L’Islande… merveilleux pays, mais à l’origine d’une de mes rares frustration, les aurores boréales qu’on n’a toujours pas vu comme je me les imagine dans ma tête depuis 10 ans.
Et depuis notre arrivée, sans parler vraiment de frustration, j’ai un petit arrière-goût de « pas assez » quand à l’observation de l’éruption volcanique du début de séjour.
Un peu comme à la manière d’un TOC, je regarde de temps en temps le site sur laquelle il y a la webcam qui montre le cratère du volcan en temps réel. (ça m’aurait bien servi de le trouver avant notre première visite ce site internet…). Depuis 1 semaine, presqu’à chaque fois que je regarde j’ai le droit soit un écran gris – avec une variante de petites gouttelettes sur l’objectif – tellement le volcan est perdu dans le brouillard, soit un volcan bien visible avec une petite fumerolle qui s’en échappe du genre je roupille.
Sur l’autre webcam, située en bas de la coulée de lave la plus importante qui donne également sur la crête qu’il faut gravir pour atteindre le point d’observation, je vois la nuit des points jaune comme autant de randonneurs qui escaladent à la lueur de la lampe frontale la montagne dans la perspective bien mince de voir quelque chose vu la webcam du dessus.
Mais hier depuis 16h c’est à nouveau le feu d’artifice. Des jets de lave en veux-tu en voilà, des coulées de lave qui ruissellent à la vitesse d’un torrent partout sur la plaine. A 22h, au moment où Noah s’apprête enfin à se coucher après avoir regardé un petit dessin animé dans mes bras, c’était toujours Disneyland au volcan.
La question qui m’obsédait donc avant de me coucher hier soir était de savoir comment caler la journée pour avoir une chance de voir le volcan s’il était toujours aussi actif, sans pour autant sacrifier toute la journée qui allait déjà l’être pas mal à cause des 4H de route minimum qui nous attendent pour revenir sur Keflavik.
En effet le voyage touche à sa fin et demain on a un vol à 7h40 du matin pour Paris. Iceland Air nous demande d’arriver 3h avant – Covid oblige – et surtout parce qu’ils font partir 2 avions à 10 min d’intervalles pour Paris donc c’est toujours la cohue pour enregistrer. Ceci nous fait donc un lever vers 4h du matin. Ca pique déjà suffisamment, donc j’ai pris un hôtel à 10 min de l’aéroport pour gagner du temps.
Ainsi de Kerlingarfjoll à Keflavik si on tire en « ligne droite », on a 2h de piste sur la F35 pour sortir du Landamanalaugar qui s’annonce assez compliquée, puis 2h et quelques de route « normale » pour rejoindre la civilisation.
Côté météo ce matin ils annonçaient des nuages bas sur presque toute l’Islande mais avec une espèce de langue de ciel bleu qui passe tantôt sur le volcan, tantôt pas très loin et qui laisse supposer qu’on pourrait avoir un coup de bol si on y allait entre 16h et 19h.
Nous revoila plongés dans le revival de la chasse aux aurores boréales. Besoin que le volcan soit actif et qu’il fasse suffisamment beau pour qu’il ne soit pas plongé dans les nuages sinon on ne verra rien. Wait and see.
Mais au réveil à 7h ce matin, bien évidemment, le volcan roupille à nouveau. Ce n’est pas forcément la cata car au début du séjour il s’était endormi à 4h du matin et s’était réveillé vers 21h soit dans la fourchette haute des 13 à 17h d’endormissement souvent constaté. Maintenant il semblerait cette fois qu’il se soit endormi plutôt vers 6h. Donc rajoute 13 à 17h pour le réveil et encore 2 à 3h pour qu’il se mette à être vraiment actif et on fleurte dangereusement avec minuit, alotrs qu’on devra se lever à 4h du mat’ pour prendre l’avion.
En parallèle je reçois un SMS de Icelandair qui m’indique que si je veux je peux déposer les sacs à l’aéroport le soir entre 19 et 21h et éviter ainsi d’arriver 4h40 du matin à l’aéroport, mais plutôt vers 6h30. Tentant, sauf que pour cela il faudra faire un détour de 1h de plus et potentiellement c’est pile au moment où j’espérais être en haut du volcan pour assister à son réveil avec le ciel bleu au-dessus de nos têtes. Je mets l’info de côté on sait jamais..
De son côté Noah, lui, a des considérations beaucoup plus triviales et se réveille en fanfare en nous rappelant que hier il a accepté notre balade sur les fumerolles et que donc il veut faire la rando vers les bains chauds ce matin. Dans le genre obsessionnel celui-là..
Alors là, les avis divergeront. Moi, je me dis que ça peut nous arranger dans le programme d’aller faire 2h de rando vers les bains chauds et d’arriver ainsi plutôt vers 17h au volcan ; et Virginie dira que comme d’habitude je ne sais rien refuser à mon fils. Aujourd’hui, en toute honnêteté, tout le monde a raison. Je ne sais en effet pas refuser grand-chose à Noah et c’était effectivement « volcan compatible » avec le programme.
