Ce matin, Il pleuviote. Pas de soucis, s’était prévu. Le site météo yr.no qu’on utilise s’avère hyper précis depuis el début et il a dit qu’il ne pleuvioterait que jusqu’à 11h. J’avais donc calé une visio Sologne avec Alice la paysagiste à 9h en prévision du mauvais temps.
Le temps de faire la visio, de prendre un petit dej, de ranger – car on change de maison aujourd’hui – et de tout mettre dans la valise sous un léger crachin, il est 11h02 et on remarque avec Noah qu’il ne pleut plus. Le norvégien, il est pointu, il est précis, il est ponctuel.
« Qu’est ce qu’on va faire aujourd’hui ? » me demande Noah.
Et bien, on va déjà commencer par aller au village de Nusfjord.
« On ne va pas faire une randonnée j’espère ? » Ca, c’est un classique de Noah. Au début il est au taquet sur les randos, après il ne veut plus, mais dès qu’il en refait une, il est content. Il suffit de la savoir.
Moi : « Je ne sais pas, ça dépendra du temps ».
Ce qui est bien avec les Lofoten c’est que rien n’est bien loin. Et j’ai encore plus raccourci les distances en changeant d’hébergement 3 fois dans le séjour, chacun étant à chaque fois à moins d’une heure de route les uns des autres ce qui rapproche encore plus les points d’intérêt de là où on dort.
Le village de Nusfjord est situé à 30 minutes de Leknes, à la pointe d’un des nombreux fjords qui composent les Lofoten.
On est ici dans un village « musée », mais ça a beaucoup de charme. On s’arrête à la bakery pour grignoter la spécialité locale, une sorte de beignet plein de crème hautement diététique comme vous vous en doutez (heureusement ils ont fait une version sans cannelle ce qui permet aussi à Virginie d’apprécier le moment et de devenir par la suite carrément addict).
C’est aussi la première fois qu’on voit des séchoirs à poissons qui sont utilisés durant la saison de la pêche à la morue ainsi que les différents bâtiments de traitement des poissons jusqu’à leur expédition. Dans les Lofoten en effet, l’économie ancestrale c’est la pêche, et plus particulièrement de février à avril celle de la morue. Période que j’étendrais bien volontiers à juin-août tant les touristes sont dans leur grande majorité résolument moches. Mais je m’arrête on va dire que je suis méchant.
Le village est aussi rempli de genre de mouettes assez rares (les Black quelque chose) qui ont élu domicile sur presque tous les toits du village et font un boucan d’enfer. L’occasion d’évoquer à Noah le film Les oiseaux d’Hitchcock, mais on va attendre un peu avant de le lui montrer. Déjà qu’il continue de débouler dans notre lit presque toutes les nuits alors si on rajoute des cauchemars par-dessus…
Vers 12h30, Noah a faim. On sait qu’il ne mangera rien comme d’habitude, mais le restau Karoline qui dispose d’une super vue sur le fjord nous tend les bras, alors on s’installe. Et là ,Virginie et Noah voient de la fenêtre un speed boat qui part avec seulement 2 personnes à son bord. Et les revoila tous les deux repartis sur le fait qu’on devrait faire du speedboat cet après-midi. Aucune envie de rester sur l’échec d’hier. On fini donc de manger le plat et je pars à la pêche aux infos pendant que Virginie commande un dessert.
Quand je reviens, c’est la douche froide. Une seule sortie par jour, qui vient donc d’avoir lieu. La prochaine c’est demain matin à 11h. Je me replonge devant l’air abattu de mes 2 doudous dans mes recherches de speed boat et en trouve un qui part de Sorvagen demain soit à 11h ou 14h et qui est à 10 minutes de là ou on dort. En back up il y a une dernière option en fin de séjour qui part de Svolvaer. Donc évidement ils veulent… les 2.
Chaque chose en son temps, commençons déjà par celui de demain. Impossible de les joindre au tel donc je finis par réserver pour 14h directement en ligne en mentant sur l’âge de Noah puisque c’est réservé aux enfants de plus de 8 ans. Mais je ne sais toujours pas si on aura le quota des 6 personnes qui ont l’air d’être la norme pour confirmer une excursion, et comme personne ne me répond…
Le temps étant toujours gris (on est en Norvège, ou bien ? ), mais plus aucune pluie n’étant annoncée, je propose qu’on aille marcher un peu. Il y a une rando de 3h qui relie Nusfojord à Nesland par un chemin côtier qu’on n’aura pas le temps de faire, mais il y a une extension du début de cette rando qui permet d’atteindre la pointe jusqu’à l’embouchure du fjord.
Noah évidemment ne veut pas, puis après avoir marché 10 minutes, il commence à kiffer grave l’endroit et ne voudra plus jamais partir bien sûr.
Pendant que Noah et Virginie s’amusent sur une des hauteurs dans la végétation, je fais sur la berge à côté d’un roburer typique mes 10 minutes de coup de fil lunaire quotidien au sujet du restau de Valloire. Le thème du jour ? Le chef Aurélien qui nous avait collé sa démission fin juin avec effet au 30 août et qui refusait catégoriquement de faire un jour de plus alors que sur ces conseils on avait initialement fait les contrats du reste du staff jusqu’au 15 septembre m’avait envoyé la veille un mail me demandant de transformer sa démission en rupture conventionnelle parce qu’il s’était fait mal au pied en dehors des heures travail et qu’il craignait de se retrouver au chômage sans indemnité et sans pouvoir travailler. L’arroseur, arrosé ?
