2 janvier : introduction à la communauté des Huaorani

Ce n’est vraiment pas notre truc d’habitude d’aller chez les gens même si c’est sous le prétexte de mieux comprendre comment ils vivent. Imaginez-vous avec une bande de japonais sur votre palier de maison ou d’appartement à prendre des dizaines de photos de votre intimité. Bref, on s’est laissés tenter cette fois-ci. Mais c’était aussi (surtout) pour éviter le rafting. Autant Fred était partant pour mouiller la chemise autant moi, pas du tout. J’ai envie de tranquillité jusqu’à la fin du séjour.

On se décide donc à faire cette journée en compagnie de Pépé, notre guide de la veille, et un groupe de trois personnes (a priori négatif de Fred sur les individus. Dedans : un vieux médecin anglais aigri avec sa fille journaliste et son gendre américain, gérant de fonds de pension). Mais comme on s’est juré de ne pas se fier aux premières impressions, «  Vamos ! »

Comme successivement depuis hier Pépé, puis Sébastien, puis Mélanie (du lodge) nous avait prévenus qu’il valait mieux enlever tous nos bijoux pour y aller  (montre, bagues..) car si un Huaorani trouve ton bracelet joli ou juste parce qu’il le veut, tu dois lui donner au risque de te trouver dans une situation délicate, on s’était débarrassé de tout. Ca été plus rapide pour Fred que pour moi bien sûr.

Revenons-en à nos futurs hôtes, les Huaorani.
Les Huaorani sont protégés par le gouvernement et font partis des dernières communautés à vivre dans la jungle, à 1h30 environ du tout petit village de Misahualli où nous étions. Ils vivent simplement mais ne semblent manquer de rien. 95% de ce dont ils ont besoin se trouve dans la forêt, pour le reste, un car passe chaque semaine avec quelques produits au rang desquels le shampooing est le produit principal.

En route donc pour 1h30 de voiture… qu’on fera à l’arrière d’un pick-up, cheveux aux vents (surtout Virginie) sur de la tôle ondulée, petit renfort en mousse pour absorber les chocs et musique dans les oreilles.

Pour pénétrer dans leur réserve, on doit passer une sorte de barrage, gardé par des vigils d’une société privée. L’accueil est particulier, pas agressif mais pas particulièrement chaleureux. Un homme joue le rôle de point d’entrée et c’est avec lui que Pépé discute. Quand on dit discute, on parle en fait de négocier. Ils demandaient 100 dollars au début, Pepe a fait descendre à 60 pour en gros avoir le droit de les regarder et de les prendre en photos.

Heureusement qu’ils adorent Pepe qui leur ramène toujours du pain et du coca (ils adorent le coca !). Autre obstacle à franchir, la « vieille » de la communauté. Dès que je l’ai vue, j’ai cru à une sorcière. Des yeux sombres qui te scrutent. C’est un filtre important. Nombreux sont les touristes qui ne sont pas passés parce que elle ne les aimait pas. Une question de feeling. Pépé lui ramène du shampoing à chaque fois qu’il vient. C’est un peu comme son ticket d’entrée, mais il doit quand même se plier à la coutume : boire un breuvage blanc à base de Yuka qui ne le réjouit pas du tout.

Pour faire bonne figure, Fred et moi trempons nos lèvres dedans. Filandreux et déguelasse. Maintenant que le moment est passé, Virginie, je peux te dire sur ce blog comment c’est fait car sur le moment, Pépé me l’a dit en anglais juste après qu’on ait goûté et je n’ai pas voulu te traduire. C’est effectivement du Yuka, mélangé à certaines herbes, mais cette mixture est malaxé préalablement dans la bouche de la vieille avant d’être recraché dans le bol. ON a donc en gros goûté à du Yuka recraché plusieurs fois par la « sorcière ». Pas étonnant qu’il y ait ce côté filandreux et que même Pépé rechignait à le boire.

Une fois les bases posées, les réjouissances peuvent commencer. Première étape : démonstration de tir. Ils se servent d’une sarbacane, mais longue de près de 2m. Pour l’exemple, ils avaient mis une banane à 5-6 mètres, donc on n’était qu’à 3m de la banane en sortie de sarbacane. En fait, le plus simple serait carrément de faire une sarbacane de 5 m comme ça on est sur de pas rater la cible ! Bref, Fred a essayé. Tir droit, mais 50 cm trop court. Style peu académique.

