Réveil à 8h. Noah a dormi 12h. Du jamais vu. Il s’est bien géré et n’est pas peu fier quand on le lui dit. Pas eu besoin de médocs, la fièvre est tombée. Le Covid a été court on dirait. En revanche il a à nouveau mal au ventre et impossible de l’emmener petit déjeuner. Il faudra attendre 9h pour qu’il quitte la position allongée et que l’idée d’aller faire du snorkeling aux 2 marches pour tenter de voir des tortues le motive et le remette d’aplomb.
Sur le chemin on développe toute une théorie sur l’heure la plus propice pour voir des tortues qui aurait pu expliquer que hier on n’ait pas pu les voir. Mais malheureusement, on va faire choux blancs une nouvelle fois mais Noah sera heureux comme tout de revoir plein de poissons. Et puis, on en verra peut-être quand même aujourd’hui des tortues, car sur notre route vers le nord, j’ai repéré une plage sur laquelle parait-il les tortues aiment bien aller.
Après avoir fait un dernier tour de notre hébergement insolite et chaleureusement remercié notre hôte en refusant néanmoins les différentes décoctions proposées contre le décalage horaire, le Covid et les maux de ventre à 100 dollars le flacon (babacool mais un peu capitaliste quand même), nous prenons congé de notre hôte, direction la Kohala coast dans l’extrême nord de l’ile.
Après un stop déjeuner sans grand intérêt à Kailua-kona (dur dur de trouver des restaus sympas dans le coin quand même), on poursuit la route vers Honokohau beach pour une petite rando en bord de plage qui j’espère devrait nous conduire à voir des tortues.
Pour cette rando, partez du parking situé au sud près du port et qui permet de longer direct ma mer plutôt que de suivre les panneaux qui vous mènent au Visitor center. Car une fois là-bas, vous allez vous cogner une heure de marche en plein cagnard pour rejoindre la plage ce qui ne revêt pas grand intéret.
300 mètres après avoir garé la voiture, on débouche sur la plage de Honokohau. Il ne faudra pas 5 minutes de marche pour que Virginie spotte une première tortue entre les rochers dans des petites piscines naturelles créées par la marée.
Ici, ce sont des tortues vertes qui viennent se nourrir d’algues à marée basse. C’est pratique du coup car on peut s’en approcher facilement à moins d’un mètre sans les déranger en passant de rochers en rochers.
Comme souvent en pleine nature, les premiers animaux sont les plus durs à voir car notre œil ne sait pas trop ce qu’il cherche, et puis dès qu’on en voit un, on en voit 10. L’œil désormais exercé distingue assez rapidement la carapace de la tortue des rochers dont il est vrai que la forme et la teinte sont confondants.
En 100 mètres on verra ainsi 5 tortues. 2 isolées, et un groupe de 3. Après de longues minutes d’observation très calme, on craque. Noah rêvait de pouvoir retoucher une tortue depuis sa dernière rencontre avec elles le jour de ses 4 ans. Elle est à 50cm de lui, on lui donne l’autorisation d’effleurer sa carapace. Ca dure 1 seconde, la tortue ne s’en est même pas rendue compte et Noah est super heureux.
On prolonge la balade sur toute la longueur de la plage sur près de 2 km. On ne reverra d’ailleurs plus de tortues de ce côté car les rochers sont dépourvus d’algues. Mais sur le retour, près du port il y a en a désormais plus d’une dizaine. En mode troupeau d’herbivores aquatiques.
Tortues, check !
Sur le papier, il ne serait pas déraisonnable vu qu’il est 17h et qu’il nous reste une grosse heure de route pour atteindre la destination du soir de rentrer direct, mais j’avais lu qu’il y avait un truc marrant à faire du côté de Kalahuipa Fishponds. Et comme c’est sur la route, pourquoi s’en priver. On est à 15 000 km de Paris, ce n’est pas certain qu’on revienne ici de sitôt.
On a totalement changé de paysage depuis une dizaine de kilomètres. A la forêt tropicale s’est substituée les coulées de lave islandaise.
Il faut dire qu’on se rapproche du Mauna Kea, le plus grand volcan de l’ile et du monde d’ailleurs, qui culmine à 4 200 mètres. Pourquoi le plus haut ? Parce que techniquement, le volcan part du plancher océanique donc s’il est bien à 4 200 mètres au-dessus de la mer, il culmine en réalité à près de 10 000 mètres.
Et au milieu de ce désert, on retrouve quand même de ci de là des oasis de cocotiers en bord de mer. Exploitant d’anciens fishponds, je suppose que des promoteurs ont décidé de faire sortir au milieu du champs de lave des dizaines d’habitations en mode condominium, de tout artificaliser avec des pelouses et de faire même un golf. Jusque là, aucune bonne raison de s’arrêter ici…
D’ailleurs Virginie ne voit pas bien ce qui pourrait être marrant à cet endroit. Et bien voila, il parait d’abord que les anciens fishponds sont très jolis, mais surtout qu’au détour de ces fishponds, il y a une petite piscine d’eau douce dans laquelle il grouille des petits poissons qui te mangent les pieds.
