Depuis maintenant 3 mois, Noah est très excité à l’idée d’aller à la TERRE DE FEU. J’utilise des majuscules parce qu’invariablement quand il prononce ce mot, il est pris de tremblements et louche en regardant vers le ciel. Dit comme cela, ca fait peur mais en fait c’est très mignon. Je vous montre le style..
De notre côté, faire un saut à Ushuaia nous trottait dans la tête depuis plus de 10 ans. Le côté bout du monde ca a toujours un petit quelquechose de magique pour nous. Alors même si certains disent que ce n’est pas aussi incroyable que l’idée qu’on s’en fait – la faute à Nicolas Hulot qui a associé Ushuaia à tout ce qui est merveilleux sur la terre avant de ‘ne faire un gel douche – on se dit qu’arrivés aussi au sud de l’Amérique pour ne pas faire cet “extra mile” pour aller au bout du monde, ce serait quand même dommage.
Enfin, pour arriver à Ushuaia, parler de simple ”extra mile” s’avère un petit euphémisme, même quand on est déjà en Patagonie. Il a d’abord fallu retourner en Argentine à El Calafate (5h de route, 2 postes frontières et un nouveau stop à Espéranza ou Noah a ranimé le danse floor devant le Food truck). Puis prendre l’avion à 9h pour 1 bonne heure de vol vers Ushuaia.
Mais en attendant d’embarquer, alors qu’on contemple avec Noah une carte du monde sur un panneau de 10 mètres de long, ca saute vraiment aux yeux. Non seulement Ushuaia est bien la ville la plus au sud de la planète, mais il y a de cela moins de 6 mois, on visitait Illulisat au Groenland, qui ne doit pas être loin d’être la ville la plus au nord de la planète. Près de 18 000 Km sépare ces 2 villes à vol d’oiseau ! Difficile de faire plus éloigné en un si court lapse de temps. Pas tout à fait 4 ans et déjà un véritable globe trotter.
Arrivés à Ushuaia vers 11h sous un temps mitigé, on loue notre voiture et on se dirige vers notre Airbnb situé au pied du Glacier Martial dans les hauteurs d’Ushuaia. 4 nuits, pour découvrir la zone. Les gens restent plutôt 2 jours, mais je sens qu’il n’y aura rien de trop.
Après avoir emprunté l’unique route vers le glacier Martial, on est vite paumé pour trouver notre logement. C’est une longue route qui monte en lacets sur plusieurs kilomètres en pleine forêt et l’adresse qu’on a indiqué sur Google nous plante au beau milieu de la route, sans panneau, sans habitations, sans chemin. Du coup, on fait 2-3 allers et retours pour voir si on n’a pas raté un truc et ne voyant rien, on fini par monter tout en haut jusqu’au départ de la rando du glacier. Pendant qu’on cherchait, la pluie s’est invitée au rendez-vous ce qui fait qu’une fois en haut, on court vers une charmante Tea house en forme de maison de poupée pour leur demander s’ils savent ou est notre airbnb. Ca tombe bien, on est en fait arrivés. Autour de la Tea House , ils ont construit quelques maisons dans les bois. La maison recueille l’approbation générale. Salon, cuisine jacuzzi au rdc donnant sur la forêt, Chambre à l’étage. Bon, tel qu’ils ont disposé le second lit, contre la balustrade, si Noah dort là, il meurt à tous les coups, mais disposés autrement, on se dit qu’on va bien profiter de ce petit coin de paradis.
Devant la baignoire avec des bulles comme à Valloire qui donne sur la forêt, Noah est au taquet..
On n’a pas prévu grand-chose cette après-midi et Noah a faim. On part donc au petit bonheur la chance chercher quelque chose à grignotter en ville le temps que la pluie cesse, ce qui arrivera dès qu’on s’approchera de la ville. Le glacier sous lequel on est créé un micro-climat et la pluie a l’aiguë de se concentrer plutôt là. Virginie nous dégotte du premier coup un biftek et des langoustines assis sur un tonneau à la Caverna de lobo, qui se situe au-dessus d’un musée de pirates. Que demander de mieux ?