Pépé lui, fait plus professionnel…

Le débilos du fonds de pension, au physique de GI’s mal dégrossi qui rêvait de chasser le pumas à mains nus ou de le tuer en le mordant avec ses dents (l’a priori de Fred pour cette profession est trop forte) a râté aussi, mais on aurait dit le nazi chauve dans indiana Jones et l’arche d’alliance lorsqu’il se bat avec Indiana au milieu du désert autour de l’avion à hélice qui finira par le découper en morceaux. (Fred, arrête !)

Revenons à notre sarbacane. C’est avec cet outil qu’ils chassent aujourd’hui encore dans la forêt, tâche qui incombe exclusivement aux  hommes, et on comprend que ça marche. La flèche a été mesurée en sortie à près de 250 Km/h et le responsable du village a touché au premier essai un poteau télégraphique situé à une vingtaine de mètres de distance et 10 mètres de hauteur. Que font les femmes pendant ? Elles s’occupent de la maison et des enfants. Rien n’a changé sur ce plan là.

Puis on démarre notre promenade en forêt. On sera escorté par 8 personnes. Après quelques mètres de marche, on nous dit de nous arrêter. Hommes et femmes se préparent pour une petite exhibition des costumes traditionnels. Une simple ceinture de feuilles pour les hommes laissant apparaître leur sexe et petite jupe pour les femmes. Voilà, nous sommes en plein dans le piège à touristes, la séance de photos peut commencer. Le crétin du fonds de pension est aux anges. Fred et moi pas franchement enthousiastes, mais bon, c’est vite passé.

Ensuite la ballade se poursuivra tranquillement. L’américain est parti devant avec un jeune Huaorani pour une séance de chasse éclair. Ils reviendront bredouilles (bien fait). On s’arrêtera en chemin pour observer les femmes faire des paniers avec les feuilles de palmes. 3 minutes top chrono pour faire un panier étanche. Elles font ses sacs pour transporter ce qu’elle trouve. Elles en offriront à chacune d’entre nous. C’est LA nouvelle mode à sortir dans Elle les filles !

1h30 environ après, retour au camp. Pepe démarre la distribution de coca et de pain. Toutes les familles nous ont rejoints. Les enfants de 2 ans en boivent aussi. Le coca, c’est le lien avec le monde nouveau, de la consommation.

Fin d’après-midi, retour au lodge. On avait fait l’aller dehors tous les 2 à l’arrière du pick-up, le nouveau meilleur copain de Fred propose qu’on inverse au retour. J’étais pas trop pour, Fred était plutôt totalement d’accord. Bonne pioche. On n’avait pas fait 5 mètres qu’un tiers du village  s’est invité de force à l’arrière du pick-up, soit près d’une vingtaine de jeunes Huorani qui voulaient qu’on les dépose à Misahualli pour se rendre à l’hôpital auprès d’un jeune de la communauté qui était tombé d’un arbre au cours d’une séance de chasse.
Bilan : GI’Joe est resté 1h30 entassé comme une sardine à l’arrière du pick up en plein cagnard. Ca te rappellera les salles de marché, tiens ! Ah oui, au fait ou personne ne l’aurait compris, Fred ne peut pas encadrer les gérants de fonds de pension. Question d’éthique parait-il !

Finissons quand même ce billet sur une petite note poétique…

0 Commentaire

  • Pat
    Posted 11 janvier 2011

    Ouah… Ca c’est du voyage… C’est sûr que ça change de notre break de l’an 2009 entre le Club Med de Punta Cana et l’hôtel à Tulum ou à Miami !
    Je pense que si je devais amener Anne faire un voyage comme le vôtre, la chose la plus proche de cet article que j’arriverais à lui faire faire, c’est… l’amener à boire un verre de coca ! 😉 (j’espère qu’elle ne lira pas ces lignes 😉 !)
    Profitez bien, c’est extraordinaire !

    PS : Fred, le nazi avec un pantalon bouffant et des bottes en cuir, sur la photo de la sarbacane… c’est toi ! 😉

    • Ah merde, je crois que tu as raison. Mais il est chauve dans le film et c’est pas mes bottes, on me les avais prêtées ! J’ai l’air d’un clown avec d’ailleurs cela dit en passant.

  • laurent
    Posted 12 janvier 2011

    tu pourras aller à KOH LANTA maintenant
    tu sais chasser
    trouver de l’eau
    le test de la lianne me semble correct
    pas de soucis tu t’en sortiras trés bien
    le seul problème sera peut être le couchage, mais c’est comme tout le plus dur c’est de commencer à moins que tu n’es pas le choix

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