Le village de Jericoacoara signifie en langue indigène « dos du caïman ». Alors non, il n’y a pas de caïmans vraiment à la ronde, mais il est situé sur une petite colline qui rappelle la forme bombée du dos du caïman. Mais Jericoacoara nous a surtout provoqué une bonne barre de rire avec Noah qui pendant 10 minutes dans la voiture n’a jamais été capable de le prononcer correctement. D’ailleurs même maintenant c’est toujours pas ça et pour Virginie non plus, donc on dira Jericoa, c’est plus simple.
Notre chauffeur qui doit nous conduire en 4×4 à Jericoa ne parle que portugais. C’est un peu le problème qu’on avait rencontré au Brésil il y a 5 ans d’ailleurs et qui semble ne pas avoir changé. Personne ne parle anglais ni espagnol, et le portugais… ben ça ne ressemble à rien qu’on connaît.
Les buildings de la plage de Fortaleza laissent rapidement place au « vieux » centre et ses quelques bâtiments de style portugais rescapés des immeubles qui poussent comme des champignons (Fortaleza est la 5ème ville du pays avec 2,6 millions d’habitants), puis son marché central. On change assez rapidement de paysage pour de grands espaces verts dénués de la moindre présence humaine. Pour une ville de cette taille, on a quitté plutôt vite la civilisation. Noah lit confortablement tandis que les paysages défilent.
Pour rallier Jericoacoara, on a 4 h de route quand même. Vive les grands espaces et les nombreuses palmeraies. Après un petit stop de 15 minutes à Itarema à mi-chemin pour grignoter une petite assiette dans un bouiboui, on repart.
A 35 km de notre arrivée, on quitte l’asphalte pour des pistes alternant pavés et sable. Dans les 20 derniers kilomètres, une fois entrés dans le parc, on se retrouve le long de la plage à rouler à vive allure sur la plage.
On est dans Madmax. On doit être moins d’une dizaine de 4×4 à l’horizon et chacun emprunte des chemins différents, changeant abruptement de trajectoire pour trouver la partie la moins ensablée ou celle qui a le moins de vagues qui cassent les amortisseurs. Clairement les pilotes de 4×4 sont engagés dans une mini course. Parfois on en double un, parfois à la faveur d’une mauvaise trajectoire, on ralentit et on se fait doubler. Noah est aux anges ! Ca bouge, ça secoue, ça dérape. D’autant que déboulent désormais sur les côtés des buggys. Quelques véhicules classiques qui ont bravé l’interdiction de circuler se retrouvent eux bien à la peine et constituent autant d’obstacles supplémentaires à éviter désormais dans notre course effrénée.
20 minutes plus tard, on s’est bien marré. Noah trépigne à l’idée de remettre cela avec le buggy demain. Ca promet !
A l’entrée de Jericoa, on est rappelé à la dure loi du commerce. Il faut s’acquitter de la taxe de tourisme. Comme partout dans le monde, la bureaucratie est à son rythme. Aussi, pour un petit papier (toujours le même), 15 minutes d’attente à longer à pied comme on peut le bâtiment administratif pour rester à l’ombre et ne pas griller au soleil.
Mais tout cela pour un bien finalement. Jerico, c’est un village qui n’avait pas d’électricité il y a 20 ans. De cette époque, il a gardé ses rues en sable, et une interdiction stricte de rouler dans le village en voiture. Une fois la taxe payée, on peut amener ses affaires en voiture, mais le 4×4 devra ensuite sortir du village.
Bon, je ne suis pas connu pour m’extasier devant nos logements, qui même s’ils sont souvent très agréables, ne restent qu’un moyen de voyager. Mais arrivés à la vila Kalango, franchement on est dans ce qu’on aime. Bord de plage, des petits bungalows au sol ou sur pilotis, tout est mignon, bien pensé. c’est simple, on adoore.
Pendant qu’on attend notre bungalow en commandant un truc à grignoter, Noah fait la rencontre de « Petite glotte », un iguane qui se balade dans l’hôtel sur les pelouses et qu’il vient de baptiser ainsi. Trop drôle.
Noah s’est découvert une passion pour le poulpe (il ne mange pourtant rien d’exotique, mais ça depuis quelque temps il aime), et miracle il y en a un. Ce sera donc carpaccio de poulpe, tartare de thon et thon mi-cuit pendant que Noah fait désormais rouler son quad dans le sable. Il est dans son monde. C’est chouette à voir. On ne compte plus depuis qu’il est né le nombre d’endroits magiques ou il a laissé des traces de route dans le sable.
La découverte du bungalow tourne ensuite à l’extase. Noah adore tout. Le hamac sur la terrasse qui donne sur la piscine. L’autre hamac sur l’autre terrasse qui donne sur les jardins. Son lit avec sa moustiquaire au pied du notre. La salle de bain cachée derrière un miroir, les petites poubelles en bois, la lampe avec le pied rempli de sable pour la stabiliser…
Mais cela ne le détourne pas éternellement de son idée première de plonger dans la mer. A peine en maillot que nous voici immergés à 50 mètres du bord dans une eau chaude, calme et peu profonde. Quand on regarde d’ici, on a un sentiment de liberté. La musique témoigne de la fête omniprésente à Jericoa. D’ici Jericoa est immergé dans la verdure et encadré par les dunes à perte de vue. Sur la plage un petit terrain de foot improvisé, des gens qui marchent, d’autres qui traversent en moto sur le sable, des 4×4 et des buggys qui sillonnent les dunes au loin, des filles qui se prennent en photos dans des poses suggestives (vive Instagram). Globalement au Brésil, le rapport au corps st très fort et notamment aux fesses, archi refaites d’ailleurs.