Entre le réveil matinal et le mauvais temps, on était parti pour être raisonnable et retourner à la maison pour faire faire une sieste à Noah. Mais voilà, non seulement il ne pleut plus, mais le soleil pointe le bout de son nez, et comme on nous annonce un temps pluvieux pour les jours à venir, on décide d’en profiter et voir si à tout hasard il n’y aurait pas moyen de choper un bateau pour se balader sur le canal de beagle.
Devant un bateau de croisière de 8 étages qui s’était amarré pour la journée et qui laisse Noah bouche bée à essayer de compter les milliers de chambres du navire, une série de cahutes proposent chacune une découverte du canal avec un circuit et un type de bateau différent. On a l’embarras du choix, et d’aucun pourrait penser qu’on va avoir du mal à choisir, mais comme on avait lu pas mal de choses là-dessus avant d’arriver, notre choix se confirme sur Patagonia Adventure dont la taille du bateau (20 personnes max) nous semble moins touristique et mercantile que les autres. Renseignements pris, ils ont encore de la place pour le départ de 15h30. Banco.
Sauf que le temps ayant changé on n’est vraiment pas équipés pour 3h de bateau. Il est 14h20 et on a rdv à 15h pour passer le contrôle de la capitainerie – comprendre surtout payer la taxe portuaire -. C’est très court, mais je laisse Virginie avec Noah et entreprend de faire l’aller-retour à la maison pour récupérer le minimum afin de ne pas finir en crèmes brulées (Lunettes, chapeau, crème solaire qu’on n’avait pas jugé bon de prendre au regard du temps qu’il faisait).
Ici, on n’est qu’à 1 000 Km seulement du pôle sud, et on en a fait l’expérience lors d’une rando il y a 3 jours où Virginie et moi avions oublié une petite zone dans le cou que nous pensions protégée par nos tours de cou. Bilan brulure cramoisie qui nous a fait vider la moitié du tube de Biaffine.
C’était déjà juste car il y a 20 bonnes minutes de voiture pour retourner au Airbnb mais ce qui va compliquer le trajet, c’est internet (ou plutôt son absence) qui depuis qu’on est en Argentine marche vraiment quand il veut c’est à dire jamais. Sans, je n’ai plus de moyen de navigation. Heureusement que la ville est un gigantesque quadrillage, donc assez aisé de se situer et que je sais qu’il faut viser le pied du Glacier Martial qu’on aperçoit de loin sinon jamais j’aurai retrouvé l’endroit. Du coup, grace au sens de l’orientation qui semble se transmettre chez nous de génération en génération – enfin, chez les hommes uniquement – j’arrive à bon port (Dans les 2 sens du terme) et réussi à arriver à temps pour récupérer les 2 loulous et embarquer sur le bateau.
Noah a l’air un peu fatigué de prime abord, mais dès qu’on lui dit qu’il va aller voir des lions de mer, il reprend du poil de la bête et c’est sous un soleil éclatant qu’on embarque pour 3h de ballade sur le mythique canal de Beagle.
Au programme :
- le phare des éclaireurs qui permettait d’entrer dans le canal de beagle en évitant les bas fonds (le canal de beagle, qui relie l’océan atlantique à l’océan pacifique est en effet large d’environ 1km avec d’un côté la côte chilienne, de l’autre la côte argentine, et au milieu se situe un chapelet de petits ilots et de bas fonds qui ont du faire des ravages au début de la navigation dans le canal.
- L’ile aux cormorans impériaux
- L’ile aux lions de mer
- L’ile Bridges, du nom de Thomas Brigdes un missionnaire Anglican qui en 1870 s’est installé ici, a appris la langue des indigènes (les Yamanas) et selon de quel côté on se place à permis de leur apporter notre culture, ou a fini de contribuer à les faire disparaître. j’ai ma petite idée, mais elle n’est sûrement pas politiquement correcte dans le coin.
