Si j’étais aussi fin connaisseur en poésie que mon cher papa, j’aurai sûrement déclamé spontanément 2-3 vers pour décrire cette matinée bucolique. Comme ce n’est pas le cas, la seule image qui me vient c’est Christian Clavier en string déclamant Saint-John Perse dans les bronzés. Un moment de honte étant vite passé, je me lance : “Azur, nos bêtes sont bondées d’un cri, je m’éveille songeant aux fruits noirs de l’amibe dans sa cupule verruqueuse et tronquée..” Pas la moindre idée de ce que cela veut dire.
Revenons à cette matinée de ”vacances”. Cela ne vous aura pas échappé, depuis 20 jours qu’on est parti et nos 20 000 Km déjà parcourus, on n’a pas vraiment eu l’occasion de rester une matinée à ne rien faire.
Du coup on joue à chat perché avec Noah et je rattrape mon retard sur le blog (et supprime par inadvertance le billet de Virginie sur nos problèmes de clés de voiture, que je réécrirais donc plus tard dans l’après-midi – voila la boucle est bouclée de notre incartade temporelle). Virginie s’épile – il était temps. Noah dessine et court partout. une vie Tout ce qu’il y a de plus normale en somme. François Hollande aurait été inspiré.
J’arrive enfin à joindre Jenn, et on en profite pour ser cale notre plan « nager avec les dauphins » en Floride. Il est 13h, on n’a pas vu la matinée passer. On se grignote une petite salade avant de se remettre en route et de voir si 1/ on arrive à franchir les rivières dans l’autre sens sans encombres. 2/ Si on reste ou pas coincé à nouveau dans la course d’enduro.
A la déception générale probable, (et du condor qui ne cessait de faire des cercles au-dessus de notre tête espérant sûrement se repaître sur nos carcasses si on s’embourbait) rien à signaler pour la première fois qu’on est dans le Cuyo.
Les rivières se franchissent – même si on pense qu’on a laissé un morceau de la bagnole sur les rochers lors de la 3ème traversée de rivière. La course a eu lieu et on peut passer. On regarde si on voit notre champion pour pouvoir vous dire s’il a gagné ou non, mais rien.
Noah s’endort la majeure partie du trajet, tout au plus ouvre-t-il un oeil pour s’assurer que le flic du contrôle sanitaire ne lui pique pas ses chips. Les 3h30 jusqu’à San Juan se passent sans encombres. Cela en est presque décevant.
Mais l’histoire dit qu’on n’aura jamais un jour sans accroc dans cette région. Pour commencer, en arrivant à San Juan, on se retrouve devant un nouveau barrage routier. C’est encore la course de vélo, la Vuelta de San Juan. Aujourd’hui c’est l’arrivée. On se retrouve ainsi non seulement contraint de contourner toute la ville car notre maison d’hôte de ce soir est à 20 minutes à l’exact opposé de la ville, mais le périphérique est désormais fermé pour cause de course. On finit par trouver une voie qui longe le périphérique.
Entre temps, le boîtier wifi qui ne sert décidément à rien depuis le début du séjour m’annonce, pour changer, que mon forfait de 1go est consommé. Ca me gonfle ce truc. Il cherche le réseau tout le temps, le trouve une fois de temps en temps, et je perds 800mo d’un coup. J’ai tout déconnecté, les mises à jour automatiques de l’OS, celles des applis, j’ai bloqué le fonctionnement des apps en arrière plan, rien n’y fait. Je ne comprends pas ce qui siphonne le forfait et ne vois même pas comment c’est de toute façon possible vu le débit merdique dans cette région du globe et le peu de temps ou il marche. Virginie me fait la morale sur le fait que ce truc me stress et qu’il y a 10 ans en tour du monde on n’avait pas çà et qu’on s’en sortait très bien. C’est vrai, mais il y a 10 ans, on n’avait pas organisé tout seul tout notre séjour, et du coup on n’avait pas trop à se soucier des confirmations / changement de programme etc…
De toute façon 20 minutes après, on voit très concrètement le problème de ne plus avoir d’internet. On avait suivi Google en rentrant l’adresse de la maison d’hôte via ma carte téléchargée en déconnectée « Pircas de Puyuta « et Google m’avait gentiment fait un tracé pour nous y rendre. Mais quand on arrive là, on est dans une banlieue plus ou moins bien famée au milieu de maisons de bric et de broc. Clairement notre maison d’hôte n’est pas là.
