Aujourd’hui, avec la destination qui nous attend, c’est cours de diction. On va voir quoi Noah ? « La laguna Merdla », « la laguna Malda », « la laguna Esmalda ». En fin d’après-midi après 10km et 5h de rando, il y était presque. Située sur la route 3 à 20km de Ushuaia, la laguna Esmeralda n’est pas à proprement parlé située dans le parc de la terre de feu, mais de l’avis de tous, elle combine à la fois une des plus belles ballades du coin, et un lieu prisé des locaux.
La veille on a fini par se coucher tard, avec ce soleil qui à 23h30 est encore au-dessus de l’horizon. On aune voiture, pas de contrainte de planning, donc on n’a pas mis de réveil pour se laisser le temps de récupérer. En même temps, comment Pourrait-on réveiller un tel bout’chou ? (Bon ok on l’a déjà bien fait 4 ou 5 fois dans les 10 derniers jours je sais, mais il est trognon quand même quand il ne nous assomme pas dans la nuit à coups de pieds).
Résultat, après un bon petit dej à 9h30 à la Tea House, on se met en route.
3 dos d’ânes pris trop vite (ici ils sont aussi invisibles que dévastateurs), une rue trop en pente où on a encore tapé le pare choc en bas contre l’asphalte, et un arrêt foiré à un feu plus tard (les feux sont en face de nous mais il n’y a pas de ligne blanche pour dire où s’arrêter), on se fait finalement arrêter par les flics non par pour toute cette série de mauvaise conduite, mais parce qu’il veulent en fait juste savoir où l‘on va en quittant la ville, et qu’on allume nos feux de position même si on est en journée. A côté de toutes les infractions du matin, on s’en sort plutôt bien.
On roule encore 25 bonnes minutes en dehors de la ville Jusqu’au parking du début de la rando Esmeralda. il est 11h bien tapé. On a lu que c’était pas mal gadouilleux comme rando, et pour cause. Elle est en partie située dans une tourbière dont la faute semble bien incomber aux castors. Oui, mais si on remonte la chaîne causale, comme toujours, on trouve l’Homme. Les premiers européens qui sont arrivés dans la région ayant trouvé des similitudes avec le nord du canada côté environnement, ils ont importé 25 castors en se disant que ca ferait de la fourrure.
Sauf que dans le nord de l’amérique, il y a des ours, des coyottes et autres animaux du genre qui les bouffent, alors qu’ici, il n’y a rien. Résultat, en moins d’une décennie, ils ont eu une invasion de castors qui se sont mis à construire des barrages partout, dérivant les rivières, inondant toute la région et polluant l’eau au passage (je suppose parce qu’ils créent des retenues d’eau ou se développent des bactéries. A vérifier…). La solution très sérieuse des scientifiques à cet épineux problème pour les erradiquer ? Faire aimer la viande de castor aux gars de la région pour qu’ils se mettent à les chasser pour leur viande. Sauf que pour l’instant, au menu des restaus, pas de burgers de castors en vue.
Ceci explique également ce panneau, dès le début de la ballade, nous invitant à signaler le moindre castor en le prenant en photo. Dans les aéroports on a des wanted à 5 000$ avec des têtes de mecs patibulaires comme à l’époque du far West, mais à Ushuaia, ce sont les castors qui sont “Wanted”.
Après 40 mètres de ballade, on réussit à se perdre. Oui vous avez bien lu, non pas 40 minutes, mais 40 mètres. Record battu. Comment c’est possible ? Je ne me l’explique toujours pas. Peut-être la faute à un oiseau qu’on a suivi et qui allait de branches en branches, puis un sentier emprunté par des animaux qu’on a pris pour celui de la rando. Tant est si bien qu’on erre dans le bois pendant une bonne vingtaine de minutes – sans trop savoir qu’on est en fait déjà perdu – mais on finit quand même – par retrouver miraculeusement le bon chemin.
Noah de son côté, marche depuis le début. La forêt il adore. La théorie de Virginie c’est qu’il y a plus de choses à voir pour lui que les paysages à perte de vue. En tout état de cause, cette rando va être le kif pour lui, car on va vite la surnommer la rando de Peppa Pig.
Entre la tourbière naturelle, l’activité des castors et le temps pluvieux de la région, c’est bien simple, on est dans la gadoue jusqu’au cou. Et encore, heureusement pour nous, pour l’instant, il fait beau. Du coup, on en est réduit à marcher régulièrement sur des rondins ou des lattes de bois à moitié immergées, on sort du chemin pour trouver des alternatives au sol détrempé, et après on essaye tant bien que mal de revenir sur le chemin. Pour Noah, paradoxalement c’est plus simple car il est léger et s’enfonce moins quand il fait fausse route.