Petite particuliarité des Yamanas, donc on suppose qu’ils sont arrivés là il y a au moins 7 000 ans. Ils se nourissaient principalement des lions de mer mais n’utilisaient jamais leur fourrure. Ils se balladaient donc en gros à poil par un temps pas des plus cléments, puisqu’il descend sous les -30 degrés en hiver. Leur méthode pour survivre ? Rester soi-même ! (on dirait un de ces mauvais slogans de Marque qui n’a plus rien à dire à laquelle une Agence de pub, après leur avoir facturer une blinde, a réussi à leur vendre l’idée selon laquelle il faut maintenant qu’elle devienne inspirationnelle). Sauf que dans ce cas, c’est vrai. Les Yamahas en restant eux-même ont survécu ainsi grâce à leur peau devenue plus épaisse et une température corporelle un peu plus élevée que la notre, issue de l’adaptation au milieu naturel et de leur nourriture extrêmement riche en graisse de lions de mer.
On a beau avoir vu dans nos différents périples des lions de mer et des iles aux oiseaux un peu partout sur la planète, on ne se lasse pas de les revoir. C’est toujours étonnant de voir comme chaque espèce s’accapare chacune Un environnement, le plus souvent concentré dans un rayon de moins de 15km.
En fin d’après-midi, on fini par une petite marche sur l’ile Bridges, qui est l’une des plus grandes iles du canal de Beagle. Après tout est relatif car en 30 minutes max tu en fais le tour.
Sur l’ile de bridges, on nous montre les mousses Yareta qui poussent à raison de 10mm par an. Celles qu’on voit ont donc presque 600 ans. Noah est prié de ne pas marcher dessus, mais il peut toucher doucement. Etonnamment il résiste à la tentation de faire une bétise et se contentera de les toucher toutes, mais doucement.
On poursuit la marche jusqu’à atteindre le haut de l’ile et avoir une vue panoramique sur le canal et la ville d’Ushuaia. Un moment bien sympathique pour se dégourdir les jambes.
Selon l’adage qu’il faut toujours profiter du temps présent et qu’on pourrait généraliser globalement au voyage, on voit au loin des nuages bien menaçants au-dessus d’Ushuaia et visiblement, là-bas, il flotte sévère. Bonne pioche le canal de beagle pour l’après-midi.
C’est de là d’ailleurs qu’on comprend la topographie de cette ville construite sur les flancs de la fin de la cordillère des Andes, entourée par les montagnes et au pied du glacier Martial qui surplombe la ville. A défaut d’avoir du charme Malgré sa localisation, à cette distance, on retrouve à Ushuaia les côtés pratiques de ces villes de bout du monde comme Ilulissat au Groenland, ou Longyearbean en Norvège qui se regroupent autour du port et de toute son infrastructure de stockage pour les longs mois d’isolement. Containers, réservoirs de fuel, pièces détachées, infrastructures rouillées et abandonnées, port de pêche. Aucun élément pris isolément n’est en soi vraiment beau, mais cet assemblage, souvent composé d’à plats de couleurs, dont chaque éléments est indispensable à la survie de la communauté, donne un aspect dramatique qui n’est pas dénué de charme.
Retour à Ushuaia sous une pluie battante au moment précis où on met le pied hors du bateau. Il est 19h et on irait bien dîner pour se coucher tôt mais si le soleil ne se couchera que vers minuit ici. Après un échec chez Christopher (qui n’ouvre qu’à 20h) pour aller dîner, on finit chez Moustacchio, grillades au barbecue qui va permettre à Noah d’avoir une révélation. Il adoooore la viande Argentine et plus précisèment le Biffe de Chorizo.
Petite dédicace pour Benoit :
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