« Quoi ???? Mais c’est n’importe quoi ce que tu dis papa. Alors là, je ne vais pas me faire manger les pieds, moi. Dis maman ce n’est pas vrai hein ? » Virginie guette le rictus familial hérité de mon père qui trahi une connerie, mais comme il ne vient pas, elle se dit que ce doit être vrai.
Je rassure Noah. « Oui c’est vrai. Non ils ne te mangent pas vraiment les pieds. Ce ne sont pas des piranhas. Mais je te promets que ça risque d’être rigolo ».
Nous voilà donc au Historical Center de Kalahuipua’a qui n’a d’historique que le nom. Petit aparté. ON ne s’en rend pas compte, mais c’est dur de créer une culture à partir de rien. Nous, si ça n’a pas au moins 500 ans, été détruit et reconstruit dix fois, on ose à peine dire que c’est ancien. Ici, on a traversé le Historical Center pour arriver aux fishponds et on se demande bien ce qu’il y avait d‘historique à part un petit tunnel de lave.
Bref, je suis les indications de nos bloggeurs favoris. Traverser la coulée de lave sur 400 m. Quand tu croises une route tu la traverses et arrives sur un premier fishpond. Tu le contournes par la droite, bifurque à gauche sur 150 mètres, puis à nouveau à gauche et quand tu arrives sur un dead end avec de la terre devant toi, tu marches sur 40 m sur la terre, prends légèrement à droite puis à gauche et te voilà arrivée au Secret pond.
Alors regarde bien la photo du milieu, nous avons attrapé un poisson en plein vol au milieu des fishponds. Ils ont bien amusé la galerie.
Et bien avec ces indications qui ont le mérite d’être simples, on arrive en effet miraculeusement au secret pond. Et qu’est ce qui frétille dans l’eau à l’idée de dîner gratos ce soir ? Des centaines de petits poissons qui à la seconde ou on s’assoit au bord et ou on met nos pieds dans l’eau se jettent sur nos pieds et attaquent une séance de pédicure gratuite.
On se serait appelé Caudalie, on aurait mis un hôtel devant, vendu la séance 350 € les 20 minutes, puis vendu une crème de petits poissons en mode anchoyade à 50 € les 100 grammes.
Bon, comme on n’est pas Caudalie, on sera moins riche mais on va se payer une énorme barre de rire tellement les poissons vont nous chatouiller les pieds en s’attaquant à nos peaux mortes. Comme depuis 3 jours j’ai des coupures de coraux aux pieds, je tente la désinfection des plaies par les poissons qui se mettent à l’ouvrage bien volontiers.
Bon, je ne sais pas si au final ça a fait grand-chose niveau désinfection. Mais l’expérience valait le coup. Virginie, elle, est ressortie avec des pieds tous doux et des mollets un peu rougis par le travail acharné de nos poissons.
Noah est émerveillé à l’idée de s’être fait manger les pieds par des poissons, mais après 30 minutes de séance gratuite, notre « monsieur toujours plus » se dit que si on se baignait on pourrait avoir des chatouilles partout. Virginie botte en touche. Du coup je finis par accepter, et nous voici tous les deux à entrer dans la piscine – un peu froide je dois dire -. Mais l’effet est moins fort car on bouge et les poissons ne s’approchent vraiment que quand on reste immobiles.
Voilà, il est 18h10. Il reste 30 minutes de route et on se dit vu qu’on dort dans un lodge avec cuisine que ce serait pas mal de faire un peu la popote pour que Noah mange un truc sain. Le hic, c’est que le seul supermarché ouvert à la ronde ferme à 19h et qu’on va arriver à 18h44.
Arrivés au supermarché, on se répartit les taches, mais je me fais alpaguer rapidement par un Français de 70 ans qui vit ici depuis 25 ans. Avant, il vivait rue du bac à Paris. Le temps de nous filer 2-3 conseils sur le coin, de nous conseiller une très bonne glace à la vanille, et on repart juste à la fermeture avec nos victuailles (salade composée et pâtes) pour le Kohala lodge.
On arrive à la nuit, juste au moment où il se met à pleuvioter. Virginie est surprise car elle s’attendait à un grand complexe hôtelier alors que j’avais bien cerné le truc d’un très faible nombre de maison. En réalité, c’est même la seule maison car celle à côté est en réalité celle des propriétaires.
L’endroit est absolument charmant. On a hâte de découvrir les lieux demain matin au réveil. C’est dans le même esprit que ce qu’on a vécu chez Gary et Ming dans le ranch du Colorado durant notre confinement. Une belle maison en bois cosy, une vue à couper le souffle qui ici domine des prairies jusqu’à la mer située à 5 kilomètres en contre-bas, des animaux dans la propriété. Très peacefull.
Ce soir, après un bon bain, et un bon repas comme à la maison, on va dormir au calme. ca va nous changer du concert de grenouilles du Dragon fly.
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