Je réinterroge Google (limité vu que je n’ai pas internet), et il me sors un autre Pircas de Puyuta à 1,5 km de là près d’une grande route. On n’a rien d’autre à se mettre sous la dent donc on y va. Comme à chaque fois qu’on galère, il est tard et là nuit tombe. On arrive devant un vieux panneau délabré d’ancien club automobile sur une voie rapide. Un chemin de terre pourri part dans un coin. Comme plus rien ne nous étonne, on s’engouffre dedans. Re-perte de durée de vie des pneus et au bout d’un moment on est dans un no mans land. Bon ben c’est pas ca. Il n’y a personne à qui demander son chemin et pas d’internet. On décide de faire demi-tour pour trouver un endroit ou il y a Un être humain ou du réseau. On s’arrête à un premier « resort » en bord de route qui s’avère être un lieu presque désert où venait d’avoir lieu un mariage et où déambulent des gens plus ou moins bourrés. Pas de wifi non plus.
On arrive à une station service tellement mal famée qu’on décide de ne pas s’arrêter. Puis enfin au croisement d’un carrefour, une pharmacie. De mon enfance à voyager avec mes parents je me revois toujours les entendre dire qu’il faut demander au pharmacien car c’est en général le notable du coin dans les endroits paumés. Comme on ne sait même pas quoi demander, j’ouvre mon téléphone pour choper le minimum d’info pour appeler la maisons d‘hôte et trouver un plan. 2 minutes se sont écoulées, je viens d’être facturé 93 euros hors forfait. J’ai eu le minimum d’infos que je voulais je recoupe.
Petit sondage. Qui des banques ou de la téléphonie sont à votre avis les plus malhonnêtes ? Non, même dans ces circonstances, les banques restent sans conteste les plus pourries. Fin de la parenthèse.
Les gens autour de nous sont de bonne volonté. Ils essaient de nous aider et au bout d’un moment on arrive à appeler les propriétaires de la maison d’hôte. Impossible de s’y retrouver avec ses indications aussi, lorsqu’elle me parle du panneau du club automobile et qu’elle me propose de nous y retrouver je saute sur l’occasion car ça, au moins, je sais ou c’est.
10 minutes plus tard, on arrive a Pircas de Puyuta. Pour la petite histoire, on était à 50m de la maison d’hôte quand on a rebroussé chemin. Le manque d’indications et probablement le fait de ne plus vouloir s’enferrer dans des chemins invraisemblables nous avait fait faire demi-tour juste avant la maison. En même temps comment imaginer que cette charmante maison d’hôte se trouvait après un terrain vague sur un chemin de terre bordant une voie rapide ?
Noah fait rapidement le tour du propriétaire avec Gabriella, qui a épousé un Suisse et qui parle donc bien français. Il joue avec les paons, va voir des chevaux et se fait courir après par le chien.
21h40 après plusieurs parties de mille bornes endiablées ou Noah a continué à mettre à Virginie des pneus crevés (je pense que l’histoire du pneu lui trotte encore dans la tête), on déguste des empanadas et surtout, un délicieux sandwich au lomito spécialité locale de San Juan. Enfin un bon sandwich. Avec Virginie on est d’accord là-dessus. Les 2 choses les plus dures à trouver en matière culinaire c’est un bon sandwich et une bonne salade.
Ici, les sandwichs, ils sont mortels 😉
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