fait penser à un draps blanc jeté sur le monde.
Ok super, mais donc c’est quoi le parc des Lençois ? Je vous donne un indice. Cela n’a rien à voir avec le Club de Foot de Lens qui rend une copie nulle et vierge depuis maintenant quelques années en championnat.
Deuxième indice, c’est l’une des raisons majeures de notre retour aujourd’hui dans le Nordeste car lors de notre première venue dans la région c’était la saison des pluies, et donc ça perdait beaucoup de son intérêt d’y aller à cette période, donc on s’était résolu à le sortir de notre périple.
Enfin dernier indice, c’est un endroit à mon sens unique au monde. C’est un désert… qui n’est pas un désert.
Nous voilà bien avancés. Il nous parle de désert qu’il n’a pas pu voir à cause de la saison des pluies. Aurait-il pris une insolation en plein soleil le garçon ? C’est à y perdre son latin…
Allez je lève le Lençois (comprendre « le voile » si vous m’avez suivi) sur ce qu’on s‘apprête à voir.
Les Lençois c’est un paysage de dunes de sables blanc au milieu desquelles se trouve 4 mois par an, une myriade de lagons d’eau douce à la couleur crystalline.
Bon je vois montre une photo c’est plus parlant, parce que je n’entends pas des Oh et des ah d’émerveillement comme nous on s ‘attend à en avoir dans les prochains jours.
Voila !
Alors comment on explique ce phénomène qui s’étend tout de même sur près de 165 000 hectares me direz-vous ? Et bien vous l’aurez compris, aux Lençois, il pleut durant la saison des pluies et même beaucoup. Ce n’est donc pas un désert puisque la définition mondialement reconnu du désert est un lieu avec moins de 100 millimètres de précipitations par an. D’ailleurs, cela ne trompe pas, tout autour des Lençois, la végétation est plutôt luxuriante.
Mais à cet endroit précis ou se jette le rio Preguicas, le sol est particulièrement plat et un phénomène conjugué de marée, de vent et de chaleur va nous fabriquer à la pelle – si je puis dire – ce paysage bien insolite.
A marée basse, des bancs de sable et de limon se multiplient sur d’énormes étendues. La marée durant 6 heures, cela laisse le temps au soleil particulièrement fort dans la région de sécher les bancs de sable en profondeur, rendant le sable très fin et volatile.
La région – temple du kite surf s’il en est – étant balayée par des vents quasi permanents de la mer vers la terre , soufflant inlassablement dans la même direction sud – ouest dépose ce sable fraichement séché vers l’intérieur. Celui-ci au fil du temps s’accumule sur la végétation environnante au point de l’étouffer. Le sable gagne ainsi sur la végétation, qui recule. Au gré des obstacles ou reliefs le sable s’accumule et forme des dunes.
Mais comme en parallèle il y a une forte saison des pluies, des lagons se forment au creux des dunes durant 4 mois par an, imbibant en profondeur l’eau et alimentant la nappe phréatique qui a de nombreux endroits ici affleure le sol.
Lorsque la saison sèche arrive, les lagons d’eau douce sont formés, mais l’abondance de sable empêche néanmoins la végétation de pousser. Le soleil va réduire progressivement les quantités d’eau des lagons, mais alimentés par la nappe phréatique qui remonte en même temps, nombre de ces lagons perdurent pendant plusieurs mois.
Entre juin et septembre, on a donc la conjugaison unique au monde de dunes de sables avec en son sein de multiples lagons où se baigner. Et ça, c’est sûr, vu l’enthousiasme de Noah, on va adorer !
Lao tseu disait « là où il y a une voie, il y a un chemin », nous dans les voyages on dirait, « à paysage exceptionnel, moyen de locomotion qui le magnifie ».
On pourrait penser que le buggy, voir le quad est le meilleur moyen ici, mais les dunes de 30 mètres de haut en moyenne rend le buggy impraticable et le quad sur la durée sous un soleil accablant n’est sympa qu’occasionnellement. On sera donc dans les prochains jours, principalement en 4×4 ouvert sur-élevé, c’est-à-dire qu’à pleine vitesse, ça décoiffe ; mais avec un léger toit au-dessus pour protéger du soleil. On va aussi se tenter une petite virée à cheval, mais je ne vous en dit pas plus.