A cette situation déjà absurde, c’était rajouté celle de la serveuse qui était partie il y a 48h en plein milieu du service du midi, fait ses affaires et quitté apparemment la station sans prévenir son manager, Nicolas, alors qu’elle était pourtant je cite « sa meilleure amie depuis 17 ans ».
Pendant ce temps Nicolas, avait appelé le mari de la serveuse qui avait découvert qu’elle était partie depuis 48h et donc visiblement pas retournée chez elle dans le pays basque. Il s’avérera par la suite qu’elle couchait avec un autre gars sur Valloire et était donc allé s’installer chez lui au lieu de rentrer chez son mari.
Nicolas me demandait donc de signer un contrat avec Adelaïde qui remplacerait la serveuse au pied levé. La même Adelaïde qui fin juin avait elle aussi disparue plusieurs jours sans donner signe de vie (les versions ont oscillées entre volonté de rester au lit avec son mec de passage, et partie pour voir sa grand-mère qui était très souffrante) ce qui lui avait valu qu’on mette fin à son contrat de travail ; mais qui était quand même revenue 3 jours nous dépanner début août quand Nicolas avait été malade (maladie qui apparemment le suit depuis des mois mais dont nous n’avions jamais eu connaissance).
Et alors que je m’apprêtais à donner accord pour reprendre Adélaïde, la dite serveuse venait suite à un de mes mails de me répondre qu’en fait si, elle revenait mercredi pour finir la saison mais qu’elle ne reviendrait pas dans le logement de fonction. Il fallait donc que je décide entre faire confiance à la serveuse qui revenait mercredi ou reprendre Adélaïde pour finir la dernière semaine de la saison…
Vous suivez toujours ? Tant mieux, parce que moi, j’ai du mal.
Bref, quand je raccroche pour rejoindre mes 2 loulous, Noah est planté droit comme un i sur un rocher de granit, des étoiles dans les yeux et me lance « c’est tellement beau ici que j’en pleurerai de joie ». Vous conviendrez que ça remet en perspective la bêtise du monde.
Virginie est tout aussi contente, mais comme c’est un adulte, la portée poétique sera moindre. Elle est juste contente et souriante, mais c’est quand même vachement bien.
On part donc se balader dans ce paysage de bout du monde composé d’escarpements rocheux, de mousses et graminées en tout genre pendant près de 2h. On ira voir un petit phare en traversant un petit pont, puis Noah voudra aller de rochers en rochers jusqu’au bord de l’eau, puis partir à l’aventure parce que « c’est sa nature d’être un aventurier ». Si vous suivez, en ce moment sa nature lui dicte beaucoup de choses, mais rien du genre dormir dans son lit ou manger à table. C’est étonnant cette « nature ». 😉
Il est plus de 17h30 quand on revient à notre voiture. Il faut quand même qu’on rejoigne notre logement à A. Dans la vérité si je mens cela aurait pu ressembler à ça.
« Ah oui c’est bien, mais il est où votre logement ? ».
« Ben, à A ».
« Euh oui d’accord, mais c’est où ? »
« Dans le village de A, mais en fait, ça se prononce O »
« Ok vous vous fichez de moi, c’est ça ? ».
« bon non, on va bien dormir à A. Oh !!!! »
Allez, trêve de plaisanterie. On va bien dormir dans le village le plus au sud des Lofoten qui s’appelle A. Comme cela, si on vous demande un jour qu’elle est la première ville du monde par ordre alphabétique, vous pourrez briller en société en disant que c’est la ville de A dans les Lofoten en Norvège et vous aurez une petite pensée pour nous.
Mais après, comme l’orthographe exacte c’est A avec l’accent en forme de O au-dessus (on est en Norvège je vous rappelle), apparemment ça se prononce pas A mais O.
On prend donc possession de Notre Rorburer à peine 1h de route après avoir quitté Nufsjord en se disant qu’on retournera probablement là-bas si le temps le permet pour faire la rando entre les 2 villages.
Le logement du jour n’a rien à voir. Sommairement aménagé, mais c’est un Rorburer typique avec une belle vue en enfilade sur le port. Plein de charme.
On ne croule pas sous le choix du lieu pour dîner ce soir en revanche et comme on ne reste qu’une nuit ici on ne voulait pas faire la popote. On opte – restriction culinaires oblige avec Noah – pour le restaurant Havet situé à Sorvagen. On aurait pu prendre plutôt Maren Anna mais qui avait l’air très poisson. Et surtout j’avais ma petite idée en tête en allant à Havet. Certes, il offrait une belle vue dégagée sur le port vs Maren Anna qui était plus typique mais dans un lieu plus enfermé, mais c’est surtout que Havet était le restaurant de l’hôtel TIDE qui est le site par lequel j’avais réservé le speed boat de demain. Je me disais que sur place j’aurai une petite chance ainsi de savoir si on allait avoir le tour confirmé ou s’il allait être annulé également faute de participants.
Et en effet pendant le dîner on tombe sur une serveuse française qui se renseigne pour nous et qui commence à nous dire qu’on est les seuls demain au créneau de 14h et que ce sera donc annulé parce qu’il faut 6 personnes. Après quelques essais infructueux où elle joue le rôle d’intermédiaire avec le capitaine du bateau, j’obtiens qu’elle me donne le portable du gars et je prends les choses en main.
On finit par convenir par sms avec le capitaine que c’est maintenu pour demain 14h quoi qu’il arrive et que si on n’est que 3 on payera pour 4 personnes.
On se couche avec Noah en lisant Morigane Crow et en espérant qu’il tiendra parole et que le temps permettra de faire la sortie en bateau.
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.