Le Bromo, on aurait tort de s’en lasser. On part donc sur les coups de 8h de Artotel, notre hôtel de montagne cubique. On a changé de jeep pour une supposée plus solide que celle d’hier qui avait apparemment lâché le chauffeur après qu’il nous ait déposé à Bromo et qui fait que personne ne nous attendait plus pour rentrer à l’hôtel. on avait donc trouvé avec le guide un autre jeep sur place pour nous ramener.
On contourne le Bromo cette fois par l’ouest en coupant à travers la caldeira. On est ballotés dans tous les sens dans la jeep pendant bien 45 minutes. On passe derrière le Batok et là, le panorama désertique de cendre laisse place aux prairies et aux pentes verdoyantes du Batok.
On finit par réussir à sortir de la caldeira via un chemin défoncé. Ici les jeeps ont toutes les difficultés du monde à se croiser, et il faut jongler entre les virages pour exploiter les rares bas côté pour permettre le croisement des véhicules. Une fois sortis de la caldeira, toujours dans les chemins de montagne, on passe carrément en circulation alternée sur plusieurs kilomètres de montagne jusqu’au village de Ngadas qui surplombe la caldeira.
C’est un village agricole où s’étend des cultures maraichères sur les flancs abruptes de toutes les collines environnantes. Notre chauffeur nous a laissé à l’entrée du village en nous laissant quartier libre, donc on est parti se balader dans un premier temps au milieu des cultures à flanc de colline, avant de remonter et aller se perdre cette fois dans les rues du village. Pas le moindre touriste en vue. Les locaux sont toujours aussi avenants, on s’y sent bien. On y croise toujours des motos aux chargements improbables, et on nous donne du Hello mister, hello miss à tout bout de champs.
Dans le village, Noah a toujours autant la côte. On s’y repère un peu à l’estimé via Google maps car il n’y a que 2 rues, mais le passage de l’une à l’autre semble se faire entre les maisons sans qu’on ne sache trop si on passe chez les gens ou pas. On finit par trouver une ruelle pour nous permettre de traverser et on remontera par la grande route.
Au moment de repartir en voiture pour faire le même chemin en sens inverse, la jeep ne démarre pas. Ca vallait le coup d’en changer par rapport à celle d’hier ! Après plusieurs tentatives il ouvre le capot, trifouille deux-trois trucs, puis un gars vient lui filer un coup de main et on arrive miraculeusement à répartir.
On s’arrête cette fois à Hill Top point qu’on avait passé à l’aller. Il y a un café en hauteur aménagé pour les touristes, mais on opte pour un chemin de traverse qui nous amène quelques centaines de mètres plus loin dans un endroit désert sur ce qui devait être une ancienne plateforme d’observation un peu délabrée mais qui surplombe la caldeira.
Noah, que le lieu inspire, nous gratifie d’un de ses pipis légendaires face à une vue de rêve que je m’empresse d’immortaliser, puis il nous abandonne pour une chorégraphie de poussière inspirée des attaques légendaires des Pokemon qui aura surtout de légendaire le regard noir que Virginie lui jettera et le temps qu’elle mettra ensuite au retour à l’hôtel pour essayer de récupérer chaussures et vêtements sachant qu’ici absolument rien ne sèche jamais une fois lavé, ça pourri.
Au moment de repartir, bis repetita, Celle-ci cale et refuse de démarrer. Mais notre chauffeur avait tout prévu en se garant dans le sens de la pente. Il fait donc la bonne vieille technique qui m’a pendant quelques secondes un peu inquiété, à savoir se lancer dans la pente pour prendre de la vitesse et essayer que le moteur redémarre. Intéressant comme concept sachant qu’on est en train de dévaler sans moteur la même pente qu’on a péniblement gravi à l’aller pour sortir de la Caldeira dans ce chemin étroit ou l’on n’arrive virtuellement pas à croiser les véhicules en sens inverse. Heureusement au 4ème virage, et alors qu’on a encore croisé personne en face, le moteur se met à toussoter et redémarre. Pour la suite de la descente, on serrera juste les fesses à chaque fois qu’on devra immobiliser la voiture pour laisser passer ceux qui montent, sans jamais savoir si on redémarrera.
On arrive finalement en bas de la caldeira, et après quelques arrêts – moteur allumé – sur le chemin du retour pour profiter du Botak, du Bromo et de la mer de sable, on rentre à Artotel prendre nos affaires, grignoter sur la terrasse. Noah qui a froid se retrouve avec le haut de Virginie. Le ridicule ne tue pas…
On rejoint ensuite notre chauffeur qui nous avait transporté de Surabaya à Bromo 48 heures plus tôt et qui doit cette fois nous à la gare pour aller ce soir à Kalibaru, qui est sur la côte ouest de Java. 1h30 de voiture, puis 3h de train quand même.
Arrivés à la gare de Probolinggo, Noah qui gère désormais son budget en accumulant des roupies au rythme des échanges de monnaie qu’il nous chipe, en profite pour s’acheter avec Virginie un superbe porte-monnaie.
Le train arrive, des hommes se précipitent sur le toit. On ne sait pas bien si c’est pour gérer la climatisation ou l’électrification du train, mais si cela ne nous semble pas banal, cela ne semble pas soulever le moindre questionnement des indonésiens qui embarquent le plus naturellement du monde.
Arrivés dans le wagon, avec nos 2 grandes valises on fait tache. Il faut dire qu’aucun espace n’est prévu pour les bagages, donc avec les 3 valisettes le long du couloir déjà là , il ne reste rien pour nos 2 enclumes. Je décide de mettre Noah à nos places et d’aviser ensuite. 2 banquettes se font face. Il y a déjà 3 indonésiens installés. On se sert sur les parties restantes des banquettes. Ce wagon est un joyeux bordel de promiscuité avec les gens qui se baladent pieds nus, un enfant qui écoute Baby shark en Indonésien, une hôtesse qui passe comme le faisaient les confiseurs dans les cinémas il y a 30 ans. Noah et moi nous mettons à lire sur nos tablettes, Virginie se fait la remarque qu’elle n’a pas vu un indonésien avec un livre depuis qu’on est dans le pays. Pas faux. En revanche tout le monde est bien derrière son téléphone.
3h plus tard et après avoir bien retrouvés nos bagages que j’avais mis pour l’un au milieu du passage et pour l’autre au wagon bar, nous descendons à Kalibaru. Une personne de l’hôtel nous attend pour le transfert le plus rapide de l’histoire. Enfin, le temps que le train quitte le quai, car notre hôtel se situe littéralement derrière les rails. On traverse donc, une fois le train parti, la voie ferrée à pied à même les rails, et 10 mètres plus loin, nous voici à la réception pour le check-in.
Ca pourrait inquiéter d’avoir un hôtel qui donne sur la gare mais en fait on est dans la campagne et donc c’est plutôt sympa. A Moab dans les parcs américains on se souvient encore du bruit du train de marchandise de 21h sous la couette dans la tente. Cette fois-ci ce sera le bruit des rares trains de voyageurs qu’on préfère clairement aux appels à la prière à 4h30 du matin…
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.