Et en ce qui concerne le programme, on s’est réservé 3 jours pour parcourir le parc. On s’était bien gardé une matinée et une après-midi de libre au début, mais on ne se refait pas, donc ces 2 demies-journées ont été à nouveau blindées de trucs à faire à peine 1h après notre arrivée.
Bon, trêves de bavardages, place au spectacle.
Départ ce matin 9h en 4×4 après un petit déjeuner bien sympa même si ce sera durant tout le sjéour un peu au petit bonheur la chance car quoi qu’on coche comme cases sur le menu, et quoi qu’on rajoute en français, anglais ou simili portugais pour préciser la commande, on reçoit un peu tout et n’importe quoi. Mais on s’en fiche, l’endroit est agréable, Noah mange, donc Virginie est contente.
On quitte Atins vers 9h en 4×4 donc, via une succession de petits chemins de sable entre les maisons du village qui s’avère finalement assez étendu. Puis, assez rapidement, la végétation se raréfie et on aperçoit une première grande dune de sable d’une bonne trentaine de mètres de haut qui marque un peu le début du Parc des Lençois.
Le 4×4 met les gaz, patine un peu dans le sable épais mais à grands coups de volants de gauche à droite sur toute la montée, on franchit l’obstacle. En haut, on commence à avoir un aperçu du parc. Sur la droite une bande de végétation et la mer juste derrière. En face et sur notre gauche, les dunes qui se font de plus en plus denses.
Pas de route bien sûr, pas de panneaux d’indications ici, mais de temps en temps un drapeau rouge qui facilite l’orientation en haut d’une dune. Il faut environ 6 mois apparemment pour maitriser le lieu. Conduire ici dans les dunes nécessite une grosse pratique. Il faut dire qu’avec le vent permanent, toutes les nuits, les traces de véhicules sont balayées par le vent.
Très vite on perd tout repère de direction. On a l’impression de rouler une bonne partie du temps comme on skierait les jours de nuages bas. Les reliefs s’estompent parfois totalement et il est bien difficile de savoir si on va monter ou descendre sur les prochains mètres.
Vient se rajouter la texture du sable. De dur comme de la pierre facilitant l’adhérence, à de gros paquets de sables mous et profonds dans lesquels on a vite fait de s’enliser. D’ailleurs, plus on avance dans la saison sèche, plus le sable devient fin et volatile, et plus on s’enfonce dans les dunes. Ainsi pour gravir les dunes, il faut souvent mettre les gaz pour éviter de planter le véhicule dans du sable mou, mais quand on arrive sur le crête, souvent un peu au dernier moment du fait du manque de repère visuel, gare à la chute. Car certaines dunes sont des collines en dos rond, mais la plupart adoptent une forme de croissant et on se retrouve au dernier moment face à un à pic de plusieurs dizaines de mètres dans lequel la voiture peut vite basculer.
Une fois, durant les 3 jours, le chauffeur a mis un coup de volant au dernier moment, nous évitant de basculer dans le vide.
Bref vous l’aurez compris, conduire dans les dunes n’est pas à la portée de tout le monde, et il faut connaître le lieu.
Pour notre première sortie, on s’enfonce assez rapidement dans le désert et les paysages parlent d’eux-mêmes. Des courbes de dunes parfaites, des jeux de lumière, de texture… On en prend plein les yeux. Heureusement qu’il y a de temps en temps un véhicule dans le paysage pour donner une idée des proportions et donner de la profondeur de champs.
Puis on commence à atteindre les zones des fameuses lagunes. Elles ont des noms, mais éphémères car la plupart des lagunes seront différentes dans leur forme, leur profondeur, voir auront disparu d’une année sur l’autre. Les lagunes stars de la saison en cours se nomment laguna Azul, tropical, émeraude… la thématique des noms est toute trouvée, pas besoin de verser dans une grande originalité, mais du coup, pas la peine de trop s’attarder sur les noms de celles-ci.