En plus, depuis qu’on a retrouvé le bon chemin, il cherche à la manière du petit poucet, les petits carrés bleus qui balisent la ballade, et cela s’avère un sacré booster pour notre petit bonhomme.
Après 50min de forêt, on débouche sur une plaine et on devine au fond de la vallée l’endroit ou doit se situer la lagune Esmeralda.
On tombe sur un premier barrage de castors et on comprend au vu de la taille de l’édifice (3m de haut sur 30m de large qu’effectivement ils impactent bien la nature. D’ailleurs, effet de mimétisme, Noah aussi s’emploie à devenir un petit castor et se met à transporter des branchages en, vue de construire lui aussi son barrage.
On poursuit la marche et après avoir gravi une bonne colline on débouche sur un nouveau plateau on ne peut plus marécageux. Les petits carrés bleus qui servaient de balisage disparaissent au moment précis ou on en aurait vraiment besoin. Devant nous, il y a du randonneur plus ou moins bien équipé disséminé un peu partout qui cherche une voie navigable. On voit revenir une nana avec de la boue jusqu’aux genoux disant qu’elle a cherché partout et que c’est ce chemin le mieux (quand on voit son état, on n’a pas envie de la croire). Puis plus loin, on voit des chinois pour le coup totalement en perdition, en mode chacun pour soi (il y en a qui ont perdu leurs pompes dans la boue, d’autres qui sont embourbés à mi-mollet, d’autres à mi-cuisses, les parents ont carrément abandonné les enfants à leur sort). La bande marécageuse doit bien faire 100m de large sur au moins 300 de long avec en point de mire la lagune. Un rapide coup d’œil montre que la majorité opte pour aller tout droit, au plus court, vers la lagune, et une petite minorité s’ait égayée un peu au petit bonheur la chance.
Du coup avant de se jeter dans la mêlée avec Noah, on observe et on cherche du regarde ceux qui ont l’air d’être des habitués du lieu, ou a minima des natifs. On repart un peu dans la forêt, on s’éloigne de la tourbière Pour faire un gros détour et on finit en prenant un peu de hauteur par comprendre que les bâtons jaune qu’on voyait depuis la disparition des carrés bleus ne sont pas les indicateurs de la ballade, mais les zones à éviter pour cause de zone marécageuse – ce que Peu de gens ont compris visiblement.
Alors qu’on était presque résignés à sombrer dans le marécage, on distingue un gars bien excentré, qui a une tête de gars du coin et qui revient de la lagune à un pas plutôt rapide et pas franchement sale. S’il y a un chemin praticable, ç tous les coups c’est celui-ci. On s’évite donc ce qui s’annonçait perte un grand moment de solitude, en prenant cet axe qui, à défaut d’être sec, est pratiquable. On passera un certain temps à sauter de cailloux en cailloux pour éviter autant que possible le bordel et si la dernière pierre à 20m de la sortie de la tourbière n’avait pas basculée sur le poids conjugué de Noah et moi quand je le portais, j’en aurai presque sauvé mes chaussures.
Finalement, après 2 nouvelles petites collines (c’est fou comme dans toutes les ballades, chaque fois que tu crois que tu es arrivé, tu as 20 minutes de plus qui sortent de nulle part),, on débouche sur la laguna Esmeralda.
Pile poli au moment ou le soleil pointe le bout de son nez. Pique-nique sur la petite plage de la lagune ou l’on comprend que c’est le point de rdv des locaux. Noah a marché tout seul tout du long, il a le droit à une petite surprise : l’une des 15 sucettes de la méga sucette de la culpabilité qu’on lui avait acheté au départ de Paris, lorsqu’il avait tapé la tête contre le carrelage du haut de son chariot.
Sur le retour, Noah demande à être porté pendant une petite heure. Je cite “Je suis mort de fatigue”. En même temps, la photo parle d’elle même non ?
Puis il se remet en selle pour la fin de la ballade et serait presqu’arrivé propre “un miracle au vu du périple” si au moment ou on a levé les yeux et aperçu le parking, il n’avait pas fini dans une flaque. Comme dit Noah. « OH c’est pas possible !!! C’est trop rigolo !!! »
Retour pour se reposer à 16h à la maison. grosse sieste réparatrice pour tout le monde. Avec cette nouvelle rando, Noah a décidé de compléter son nom indien. Merci désormais de bien vouloir l’appeler : “Petit puma, petit castor, petit lion de mer”. Je ne vous raconte pas à la fin du séjour la longueur du nom qu’il aura.
19h, on dîne “enfin” chez Christopher après notre raté de la veille. On a clairement eu raison d’insister. Super Parilla avec un Noah sage comme une image qui va dévorer à la façon d’un petit puma son bife de Chorizo.
1 Commentaire
Chonchon
On est obligé de faire une rando aussi longue pour manger un steak aussi bon ? 🙂
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