Tant est si bien qu’on boucle nos sacs à la vitesse de l’éclair (si, si pour une fois c’est possible), on se prend un petit déjeuner tout aussi rapide, et nous voici avec Noah qui part bille en tête et qui semble se rappeler du chemin qu’il a pris il y a 2 ans quand il n’avait pourtant que 3 ans et demi pour aller aux bains chauds.
Après une rencontre du troisième type avec des moutons sur le chemin qui, intrigués de voir ce qu’ils semblent prendre pour deux congénères sur 2 pattes (Noah et virginie), ne prendront pas immédiatement la poudre d’escampette et nous voilà partis pour 30 minutes de marche vers une source d’eau chaude naturelle où l’on pourra faire trempette.
On est seuls au monde (évidemment d’habitude le bain chaud c’est APRES la rando pour se décontracter, pas avant pour être tout ramolli), et Virginie se réjouit déjà de pouvoir comme dirait Noah montrer sa « poupounette » en se changeant dans un endroit désert plutôt qu’à devoir faire l’asticot dans notre demi-serviette trouvée il y a 15 jours au Netto de Selfoss pour conserver un minimum de pudeur et de mystère.
Et voilà qu’à la faveur d’un changement de direction dans le fond du canyon que l’on suit depuis 20 minutes on aperçoit au loin un couple qui semble nous avoir emboité le pas. On accélère donc facilement (Noah pour être plus vite aux bains chauds, et Virginie pour pouvoir se foutre à poil tranquille).
Arrivés sur place on est effectivement seuls, et hop plouf dans la source chaude. Peu après, notre couple arrive mais avait pas compris qu’il y avait une source ici où se baigner, donc ils rebroussent chemin et on finira par être rejoins par une seule autre personne et avec qui on papotera un peu.
1h après, on finit enfin par réussir à faire sortir Noah et on met les voiles vers le volcan.
Les 2h de route sur la F35 vers le sud sont infiniment plus simple que celles qu’on a fait en venant du nord et c’est tant mieux car je ne suis pas certain que notre voiture aurait tenu le coup.
En quittant enfin la F35, on ne résiste pas à l’idée de s’arrêter voir les geysers à Geysir qui sont sur la route d’autant qu’il fait très beau et qu’il n’y a pas de vent. Cela fait très longtemps qu’on n’a pas vu Geysir dans de bonnes conditions.
En revanche ça se structure à vitesse grand V ici. Il faut dire qu’on est dans le cercle d’or que nous on appelle surtout le cercle des touristes.
On assiste à plusieurs « éruptions » du Geysers assez magistrales. On passe un chouette moment malgré le monde.
On voulait ensuite manger à Fridheimar (les serres de tomate qu’on avait fait pour nos 20 ans de vie commune en 2019), mais c’était complet depuis belle lurette et donc on s’arrête juste après sur un restau qui ne paye pas de mine mais qui présente l’énorme avantage d’avoir une terrasse déserte en plein soleil ce qui nous permet de bronzer en t-shirt pendant que Noah joue avec ses voitures avant de se cacher en haut d’une butte pour me faire peur.
Pendant tout le trajet, j’avoue que je n’ai pas cessé en mono maniac que je suis d’aller de la webcam au site météo pour arriver toujours au même constat. Le volcan pionce et niveau météo cela pourrait le faire même si plus on s’approche du volcan plus la langue de ciel bleu potentielle s’amenuise. D’ailleurs à 1 heure de notre arrivée le ciel bleu a franchement disparu.
Comme on a un peu d’avance sur le planning vu que le volcan pionce, pour passer le temps, on décide pour être sympa de faire un stop « lavage de voiture » vu qu’on doit la rendre demain et que c’est objectivement une porcherie autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Un bon nettoyage au Karcher plus tard et un très long coup d’aspirateur surtout autour du siège de Noah élu petit cochon de l’année à cette occasion, la voiture est propre comme un sou neuf. Impossible de savoir qu’on a crapahuté le plus clair de notre séjour dans les Highlands.
1h plus tard, on arrive à proximité du volcan. Noah, lui, a prédit qu’il se réveillerait à 18h40. Il est 18h00 et ça roupille sec.
J’ai repéré un ultime endroit à 20 minutes de route sur la péninsule de Reykjanes qu’on n’a pas encore fait et que je sais déjà que Noah va kiffer. Le Brilketill lava rock pool. Quoi ? Une piscine d’eau chaude ? Mais c’est Canon ? Alors, oui Noah, c’est canon, mais tu ne pourras pas aller te baigner dedans pour des raisons qui à mon avis nous serons évidentes lorsqu’on sera sur site au vu de ce que je lis dans le guide. C’est un mini drame mais compensé par le fait que je lui promets à la place de pouvoir observer des vagues maousses contre les rochers, qui sont sa deuxième passion.