Tant qu’on roule on ne peut pas dire qu’il y a du monde. Au pire, on suit un autre véhicule par intermittence, mais comme ils ont donné quelques noms à des lagunes « star », évidemment à cet endroit, le seul fait d’avoir 10 4×4 qui stationnent cassent un peu la magie du lieu, alors qu’objectivement elles n’ont rien de vraiment mieux que la myriade d’autres alentours. Vous savez c’est le phénomène moutonnier de la salle de cinéma vide. Vous êtes 5 dans une salle de 400 places et il y a toujours un crétin qui vient se coller à côté ou devant vous, comme s’il avait peur du noir. Dans le cycle des robots d’Azimov, c’était pareil d’ailleurs. Tous les robots se rapprochaient les uns des autres pour dormir sans raison logique.
Bref quand on comprend que notre chauffeur ne nous a pas cerné et se dirige vers la lagune où il y a sûrement ses copains, par l’intermédiaire de notre guide on lui fait comprendre qu’on est du genre agoraphobes, donc autant qu’il nous trouve notre lagune rien que pour nous et nous évite celle prisée par les touristes du moment.
Et en effet, c’est bien mieux ainsi. En roulant 5 minutes de plus, on passe la laguna Azul – belle au demeurant – mais avec beaucoup trop de touristes brésiliens à mon goût – pour une lagune sans nom absolument magnifique que je baptiserai pour l’occasion « ma pépète » en souvenir de Benoit (comprendra qui pourra).
Bon, certains diront qu’on chipote, car il faut remettre dans le contexte, 15 touristes dans une lagune qui fait au bas mot 1 km de long, on est quand même loin de l’Aquaboulevard. Mais quand même, quand on peut être seul, pourquoi s’en priver ?
On arrive à « Ma pépéte » par une pente douce. Enfin, à peine a-t-on eu le temps de dire ouf et de sortir du 4×4 que Noah a déjà dévalé en courant la pente douce pour se jeter dans l’eau. C’est une eau « boucle d’or ». Comprendre ni trop froide, ni trop chaude, juste bien pour se rafraîchir.
Profondeur de 30 à 40 cm sur les pentes douces jusqu’à 1m50 à 2 mètres par endroit. Fond doux et sablonneux. Eau cristalline d’eau douce virant au vert suivant les endroits. Plusieurs centaines de mètres de long et de large au bas mot. Forme du lagon ? Toujours tout en successions de courbes marqués par les dunes. Mais il y a presque toujours d’un côté une dune de 20 à 30 mètres de haut dominante ne demandant qu’à être escaladée – et surtout à être dévalée ensuite – pour le plus grand bonheur de tous.
Le sable est très fin, pas trop chaud, donc même si tu montes et descends 20 fois, aucune trace de ton passage ne marque la dune.
Et comme la nature est bien faite, quand la pente est forte, on a tout de suite un bon mètre de profondeur pour pouvoir plonger ou sauter sans se faire mal à la fin de notre course endiablée. C’est quand même pratique ça, non ?
Autre particularité qu’on remarquera en avançant dans les lagons, c’est la présence ponctuelle à certains endroits de nénuphars parfois sur des surfaces assez importantes. Magique.
Des dunes comme cela, on en fera deux ce matin. et au cours des 2 premiers jours pas moins de neuf selon le décompte de Noah. Toutes ayant un charme différent par leur forme, leur couleur. Parfois elles communiquent. Car souvent d’une lagune, tu peux passer à l’autre en changeant juste de versant.