Sur la mer c’est la même effervescence que sur la plage. Jericoa n’est pas le temple du kite surf pour rien. On y trouve aussi toute sorte de nouveaux moyens de locomotions utilisant le vent (des voiles tenues à la main, les fameux surf qui sortent 60 cm hors de l’eau avec leur quille démesurée…) mais tout cela apparait dans une telle immensité qu’il n’y a pas foule. Juste une succession de tableaux ou de scènes de vie à perte de vue.
Mais c’est qu’avec tout cela, on en oublierait presque que le soleil va bientôt se coucher. Et oui, on est à l’équateur, 12h de jour, 12h de nuit, et cela 365 jours par an. Il faut s’y faire. Le coucher du soleil est annoncé à 17h45 et il est bientôt 17h. On sort de l’eau pour se changer et se diriger ensuite vers la dune Do Par oo sol pour y voir le coucher du soleil. C’est un peu le rituel ici au brésil. Comme à Rio où chaque soir les gens se regroupent sur le promontoire rocheux pour observer ce spectacle toujours fascinant. Entre amis ou en famille, le coucher du soleil reste pour les brésiliens un moment de communion qu’ on applaudit à la disparition du soleil derrière l’horizon.
La dune Do Par do sol n’est désormais plus très haute. En fait elle l’a été il y a encore quelques années mais avec le vent la topographie change sans cesse et le sommet a été écrêté. Désormais c’est une autre dune un peu plus a l’intérieur des terres qui est en voie de prendre le relais.
Noah grimpe la dizaine de mètres abrupte vers un premier promontoire. Au-delà elle continue de monter, mais en pente douce ce qui l’intéresse moins. S’ensuit une myriade de montées / descente en se jetant dans le sable dans tous les sens. Puis on se joint à lui, chacun avec son style, hein, Virginie ?
Puis alors qu’on va s’installer un peu plus haut pour voir les derniers rayons du soleil, Noah qui a poursuivi inlassablement ses montées et descentes opte pour un sketchs d’humoriste improvisé. A mi-hauteur de la montée, on ne voit plus que le haut de son corps. Il se met alors à mimer une personne qui est tirée dans un sens, puis dans l’autre, puis qui titube et tombe, puis qui se relève. Tout cela dans une succession d’éclats de rire, puis de tempête de sable car à l’approche du coucher du soleil, la température chute brutalement et provoque un vent de terre vers la mer qui balaye le sable, nous fouettant bras, jambes et visage comme si le désert nous imposait de faire face à la mer pour regarder le soleil se coucher.
Cela finit de le convaincre de venir se réfugier entre nous deux pour observer l’astre qui se couche, tandis qu’une pleine lune se lève au-dessus des dunes dans notre dos. Quelle meilleure façon de ponctuer notre première vraie journée dans le Nordeste ?
Mais la journée n’est pas vraiment finie.
Il fait nuit mais il n’est que 18h et quelques après tout. Et on a une mission importante en plus de nous trouver un restau où dîner ce soir. Me trouver des Havainas car j’ai oublié mes tongs en Sologne ou à Biarritz (va savoir). Bref, je fiche apparemment la honte à Noah en étant le seul à ne pas être en tong et avec mes chaussures qui laissent des petits trous dans le sable qui ont l’air de le déranger.
Jericoa est blindé de monde, mais dans le bon sens, et c’est moi qui le dit alors que le monde et moi…. C’est festif. Il y a de la musique à tous les coins de rue, des restaurants, des boutiques dans des petites ruelles en sable. On se croirait dans les décors de Pirates des Caraïbes à Disneyland, sauf qu’ici c’est du vrai.
A force de déambuler, en plus de trouver quelques noms de restaus et pâtisseries que j’avais repéré, on finit par trouver LA boutique Havainas. Je finis par trouver un modèle correct (le choix était limité vu que j’ai des péniches à la place de pieds). Noah, lui, craque pour 2 paires, puis finit par en choisir une seule canon de toutes les couleurs qu’on lui offre bien volontiers pour le récompenser de son on goût.
Virginie se retrouve la seule à ne rien avoir acheté (un comble pour une fille, vous imaginez bien) mais ayant déjà 10 paires de Havainas, elle jette son dévolu sur une paire de chaussures dont je ne saurai dire si elles me plaisent quand elle me le demande. Mais je suis sauvé par Noah qui direct dit qu’elle sont moches. Et voilà comment Virginie ressort sans rien d’un magasin !!
Alors qu’on continue de déambuler dans Jéricoa le décalage horaire refait surface et on sent Noah perdre un peu d’énergie. On s’arrête au Restaurant Pimenta Verde, qu’on nous avait conseillé et qui va tenir en effet toutes ses promesses. Ceviche de poissons, langoustines et pâtes à la bolognaise pour Noah. Caïpirinha, jus de fruit de la passion et orange en boissons.
Vers la fin du repas, Noah pique du nez. Timing parfait. On a juste le temps de rentrer, que Noah s’effondre dans son lit, et moi je ne tarde pas à le rejoindre.
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