Arrivés sur place, et sans avoir eu besoin pour une fois de se cogner une route de caillasse pour y arriver, on marche 30 mètres avant d’atteindre le sommet d’une falaise dominant d’énormes vagues venues de l’océan.
Dans un temps gris et froid et avec une bonne dose de vent qui aura raison des rares visiteurs mais qui ne dérangera aucunement Noah captivé qu’il est par le spectacle qui s’offre à lui, on surplombe deux sortes de piscine naturelles comme sculptées la lave.
D’un côté elles semblent alimentées d’après le guide par une source chaude qui provient de la terre, et de l’autre par les énormes vagues qui s’abattent sur les rochers en contrebas, mais qui très régulièrement à la faveur d’une houle plus forte passent littéralement par-dessus emportant tout sur leur passage. Clairement aller s’y baigner relève d’un suicide.
Noah va tellement adorer que là où les quelques touristes vont venir faire 2 photos et repartir frigorifiés, nous on va devoir y rester près de 30 minutes avec une alerte pipi au milieu où Noah était tellement obnubilé par les vagues sur les rochers qu’il a tout d’un coup réalisé qu’il allait se faire pipi dessus. Un autre pipi magistral devant un lieu magique et on y retournera 10 minutes de plus.
Voilà, il est 18h40 passé et le volcan roupille toujours. On n’a pas vraiment envie de faire plus d’1h30 de montée par ce temps-là si on risque de ne rien voir ou de devoir s’y éterniser des heures.
Il y a bien l’option d’aller trouver un restau à Grindavik qui est la ville la plus proche mais je suis presque certain qu’une fois qu’on aura mangé on en sera au point mort et on ne saura pas s’il faut patienter là-bas ou non.
Je tente donc un dernier coup de poker. On va à l’aéroport qui est à 15 minutes de là, on enregistre les sacs pour éviter le réveil à 4h demain et après on avise. Si le volcan se réveille on y va, sinon on va à l’hôtel et on pourra toujours partir si on voit quelque chose se profiler vu qu’on sera à 30 min du volcan.
Malgré la logique infaillible du raisonnement, il faut que je bouscule Virginie. Son TOC à elle, ce sont les sacs. Genre Bernadette. A l’idée de devoir lâcher les sacs dans 15 minutes et donc de transvaser ce dont on a besoin pour potentiellement tenir une nuit à se geler en haut d’un volcan alors que ce n’était pas prévu, cela semble insurmontable. Psychologiquement, elle n’est pas prête, mais très concrètement, je m’en fous.
On fera donc le transbordement à une station-service dans le froid avec Virginie qui ronchonne mais à 19h30 on est à l’aéroport. Il y a du monde à l’enregistrement mais sans commune mesure avec ce qu’on croisera à 6h30 le demain, et en 20 min tout est bouclé. On a nos cartes d’embarquement. On a gagné 2h sur l’heure de levée. Pas de stress et en plus comme on n’a plus de sacs, Virginie ne pourra pas perdre 15 minutes à les défaire ce soir et autant à les refaire demain 😉.
Nouveau check sur ma webcam et comme quoi l’organisation militaire n’est pas toujours suffisante, le volcan roupille toujours. Il est 20h30 passé. Ca sent le sapin cette histoire et il n’y a guère que moi qui imagine encore qu’on verra peut-être quelque chose.
Le temps d’aller à l’hôtel pour découvrir qu’on ne peut pas y dîner (pas de restau), puis de trouver une pizzeria qui va s’avérer très très sympa dans Keflavik, la ville voisine, on sortira du restau à près de 22h repus, mais avec un volcan toujours aussi endormi.
22h30 à l’hôtel. Je prépare tout pour pouvoir aller seul au volcan s’il se réveille, mais en me demandant bien quand même comme je vais pouvoir y aller car je n’ai comme seule lampe de poche que mon iphone dont la batterie a prouvé qu’elle se décharge à la vitesse grand V.
Or il faudra qu’elle marche dans le noir absolu 1h30 à l’aller puis potentiellement plusieurs heures après pour le retour si je ne veux pas rater l’avion. Virginie propose de me passer son tel ce qui double le temps de batterie mais fait planer le risque si j’y vais de ne pouvoir prévenir personne en cas de problème…
Noah se couche et je m’endors aussi de fatigue en essayant de l’endormir.
Minuit et demi je me réveille en sursaut. Je check ma webcam, le volcan dort toujours. Je recheckerai pour la forme à 2h du matin mais toujours rien. Après, je sais que ça ne sert plus à rien car je n’aurai plus le temps matériel d’y aller et de revenir. Je m’endors un peu amer.
Au réveil à 6h le volcan roupille probablement. Je dis probablement car un brouillard gris occupe désormais tout l’écran.
On aura beaucoup insisté. Mis toutes les chances de notre côté, mais il devait être écrit que volcanisme et aurores boréales auraient le même destin. Pas de regrets, on a tout tenté.
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