On y reste à chaque fois facilement une heure. Le temps d’explorer les crêtes, de dévaler les dunes, de faire des châteaux de sable et des cascades inversées (au lieu que ce soit l’eau qui coule en cascade c’est le sable sec qui se déverse dans l’eau), de traverser à la nage les lagons, de faire des poiriers, des chats dans l’eau etc…
De notre première matinée, ce sera sûrement la seconde dune ma préférée d’ailleurs, avec cette gigantesque pente à dévaler qui te coupe les jambes à la montée, mais qui est vraiment canon à dévaler. Pour la descente, j’ai envie de dire, chacun son style. Aérien pour Noah, quand il ne décide pas juste de descendre en roulant sur lui-même. Plus pachydermique pour Virginie selon un jury totalement objectif composé de Noah… et moi – la faute à son centre de gravité bas. Quant à moi, je ne veux pas être juge et parti, d’autant que j’y vais mollo depuis que je me suis fait une hernie bêtement en Sologne en soulevant des tables en marbres et qui se rappelle à moi dès que je force un peu, mais j’ai envie de dire tout en vitesse et gracieux.
Cette première matinée passe à une vitesse folle, comme à chaque fois qu’on s’amuse. Sur le retour, notre chauffeur met les gaz. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça décoiffe, hein Virginie ! Noah ressemble à Fleche dans les indestructibles avec sa tenue anti-uv rouge. Moi j’ai la classe bien sûr. Virginie, elle, s’est transformé en iroquois, à moins que ça ne soit la coupe Madmax. A vous de juger.
Voilà, il est 13h et quelques, et on arrive en bord de mer d’Atins. Enfin, c’est pas tout à fait le bord de mer car Atins est sur l’embouchure du Rio Preguiças, et à cet endroit un banc de sable fait un énorme coude ce qui fait qu’en face d’Atins, des paillottes – qui dépendent en fait de la localité voisine de Caburé – invitent à un déjeuner à la cool entre deux eaux.
Carolina nous trouve un petit bateau de pêche pour nous transborder de l’autre côté. Noah ronchonne au début car il voulait y aller à la nage, mais quand on voit le vent qui règne entre les 2 rives, et le nombre de kite surf qui virevoltent autour de nous comme des libellules, on se dit que le bateau est un moindre mal.
Noah trouve le bateau lent, très lent. En même temps l’hélice fait la taille d’une canette de coca cola… Et son humeur ne s’arrange pas quand on apprend que c’est ce type de bateau qu’on prendra ce soir pour aller voir les ibis rouges. Mais il faut que jeunesse se fasse. Quand il sera vieux comme nous, il prendra plaisir de temps en temps à ralentir.
En tout cas la paillotte est sympa. Noah se découvre une passion pour la nourriture brésilienne, comprendre le poulet, les crevettes (même s’il en mange deux petites à chaque fois, mais à l’entendre, il se régale) et surtout la ferafa (de la farine de manioc cuisinée dans du beurre à la manière d’une semoule) qui est supposée être une garniture jaune qu’on saupoudre sur les traditionnels haricots et riz, mais que Noah mange pour le coup comme un plat, faisant faire de grand yeux ébahis à Carolina.
Et comme depuis le début du séjour, Noah patiente avant et après son repas qui dure 40 secondes au maximum en prenant nos tongs, et en profitant qu’on mange presque tout le temps les pieds dans le sable, pour tracer de longs circuits de quad entre les tables. C’est drôle, il fait cela depuis qu’il est tout petit. Je ne vous dit pas les dizaines de photos qu’on a à travers le monde de circuits tracés dans le sable pendant que Noah se raconte ses histoires. S’ils se pétrifiaient, dans 10 000 ans il y aurait des spécialistes à travers le monde qui se casseraient les dents pour expliquer quelle espèce et quelle signification donnait leurs ancêtres à ces signes tribaux.
Bon c’est pas tout, mais avec tout cela il est bien 16h30 et à 16h20 on a rendez-vous avec les ibis rouge. Il faut qu’on repasse à notre poussada – qu’il faudra rejoindre à pied car c’est marée basse et le bateau ne peut pas ou ne veut pas traverser les bancs de sable pour nous déposer à la poussada directement, donc on va devoir se traverser Atins à pied en plein cagnard.
Et puis, on ne veut pas se contredire après nos remontrances sur la précipitation de Noah à l’aller, mais ce bateau est vraiment foutrement lent !
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.